La plante à l'honneur

Dans le buisson les petites prunelles ont pris leur couleur au soleil de septembre. D’un beau bleu pruineux, elles semblent bien appétissantes mais il faudra attendre. Les impatients qui les ont trop vite goûtées font la grimace : « Bon sang, qu’elles sont âpres ! » Ce n’est que lorsque les premières gelées les auront ridées que vous pourrez vous régaler ou les cueillir pour préparer une fine liqueur. Par contre si voulez en faire des conserves lacto-fermentées, c’est maintenant qu’il faut les ramasser. Mais n’oubliez surtout pas d’en laisser aux animaux sauvages la plus grosse part. C’est d’abord pour les oiseaux et les petits carnivores que l’épine noire a mis la table. Avec ou sans prunelles, vous aurez largement de quoi manger cet hiver. Mais eux ? L’hiver passé, ses fleurs blanches seront parmi les premières à embaumer et égayer les chemins de campagne.


L’épine noire ou prunellier.
Nom

Prunus spinosa L. 1753
Famille des Rosaceae, sous famille des Amygdalaceae.
Le nom du genre provient du latin prunus qui désignait les pruniers et prunellier, spinosa pour l’espèce signifiant quant lui épineux.
Nom français : Prunellier, épine noire. Allemand : Schwazdorn, Schlehe. Anglais : Sloe Tree, Blackthorn, Neerlandais : Sleedorn
Le prunellier est appelé épine noire à cause de son écorce d’un gris noir luisant par opposition avec l’aubépine, et sans doute plus particulièrement l’aubépine à deux styles, qui est appelée épine blanche ; buisson noir à cause de son allure en hiver et aussi mère du bois. Cette dernière appellation témoigne de la grande capacité d’observation et de la connaissance poussée de la nature des paysans d’autrefois qui avaient observé que les buissons touffus d’épines noires servaient d’abri pour les semences et les jeunes plants des arbres qui poussaient sous leur couvert avant de les supplanter, l’épine noire étant une essence de lumière. Tout se passe donc comme si du sein de ces buissons naissait et se développait une forêt. P. spinosa a aussi des noms divers selon les localités.

Période de floraison


Les fleurs parfumées apparaissent en mars, avant les feuilles, ce qui permet de le distinguer facilement des aubépines, les baies bleuissent en septembre.


L’épine noire ou prunellier.
Description

Arbrisseau à feuilles caduques (caducifolié) pouvant atteindre 4 mètres, pouvant vivre plus de 50 ans, formant des buissons d’aspect touffu et dense à cause de ses nombreux drageons (buisson noir).
Tronc avec écorce brun lisse se fissurant avec l’âge en crevasses horizontales et devenant plus foncée.
Rameaux très épineux, d’abord pubescents, divariqués, brun-noir luisant, portant des bourgeons courts et globuleux.
Feuilles alternes, brièvement pétiolées, petites (10/30 mm), limbe ovale, oblong, finement denticulé, d’abord pubescent puis glabre sur l’avers, restant pubescent sur les nervures au revers.
Stipules présentes surtout sur les rejets, pubescentes.
Fleurs blanches, solitaires ou par deux à court pédoncule, le long des rameaux, petites (10mm), cinq sépales, cinq pétales séparés, dyalique (fleur régulière), monoïques, nombreuses étamines, un style, ovaires libres.
Fruits drupes globuleuses (10 – 15 mm de diamètre), bleu-noir, pruineuses, indéhiscentes, noyau à bord sillonné, semblable à celui d’une petite cerise mais rugueux. Il contient une amande amère.

Habitat

Principalement les haies, lisères, friches et bois clairs. Le prunellier aime le soleil et supporte la demi-ombre mais pas l’ombre. Mésoxérophile, il s’accommode d’une sécheresse modérée. Il ne redoute pas les terrains secs et caillouteux, argileux ou limoneux et sait profiter des sols riches en déprise. Il prospère de la plaine à l’étage collinéen jusqu’à 700 mètres d’altitude.

L’épine noire ou prunellier.
Commentaires.

Il existe un prunus très proche du P. spinosa L. dont le statut botanique est controversé. Ses drupes vont par deux et sont légèrement plus grosses et plus allongées tandis que l’arbuste est moins épineux. Les deux formes sont difficiles à distinguer. H. Costes le considère comme une espèce (P. fruticans Weihe), d’autres et notamment Lieutaghi comme un hybride entre P. spinosa et P. insistitia L. C’est également le cas de la Nouvelle Flore de Belgique qui le nomme Prunus xfruticans Weihe.
La pruine bleu-pâle qui recouvre la peau des prunelles est constituée de levures qui se nourrissent de leur sucre. Tous les fruits en sont recouverts mais on ne les voit que sur les prunes, prunelles et tous les fruits à la peau sombre. Si l’on frotte une prunelle pour ôter cette pruine, elle devient noire. La pruine a la propriété de réfléchir les rayons ultraviolets, ce qui renforce le contraste avec le feuillage vert et rend les drupes plus visibles pour les amateurs éventuels, en particulier les oiseaux, ce qui accroit les chances de dispersion.
Grâce à sa capacité de drageonner vigoureusement, le prunellier peut envahir rapidement des terres agricoles laissées à l’abandon, notamment des vignes ou des prairies artificielles où relégué dans la haie, il attendait son heure. Avec la ronce à feuilles discolores (Rubus discolor, Weihe et Nees) il forme alors des friches «en manteau», impénétrables pour l’homme mais résidence des fauvettes et des grives et terrain d’action des pies grièches. En limite de ces friches, le botaniste peut faire de belles rencontres comme l’Iris foetidissima, L. et là où était cultivée la vigne sur les coteaux marno-calcaires auvergnats par exemple, des orchidées comme l’Orchis purpura L. Stade transitoire, ces friches en manteau peuvent évoluer plus ou moins rapidement vers une forêt.
Endozoochore, les semences du prunellier sont dispersées par les animaux qui se nourrissent de la pulpe du fruit : petits carnivores, renards, blaireaux, martres et fouines ; oiseaux avec 35 espèces de consommateurs. Comme la drupe est assez grosse, il n’y a parmi elles que deux espèces de petits frugivores, le Rouge-gorge familier et la Fauvette à tête noire qui réside sur les lieux. Sont mentionnés dans Crocq, 2007, la Gélinotte des bois, le Faisan de Colchide, le Pic épeiche, le Jaseur boréal, le Rouge queue noir, le Merle à plastron et le Merle noir, plusieurs espèces de grives, le Gros bec casse-noyaux et le Bouvreuil pivoine.
Ce sont les insectes qui assurent la pollinisation des fleurs des prunelliers mais en retour, à ses feuilles défendant, l’arbuste sert aussi de plat de résistance à de nombreuses espèces de chenilles dont celles de l’une de nos plus belles espèces indigènes de papillons, le Flambé (Iphiclides podalirius). Il est souvent choisi aussi comme plante nourricière par les théclas du bouleau (Thecla betulae) et de l’acacia (Satyrium acaciae) moins spectaculaires, plus petits mais bien jolis tout de même. On trouve souvent dans les haies de prunelliers des «nids» collectifs de chenilles, sorte de tentes de soie grise semi-transparentes qui englobent les pousses et feuilles voisines de celles sur lesquelles les œufs ont été pondus. Ils ont été tissés par des chenilles de «culs bruns» (Euproctis chrysorrhoea Hw.) qui hibernent dans ces nids qui leur servent ensuite de refuge lorsqu’elles redeviennent actives au printemps. Ces chenilles possèdent des poils urticants pouvant occasionner de violentes démangeaisons. Elles peuvent provoquer d’importants dégâts avant leur chrysalidation car elles s’attaquent aussi aux arbres fruitiers cultivés. Claude Herbulot (1958, p.94) indique que c’est contre ces nids qu’a été prise en 1796 la première loi sur l’échenillage obligatoire. L’imago du Cul brun est un petit papillon de nuit (hétérocère) blanchâtre aux antennes bipectinées, à l’arrière de l’abdomen noirâtre (d’où son nom français).

Usages

CULINAIRES

Les prunelles sont comestibles. Il n’y a guère de confusion possible si l’on vérifie bien que l’arbuste sur lequel on les cueille est épineux, plus précisement, s’il a des rameaux transformés en épines (voir illustration). Si on veut les consommer telles quelles comme fruits, il faut attendre qu’elles soient blettes. Ce qui arrive après les premières gelées. Avant elles sont trop astringentes.
  • Condiment
Si l’on veut les utiliser comme succédané original des olives vertes, il faut les choisir assez grosses, les cueillir avant les gelées et les immerger dans une saumure dont les proportions seront de trois volumes d’eau pour un volume de sel. Pour faciliter la dissolution du sel, on peut utiliser de l’eau chaude. Il faudra ensuite laisser refroidir la saumure obtenue avant d’en remplir les boucaux et y immerger les prunelles. Il faut placer sous les bocaux des journaux ou des vieux chiffons pour éponger les débordements pouvant se produire lors de la fermentation. Il n’y a plus qu’à attendre un mois en veillant bien à ce que les prunelles baignent totalement dans la saumure. En les servant en accompagnement de l’apéritif à la place d’olives vertes, le succès est garanti même si certains convives sont hésitants avant d’avoir goûté la préparation : les prunelles ont alors une belle chaire rose. On trouvera cette recette et des informations sur la lacto-fermentation dans Couplan (1984).
  • Dessert
Compote de pelosses [d’après Lieutaghi (2004), p. 1072]
« Pelosse » est l’un des nombreux noms régionaux des prunelles.
Pour réaliser cette compote, il faut cueillir 1 kg de prunelles blettes, récoltées après les gelées. Les faire cuire avec ½ litre de vin blanc coupé de moitié d’eau, 250 g de sucre, un demi-zeste de citron râpé, de la cannelle et une pincée de sel. Lorsque le jus de cuisson s’est totalement évaporé, on élimine les noyaux en tamisant les fruits. Nappée de meringue et passée au four, cette compote devient l’ingrédient principal d’un gâteau.
  • Digestif
C’est cet usage des prunelles qui est le plus connu.
Liqueur de prunelles.
Il y a de nombreuses recettes et variantes de recettes. Celle qui suit est extraite (et légèrement modifiée) du Petit guide panoramique des fruits sauvages, de Robert Quinche, un petit livre avec des textes où la poésie et sensibilité font bon ménage avec la rigueur descriptive. Chaque notice est agréablement illustrée d’une planche en couleurs due à Martha Seitz.
Il faut 250 g de prunelles cueillies après les premières gelées, un litre d’eau de vie à 60°, ou bien un litre de cognac ou encore un litre de kirsch et 750 g de sucre cristallisé.
On étale les prunelles sur une grande feuille de papier et on les laisse sécher un jour. On les dénoyaute, on les met dans un bocal en verre, on verse dessus l’alcool et on laisse macérer pendant 5 semaines au moins. On remue chaque jour la mixture et à la fin on passe et on filtre. Il faut ensuite faire cuire le sucre dans très peu d’eau et ajouter le sirop obtenu en le versant lentement dans l’eau-de-vie filtrée dans laquelle les prunelles ont macéré. On verse le mélange dans des bouteilles, que l’on ferme et que l’on doit laisser vieillir au moins quelques semaines. On obtient une liqueur délicieuse d’un beau bleu améthyste.
Liqueurs de noyaux de prunelles.
Parmi les multiples recettes passées en revue par P. Lieutaghi (2004, p. 1073) on sélectionnera celle-ci dite « liqueur de Kayowsky » qui peut être obtenue dans des délais raisonnables. Il faut un verre de noyaux bien secs par litre d’eau-de-vie blanche à laisser macérer 5 à 6 semaines en remuant fréquemment. Au bout de ces 6 semaines, la préparation est filtrée. On y ajoute alors un sucre caramélisé à raison de 750 grammes par litre en versant doucement et en agitant fortement. Il faut ensuite laisser la liqueur reposer dans un lieu frais le « plus longtemps possible ».

