Pour son premier déplacement de la campagne présidentielle vendredi dernier, Eva Joly a choisi l'Auvergne pour populariser le thème de la biodiversité dont les autres candidats ne parleront guère. Elle a indiqué qu’elle fera de la défense de la biodiversité « un thème fondamental » de sa campagne. « C'est un thème un peu méconnu, une urgence pas complètement perçue » alors que « notre avenir en dépend », a-t-elle déclaré. « Nous vivons à crédit sur le dos de la nature. Dans ce domaine comme dans tant d'autres, le Grenelle de l'environnement a été lessive par la machine UMP et le fantasme productiviste » a regretté la candidate écologiste.


Au côté d’Allain Bougrain-Dubourg,  Eva JOLY  vole au secours du Milan Royal.
Le matin, Eva Joly a visité un centre de soins de la LPO à Clermont-Ferrand, aux côtés du président de la Ligue Allain Bougrain-Dubourg. Ce dernier a souligné que l’on «s'intéresse plus aux enjeux économiques, un peu moins (…) au vivant». Il s'est réjoui qu'Eva Joly soit présente pour « porter le message de la biodiversité ».
L’après-midi la candidate écologiste a participé au lâcher d’une buse variable qui avait été traitée dans ce centre de soin. Le lâcher a eu lieu à Saint-Bonnet-près-Orcival, non loin de Clermont-Ferrand. Le rapace s’est envolé sur un site où évoluaient plus de de 200 milans royaux. Ce fut l’occasion pour Eva Joly de prendre la défense des oiseaux, et tout particulièrement celle du Milan Royal. L’Auvergne abrite sur son territoire 5% de la population mondiale de cette espèce de rapaces mais ce rapace est menacé par l'utilisation dans l'agriculture d'un anti-coagulant, la bromadiolone, destiné à empoisonner les campagnols terrestres (ou rats taupiers), petits rongeurs qui, lorsqu’ils pullulent constituent l’essentiel de ses proies . Prévus pour la dératisation en milieu urbain, les anticoagulants ont été utilisés en pleine nature où leurs effets se sont révélés désastreux. « Je suis venue ici pour exiger l'interdiction » de ce produit a déclaré la candidate écologiste qui a qualifié son autorisation de « criminelle et irresponsable ». La LPO Auvergne a retrouvé cette semaine les cadavres de vingt-deux rapaces dont 14 Milans Royaux et 8 Buses Variables morts empoisonnés par la bromadiolone dans le secteur de Bourg-Lastic.

Au cours de la campagne de destruction des campagnols de 2010, la moitié des effectifs de milans du secteur avait été tuée. « Il faut arrêter ce massacre » a déclaré Eva Joly qui a ajouté : « Si nous ne faisons rien, les Milans Royaux seront exterminés » Une réunion se tiendra mardi prochain à la Préfecture de Clermont-Ferrand à la demande de la LPO. Rappelons que la Buse Variable et le Milan Royal sont protégés en France par l’arrêté ministériel du 17 avril 1981. En outre, le Milan Royal est également protégé à l’échelon européen (Annexe I de la directive Oiseux) et il est classé dans la catégorie des espèces quasi-menacées sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Qui pourra dire après cette visite et cet engagement d’Eva Joly que les écologistes, abandonnent leurs thèmes fondamentaux et qu’ils ne s’intéressent plus ni à l’environnement, ni à la nature ? Les journaux nationaux et des journaux régionaux de plusieurs régions se sont fait l’écho de cette visite et, du coup, ont attiré l’attention de la France entière sur la situation du Milan Royal et plus généralement des dangers de l’utilisation de poisons dans une agriculture productiviste. La question de la biodiversité et des menaces qui pèsent sur elle est ainsi apparue sur le devant de la scène. Pour tous les amoureux de la Nature, pour tous ses défenseurs, la candidature d’Eva joly est une candidature utile. À eux de faire qu’elle soit un succès.
Au côté d’Allain Bougrain-Dubourg,  Eva JOLY  vole au secours du Milan Royal.

Photos de haut en bas : La Montagne, AFP - Thierry Zoccolan

Lundi 5 Décembre 2011 Commentaires (0)

Encore un article sur le nucléaire.... L'écologie ne se réduit pas au nucléaire. Certes. Mais l'écologie, c'est d'abord défendre la vie et la nature. Si un accident nucléaire se produit, il n'y aura plus rien à défendre sur des kilomètres carrés et des kilomètres carrés et avec un peu de malchance ce sera toute la planète qui sera contaminée. Si l'on en juge par le compte rendu qu'ont donné les journaux de cette visite inopinée, il y a vraiment de quoi se faire du souci.


Centrale de Paluel
Centrale de Paluel
Mort de rire, mort de peur... en attendant d'être mort tout court ...