L’épine noire ou prunellier.
PHYTOTHÉRAPIE

Rappel : les indications et usages mentionnés dans cette rubrique ne le sont que dans le but de donner un tableau des connaissances concernant i[P. spinosa et non des recettes à mettre en application. ]i

Les prunelles sont toniques et astringentes, donc antidiarrhéiques et utiles pour combattre les maux de gorge. Les fleurs sont dépuratives, diurétiques, légèrement laxatives et sudorifiques. L’écorce quant à elle est également antidiarrhéique. Elle est aussi fébrifuge. Comme les feuilles, elle serait, selon le Docteur Valnet, antidiabétique et antiasthmatique. Selon la Flore forestière française les feuilles seraient elles aussi dépuratives.
On utilise les fleurs séchées en bouton, les feuilles et l’écorce séchée, les baies mûres. Parmi les multiples préparations, en voici quelques-unes parmi les plus utilisées en médecine populaire et familiale.
  • Contre l’acné :
Faire infuser 10 mn 50 g de fleurs séchées en bouton dans 1 litre d’eau bouillante. Prendre cette infusion à raison de deux tasses par jour, une le matin et une le soir pendant vingt jours. Ces cures de vingt jours devront être espacées de 15 jours (Belaiche, 1982)
  • Contre les maux de gorges :
Faire bouillir 30 g de fruits mûrs dans 1 litre d’eau jusqu’à réduction de ⅓. Passer, filtrer et utiliser en gargarisme. Ma grand-mère utilisait une préparation voisine. Elle m’envoyait ramasser des prunelles, à la sortie du village, le long d’un petit chemin creux qui grimpait sur une colline plantée de vignes. Elle les préparait comme indiqué et faisait ensuite infuser dans le liquide bouillant des sommités fleuries de lavande séchées et des brins de thym cueillis au jardin.
  • Contre les diarrhées :
Tisane-décoction obtenue en faisant bouillir 15 mn, 40 g d’écorces séchées dans 1 litre d’eau ; filtrer et boire deux tasses par jour (Belaiche, 1982).
  • Comme dépuratif :
Tisane-infusion de 20 g de fleurs sèches en bouton à laisser infuser 5 minutes dans 1 litre d’eau bouillante. La posologie est de deux tasses par jour pendant trois semaines (Belaiche, 1982). Le docteur Valnet propose les mêmes indications mais se borne à indiquer : « infusion de fleurs ».

HOMÉOPATHIE

En France, les laboratoires homéopathiques utilisent les jeunes rameaux. En Allemagne, ce sont surtout les fleurs du prunellier qui sont employées. Il est utilisé pour traiter les infections. L’indication principale est le zona ophtalmique.

TEINTURE NATURELLE

Les parties à utiliser sont les prunelles qui devront être récoltées au mois d’octobre. Selon Dominique Cardon (1990), les principes tinctoriaux sont contenus dans la peau des drupes. Il s’agit d’hétérosides du cyanidol et du delphinidol. La teinture obtenue est un « joli rose un peu fragile au lavage ». Elle donne de bons résultats sur la soie (Cardon (1990, p. 107). On trouvera en page 25 de cet ouvrage la façon de procéder pour préparer les baies et les fibres pour obtenir cette teinture.

DIVERS

Comme le bois du prunellier est un bois dur et dense dont le duramen est rosé, brun ou brun noir avec des nuances, veiné dans les vieux troncs, il a été utilisé en marqueterie.
Il a aussi servi à fabriquer des cannes, des manches. Aujourd’hui ces usages ont été abandonnés.






L’épine noire ou prunellier.
Références

Belaiche, P. 1982 – Guide familial de la médecine par les plantes, Hachette, Paris.

Cardon, D. et du Chatenet, G. 1990 – Guide des teintures naturelles, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel Paris.

Costes, H. 1937 – Flore descriptive et illustrée de la France… Tome 2, Paris.

Couplan, F. 1984 – La cuisine sauvage, Debard, Paris.

Crocq, C. 2007 – Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, Paris.

Guillot, G. et Roché, J. E. 2010 – Guide des fruits sauvages, fruits charnus, Belin, Paris.

Herrera, M. C. & Pellmyr, O. 2002 – Plant animal interactions. An evolutionary approach, B. Blackwell

Herbulot, C. 1958 – Atlas des lépidoptères de France, tome 2 Hétérocères, Boubée, Paris.

Lambinon, J. et col. 2004, 2008 – Nouvelle flore de la Belgique, Jardin botanique national de Belgique, Meise.

Lieutaghi, P. 2004 – Le livre des arbres, arbustes et arbrisseaux, Acte Sud, Paris.

Quinche, R. 1983 – Petit guide panoramique des fruits sauvages, Delachaux et Niestlé, Neuchâtel Paris.

Rameau, J.C. et col. 1989 – Flore forestière française, Tome 1, Plaines et collines, IDF, Paris.

Valnet, J. 1983 – Phytothérapie, Maloine, Paris.

Iconographie

Planche extraite de l’Atlas des plantes de France d’A. Masclef 1891
Photographies : J.F. Dumas

Mercredi 19 Octobre 2011 Commentaires (4)

Avec trente rames du RER B qui seraient contaminées et les mensonges de la direction, il se pourrait bien que l’on s’y achemine.


Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Gare RER de Fontenay-aux-Roses (photo: x)
Du mensonge par omission….

Alors que tout devait «rentrer dans la normale» aux alentours du 20 septembre, cette semaine encore comme les semaines passées, le trafic du RER B a été réduit à cause du manque de matériel roulant disponible, retiré des voies pour « maintenance » selon les informations indiquées sur les panneaux des quais. Ce que la RATP ne dit pas dans ses informations aux voyageurs qui empruntent quotidiennement la ligne, c’est que cette maintenance est liée à la découverte de poudre d’amiante sur des voitures «rénovées» qui ont été mises en service en février dernier. Il y a là à tout le moins un mensonge par omission. Ceux qui n’ont pas lu les journaux ou écouté les médias locaux ne savent pas.

…au mensonge pur et simple.

Selon certaines sources, ce serait une trentaine de rames qui serait contaminée, toutes celles qui ont été rénovées. La Régie a d’abord affirmé que le matériau cancérigène était dans des caissons, confiné et donc non dangereux, avant que soient divulguées les analyses du laboratoire Bio-Goujard.

Ce laboratoire a constaté que de l’amiante a été retrouvée dans les freins, à l’air libre, donc potentiellement dangereuse pour les agents et salariés tout d’abord qui sont les plus exposés mais aussi pour les nombreux usagers quotidiens de la ligne qui peuvent avoir des craintes légitimes pour leur santé. La direction de la RATP a donc menti. Les syndicats ont demandé que soient effectuées des recherches sur la présence éventuelle de fibres d’amiante dans les tunnels du RER B que les rames contaminées ont empruntées. Pourquoi la Régie refuse-t-elle de le faire ? Elle est pourtant tenue d’assurer la sécurité de ses agents et salariés comme celle des usagers.

Le silence assourdissant des élus régionaux.

Si la RATP n’est guère prolixe et aurait même tendance à mentir sur cette contamination, le silence des responsables du STIF et des élus régionaux est assourdissant. Pourtant maintenant le Président de la Région, Jean-Paul Huchon qui est aussi président du STIF est rassuré sur son avenir. On ne l’a guère entendu. Le vice-président chargé des transports est tout aussi muet et inerte. Il s’agit pourtant d’un élu d’Europe-Écologie – Les Verts, Jean-Vincent Placé. Il devrait donc être sensible à ce genre de problème. Mais il faut dire que Jean-Vincent Placé visait un fauteuil de sénateur qu’il vient d’ailleurs d’obtenir. Il avait donc d’autres soucis en tête…

Le RER B parent pauvre des RER !

Le RER B reste le parent pauvre des RER et la branche Robinson la branche la plus miséreuse, celle qui continue de servir de variable d’ajustement par suppression de trains lorsque les retards s’enchaînent sur la ligne. Alors que le RER A aura des voitures flambant neuf, le B devra se contenter de ces voitures reconditionnées qui, notons-le au passage, comporteront moins de places assises et n’auront plus de porte bagage. Cerise sur le gâteau, voilà maintenant que ce matériel est contaminé par de la poussière d’amiante. Il pourrait s’agir, selon une source syndicale, de fibres de chrysolite. Il n’y aurait rien d’étonnant à cela car si ce type d’amiante a été classé cancérigène en France dès 1977, il n’a été interdit dans notre pays que depuis 1997. Avant cette interdiction, cette fibre était un composant principal des matériaux de friction, des joints et garnitures à haute température. Il est donc tout à fait vraisemblable que cette fibre entrait dans la composition d’éléments des freins des rames qui ont été reconditionnées. Si la ligne B avait été équipée avec des rames neuves au lieu de ce matériel d’occasion, il n’y aurait pas eu d’amiante de découverte.