Claude Birraux, président de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) s'est rendu à la centrale de Paluel dans la nuit de Mercredi 30 novembre. Il était accompagné d'inspecteurs de l'ASN qui ont réalisé un exercice de simulation de perte totale des alimentations électriques et du diesel de secours du réacteur numéro 1 qui nécessitait son branchement sur la tranche numéro 2 pour rétablir l'alimentation en énergie.
C'est une panne similaire à celle qui a provoqué l'accident dans la centrale de Fukushima en mars. L'alerte a été lancée à 22h. Les agents d'astreinte sont arrivés rapidement sur les lieux. La suite cependant est moins rassurante. Selon l'AFP, et d'après la conférence de presse donnée par le parlementaire, les déconvenues s'enchaînent : à 23h30, les agents annoncent qu'une clef nécessaire pour ouvrir un panneau d'alimentation électrique est actuellement en commande et n'est pas disponible sur le site... A 00h00, l'équipe arrive dans le local électrique de la tranche 1 mais les indications du document de procédure ne correspondent pas au panneau électrique qu'ils y trouvent. Comme le local n'est pas numéroté les agents ne savent pas s'ils sont dans le bon local ou dans un autre ce qui expliquerait que les clés qui sont sur le panneau semblent mal étiquetées. Après plusieurs allers et retours entre la Tranche 1 et la Tranche 2, les agents découvrent qu'une partie des instructions qu'ils ont entre les mains est inexacte. Pour autant l'opération d'urgence qu'ils doivent effectuer ne l'est toujours pas. Les agents prennent sur eux de se rendre dans la tranche 3. Les agents ne sont pas tirés d'affaire pour autant car le guide de procédure d'EDF comportait plusieurs inexactitudes. Finalement les agents sont arrivés à leurs fins malgré ce guide technique qui comporte de nombreuses erreurs et lacunes et n'est pas opérationnel aux dires mêmes de l'ASN. Or ce guide est en vigueur depuis 3 ans. Il y a de quoi avoir des frayeurs rétrospectives ! Le personnel a tout de même réussi à réaliser l'opération demandée. Que ce serait-il passé en cas d'alerte véritable dans l'une de ces centrales que l'on clame être les plus sûres du monde ? On imagine bien ces diverses péripéties comme autant de scènettes d'un gag qui serait à faire mourir de rire, si l'on n'était pas déjà mort de peur.

Paluel n'a pas été choisie au hasard : la tranche 3 a eu une fuite d'iode radioactif depuis plusieurs mois

Cette inspection inopinée n'arrivait sans doute pas par hasard. La CGT énergie qui, tout le monde en conviendra aisément, n'est pas spécialement antinucléaire avait publié un communiqué en Juin dont le titre était : « Centrale de Paluel : EDF sur les traces de Tepco ? »
Dans ce communiqué la CGT évoquait une fuite d'iode radioactif dans l'une des tranches de la centrale, fuite qui durait depuis plusieurs mois. Ce que démentait EDF tout en confirmant l'existence « d'une légère inétanchéité » (sic) sur l'un des ensembles combustibles du réacteur 3, c'est-à-dire sur des matériaux hautement radioactifs. Les rejets s'élevaient, selon le directeur adjoint de la production, à 30% de la valeur qui conduirait à arrêter le réacteur. Donc il a continué de fonctionner en fuyant. Scandaleux? Non, voyons : le directeur de la sureté des réacteurs à l'IRSN n'a-t-il pas déclaré « Il n'y a rien qui nous inquiète dans tout cela »? Il faut vraiment avoir le mauvais esprit dont font preuve les antinucléaire pour douter de sa parole ! Hélas, même pas : « Il faut resserrer les boulons. Même à un million par jour, cela coûte parfois moins cher d'arrêter un réacteur que de l'exploiter en courant un risque » s'insurge un responsable de la CGT.

Centrale du Blayet (Gironde)
Centrale du Blayet (Gironde)
Les comiques sont aussi à la Centrale du Blayet

Selon le communiqué de l'AFP repris par plusieurs jour naux, l''inspection menée par le sénateur Bruno Sido, vice-président de l'Opecst, à la centrale du Blayais (Gironde) a elle aussi mis en lumière les difficultés des agents à se repérer dans le maquis documentaire d'EDF décrivant les consignes à suivre en cas d'incident.
Pour répondre à cette question simple posée par l'ASN«quel est le critère conduisant à l'arrêt du pompage d'eau en cas d'inondation?», iI aura ainsi fallu une demi-heure et quatre personnes compulsant frénétiquement leurs fiches pour répondre. Les agents d'EDF cherchaient dans la rubrique «pompage» alors que la réponse se trouvait dans la rubrique «inondation» !
Finalement, cela ne nous fait pas rire.
Décidement tout va pour le mieux dans ce meilleur des mondes des centrales nucléaires françaises. Gardez-donc vos pastilles d'iode sous votre oreiller et des conserves dans votre cellier. Avec Hollande ou Sarkosy, la menace va durer.

Photos : Wikipédia

Samedi 3 Décembre 2011 Commentaires (0)

Grâce à eux il y aura un peu moins de poisons dans les boues de la station d’épuration d’Achères, ces boues que l’Ile-de-France épand dans les champs de la Région Centre, c’est-à-dire chez le voisin. Sans leur intervention, le CEA de Fontenay-aux-Roses aurait rejeté des métaux lourds hautement toxiques et autres poisons dans les égouts en les diluant suffisamment pour que ces rejets soient conformes aux normes.


Logo de l'ASN
Logo de l'ASN
Rappel des faits

Au cours d’une inspection inopinée du centre CEA de Fontenay-aux-Roses sur le thème « Surveillance de l’environnement » le 4/9/2009 les inspecteurs de l’ASN se sont inquiétés des modalités de rejets d’effluents contenus dans la cuve n°5 du bâtiment n°18 (INB n°165 – Procédé) qui contient environ 20 m3 d’effluents chargés en nitrates, sulfates et surtout en métaux (chrome, fer, nickel, aluminium, argent, zinc, traces de cadmium…), substances « dangereuses et prioritaires au sens des directives européennes en vigueur du fait de leur impact sur le milieu ». Comme ces effluents ne sont pas radioactifs, le CEA envisageait de les rejeter purement et simplement dans les égouts lors de la vidange du bassin de stockage des eaux d’extinction d’incendie, ce qui les délayait suffisamment pour que les teneurs des rejets respectent les valeurs limites du règlement d’assainissement. L’ASN a estimé que la dilution programmée de ces effluents toxiques n’était pas une solution satisfaisante. Elle a donc demandé au CEA de Fontenay-aux-Roses de rechercher d’autres possibilités de traitement de ces effluents et de lui faire part des « résultats de [ses] recherches et de la solution retenue avec les justifications associées préalablement à sa mise en œuvre. »

Des champs au bout du voyage

Les rejets du CEA s’effectuent dans les réseaux d’assainissement de la ville et du département. Ils aboutissent en fin de parcours dans la station d’épuration d’Achères pour traitement avant rejet dans la Seine. Les résidus de ces traitements sont des «boues» dans lesquelles les métaux lourds cités dans laettre de l’ASN sont piégés. Ces boues sont épandues dans des champs de la région Centre. La concentration dans les sols de métaux toxiques due à l’épandage de ces boues est parfois telle que les champs d’épandage deviennent impropres à la culture. Il y a risque de contamination des nappes phréatiques par percolation et des rivières par ruissellement. Ces épandages sont l’objet d’arrêtés préfectoraux qui font contre eux l’unanimité des populations et des élus toutes sensibilités politiques confondues des communes concernées et notamment de celles d’Aubigny, de Saint Germain du Puy, de Saint Palais, de Neuvy deux Clochers, de Morogues, de Parassy, de Saint Georges sur Moulon, de Méry ès Bois, de Blancafort , d'Henrichemont, … Villes et villages de ce Berry qui fut cher au cœur de Georges Sand . Ces petites bourgades sont inconnues de beaucoup de Franciliens et en particulier de beaucoup de Fontenaisiens. C’est pourtant les champs de ces communes qui sont la destination ultime de leurs excréments, de leurs eaux « usées », des effluents des laboratoires et autres entreprises … bref, de tout ce qui est rejeté dans les égouts d’une partie de la région parisienne. Ce sont de petites communes. Le Berry, c’est assez loin pour qu’on ne voie, ni ne sente rien de Paris ou de Fontenay. Mais ce sont des terres agricoles qui sont au bout du voyage. Tôt ou tard les métaux lourds pris dans les boues reviendront directement ou indirectement dans le cycle alimentaire humain d’autant que ces boues sont parfois utilisées comme fertilisants. Des boues non contaminées pourraient être en effet de bons fertilisants, pas des boues assaisonnées au cadmium, plomb, nickel, etc.

Enfin une réponse du CEA et une bonne réponse !


Il est donc très important de savoir ce qu’il est advenu des effluents contenus dans la cuve N°5 du bâtiment 18 du centre, de savoir aussi comment le CEA de Fontenay-aux-Roses compte traiter à l’avenir les effluents de cette catégorie qui transitent dans les égouts de notre territoire communal. Très important mais très difficile, le CEA ayant répondu une première fois d’une façon dilatoire à cette question que j’avais soulevée via la CLI, une réponse propre à susciter bien des interrogations et soupçons.

Aux inspecteurs de l’ASN qui ont contrôlé le CEA de Fontenay-aux-Roses un jour de septembre 2009 : la terre nourricière berrichonne peut  leur dire «Merci !»
Une nouvelle démarche a donc été entreprise par la municipalité cette fois, soutenue par le Conseil municipal qui a voté à l’unanimité un vœu que j’ai présenté au nom de mon groupe EE-LV. Suite à l’envoi de ce vœu au CEA par le Maire qui relayait ainsi ces demandes d’éclaircissement, nous avons eu, Ô surprise, une réponse et je la crois satisfaisante malgré le scepticisme de certains collègues. Disons que je fais assez confiance à l’ASN pour veiller à sa mise en œuvre. Dans cette réponse au maire, Pascal Buchet, la directrice du CEA nous informe que les effluents en question ne seront pas rejetés dans le réseau d’assainissement (comme prévu initialement). Elle précise qu’étant donné que « par évaporation le niveau diminue d’environ 6 m3 par an et qu’il y a environ 16 m3 d’effluents, il a été proposé à l’ASN d’attendre l’évaporation totale des effluents. Les résidus seront ensuite séchés puis conditionnés en vue de leur évacuation via une filière autorisée. Par courrier du 27 juin 2011, l’ASN nous a fait part de son accord pour cette solution » On peut supposer que le résidu sera incinéré en circuit fermé dans une usine spécialisée. Évidemment cela coûtera plus cher que le rejet dans les égouts, solution qui était plus économique à défaut d’être plus écologique.

Pour l’incinération des boues d’épuration.

Parce que les installations nucléaires sont dangereuses, un danger sans commune mesure avec d’autres installations industrielles ou de recherche, elles sont étroitement surveillées, en tout cas bien mieux surveillées que d’autres activités. Sans ces inspections périodiques de l’ASN, les métaux lourds se seraient retrouvés dans les boues d’Achères et de là elles auraient contribuées à empoisonner les sols, la terre nourricière, la nature. Combien de laboratoires doivent faire ce que le CEA n’a pas pu faire grâce à un contrôle efficace des inspecteurs de l’ASN ? Il n’est guère possible d’interdire par un règlement d’assainissement tout rejet dans les égouts d’effluents industriels contenant des substances toxiques dès lors que celles-ci ne dépassent pas un seuil réglementaire qui pour certaines d’entre elles considérées comme très toxiques est très bas. Même en admettant qu’on le fasse, il resterait une contamination par des antibiotiques, œstrogènes contraceptifs, résidus de traitements médicaux, PCB, etc. qui ne sont pas éliminés par l’épuration biologique. Bref, avec ou sans rejets industriels ou d’établissements de recherche, les boues sont polluées, même séchées et conditionnées sous formes de granulés présentés comme des fertilisants. D’ailleurs leur utilisation est interdite dans le cahier des charges de l’agriculture biologique. La seule solution est l’incinération à très haute température et en circuit fermé telle qu’elle se pratique en Suisse depuis que l’épandage des boues a été interdit par des votations citoyennes. En France, on n’en est pas là… Des projets d’épandage en forêt sont à l’étude. Ce qui est inacceptable. Vigilance donc et affaire à suivre.