Un enthousiasme déplacé…

Aujourd’hui on ne peut relire sans sourire dans le magazine municipal de Fontenay de mars 2011 l’article consacré à la présentation en grandes pompes par Pierre Mongin, PDG de la RATP et Jean-Paul Huchon en qualité de président du STIF de ces rames rénovées : « Le nouveau matériel sera plus confortable et plus sûr. Il permettra également de réduire les problèmes techniques des anciennes rames qui engendraient de fortes perturbations sur la ligne » Les usagers tassés comme des sardines dans des rames bondées à cause du service réduit dû à la maintenance de ce matériel d’occasion ne seront assurément pas aussi enthousiastes que le rédacteur de l’article ! Le maire de Fontenay s’est bien avancé lorsqu’il a déclaré à cette occasion « la Région a entendu nos demandes ». Non, hélas, « la priorité » n’est pas donnée « à l’amélioration de la ligne du RER B » et depuis que la Région préside le STIF, rien n’a changé, ou si peu. Signalons par parenthèse que Mongin a même trouvé le moyen de diminuer la fréquence des trains pour les usagers qui le prennent quotidiennement. Il a émis l’idée de faire circuler sur les voies du RER B dans la partie nord des rames spécialement réservées à la desserte de l’aéroport de Roissy, des directs Roissy – Gare du Nord pour les touristes ou hommes d’affaires, direct que les usagers franciliens lambda verront passer à toute vitesse devant le quai où ils poirotent. Deux flux de voyageurs qu’il ne faut pas mélanger selon les propos assez ahurissants du PDG. Ces propositions et ces propos, aucun élu de Gauche ou d’EE-LV siégeant au Stif ne les ont relevés. Son président de gauche, JP Huchon, pas d’avantage. Il est à craindre que cette proposition soit votée par cette instance qui, aujourd’hui comme hier, siège à huit clos dans la plus grande opacité. Avec la diminution du trafic pour maintenance des rames rénovées, on voit ce que pourrait signifier toute réduction des fréquences pour l’usager francilien. Si «la priorité» avait été donnée à l’amélioration de la ligne B, il n’y aurait aujourd’hui ni de problèmes de contamination à l’amiante, ni de trafic réduit pour cause de maintenance, trafic réduit qui risque de durer : ce sont des voitures neuves qui auraient été mises en services, pas du matériel d’occasion.

Exiger la vérité, des mesures de protection efficaces avec un retour rapide à la normale.

La bataille n’est pas terminée, même avec un président de la Région PS. Les usagers, les élus de terrain doivent continuer de se battre pour que l’on puisse voyager dans de bonnes conditions sur ce RER et notamment sur la branche Robinson. En ce qui concerne plus précisément cette question de la contamination par l’amiante, il faut exiger la vérité, une protection efficace et des mesures pour un retour rapide à la normale du trafic. J’ai déposé au nom du groupe écologiste de Fontenay-aux-Roses un vœu en ce sens pour la séance du Conseil municipal du 13 octobre. Il s’agit de faire pression sur la RATP et les élus du STIF pour que ces exigences minimales soient satisfaites.


Mardi 11 Octobre 2011 Commentaires (1)

Un ancien directeur de l’AIEA a déclaré au journal « Le monde » du 29 septembre 2011 « la transparence est la clé pour faire accepter le nucléaire à l’opinion ». Si c’était vrai, alors ladite opinion n’est pas prête à l’accepter car une totale transparence montrerait son extrême dangerosité. De même que le nucléaire est incompatible avec la démocratie, il l’est avec la transparence.


Quand le CEA de Fontenay-aux-Roses fait la sourde oreille

On peut l’expérimenter avec le CEA et son attitude envers la CLI de FAR et l’impossibilité d’avoir des réponses précises à des questions pourtant simples telles que celle sur le coût total des opérations réalisées depuis le début du démantèlement jusqu’à aujourd’hui, ou bien celle de savoir ce qu’il a répondu à la demande faite par l’ASN dans sa lettre du 13 octobre 2009, ( p.2) concernant les effluents de la cuve n°5 du bâtiment 18 de l’INB n°165 et quel a été le traitement retenu pour ces effluents*, etc. Et pourtant, il n’y a pour l’heure ni accident, ni situation de crise.

Un accident industriel ou un accident nucléaire ?

Lorsque cela est le cas, comme dans l’accident survenu au Centraco de Marcoule, même les faits ont bien du mal à être établis. On a parlé de l’explosion d’un four où étaient brulés des déchets dont on ignore toujours la provenance et dont on a ignoré longtemps le degré de radioactivité, explosion qui a fait un mort et quatre blessés dont un grave. Mais est-ce qu’il y a eu explosion ? Ce n’est même pas certain.

Les autorités diverses, exploitant, ministres se sont hâtés de rassurer. Un porte-parole d’EDF dont une filiale, la Socodei, exploite les installations de Centraco s’est empressé de claironner qu’il s’agissait d’un accident industriel, pas d’un accident nucléaire, ce qu’ont répété aussitôt sans beaucoup de discernement les média français. La présidente d’Areva avait déjà entonné le même couplet à propos de Fukushima. Le mort étant de nationalité espagnole, les journalistes de ce pays se sont montrés plus curieux que les journalistes français. Rue 89 rapporte que « selon le quotidien espagnol Publico, les autorités françaises cherchent à cacher l'origine radioactive de l'accident qui a eu lieu lundi 12 septembre sur le site de Marcoule, faisant un mort et quatre blessés. Selon leurs informations, la victime a été contaminée : le cercueil, mis en terre samedi, est protégé par un blindage spécial et la famille n'a pas pu voir le cadavre. Le quotidien croit également savoir qu'aucune autopsie n'a été effectuée. Et seuls les gendarmes, équipés de combinaisons de protection, ont eu accès au hangar où a eu lieu l'explosion. » On sait aujourd’hui que la radioactivité des déchets métalliques présents dans le four au moment de l'explosion était 476 fois supérieure au chiffre publié par l'IRSN sur la base des déclarations de l’exploitant. La CRIIRAD avait dénoncé dès le 23 septembre, dans un courrier officiel aux autorités, l'incohérence des résultats officiels et demandé au Procureur de la République la réalisation de mesures de débits de dose et d'analyses en laboratoire afin d'établir l'activité réelle des déchets. Aujourd’hui elle porte plainte.
Dans cd courrier du 23 septembre, elle dénonçait le maintien du secret sur les éléments clefs du dossier et la publication, par l’IRSN, d’un chiffre étonnamment faible (63 000 Bq) pour l’activité des 4 tonnes de déchets métalliques présents dans le four au moment de l’explosion. La CRIIRAD jugeait cette évaluation« absolument incompatible » avec le débit de dose de 8,5 μSv/h qui aurait été relevé sur le corps de la victime de l’explosion. Une fois qu’elle a eu confirmation de ce débit de dose, la CRIIRAD a adressé le 29 Septembre au Procureur de la République, un courrier officiel soulignant qu’il est «impossible de mesurer un débit de dose aussi élevé si la contamination provient de déchets métalliques aussi faiblement contaminés que l’affirment l’exploitant et l’IRSN.» Dans ce courrier, elle demandait également que l’instruction intègre la réalisation d’une cartographie dosimétrique et des analyses pour établir l’activité réelle des 4 tonnes de déchets radioactifs. La CRIIRAD avait raison puisque l’ASN indiquait le 29 septembre sur son site que « le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de déchets pour une activité de 30 MBq et non de 63 KBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant », soit une sous-estimation de la radioactivité d’environ 500 fois, une erreur pour le moins grossière, qu’il faudra bien expliquer.
Pour la CRIIRAD cette rectification pose de « très lourdes questions » à savoir : « 1. Cette réévaluation aurait-elle été publiée si la CRIIRAD n’avait pas interpellé officiellement, par lettre recommandée avec accusé de réception, les différentes autorités le 23 septembre dernier ?
2. Comment se fait-il que l’expert de l’Etat, l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, qui était présent sur le site et qui dispose de moyens sans commune mesure avec ceux de la CRIIRAD, ait repris sans réserve l’évaluation suspecte de l’exploitant ? Le chiffre de 63 KBq a été publié dès le 12 septembre par l’IRSN et sans aucun correctif ultérieur.
3. Quel crédit apporter à l’auto-surveillance de l’exploitant, dispositif essentiel du contrôle de l’installation CENTRACO? (…) Il est tout à fait improbable qu’il s’agisse d’un malheureux concours de circonstances, que l’explosion concerne le seul lot de déchets mal évalué par l’exploitant(…) On est d’ailleurs en droit de se demander si la CENTRACO ne fonctionne pas en complète violation des prescriptions qui régissent son fonctionnement : violation des dispositions du décret d’autorisation qui limitent l’activité totale qu’elle est autorisée à détenir ; violation des limites de rejets de polluants radioactifs et chimiques dans l’atmosphère et dans le Rhône. Si les rejets réels sont 10 fois ou 100 fois supérieurs aux rejets déclarés, le dépassement des limites de rejets de tritium ou d’émetteurs alpha serait par exemple avéré. »

Des nucléocrates fidèles à eux-mêmes

On peut conclure avec la CRIIRAD que « dans le domaine du nucléaire, les dossiers changent mais les constats restent les mêmes : sous-évaluation des risques du côté de l’exploitant et manque d’esprit critique, voire complaisance, du côté des experts officiels » et aussi de certains médias. Mensonges par omission, voire mensonges tout court, dissimulation, opacité… Le nucléaire qu’il soit civil ou militaire craint la lumière.

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*Voici le texte de la lettre de l’ASN : « Les inspecteurs se sont intéressés aux modalités de rejets des effluents contenus dans la cuve n°5 du bâtiment n°18 (INB n°165 – Procédé). En effet, cette cuve comporte environ 20 m3 d’effluents chargés en nitrates, sulfates et surtout en métaux (chrome, fer, nickel, aluminium, argent, zinc, traces de cadmium…). Certaines de ces substances sont considérées comme dangereuses et prioritaires au sens des directives européennes en vigueur du fait de leur impact sur le milieu. Ces effluents ne sont a priori pas marqués du point de vue radiologique. Vous envisagez de les rejeter lors de la vidange du bassin de stockage des eaux d’extinction d’incendie afin de respecter les valeurs limites réglementaires qui vous sont imposées en sortie du centre. J’estime que cette dilution programmée d’effluents non marqués radiologiquement n’est pas une solution satisfaisante. » (p.2 de la lettre de suivi du 13/10/2009 ) L’ASN a donc demandé au CEA de Fontenay-aux-Roses « d’investiguer d’autres possibilités de traitement des effluents contenus dans la cuve n°5 du bâtiment n°18. Vous me ferez part des résultats de vos recherches et de la solution retenue avec les justifications associées préalablement à sa mise en œuvre. »

Liste des acronymes :

ASN : Autorité de sûreté nucléaire.

AIEA : Agence internationale pour l’énergie nucléaire.