Iconographie Gilblog
Défilé dans les rues de Bourges
Défilé dans les rues de Bourges

Lundi 28 Novembre 2011 Commentaires (0)

En snobant le Conseil Fédéral des Verts le samedi 19, Eva Joly a refusé à juste titre de se faire la VRP d’un accord qu’elle n’a pas négocié et qu’elle n’aurait pas signé. Elle au moins, ne sera pas passée sous les fourches caudines du PS. Trois jours plus tard la revoilà, plus virulente que jamais, elle vilipende un PS obéissant aux lobbies qu’elle a combattus toute sa vie, considère Hollande et son staff comme des ringards et campe sur ses positions. Bravo Éva ...


Les écologistes comptent sur Eva Joly
Quel meilleur hommage à son attitude que le discours de bienvenue que lui a adressé François Lotteau, maire de Rully et Secrétaire régional Europe Écologie les Verts Bourgogne lors de sa visite à Rully le jeudi 24 novembre 2011 ?

Madame,
Merci. Pour moi ce simple mot suffirait.
Mais je dois quelques mots d'explication devant l'impressionnante assemblée médiatique venue aujourd'hui dans mon village pour vous accueillir.
Je reprendrai un seul des qualificatifs dont vous affublent certains ces jours-ci : l'amateurisme. Saviez-vous, Madame, que vous êtes un amateur ? J'accorde à ceux que votre façon de faire de la politique désoriente, que vous n'êtes pas une professionnelle de la politique. Si l'on en juge par l'intensité de leur colère, je crois pouvoir dire qu'ils ont peur. Ils ont peur que les Françaises et les Français ne trouvent en vous celle qui porte le refus de la politique politicienne.
Ce matin, dans le Figaro, vous êtes une erreur de casting. Vous ne jouez pas le jeu, en effet. Ça tombe bien, le jeu politique n'amuse plus les électeurs.Ceux qui ne votaient plus choisiront celle qui dit : « stop ». Celle qui dit que la politique n'est pas une question de casting, ceux que la crise actuelle jette à la rue, perdent leur emploi, ne peuvent plus se soigner, sont victimes en première ligne des maladies professionnelles, celles et ceux dont les enfants subissent le plus durement les effets de la pollution de l'air ou de la dégradation de la qualité de l'alimentation.
Ceux qui ne votaient plus choisiront celle qui veut chasser Sarkozy, celle qui est prête sans aucune ambiguïté à apporter son soutien au PS pour y parvenir. Mais celle qui dit en même temps que cela ne suffit pas. Celle qui dit que le soutien des écologistes n'est pas un chèque en blanc. Qu'il sera au contraire une garantie pour que l'alternance ne soit pas qu'un jeu politicien mais une vraie alternative.
Je crois qu'autre chose encore vous met au ban de l'oligarchie et des barons de la politique.
Vous êtes une amatrice, Madame, une erreur dans leur jeu parce que vous en refusez les règles, mais pourquoi subissez-vous leur mépris, leurs sarcasmes, leur haine parfois, en tout cas leur agressive condescendance.
C'est que vous êtes une femme.
Vous ne pouvez donner de leçons aux hommes.
On en est encore là, en France, on ne peut confier de choses sérieuses à une femme.
Mais votre cas pose problème à la classe politique masculine. Votre métier, la manière dont vous l'avez exercé, vos engagements, montrent ce que vous savez faire, ce que vous savez être.
Une femme qui tient tête, qui lutte et qui gagne, contre la corruption, contre les paradis fiscaux, contre l'asservissement de la politique aux affaires. Une autre façon de faire de la politique, menée par une femme. Les Françaises et les Français peuvent voter pour vous, pour « l'erreur de casting » que les écologistes sont fiers de soutenir.
Un exemple aujourd'hui : pendant que d'autres soi-disant responsables de l'économie et de l'emploi montrent une proximité inquiétante avec le lobby nucléaire, vous, nous rencontrons les travailleurs du nucléaire, ceux qui subissent les conditions de travail et les risques sanitaires de leur métier difficile, ceux qui risquent de perdre leur emploi dans des entreprises qui se vantent d'être des fleurons mais qui sont incapables de prévenir leur évolution.
Les écologistes, avec vous Madame, ne cèdent pas aux lobbies, mais sont aux côtés de ceux qui luttent, dans l'industrie nucléaire, pour leur emploi et leur santé.Il faut sortir du nucléaire parce qu'il faut sortir de l'impasse.
Aujourd'hui, en Bourgogne, vous vanterez aussi la beauté, la culture transmise, l'art du goût, la saveur de la vie. Tout ce que l'écologie politique veut défendre et promouvoir. La qualité de la viticulture, la qualité de l'alimentation, produite par des paysans qui ont droit à la terre, droit à vivre de leur travail, leur lutte qui est la même dans toutes les parties du monde, nous en parlerons aussi cet après-midi.
Je vous souhaite, après les questions des journalistes, selon la tradition bourguignonne : 'Bon appétit et large soif