CEA : Centre d’Étude Atomique.

CLI : Commission locale d’information.

CENTRACO : Centre de traitement et de conditionnement des déchets radioactifs.

CRIIRAD : Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité.

FAR : Fontenay-aux-Roses.

IRSN : Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.

SOCODEI : Société pour le conditionnement des déchets et des effluents industriels.


Mardi 4 Octobre 2011 Commentaires (0)

C’est probable !


En effet, Centraco (acronyme de Centre de traitement et de conditionnement des déchets radioactifs) est une des destinations des déchets radioactifs produits par le démantèlement des installations nucléaires du CEA de Fontenay-aux-Roses. Lundi 12 septembre s’est produit un grave accident dans le four de fusion de ce centre exploité par une filiale d’EDF, la SOCODEI. Il a causé la mort d’un salarié et en a blessé quatre autres, dont un gravement.
Selon l’ASN, le local dans lequel se trouve le four a été partiellement endommagé et il a été mis sous scellés par le procureur de la République pour l’enquête. Dans son communiqué l’ASN indique que « sans préjudice des mesures qui pourront être prises dans le cadre de la procédure judiciaire, l’ASN a décidé de soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours de fusion et d’incinération, qui avaient été arrêtés peu après l’accident. Cela a fait l’objet d’une décision du collège de l’ASN en date du 27 septembre 2011. » Etant données les exigences que pose à juste titre l’ASN pour la reprise d’activité des installations de ce centre, celle-ci ne sera pas pour demain. La fin du démantèlement des installations nucléaires du CEA de Fontenay-aux-Roses a été sans cesse repoussée, d’abord en 2018, elle est prévue maintenant pour 2025, « hors aléas ». En voici justement un. On peut donc d’ores et déjà parier qu’à peine annoncés, les nouveaux délais ne seront pas tenus.

Mardi 4 Octobre 2011 Commentaires (0)

Un vœu sur la «sortie du nucléaire» présenté par le groupe EE-LV au Conseil régional d’Ile de France a été adopté lors de la séance du 30 septembre 2011, chose impensable il y a quelques mois dans une assemblée où les écologistes sont minoritaires ! Fukushima est passé par là. Il faut dire aussi que le groupe EELV avait mis beaucoup d’eau dans son vin pour obtenir ce résultat. Trop peut-être… Et malgré cela, le PS s’est contenté de refuser de voter. Une attitude à la Ponce Pilate qui laisse mal augurer de l’avenir…


La fin du nucléaire en France : quelle date?

Le vœu demande une sortie «progressive » du nucléaire sur « une génération ». C’est bien flou comme délais. Les Allemands et les Suisses ont fixé des dates précises, respectivement 2022 et 2034, soit 10 et 22 ans comme le rappelle d’ailleurs l’exposé du motif du vœu. Cette question du délai est capitale. Selon le dernier scénario de l’association Négawatt, la France pourrait achever sa sortie du nucléaire en 2033.

Les écologistes et les anti-nucléaires estiment que EE-LV doit être clair sur cette question car c’est là-dessus que se joueront les négociations futures avec les partis de la Gauche. Elles ne se joueront pas sur la question de savoir si la France sort ou non du nucléaire. Pour EE-LV cela n’est pas négociable, du moins si les propos tenus par Eva Joly ne sont pas du vent. Pour le PS, Hollande mis à part, c’est acquis. La négociation ne pourra donc porter que sur les délais et la date à laquelle le dernier réacteur sera mis à l’arrêt. Cette mise à l’arrêt ne signifiera hélas, ni la fin des ennuis avec le nucléaire, ni celle des risques d’accident car même à l’arrêt, les réacteurs des centrales nucléaires restent dangereux comme l’a bien montré Fukushima et il faudra résoudre des problèmes de démantèlement, de gestion des déchets qui s’étaleront sur des années sans terme assignable. D’où la nécessité d’arrêter au plus vite cette aventure. En parlant de sortie « progressive » sur « une génération », on noie le poisson. Il faut des dates précises et la définition d’un calendrier. Dans les négociations futures pour les législatives et sur un contrat éventuel de gouvernement, Europe Écologie Les Verts se contentera-t-il d’un tel flou ? S’il veut participer à tout prix à un gouvernement de gauche à dominante PS, on peut le craindre tant il est vrai que sur les questions énergétiques et notamment le nucléaire, il y a toujours eu des divergences profondes entre la gauche et les écologistes. Ce serait tenir à peu de frais l’engagement pris par Eva Joly mais ce serait une fois de plus (une fois de trop ?) prendre les anti-nucléaires pour des imbéciles.

Remise en cause de l'EPR ou abandon, il faudrait préciser...

Les conseillers régionaux EE-LV posent aussi quelques exigences précises dans ce vœu : la fermeture immédiate des « plus vieilles centrales en activité » comme celle de Fessenheim, la mise en œuvre d’un « plan massif d’économies d’énergie et promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétiques », le développement de « manière décisive » ( ?) des énergies renouvelables, autant de points sur lesquels tous ceux qui veulent diversifier le mix énergétique français ne peuvent qu’être d’accord, exceptés les nucléocrates inconditionnels. Ils proposent également la « remise en cause » du projet EPR « en commençant par les chantiers de Flamanville et de Penly », ce qui pourrait être considéré comme un « point dur ». Mais, cette impression se dissipe lorsque l’on constate qu’il s’agit seulement d’une remise en cause, pas un abandon. Comme dans un texte de ce genre, tous les mots sont pesés, chacun conviendra qu’il s’agit beaucoup plus que d’une nuance. On remarquera également que c’est à peu près la position sur laquelle semblaient s’accorder les prétendants à l’investiture PS lors du débat sur France 2.


Cécile Duflot
Cécile Duflot
La sortie du nucléaire aux calandes grecques?

Bref, ce vœu s’aligne sur les positions officielles du PS. Comme Martine Aubry qui veut voir « la première génération de l’après nucléaire », Cécile Duflot qui a signé ce vœu et l’a présenté en séance parle en terme de génération. La question qui se pose alors est évidement celle de savoir ce que signifie cet alignement pur et simple sur les positions officielles du PS. Question d’importance qui dépasse le Conseil régional puisque que c’est Cécile Duflot, la secrétaire nationale du Parti qui l’a signé et présenté en séance. Voulait-elle mettre le PS au pied du mur et l’obliger à assumer ses propres positions sous peine de se discréditer ? Dans ce cas, c’est une réussite et la dérobade piteuse du groupe PS montre le peu de cas qu’il faut faire des beaux discours de ses dirigeants et même de son programme, du moins lorsque c’est l’énergie qui est en cause. Il y a une autre hypothèse : les « grandes manœuvres » pour les scrutins à venir ont commencées. Dans cette hypothèse, Duflot présentait le compromis qu’elle était prête à accepter pour parvenir à des accords de gouvernement, si l’on peut parler en l’occurrence de compromis, un tel alignement ressemblant plutôt à une sorte de capitulation avant même la bataille. Les deux hypothèses ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre. L’une et l’autre sont de bien mauvaise augure. Comme toujours, au niveau national, les programmes du PS ne semblent n’engager que ceux qui les lisent. Europe Ecologie Les Verts, ou du moins ceux de ses dirigeants qui lorgnent des postes ministériels ou sur des sièges de député sont peut-être prêts à se dire que « Paris vaut bien une messe », à lâcher du lest sur les sujets qui fâchent pour obtenir un portefeuille, ou un siège. À toujours être hésitant, flou sur les échéances, on peut craindre que la sortie du nucléaire soit, une fois de plus reportée aux calendes grecques ou, pour le dire en des termes plus familiers, à la Saint Glinglin. La Saint Glinglin, sur cette date, PS et EE-LV s'accorderont facilement. A force de tenter le diable, un accident risquera bien de tout remettre en cause. Alors, nous sortirons du nucléaire en catastrophe, mais il sera trop tard.

Vigilance

Souvenons-nous. Jospin avait sacrifié le surgénérateur Superphenix sur l'autel de la gauche plurielle. Sacrifice hautement symbolique mais qui ne nuisait guère aux intérêts des nucléocrates. On mettait ainsi fin à une impasse dispendieuse en leur évitant de perdre la face en la reconnaisant. Puis, plus rien. La suite fut une succession de couleuvres que Les Verts durent avaler. Il apparaît de plus en plus que la construction de l'EPR de Flamanville tourne au cauchemard technique et financier. Même si EELV ne semble pas en faire un préalable, il sera peut-être sacrifié sur l'autel d'un accord de gouvernement PS/EELV. Mais sans sortie programmée du nucléaire avec une date butoir, l'histoire risque fort de se répéter. A tous les anti-nucléaires d'être vigilants, vis-à-vis du PS certes, mais aussi vis-à-vis d'EELV.

Dimanche 2 Octobre 2011 Commentaires (0)

Le nucléaire civil n’est pas plus compatible avec une «transparence» tant de fois alléguée qu’il ne l’est avec le respect des droits démocratiques les plus élémentaires. Après la catastrophe de Tchernobyl, il y a eu la scandaleuse affaire Bandajevsky, ce médecin chercheur de l’institut médical de Gomel traité comme un criminel par l’état Belarus, incarcéré pendant 8 ans sous de fallacieuses accusations, torturé pour avoir publié les résultats de ses recherches sur les conséquences sur l’organisme de la contamination radioactive des sols par le Césium 137 consécutif à l’explosion du réacteur de la centrale nucléaire. Après la catastrophe de Fukushima, des violations semblables se reproduisent dans un pays supposé démocratique, avec l’arrestation et le passage à tabac du militant anti-nucléaire Sono RYOTA. Demain, qu’en sera-t-il en France, si se produisait une catastrophe nucléaire ? L’état d’urgence et toute transparence et démocratie seraient bafouées dans la «gestion» de la crise qui suivrait. Les conséquences d'une catastrophe nucléaire affectent la planète entière. Anti-nucléaires de tous les pays, unissons-nous, Il faut défendre Sono RYOTA !


Un nouvel exemple d’incompatibilité entre industrie nucléaire et démocratie
Sono RYOTA est l’un des organisateurs de plusieurs manifestations à Tokyo. Militant anti-nucléaire, syndicaliste, membre de No Vox Japon. Il a été arrêté le 23 septembre lors d’une manifestation pacifiste dans un quartier populaire de Tokyo. Les policiers ont tabassé les manifestants qui essayaient de le protéger. Son avocat qui a pu le rencontrer a déclaré qu’il était blessé au visage et avait le corps couvert de bleus. En contradiction avec les garanties dont bénéficie tout japonais lors d'une arrestation, les criminels exceptés, il a été menotté, photographié et ses empreintes digitales ont été relevées. Comme il protestait contre cette violation de ses droits humains fondamentaux, un policier lui a affirmé « Tu n’as pas de droits humains ».