Photo : Gilles Dufour

Samedi 26 Novembre 2011 Commentaires (0)
La Bernache du Canada classée comme chassable : Un cadeau pré-électoral pour les chasseurs au mépris de la démocratie. Il faut réagir vite!
La Bernache du Canada bénéficie d'une protection totale sur le territoire français depuis l'arrêté ministériel du 17 avril 1981 relatif aux oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Elle est inscrite à l'annexe II de la directive Oiseaux de l'Union européenne. Il est donc interdit de la détruire, la mutiler, la capturer ou l'enlever, de la perturber intentionnellement ou de la naturaliser, ainsi que de détruire ou enlever les œufs et les nids, et de détruire, altérer ou dégrader son milieu. Qu'elle soit vivante ou morte, il est aussi interdit de la transporter, colporter, de l'utiliser, de la détenir, de la vendre ou de l'acheter.
Excepté pour faire plaisir aux chasseurs, le changement de statut de la Bernache du Canada n’a aucune justification au moins pour plusieurs raisons. Certes, il s’agit d’une espèce exotique mais qui ne se montre pas envahissante. Les effectifs de cette oie sont en expansion mais restent très faibles et n’atteignent pas 5000 pour toute la France. Il n’est pas prouvé qu’elle nuise aux espèces indigènes même lorsqu’il y a concurrence comme avec l’oie cendrée. Selon le RAC sa présence serait même profitable aux autres couvées car elle a un comportement très agressif à l’égard des prédateurs qui s’approche de leur nids, défendant par là même ceux des autres espèces nichant à proximité qui ont ainsi un meilleur succès reproductif malgré quelques cas de conflits avec des foulques et d’autres oies. Si sur certains plans d’eau, elles sont trop nombreuses et salissent les berges, il suffirait de prélever quelques œufs de leurs nids pour réduire leur nombre. Les dommages qu’elles sont susceptibles de produire sont plutôt redoutés que réels.

La Bernache du Canada classée comme chassable : Un cadeau pré-électoral pour les chasseurs au mépris de la démocratie. Il faut réagir vite!
A supposer que dans certains cas particuliers, concentrations d’individus par exemple, il devienne nécessaire de « réguler » une population locale, le recours à la chasse n’est ni utile, ni neceesaire puisqu’il existe des possibilités d’intervention par des agents de l’ONCFS. Ces interventions sont codifiées comme on peut le voir sur le site de la direction départementale des Territoires (DDT) du Cher. (voir annexes)
Du 8 au 28 novembre 2011, une consultation publique est mise en place concernant ce projet de classer la bernache du Canada parmi les espèces nuisibles et chassables. Une consultation publique permet au gouvernement de recueillir l’opinion de la population sur un projet de loi, ou un arrêté éventuel qui doit agir en tenant compte de ces avis.
0r le Rassemblement pour l'Abolition de la Chasse vient d’apprendre que dans une lettre du 28octobre 2011 à une fédération départementale des chasseurs, lettre qui n’était pas censée être rendue publique, la directrice du cabinet de la ministre de l'Ecologie indique que (…) « La ministre a décidé de rendre chassable et nuisible la Bernache du Canada. » Le rassemblement s’indigne à juste titre. Il écrit dans son communiqué de presse : « Ainsi, le gouvernement met en place deux consultations alors que Madame Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, a déjà pris [la décision] ! Comment peut-on qualifier un tel comportement ? Abus de pouvoir et de confiance, tromperie, mépris de la population, négation des principes élémentaires de la démocratie ? L’approche d’élections n’a jamais été une période favorable à la faune sauvage. Les chasseurs se voient systématiquement offrir quelques cadeaux… en échange de quelques voix. Pourtant, les politiques ne savent-ils pas que les chasseurs représentent maintenant seulement 1,7% de la population ? »

La Bernache du Canada classée comme chassable : Un cadeau pré-électoral pour les chasseurs au mépris de la démocratie. Il faut réagir vite!
Le pigeon ramier aussi

Même chose pour le pigeon ramier. Une consultation publique est mise ne place aux mêmes dates (du 8 au 28 novembre) concernant la date de la fermeture de la chasse au pigeon ramier. Dans cette lettre à la fédération de chasseurs du 28 octobre, on peut lire : « Je peux déjà vous annoncer que [...] la ministre a décidé de repousser au 20 février la date de fermeture du pigeon. » De qui se moque –t-on?

Réagissons !

- Participez à ces deux consultations, via Cyber @cteurs en cliquant ici pour la Bernache, ici pour les dates de chasse du pigeon ramier
- Ecrivez à votre député et/ou à la ministre de l’écologie (Madame Natalie Kosciusko-Morizet, Ministère de l’écologie, du développement durable, des transports et du logement, Hôtel de Roquelaure, 246, Boulevard Saint-Germain ─75007Paris … pour lui faire part de votre indignation contre ce déni de démocratie.

Annexes

Extraits de la lettre de Pierre Athanaze - Président de l’ASPAS à la ministre de l’environnement :
« Nous devrions nous féliciter des mesures de consultation qui sont prises pour ces projets. Mais malheureusement, nous avons dû nous rendre à l’évidence, cette consultation est, au mieux factice, au pire manipulatrice ! En effet, par courrier en date du 28 octobre 2011, soit 12 jours avant le lancement de ladite « consultation », Mme Daveu, votre Directrice de cabinet écrivait à M. Shane, Président de la Fédération Départementale des Chasseurs du Pas-de-Calais : « Je peux déjà vous annoncer qu’à l’issue du CNCFS qui s’est réuni le 20 octobre 2011 et des avis rendus par le GEOC sur la base d’études scientifiques, la Ministre a décidé de repousser au 20 février la date de fermeture du pigeon. Cette mesure, que vous avez portée, entrera en vigueur dès cette année. De plus, dans le cadre d’un plan de contrôle de l’espèce, la Ministre a décidé de rendre chassable et nuisible la Bernache du Canada. Dans un premier temps, son statut sera modifié jusqu’au 10 février 2015. » ! Cette fausse consultation publique, alors que votre décision est déjà prise et annoncée au monde de la chasse, est une atteinte grave au principe même de démocratie dont la consultation publique devrait être un élément phare.Aussi, vous comprendrez notre consternation en voyant que non seulement ces décisions offrent aux chasseurs une 91ème espèce chassable, mais que la chasse au pigeon ramier se fera alors qu’il est en pleine période de migration prénuptiale. Soit en totale infraction avec la directive « Oiseaux ».
Je ne vous cacherai pas, Madame la Ministre, ma tristesse de vous voir capituler ainsi devant le lobby des chasseurs en leur accordant de nouveaux cadeaux, à quelques mois des prochaines échéances électorales. Pensez-vous vraiment que la faune sauvage puisse être marchandée contre l’espoir de quelques bulletins de vote ?


Gérard Charollois, Président CVN

« Décidément, le monde de la chasse ridiculise les politiques en leur faisant formuler des promesses avant même le résultat de pseudo consultations. Rappelons que la chasse en février est radicalement illégale au regard de l'article 7 de la directive sur la conservation des oiseaux (numéro 2009 1147) et que la France est l’unique pays en Europe à autoriser la chasse de 60 espèces d'oiseaux, dont 37 espèces d’oiseaux d’eau. Le Conseil d’État l’a déjà jugé. Mais que valent le droit, la volonté démocratique du pays, le respect dû aux animaux et à la nature, face aux exigences du lobby chasse? La Convention Vie et Nature répond à cette agression du gouvernement par l’invitation des électeurs à «réguler» le personnel politique par les bulletins de vote en appliquant l’adage «qui va à la chasse perd sa place»...
CVN

Régulation des populations de Bernaches du Canada

"L’Etat a prévu une régulation de cette espèce et a pour cela sollicité l’avis du Conseil national de la protection de la nature sur un protocole d’intervention envisagé pour la régulation de ces oiseaux. En effet, la bernache du Canada étant une espèce protégée au titre de l’arrêté ministériel modifié du 17 avril 1981, sa régulation doit faire l’objet d’une dérogation.
Ainsi, trois modalités de prélèvements sont définies dans le Cher par l’arrêté préfectoral du 26 mars 2009 : stérilisation des œufs, capture des individus, tir des oiseaux. Ces opérations sont encadrées par le service départemental du Cher de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS).
La procédure à suivre par les propriétaires est la suivante :
1 - Le propriétaire constate la présence de Bernaches du Canada sur sa propriété.
2 - Il prévient le service départemental de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (par téléphone au n° suivant : 02.21.37.75.48. - ou à l’adresse électronique suivante : sd18@oncfs.gouv.fr en précisant le nom de sa propriété, ainsi que ses coordonnées (pour définir sa situation géographique) et le nombre d’oiseaux qu’il estime présents sur sa propriété.
3 - Les agents de l’ONCFS se déplacent afin d’appréhender au mieux la configuration des lieux et de définir la méthode la plus adaptée à mettre en œuvre pour détruire les oiseaux (stérilisation des œufs ou tir).
4 - Avec l’accord du propriétaire, la date et la méthode d’intervention sont définies. Si des tirs sont programmés, le propriétaire ou d’autres personnes désignées par le propriétaire peuvent être associés à l’opération de tir qui reste sous contrôle de l’ONCFS."
Site de la direction départementale des Territoires (DDT) du Cher


Crédit Photo :
Wikipédia
De haut en bas :
Donna Dewhurst, Alan Wilson www.naturespicsonline.com, Pascal Godart.
La Bernache du Canada classée comme chassable : Un cadeau pré-électoral pour les chasseurs au mépris de la démocratie. Il faut réagir vite!

Vendredi 25 Novembre 2011 Commentaires (2)

Les nucléocrates qui dirigent EDF sont aux abois. EDF vient d’être condamnée à 1,5 millions d’euros par le tribunal correctionnel de Nanterre pour "complicité de piratage informatique" et de recel de documents confidentiels volés par un hacker, Alain Quiros, sur l'ordinateur de Yannick Jadot, qui était à l’époque dirigeant de Greenpeace et est aujourd’hui porte-parole d'Eva Joly, candidat écologiste à la présidentielle.


Une faillite morale

La présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, a jugé "impossible" que les deux anciens plus hauts responsables de la sécurité d'EDF, l'ancien policier Pierre-Paul François et l'ancien contre-amiral Pascal Durieux, aient agi seuls, comme le dit EDF.
Déclarés coupables, ils ont été condamnés à trois ans de prison, dont six mois fermes pour Pierre-Paul François et un an ferme pour Pascal Durieux. Ce dernier est frappé en outre de 10.000 euros d'amende. EDF avait passé pour l'opération Greenpeace un contrat de "veille stratégique" en 2004 avec une société de renseignement privée, Kargus Consultant qui a pour gérant un ancien agent de la DGSE Thierry Lorhoest. Ce dernier a été condamné à un an de prison ferme et son « agent de recherche » , Jean-François Dominguez à trois dont deux avec sursis et 4000 euros d’amende. Le Hacker quant à lui a écopé de deux ans de prison dont dix-huit mois avec sursis et une amende de 4000 euros.
Yannick Jadot a déclaré que ce jugement était emblématique. « C'est le triple zéro d'EDF. Le nucléaire est une faillite industrielle, financière et clairement une faillite morale », a-t-il ajouté

Avec l’ouverture du marché de l’énergie, nul n’est obligé de choisir EDF comme fournisseur d’électricité.