Si vous voulez faire pression pour que ce militant des mouvements anti-nucléaires et des «Sans voix» du réseau «No vox Japon» soit libéré vous pouvez participer à la cyberaction organisée par cyberacteurs.org. en envoyant un message à l’ambassade du japon pour exiger sa remise en liberté.
Une cyberaction vous permet d'interpeller directement les décideurs (politiques ou économiques) en leur envoyant un courrier électronique. Dans le cas présent, il s’agit de la Cyber @ction 435 :appel contre arrestation à Tokyo d'un militant anti-nucléaire. Cliquez sur ce lien.

Vendredi 30 Septembre 2011 Commentaires (0)

Comme elles sont élégantes, dans la haie, les baies d’un joli rouge vif et luisant de la douce-amère! Belles mais vénéneuses… La douce-amère marie les contraires : amertume et douceur ; régal pour beaucoup d’oiseaux, toxique, voire mortelle pour tous les mammifères, hommes y compris. Elle peut aussi guérir mais profanes s’abstenir. Et la tradition lui attribue des propriétés surprenantes. D’une certaine façon, avec elle, l’amour côtoie la mort. Donc, prudence…


Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Dessin extrait de la Flore de l'abbé H. Costes, t. 2 p.613
Nom
Solanum dulcamara L. 1753
Famille des solanaceae [solanacées]

Le nom du genre vient du latin sol : soleil, un genre dont les plantes membres recherchent les stations ensoleillées. Selon une autre étymologie il viendrait du verbe solari : consoler à cause des propriétés narcotiques de nombreuses espèces de ce genre.
Pour l’espèce, dulcis est un mot latin qui signifie «doux» et amarus «amer» En français comme en latin mais aussi en anglais, en allemand, en néerlandais et dans bien des langues, elle tire son nom de la saveur de son écorce lorsqu’on la mâchonne – chose à éviter de faire, la plante étant vénéneuse dans toutes ses parties. Assez curieusement, à rebours de l’ordre des termes dans le nom, le doux suit l’amer : « Lorsqu’on les mâche [les tiges] on perçoit une saveur amère qui est bientôt suivie d’un goût douceâtre » (Barbier 1837, p. 471)
Elle a aussi beaucoup d’autres noms vernaculaires. Citons : morelle grimpante (par opposition à la morelle noire qui ne grimpe pas), crève chien (allusion possible à sa toxicité dont les animaux de compagnie peuvent faire les frais), réglisse sauvage (référence à l’un de ses usages à ne pas suivre), herbe à la fièvre, herbe à la quarte ou «quarte» signifie «fièvre quarte», une fièvre intermittente (renvoie sans doute à des propriétés fébrifuges non attestées par ailleurs) Elle a aussi d’autres appellations dont la raison, s’il en est une, n’est pas évidente : loque, bronde, bois de ru.

Période de floraison
Fleurs de juin à août, baies de septembre à décembre, d’abord vertes, puis rouges et enfin jaunes.

Description
Sous-arbrisseau de 60cm à 3m, sarmenteux.
●Grosse racine, ramifiée et charnue.
Tiges lianiformes, rampantes ou grimpantes, plus ou moins volubiles mais sans dispositif d’accroche, parfois retombantes, pubescentes.
Feuilles alternes, pétiolées avec pétiole plus court que le limbe, cordiformes à la base de la plante, trilobées au sommet, avec un grand lobe central en forme de cœur et deux latéraux plus petits ovales à subaigus.
Fleurs monoïques (1 ─ 1,5cm) en cymes par 10 ─ 25 sur un long pédoncule opposé à une feuille supérieure, 5 sépales dentées soudées entre elles, plus courtes que le tube, 5 pétales, égaux, soudés à la base à lobes étroits, aigus, recourbés vers l’arrière donnant à la fleur un aspect étoilé, cinq étamines jaunes réunies en un tube saillant d’où dépasse un stigmate unique à long style.
Fruits, baies ovoïdes (1 – 1,5cm), vertes puis rouge vif luisant avec de nombreuses petites graines blanc ivoire, lenticulaires d’environ 3mm de diamètre, aplaties sur les bords, au hile bien marqué. Il est difficile de confondre ces baies avec d’autres, peut-être avec des groseilles mais cette confusion serait assez grossière.

Habitat
Haies, bois clairs, pierrailles, bords des ruisseaux, la douce-amère aime les lieux humides mais ensoleillés. Elle fréquente aussi des stations plus sèches comme rudérale. En d’autres termes, c’est une espèce héliophile et de demi-ombre, hygrophile à mésohygrophile, nitrophile. Son amplitude altitudinale va de 0 à 1700m.
Plante très commune dans toute la France, mentionnée en Europe dès le XIIIème siècle.

Remarque importante

La douce-amère est une plante fortement TOXIQUE pour tous les mammifères, hommes et animaux domestiques inclus. Elle le serait aussi pour les tortues terrestres.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
  • Si un cheval ingère 130gr de la plante, une paralysie mortelle peut survenir. Heureusement, il semble qu’elle ne soit pas recherchée par les équidés.
  • Ce sont les baies encore vertes qui sont les plus toxiques : dix baies non mûres provoquent une très grave intoxication chez l’enfant qui peut être fatale.
Ce sont les alcaloïdes que la plante contient qui sont responsables de ces troubles : la solacéine et la solanéine. De plus, les tiges sont riches en saponines ; les graines contiennent des alcaloïdes de type atropinique et des substances à effets bradycardisants et antimitotiques (empêchant la division cellulaire).
Pour inciter à la prudence, voire à l’abstention, dans l’utilisation en automédication de cette plante, inscrite à la Pharmacopée française, rien ne vaut une description de l’intoxication qu’elle provoque. Celle qui suit s’appuie sur Delmas et Delaveau (1978) et sur Girre (2001).
Les premières manifestations de l’intoxication sont d’ordre digestif avec des nausées, des vomissements, des coliques et des diarrhées. Si les doses ingérées sont fortes, les diarrhées deviennent sanglantes et il y a atteinte rénale avec protéinurie et hémoglobinurie, c’est-à-dire présence de sang et de ses constituants dans les urines. Apparaissent ensuite des symptômes neurovégétatifs, dilatation des pupilles (mydriase), accélération du rythme cardiaque (tachycardie), sécheresse de la bouche et des muqueuses, maux de tête, bourdonnement d’oreilles. Apparaissent parfois des délires, des hallucinations et des convulsions évoluant vers une paralysie : coma avec hyporéflexie (affaiblissement des réflexes), troubles respiratoires et cardiovasculaires dont l’issue peut être fatale. Bref, une mort bien douloureuse. Les principales victimes de la douce-amère sont des enfants et des personnes qui veulent l’utiliser en automédication interne sans connaissances suffisantes.
Les usages répertoriés dans les paragraphes suivants sont donc là dans le but de présenter un panorama des connaissances concernant cette plante et non comme des recettes à mettre en pratique. L’auteur de cet article décline toute responsabilité si d’aventure, un de ses lecteurs passe outre ces conseils de prudence et d’abstention et que cela tourne mal pour lui. La douce-amère a beaucoup d’usage phytothérapiques mais bien qu’il soit tentant de l’utiliser, elle fait partie de ces plantes auxquelles il vaut mieux ne recourir que sous la surveillance d’un spécialiste.

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Commentaires 

La douce-amère appartient à la même famille que la tomate, l’aubergine ou la pomme de terre.
Les tubercules de pomme de terre (Solanum tuberosum L.) sont comestibles comme chacun sait mais ils deviennent toxiques s’ils verdissent, verdissement qui se produit lorsqu’ils sont exposés à la lumière. Tout le reste de la plante est toxique, à un degré moindre certes que la douce-amère. Les tomates (Solanum lycopersicum L.) avant qu’elles ne soient mûres présentent également une certaine toxicité alors que mûre, elles sont parfaitement comestibles. Dans tous les cas, ce sont les mêmes solanines qui sont en causes.

  • On notera donc qu’un même végétal peut être toxique dans un état et ne plus l’être dans l’autre.

  • On remarquera également que dans une même plante, certaines parties peuvent être toxiques et même fortement toxiques alors que d’autres seront de très bon comestibles.

  • On peut se demander aussi pourquoi un fruit qui n’est pas arrivé à maturité est toxique ou plus toxique que le même arrivé à maturité. L’ingestion des fruits par les animaux qui rejettent ensuite les graines dans leurs excréments est un moyen de dispersion des plantes. On parle dans ce cas de zoochorie. Pour que cela fonctionne, il faut que les graines puissent se développer et arriver à maturité. Donc que le fruit ne soit pas mangé trop tôt. Gorgé de substances toxiques, astringentes et repoussantes, celui-ci n’est guère appétissant. L’ingurgiter donnera lieu à une mauvaise expérience. Les fruits trop verts sont comme les raisins de la fable, immangeables. Peut-être ce savoir est-il acquis, peut-être est-il inné chez l’animal. La couleur verte qui est celle de la plupart des fruits charnus non mûrs permettrait non seulement au fruit de se confondre avec le feuillage et de passer plus ou moins inaperçu, mais de plus elle jouerait le rôle de signal : passez votre chemin, je ne suis pas, ou pas encore comestible. Les belles couleurs, rouge, jaune, noir, voire même blanche (le gui) serait là pour attirer l’attention de l’animal et lui dire : «Je suis bon à manger », les toxines sont moins virulentes, voire ont disparu – cas de la tomate – comme les autres substances astringentes et détestables. Au contraire, le fruit mûr est gorgé de sucre ou de graisse. Ainsi, pour la douce-amère et autres fruits rouges, le code couleur serait à l’inverse de celui de la route. Vert, stop, on attend. Rouge, c’est bon, allez-y ! Certains parleront d’adaptation réciproque mais indépendante, d’autres de coévolution.

  • La dissémination ornithochore de la douce-amère.
Il reste cependant à expliquer pourquoi la douce-amère et bien d’autres fruits sauvages sont toxiques pour les mammifères, ce qui constitue une bonne défense contre ces prédateurs éventuels alors qu’ils ne le sont pas pour les oiseaux sur lesquels les principaux poisons d’origine végétale tels que les alcaloïdes et les glucosides sont sans effet. Tout se passe comme si les plantes avaient renoncé à défendre leurs fruits contre les oiseaux frugivores. Pour le dire autrement, c’est comme si elles avaient choisi de privilégier les oiseaux comme agents de leur dissémination. Coévolution ? Hasard ? En tout cas, ce fut un bon choix. En effet, à quelques exceptions près, une graine court beaucoup moins de dangers dans son voyage à travers le corps d’un oiseau surtout s’il est frugivore que lorsqu’il est ingéré par un animal pourvu de dents comme le sont les mammifères. Les oiseaux n’ont pas de dent et avalent donc le fruit sans porter atteinte aux graines qu’il contient et leur appareil digestif n’est pas de type broyeur de telle sorte que les graines ingérées avec la pulpe ont toutes les chances de ressortir intactes dans les déjections, le passage dans l’estomac et l’intestin de l’oiseau ayant simplement attendri les téguments extérieurs, ce qui favorisera la germination des graines. Bon choix aussi parce que les oiseaux ont un transit intestinal beaucoup plus rapide que les mammifères, bon choix enfin parce qu’ils se déplacent plus vite et plus loin. Certes toutes les plantes n’ont pas « choisi » de refuser leurs fruits aux mammifères qui peuvent se montrer aussi de bons agents disséminateurs. Il suffit de rencontrer sur un sentier une crotte de renard à la saison des cerises pour le comprendre. Avec l’homme civilisé par contre, les graines des fruits comestibles n’ont pas eu de chance. Rien ne germe dans la porcelaine. Sans ses lieux d’aisances modernes, l’homme serait pourtant un bon disséminateur pour quelques solanées qu’il a domestiquées. La preuve : derrière les dunes de certaines plages, poussent de succulentes tomates sauvages.
La morelle douce-amère est à l’abri des aléas que lui ferait courir l’ingestion de ses fruits par des Sapiens sapiens civilisés. Elle se rattrape avec les oiseaux. Il y aurait une vingtaine d’espèces d’amateurs se chargeant de la propager selon Crocq (2007). En voici une première liste établie, d’après un recensement des observations rapportées par Crocq (2007): Faisan de Colchide, Rouge Gorge familier, Merle noir, Fauvette à tête noire, Mésange bleue et autres mésanges, Etourneau sansonnet, Casse noix moucheté, Pie bavarde, Pinson des arbres, Bouvreuil pivoine, Gobe mouche gris, Pigeon ramier, Râle d’eau, Bécassine des marais.

  • Une plante envahissante
La douce-amère peut ainsi devenir une plante que les humains trouvent envahissante, surtout s’ils ont eu la mauvaise idée de l’introduire dans leur jardin au titre de plante ornementale : les oiseaux en sont friands et les graines se retrouvent un peu partout. D’autant que la douce-amère a plus d’un tour dans son sac pour assurer sa survie. Non contente de se faire aimer des oiseaux, elle est capable de se bouturer : « les racines de la douce-amère sont d’une vitalité extrême. Il suffit qu’il en reste un fragment dans le sol pour que la plante repousse après son arrachage. » Becker, 1984, p. 186

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Usages

(Voir la mise en garde ci-dessus)

Confiserie
Les tiges ont été mâchées comme des bâtons de réglisse sans dommages évidents si ce n’est, dit-on, des vertiges légers. Mâchonner des tiges de douce-amère est cependant fortement déconseillé.

Phytothérapie

Ces usages sont très anciens.

On utilise principalement la tige.
Cette tige, qu’il faut choisir pleine de moelle est, selon P. Lieutaghi, récoltée à l’automne et, selon cet auteur, il faut sélectionner les tiges de l’année. Le docteur Valnet, [Valnet (1983)] estime également qu’il faut les récolter en automne, « quand les feuilles ne sont plus en activité ». Il ne précise pas s’il faut choisir des tiges de l’année. Pour d’autres, il faut récolter celles qui ont au moins un an durant l’hiver avant l’apparition des feuilles. Ce qui d’une certaine façon revient au même : en hiver les feuilles ne sont plus en activité, et pour cause, il n’y en a plus. Mais du coup, se pose un problème pratique de repérage et d’identification de la plante, un problème tel que je me demande si ceux qui donnent cette indication ont essayé de récolter une plante quelconque. Par contre, sur le site hippocratus.com auquel renvoie l’article de Wikipédia consacré à la douce-amère, on indique qu’il faut les récolter en été ! J’ai plutôt tendance à faire confiance à Lieutaghi et Valnet. La question de l’âge d’une tige bonne à utiliser est liée à celle de la posologie : plus la tige est lignifiée, donc âgée, moins elle renferme de principes actifs, moins elle est toxique, mais son efficacité diminue d’autant. Ce sont ces tiges lignifiées que mâchonnaient les enfants de la campagne.

Lieutaghi explique comment conditionner la drogue.
Les tiges émondées sont tronçonnées en fragments de 5cm et fendues par le milieu. Séchées, elles ne doivent pas être conservées plus d’un an.

C’est un dépuratif renommé.

La douce-amère aurait aussi une action contraceptive chez la femme, associée à une action emménagogue en empêchant l’ovulation. Cette propriété, peu mentionnée, est confirmée aujourd’hui par l’analyse chimique des principes actifs de la plante : « Ces molécules [les glucoalcaloïdes] sont accompagnées d’une agglutinine et de saponosides stéroïdiques qui sont des hétérosides de tigogénol, diosgénol et yamogénol (structures chimiques anticonceptionnelles). » Girre, 2001, p.33

Les principales indications de la douce-amère chez les phytothérapeutes, ce sont les dermatoses.
  • En usage externe
le Docteur Valnet propose la décoction d’une poignée de tiges ou de baies dans un litre d’eau que l’on fera bouillir dix minutes.
Cette préparation sera utilisée en lotion sur dartres, herpès et en compresse sur les hémorroïdes non ulcérées, les dartres et l’eczéma (Valnet, 1983, p.246). Avec quelques variantes, on trouve cette préparation pour le même usage avec les mêmes indications chez de nombreux auteurs.
  • En usage interne
en décoction de tiges séchées, le Dr Valnet donne comme indication principales les dermatoses, les rhumatismes, la goutte. P. Lieutaghi (1978, tome 2, p.41) retient les usages de cette décoction pour traiter les dermatoses.
Les résultats sur les dermatoses telles que l’acné, l’eczéma, les dartres, l’herpès et le psoriasis semblent bien attestés. P. Lieutaghi cite Cazin (1850) et Leclerc (1976). Pourtant l’efficacité de ces traitements a été parfois mise en doute (cf. par exemple, Barbier (1837, p. 471). Aujourd’hui, la toxicité de la plante et les effets secondaires du traitement font que l’usage de la douce-amère en phytothérapie est restreint. Par contre elle est encore utilisée en homéopathie en association dans des pommades contre les dermatoses.

Quant à la préparation de la décoction, on notera de légères différences selon les auteurs.
Selon Lieutaghi(1978) les doses sont de 8 à 30 g de tiges sèches pour 1 litre d’eau, en commençant par 8 g et en augmentant progressivement jusqu’à 30 g et sans jamais dépasser 50 g. Pour Valnet (1983) on part de 10 gr pendant une semaine et l’on augmente ensuite progressivement jusqu’à 30 g. La différence entre ces deux auteurs est plus importante pour ce qui concerne la préparation de la décoction. Pour le premier, il faut laisser infuser les tiges dans un litre d’eau pendant quelques heures et réduire ensuite d’un tiers par ébullition. Il faut boire 3 tasses par jour de cette liqueur. Pour le second, la préparation est plus rapide. On fait bouillir pendant 2 minutes et on laisse infuser pendant 10 minutes et boire deux tasses par jour entre les repas. En fait, la posologie doit être adaptée dans chaque cas. C’est ce qu’avait déjà indiqué, un médecin du XVIIIème siècle, Joseph Barthélémy François Carrère.
Un peu d’histoire
La façon de conserver et conditionner la douce-amère, les indications thérapeutiques de l’usage interne de sa décoction, le mode de préparation et d’administration de cette décoction ont pour origine commune un ouvrage de Joseph Barthélemy François Carrère intitulé Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, à Paris : chez Cailleau, 1781. Dans ce traité, le docteur Carrère expose qu’il a expérimenté avec des douces-amères de diverses origines, que c’était celles qui provenaient de stations sèches des montagnes des provinces du sud du royaume qui étaient les plus efficaces. Il trouve que celles cultivées dans les jardins sont peu ou pas efficaces, comme si la culture leur faisait perdre tout pouvoir. L’auteur précise qu’il n’emploie que la tige de la douce-amère, coupée en morceaux d’un ou deux pouces, écrasée au marteau ou fendue en deux, voire en quatre si elle est très grosse. Il faut que la tige ne soit pas creuse mais garnie de moelle. En outre, la douce-amère choisie ne doit pas être fraiche mais ne doit pas être trop sèche non plus, « il faut la choisir, qui ait perdu sa trop grande humidité, &qui commence à être à peine sèche » Autant de précisions que l’on retrouve deux siècles plus tard dans l’ouvrage de Lieutaghi.
Selon le docteur Carrère, il faut la faire bouillir à l’eau très lentement et à petit feu « jusqu’à réduction de la liqueur de moitié » Il explique que sinon, « il résulterait deux inconvénients d’une ébullition précipitée ; la liqueur vanterait, & la partie la plus volatile de la Plante se dissiperoit avec l’écume ; la liqueur n’aurait point encore le tems de se charger des principes de la Plante » (p.105)
Connaissant la toxicité de la plante, le docteur Carrère s’est montré d’abord très prudent et n’a utilisé que des doses très faibles de tiges de douce-amère : 1/2 gros, soit environ 2 g. Puis il raconte que devant les résultats, il s’est enhardi peu à peu et a augmenté les doses dès le début du traitement. C’est lui, semble-t-il, qui a eu le premier l’idée d’augmenter progressivement la concentration de la décoction. Du moins il est le premier à avoir couché par écrit dans un traité savant ce protocole d’administration de la drogue.
Malgré cela, la potion devait rester dure à avaler. Aussi, pour les estomacs qui ne pouvaient supporter cette boisson, le docteur avait une solution de rechange : « je leur donne des pilules faites avec l’extrait de la même plante ; chacune de ces pilules est de quatre grains, & équivaut à un gros de tige » (p.105)
Dans cet ouvrage sont décrits avec beaucoup de précisions les effets secondaires indésirables qui se manifestent souvent en début de traitement pour disparaitre ensuite ; principalement des migraines, vertiges, étourdissements, diarrhées que rapportent également les ouvrages contemporains.
Il en est un cependant que ceux-ci passent pudiquement sous silence « ce remède, écrit J. B. F. Carrère parait chez les femmes porter directement vers les parties naturelles ; il y excite beaucoup de chaleur, quelquefois des démangeaisons : il provoque même l’appétit vénérien ; je l’ai vu produire quelquefois ce dernier effet avec violence. Cet accident n’arrive pas toujours, quoiqu’il soit assez fréquent. » (p. 118)
Certes, il semble bien que Joseph Barthélémy François Carrère fut le premier à présenter de façon détaillée le traitement des dermatoses, rhumatismes et de la goutte avec une décoction de tiges de douce-amère dans un traité de phytothérapie. Il revendique d’ailleurs cette priorité mais il est évident qu’il ne partait pas de rien. Il connaissait la toxicité de la plante, savait qu’il fallait l’utiliser avec prudence. Ce savoir, il le tenait sans doute de la tradition populaire, celle des guérisseuses mais aussi celle des sorcières. Une plante qui était à la fois aphrodisiaque et contraceptive ne pouvait qu’être une création du diable. En tout cas, la tradition veut qu’en sorcellerie on en ait fait grand usage.