Lors de la séance du Conseil municipal du 9 juin 2011, j’ai défendu un vœu au nom du groupe des Verts qui demandait que l’on profite de l’ouverture du marché de l’énergie pour dénoncer notre contrat de fourniture de l’électricité avec EDF. Nous voulions une électricité d’origine non nucléaire produite par une coopérative d’intérêt général en respectant des exigences éthiques, sociales et environnementales. Ni la majorité à laquelle nous appartenons pourtant, ni les groupes d’opposition n’ont voté ce vœu sous des prétextes divers. Il a fait l’union contre lui des pro-nucléaires de droite comme de gauche, avec les nostalgiques de l’EDF entreprise publique qui n’ont pas vraiment tiré les conséquences de sa mutation, même si l’Etat reste actionnaire. Les communistes nous ont accusés d’être les suppôts du libéralisme et de la dérégulation….
Maintenant qu’EDF est condamnée, au moins en première instance, à une forte amande pour complicité de piratage informatique envers une association, comment devrons-nous qualifier tous ceux qui défendent contre vents et marées cette entreprise et ses responsables condamnés lourdement par la justice française ?

Vendredi 11 Novembre 2011 Commentaires (0)

Dans une lettre ouverte aux syndicats de l’énergie auxquels elle propose une rencontre, Eva Joly dénonce les manipulations, les mensonges et la mauvaise foi d’Henri Proglio, le PDG d’EDF dans ses déclarations publiées dans le Parisien du 9/11/2011. Ce journal a offert à ce dernier sa une et une place disproportionnée dans le dossier qu’il a publié sur l’énergie. Voici la lettre d’Eva Joly dans son intégralité.


Manipulations, mensonges et mauvaise foi du PDG d'EDF : Eva Joly écrit aux syndicats de l'énergie pour les dénoncer.
Paris, le 9 novembre 2011
Chers amis,
L’élection présidentielle de 2012 est l’occasion d’un grand débat sur l’avenir énergétique de la France. Un débat crucial à l’heure où la France doit choisir entre deux chemins : persister dans le choix du nucléaire ou investir dans la transition énergétique que j’appelle de mes vœux.
En tant que travailleurs, professionnels du secteur de l’énergie, vous êtes au cœur de ce nécessaire grand débat. C’est vous qu’il concerne en premier lieu. La transition énergétique dont la France a besoin ne pourra se faire qu’avec vous. Pourtant depuis plusieurs jours, les partisans du renouvellement du parc nucléaire s’évertuent à montrer cette transition comme une impasse, voire comme une menace pour vos emplois et votre activité. Ils induisent pourtant les Français en erreur.
C’est dans ce sens que vont les dernières déclarations de M. Proglio dans Le Parisien. Il n’hésite pas à menacer les salariés : « sortir du nucléaire, ce serait mettre des centaines de milliers d’emplois en péril et tourner le dos à l’excellence industrielle française ». Loin de ces caricatures, de ces manipulations, je souhaite rétablir des faits et engager avec vous l’avenir énergétique de notre pays.
M. Proglio est d’une mauvaise foi terrible en affirmant que 400 000 emplois dans le nucléaire sont voués à disparaître. Les emplois directs sont de l’ordre de 125.000, et les salariés du nucléaire peuvent être les premiers à bénéficier des créations d’emplois de la transition énergétique. Cette transition permettra de garantir le nombre d’emplois actuels et d’en créer au moins 600 000 supplémentaires, dont une grande partie dans les énergies renouvelables. L’Allemagne nous a déjà ouvert la voie : pour 40 000 emplois dans l’industrie nucléaire, elle en a créé 370 000 dans les énergies renouvelables.