Sorcellerie

En sorcellerie la douce-amère était dénommée « herbe d'amour », ce qui permet de supposer que les cueilleuses de plantes en connaissaient parfaitement les propriétés. Elles s’en servaient aussi pour soigner les maladies de peau. Les sorcières étaient bien souvent aussi des guérisseuses à des époques où cette médecine populaire était au moins aussi efficace et beaucoup moins dangereuse que la médecine officielle qui, notons-le, était pratiquée presque uniquement par des hommes. Michelet n’a-t-il pas dit de la sorcière qu’elle était « la prêtresse de la nature » et « l’unique médecin du peuple » ? Médications par les bonnes herbes et envoutements allaient de pair sans que, semble-t-il, il y ait une démarcation bien nette entre les deux.

  • Les feuilles de la plante placées dans l’oreiller étaient censées guérir un chagrin d’amour et aider à retrouver le sommeil.

  • Un rameau suspendu en collier préviendrait des insolations…. !!!

  • Pour envouter et lier à soi la personne aimée, il fallait penser très fort à la personne en cause tout en mettant une feuille de douce-amère dans la bouche. Il fallait ensuite appuyer cette feuille sur un bras. Si une tâche apparaissait, le sort avait fonctionné mais si c’était un pli, il avait fait long feu et il fallait recommencer.

  • La douce-amère aurait fait partie avec d’autres plantes de « l’onguent de vol » avec lequel on racontait que les sorcières s’enduisaient le corps les nuits de sabbat. Cette information qui a pour source essentielle les aveux extorqués à de pauvres femmes sous la torture est pour le moins sujette à caution comme l’est l’existence même de tels sabbats.





La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara
Références :

Barbier (J.-B. G.) 1837, Traité élémentaire de matière médicale, 5° éd. revue et augmentée, Bruxelles

Becker (G.) 1984, Plantes toxiques, Gründ, Paris

Cazin (F. J.) 1868, Traité pratique el raisonné des Plantes médicinales indigènes, 3°éd. revue et augmentée, Paris

Carrère (J. B. F.) 1781, Traité des propriétés, usages et effets de la douce-amère ou solanum scandens dans le traitement de plusieurs maladies surtout des maladies dartreuses, chez Cailleau, Paris.

Coste (H.) 1937, Flore de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, tome 1, tome 2, Librairie des sciences et des arts, Paris

Crocq (C.) 2007, Les oiseaux et les baies sauvages, Belin, Paris

Delmas (A. M.) et Delaveau (P.) 1978, Guide des plantes dangereuses, Maloine, Paris

Girre (L.) 2001, Guide des baies toxiques, Delachaux et Niestlé, Lausanne

Leclerc (H.) 1976, Précis de phytothérapie, 5° éd, Masson, Paris

Lieutaghi (P.) 1978, Le livre des bonnes herbes, tome 2, Les nouvelles éditions marabout, Verviers

Valnet (J.) 1983, Phytothérapie, Masson, «le livre de poche», Paris

Iconographie : J.F. Dumas, Wikipédia, Flore de l'abbé H. Coste

La Morelle douce-amère – Solanum dulcamara

Dimanche 25 Septembre 2011 Commentaires (3)

Sur le nucléaire notamment… Ça ne vaut pas le coup de tenter de les départager et ce serait cautionner la marche vers un bipartisme. Pour les écologistes, c’est le premier tour qui compte. Laissons la primaire PS au PS.


Sortir du nucléaire?

Aubry serait pour. Hollande contre. Hollande veut simplement réduire la part du nucléaire pour la ramener à 50%. Lors du débat télévisé obligeamment organisé par France 2, il s’est évertué à démontrer que sa proposition n’était pas différente de celle de Martine Aubry si l’on raisonnait en fonction de la durée des mandats présidentiels. Ce qui est faux, bien entendu. Si l’on décide de sortir du nucléaire à échéance de vingt-cinq ou même quarante ans (position de Ségolène Royal), il y a des mesures à prendre dès maintenant pour réorienter la production d’électricité et elles ne consisteront pas seulement à fermer les centrales les plus vétustes. Mais peu importait à François Hollande. Ce qu’il voulait montrer, c’est que les anti-nucléaires n’avait pas de raison de choisir Aubry plutôt que lui. Il y a sans doute réussi en soulevant la question de l’EPR en construction à Flamanville. Une sortie du nucléaire si progressive soit-elle suppose que l’on arrête dès maintenant la construction de tout nouveau réacteur, fût-il en chantier, donc que l’on arrête de construire celui de Flamanville. La décision est d’autant plus facile à prendre que le chantier cumule les retards, les malfaçons et s’avère un gouffre financier pour un réacteur dont on sait déjà que du point de vue de la sûreté, il laisse à désirer autant, sinon plus que ses ainés. Martine Aubry n’a pas proposé d’arrêter le chantier ! Elle veut attendre les résultats des expertises. Comme Hollande…. Ce n’est pas en s’y prenant ainsi qu’elle verra « naître la première génération de l’après nucléaire » Si elle le veut vraiment, il faudra qu’elle aille bien au-delà du consensus de façade sur le nucléaire que les candidats à la primaire PS affichaient lors de cette émission, à la grande satisfaction d’un François Hollande tout sourire.
Lors de ce débat, seule Ségolène Royal semblait avoir véritablement étudié la question, avoir pris conscience de l’ampleur de la tâche et avoir sérieusement envisagé une sortie du nucléaire bien que les délais qu’elle propose soient trop longs. Elle exprimait l’opinion qu’elle s’est forgée sur la question et cherchait surtout à rassurer toute la filière en montrant le rôle capital qu’auront à jouer ses acteurs pour mener à bien cette sortie.
La formule de Martine Aubry « Je veux voir naître la première génération de l’après-nucléaire » est une jolie formule, mais on peut craindre qu’elle ne soit que cela.

Non au bipartisme à la mode US !

Mise au pied du mur par son concurrent, force est de voir qu’elle est plus prompte à servir de belles paroles qu’à s’engager à prendre des mesures efficaces qui monteraient sa détermination à agir pour mettre en œuvre une véritable sortie du nucléaire. Combien symbolique et en même temps concret eût été cet engagement : « Si je suis élue, le chantier de l’EPR de Flamanville sera définitivement arrêté. On ne construira plus aucun réacteur nucléaire sur le territoire français.» Martine Aubry ne l’a pas pris.
Finalement, quelles que soient les intentions de ceux qui l’on initiée, cette primaire du PS n’est qu’un formidable moyen de faire de la pub à ce parti, de le placer d’office comme le leader de la gauche, voire même de l’opposition à Sarkozy et de faire l’impasse sur le premier tour de l’élection présidentielle. C’est le premier étage d’une fusée dont le second sera le « vote utile » contre la droite, peut-être même sera-t-il invoqué pour barrer la route au FN. C’est un pas de plus vers un bipartisme à l’américaine qui est souhaité par beaucoup de leaders des deux partis dominants, et aussi par les médias qui aiment les messages simples, voire simplistes, les duels plus faciles à mettre en scène et les situations bien tranchées plus faciles à commenter.
Ce n’est pas l’intérêt des antinucléaires et des écologistes que de se prêter à cette manœuvre. Laissons ces primaires au PS et à tous ceux qui croient encore que ce parti est capable d’autre chose qu’une alternance avec la droite. Laissons-le donc choisir seul son Zapatero ou Papandréou potentiel. Il faut qu’au premier tour le candidat du PS soit le candidat du seul PS et non de tous ceux qui par nécessité devront sans doute voter pour lui au second tour.
Voter utile pour les écologistes et les anti-nucléaires, c’est construire un rapport de force électoral au premier tour pour que la sortie du nucléaire soit effective si le candidat du PS l’emportait au second tour. Pour aller au-delà d’une simple alternance, il faut pour les législatives, une alliance des gauches et des écologistes dans laquelle le PS à lui seul ne soit pas majoritaire.

Jeudi 22 Septembre 2011 Commentaires (0)

Au quotidien

FFC et UCI roulent sur la tête… Incapables hier d’interdire le Tour de France (homme) à de véritables pharmacies ambulantes, elles cherchent aujourd’hui des noises à une championne dont la longévité, le mode de vie sont là pour prouver qu’il est impensable qu’elle se dope. Jeannie Longo, est une championne que tous les écologistes devraient aimer…


Vas y Jeannie !
Jeannie Longo ne s’est jamais bien entendu avec la FFC. Elle préfère les pédales qu’elle a testées à celles que voulait lui imposer la FFC (pour quelle raison ?) Elle préfère aller loger à la campagne près de la nature que dans les hôtels réservés par ladite fédération. Elle s’entraine à sa façon et son entraineur est son mari, cela aussi est mal vu.
Pour être en bonne santé, elle conseille de «réduire les séances d’ordinateur, débrancher la carte Wi-Fi, se demander si c’est vraiment utile de s’exposer ainsi à ces ondes.» ici «Je fais partie des 4 % de Français qui ne possèdent pas de téléphone portable» ajoute-elle. C’est une femme indépendante, une femme libre. Comme l’a affirmé Laurent Jalabert sur RTL «C'est quelqu'un qui suit un programme en fonction de ses sensations, de ses envies, qui peut changer de lieu de résidence comme je l'ai déjà vu faire plusieurs fois sans ressentir forcément le besoin d'avertir la planète entière ». Le sélectionneur de l’équipe de France a ajouté : « Il y a probablement un décalage avec le milieu des contrôleurs et le style de vie de Jeannie Longo qui aujourd'hui l'amène dans une situation un peu improbable » C’est également ce que suggère un responsable de la Fédération : « Ce n'est peut-être pas trop son truc d'aller se localiser sur internet quand elle change d'hôtel »

À cinquante-deux ans, « championne la plus titrée » au palmarès époustouflant, elle n’a plus rien à prouver même si, sans doute, elle a toujours quelque chose à se prouver à elle-même. Mais, à part quelques bureaucrates obtus et bornés, qui pourrait croire qu’elle pourrait le faire en se dopant ? Elle qui carbure au bio, au complément alimentaire naturel et à la volonté…
Certes Jeannie Longo a pris de la créatine, produit interdit à la vente en France jusqu’à une époque récente. Elle ne s’en est jamais cachée et il est reconnu sans contestation, y compris par les autorités sportives, que cette substance n’est pas un produit dopant. Elle est aujourd’hui autorisée et on en trouve chez Décathlon, par exemple. Jeannie Longo a fait la promotion de ce produit alors même qu’il était encore interdit dans l’Hexagone. « La créatine n’est pas un produit dopant à l’origine mais peut être utile à des gens qui choisissent une alimentation peu carnée pour maintenir la masse musculaire. J’utilise donc la créatine ponctuellement et en faible quantité. » Elle estime que cela lui permet de garder de la force dans les situations où elle est en dette de protéines et de manger moins de viande.
Jeannie Longo est fidèle en amitié, même si, s’agissant d’Alain Carignon, d’aucuns estimeront que cette amitié est mal placée. De Jacques Chirac, elle affirme : « Du jour où je l'ai connu hors du champ des caméras, j'ai découvert que c'est un homme de cœur. C'est peut-être un détail, mais, en dépit de ses occupations publiques, il a toujours réussi à privilégier sa vie de famille. Lui, en tout cas, il a très bien compris pourquoi Patrick [son mari et entraineur] et moi, nous formons un tandem indissociable. » ici Carignon et Chirac…Ces deux personnages ne sont guère en odeur de sainteté chez beaucoup d’écologistes. Qu’importe ! Pour ceux d’entre eux qui ne sont pas sectaires, Jeannie Longo est une championne exemplaire et ses démêlés actuels avec la Fédération, sa bureaucratie et les contrôleurs de l'Agence contre le dopage n’y changeront rien.
Espérons que le bon sens triomphera et que Jeannie Longo pourra tenter d’être championne du monde à cinquante-deux ans. Quel bonheur si elle l’était pour elle et pour tous ses admirateurs et quelle publicité pour la nourriture bio, les régimes végétariens et la vie à la montagne près de la nature !
Vas y Jeannie !

Samedi 10 Septembre 2011 Commentaires (0)

« Mauvaise nouvelle », ce sont les termes même employés par Marie-Georges Buffet dans un communiqué courageux. Tous les féministes, femmes ou hommes devraient lui dire merci.


Marie-Georges Buffet
Marie-Georges Buffet
Avec plus ou moins de bonne foi, les leaders du PS se réjouissent et se disent soulagés par la décision du procureur américain de renoncer à poursuivre Dominique Strauss-Khan pour le viol de la femme de chambre venue faire le ménage dans sa luxueuse suite d’un hôtel newyorkais. À gauche, dans l’ensemble, la plupart des politiques interviewés tiennent le même discours. À une exception près : Marie-Georges Bufffet. Dans un communiqué, elle déclare : « Le refus de faire juger l'affaire dans laquelle l'ancien directeur du FMI est accusé de viol est une mauvaise nouvelle pour la justice et une mauvaise nouvelle pour les femmes. Car à ce jour la vérité n'est pas dite, ni pour le présumé innocent ni pour la présumée victime» Elle ajoute que la décision prise par le procureur américain « fait courir de grands risques au droit des femmes en revenant au temps où les victimes de viols étaient à priori coupables, au temps où le viol n'était pas considéré comme un crime » Elle termine son communiqué par une mise en garde : « La vigilance s'impose pour que le refus de faire passer la justice aux USA ne donne pas des ailes en France aux pourfendeurs d'une justice implacable envers les violences- sexuelles ou non - à l'encontre des femmes »

Couverture du magazine Newsweek
Couverture du magazine Newsweek
Communiqué courageux et très juste. Il y a eu en effet refus de « faire passer la justice », c’est-à-dire que DSK n’a pas été blanchi ou disculpé comme veulent le faire croire non seulement ses amis mais pratiquement tous les leaders du PS et comme l’écrivent aussi de trop nombreux journalistes. Ils devraient être plus précis dans leurs comptes rendus ou dans leurs analyses. Il n’y a pas eu de procès et il n’y en aura pas, du moins au pénal. Innocent ou coupable : ni l’un, ni l’autre, l’un ou l’autre puisque la justice ne tranchera pas. Une situation de doute et de perplexité par excellence. Et c’est bien le doute qui restera. C’est d’ailleurs étonnant que DSK se contente d’un tel épilogue. S’il est réellement innocent, c’est son innocence qu’il devrait s’acharner à faire reconnaître. Par contre, s’il est coupable, on comprend très bien sa réaction.

Qui va plaindre Madame Diallo ?

Parmi les cadres du PS, Arnaud de Montebourg a été bien le seul à se dire « gêné » parce que des milliers de dollars allaient être dépensés «pour tenter de décrédibiliser une femme pauvre, noire, qui travaille dur» Ils ont été dépensés très efficacement en tout cas. Le procureur américain abandonne les poursuites et DSK échappe au procès. Quant à Madame Diallo, elle serait au chômage et menacée de poursuites. La « présumée » victime est bel et bien devenue une victime. Une victime bien réelle du système judiciaire US certes, mais aussi de cette vision de la femme qui fait que la victime d’un viol est à priori coupable de l’avoir cherché et de l’avoir voulu. Ce qui transforme le viol en relation sexuelle « consentie »… Mais quel motif pouvait avoir Madame Diallo pour « consentir » une relation que l’on dit brève et brutale avec le président du FMI? « Le fric ! Voyons, vous êtes bien naïf !» ne manquera-t-on pas de répondre. Et, en effet, si la « relation » était « consentie », quelle autre raison de consentir aurait pu avoir la femme de chambre ? Voici donc la « femme, pauvre, noire, qui travaille dur » transformée en prostituée grâce au travail des deux avocats, ténors du barreau recrutés à prix d’or par la richissime Anne Sinclair pour tirer son époux des sales draps où il s’était fourré. Devant le sort réservé à Nafissatou Diallo quelle autre femme osera porter plainte, demander justice face à ses agresseurs surtout s’ils sont riches et/ou puissants? Au lieu d’être un encouragement à porter plainte pour toutes ces femmes qui subissent viols ou agressions sexuelles, cette affaire aura l’effet contraire. Madame Buffet a bien raison de s’inquiéter. D’ailleurs, si l’on en juge à partir des réactions sur les forums de discussion, son communiqué a été bien perçu par beaucoup de gens. Des gens à qui on ne donne guère la parole.

Sur le Forum de France 2 qui a relayé ce communiqué, «bilboo46» a posté le 23-08-2011 à 15:00:01 le commentaire suivant :
«Madame,
En assistant aux réactions émanant des pontes du PS, je ressens un profond écœurement. Nombre de militants socialistes ici et là réagissent dans le même sens, abasourdis qu'ils sont par tant de bassesse et de mépris. Strauss-Kahn, si intelligent, si séducteur, si incontournable, n'a à mon sens qu'une chose à faire s'il lui reste un tant soit peu le sens de l'honneur : c'est de se faire oublier. Quant à sa compagne, elle a suffisamment fait montre de mépris pour les femmes pour le rejoindre dans le silence. En espérant que toute intrusion de Strauss Kahn dans la campagne présidentielle aux côtés des socialistes ou plutôt pseudo-socialistes leur coutera la victoire fusse au prix de revoir Sarkozy.
»
Quant à Annalianne, elle a écrit «Merci Mme Buffet pour votre courage et votre sincérité (et pourtant je ne suis pas vraiment de votre côté politique). Enfin, une personne d'un parti politique qui ose braver ce "Cher Dominique". S'il n'y avait que l'affaire de Mme Diallo, on aurait pu avoir des doutes mais ce n'est pas le seul écho ! Depuis le début de l'affaire, on pense que de toute façon, Nafissita Diallo ne fera pas le poids! »
Non, tout le monde ne le pensait pas. Eva Joly était d’une opinion contraire. Elle semblait croire que la justice américaine volait au secours des femmes faibles et pauvres qui auraient été abusées par des hommes riches, puissants et célèbres. Selon Le Point, elle avait déclaré : « C'est un homme ; il est puissant, riche et connu, face à une femme, faible, pauvre et inconnue. Il a perdu. » Selon ce journal, « pour l'ancienne juge d'instruction au pôle financier, qui se flatte de connaître le système américain, l'ex-futur candidat pourrait écoper de vingt-cinq ans de prison, "quatre ou cinq s'il négocie", mais elle estime ses chances d'être blanchi à... 0,5 % ! » Total démenti… DSK aurait-il-eu de la chance ? Le Procureur a certes été maladroit mais il ne faut pas se faire d’illusion. Eva Joly se trompe. La maxime de la fable de La Fontaine, Les animaux malades de la peste, est vraie aussi de l’autre côté de l’Atlantique :
« Selon que vous serez puissants ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.»
Surtout si vous êtes émigrée, pauvre, femme et… noire !

Nota bene à l’intention de tous ceux qui ont la naïveté de croire qu’il s’agirait d’une «passe» que DSK aurait refusé de payer au tarif convenu, rappelez-vous les paroles de cette chanson de Jacques Brel : « Les putains, les vraies, sont celles qui font payer non pas avant, mais après… »
Pour ceux qui n’auraient pas compris, pour enfoncer le clou d’une façon plus directe et plus complète mais aussi plus triviale, voici les propos d’un « spécialiste » qui, sous le pseudo de Hemel, écrit sur un forum Yahoo consacré à cette affaire DSK :
« Les gens qui ne connaissent pas le milieu de la prostitution, pitié épargnez-nous vos commentaires.
1 / Aucun témoignage d'anciens clients, mêmes anonymes, n'est venu accréditer la thèse d'une N.Diallo réalisant des passes au Sofitel.
2/ Aucune prostituée n'accepte de rapports sans préservatifs. Impossible à moins qu'elle soit droguée ou complètement folle.
3/ Aucune prostituée ne se fait payer après. Elles se font payer AVANT le rapport en cash, pas après. Pas de coup fourré de DSK possible donc sur la question de la rémunération.
»

Un viol est un viol
Un viol est un viol

Vendredi 26 Août 2011 Commentaires (0)
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