M. Proglio spécule en nous promettant 100 000 emplois issus du développement du nucléaire à l’étranger, alors que les erreurs industrielles se multiplient et qu’après Fukushima l’exportation du nucléaire apparaît comme une aberration: ces emplois n’existent pas.
M. Proglio trompe les salariés en estimant à 500 000 le nombre d’emplois menacés dans l’industrie à cause de la supposée augmentation du prix de l’électricité. Lui qui aime dire que le prix de l’électricité en Allemagne est très élevé ne sait-il pas que l’industrie allemande est bien plus florissante que la nôtre ? C’est en misant sur l’innovation verte, à commencer par des procédés de fabrication plus économes en énergie, que l’industrie française trouvera sa place sur les marchés mondiaux.
La sortie progressive du nucléaire offre un avenir à notre excellence industrielle. Ces dernières années, les énergies renouvelables ont représenté la grande majorité des investissements énergétiques. Quand certains rêvent d’une renaissance de l’industrie nucléaire, nous assistons dans le monde entier au développement généralisé de l’industrie des énergies renouvelables. Les exemples de sites industriels sauvés par ces marchés porteurs se multiplient. Et c’est sans compter sur l’héritage nucléaire qui nous impose de former et d’embaucher des personnels compétents pour améliorer la sécurité des centrales en fin de vie, pour développer une filière de démantèlement capable de satisfaire les besoins mondiaux en la matière. La voie que nous proposons, c’est en définitive une voie d’excellence industrielle pour la France : l’excellence écologique.
Je souhaite aussi garantir la qualité des emplois dans le secteur énergétique. Alors que l’industrie nucléaire s’est fourvoyée depuis trop longtemps dans la sous-traitance et la précarité, je veux travailler avec vous pour garantir la qualité des conditions de travail dans les secteurs de la transition énergétique. Permettez-moi, à ce sujet, de vous faire part de mon inquiétude quant aux conditions d’emplois et de travail sur le site du chantier EPR de Flamanville : les différents niveaux de sous-traitance et l’absence de garantie de sureté sur le site exposent les travailleurs à des risques innaceptables. Une politique de transition énergétique, qui intégrera le travail nécessaire au démantèlement des centrales, exigera de mon point de vue le retour au principe de l’employeur unique pour en finir avec cette mise en danger des travailleurs et des travailleuses. De la même manière, cette transition permettra de pérenniser les emplois en étudiant les conditions de la conversion des salariés vers l’avenir énergétique, garantissant à chacune et à chacun un revenu et une formation.
Mesdames, messieurs, c’est pour ces raisons que je souhaite vous rencontrer dans les meilleurs délais, pour que nous travaillions ensemble à ce chemin d’avenir. C’est avec les citoyens et les travailleurs que nous inventerons un futur énergétique soutenable pour la France.
Eva Joly

Vendredi 11 Novembre 2011 Commentaires (0)

En 2002 déjà, le torchon brûlait entre Verts et PS à cause du nucléaire. Jospin affirmait devant la presse qu’il « n’était pas pour que la France renonce au nucléaire », une « petite phrase » qui avait été vécue comme une provocation par les Verts. Noël Mamère, le candidat Vert de l’époque, y voyait une déclaration de guerre, un geste typiquement politicien adressé aux chevènementistes et aux communistes, farouches partisans de toujours du nucléaire…


La polémique fut un temps apaisée, Jospin ayant rappelé qu’il ne s’était jamais engagé à abandonner le nucléaire, les Verts ayant souligné que la sortie qu’ils voulaient n’était pas pour le lendemain. La porte-parole des Verts de l’époque, Maryse Arditi déclarait : « On pensait que Jospin, plutôt pro-nucléaire, se tairait sur la question pour ménager tout le monde. (…) Dans les négociations, on avait mis des mesures qui balisaient un chemin vers la sortie du nucléaire : gros efforts sur les économies d’énergie, report des crédits de recherche du nucléaire vers les énergies renouvelables, arrêt des centrales les plus vieilles, etc. Ces mesures sont autant d’étapes, irréversibles pour sortir, à terme du nucléaire » La direction des Verts prenait-elle Jospin pour un benêt ou cherchait-elle à faire avaler au mouvement un futur accord de gouvernement avec quelques circonscriptions offertes en prime ?
La question du nucléaire devait revenir rapidement au premier plan. Les nucléocrates du PS n’étaient pas restés l’arme au pied. Il ne faut pas oublier l’influence de l’inénarrable Allègre sur son ami Jospin. Christian Pierret, autre pro-nucléaire de choc affirmait « qu’une décision rapide dev(ait) intervenir en ce qui concerne la construction d’une installation pilote afin de relancer le « réacteur du futur » qui n’était autre que l’EPR, la pomme de discorde aujourd’hui. Tête de série d’une nouvelle lignée de réacteurs, on partait pour un siècle !
Maryse Arditi mettait en garde le candidat PS : « Le candidat socialiste se dessert lui-même avec cette polémique. Non pas tant vis-à-vis du parti lui-même, mais surtout vis-à-vis de l’électorat vert, très volatile : s’il campe sur ces positions pro-nucléaires, les gens qui auront voté Mamère ne le suivront pas » Avec un deuxième tour qui à l’époque s’annonçait des plus serrés, nul doute que Jospin aurait dû faire des grosses concessions aux écologistes. Pro-nucléaire avec un programme où il n’y avait de socialiste que le sigle, Jospin n’a su convaincre ni la gauche, ni les écologistes. Le deuxième tour s’est joué entre Le Pen et Chirac.
Aujourd’hui, si comme en 2002, la question du nucléaire peut faire achopper une nouvelle fois un accord entre les écologistes et le PS, la situation est un peu différente.

C’est la candidate écologiste qui a ouvert les hostilités alors qu’en 2002 c’était Jospin qui avait tiré le premier. Elle sentait et savait que l’appareil d’EE-LV risquait de préférer ses intérêts propres (un accord électoral avec la promesse d’un nombre conséquent de députés) aux grandes causes qui sont censées constituer la raison d’être d’un parti écologiste digne de ce nom. Lorsque Cécile Dufflot déclarait qu’il n’y aurait pas d’accord avec le PS « sans ouverture de l'horizon d'une sortie du nucléaire », le sens de cette sibylline formule avait de quoi inquiéter : l’horizon recule toujours quand on croit l’atteindre. En interne, circulaient des textes qui expliquaient que l’obtention d’un groupe à l’assemblée était le plus important et que les autres exigences devaient lui être subordonnées.
Les ultimatums d’Eva Joly sont peut-être des « ultimatums à deux balles » pour des négociateurs PS méprisants, il n’en reste pas moins que, grâce à Eva Joly, Hollande a dû sortir de l’ambiguïté commode où il s’était réfugié. La question du nucléaire civil s’est invitée à la table des négociations à grand bruit et sous l’œil des médias. Comme la Corrèze n’est pas l’endroit d’où l’on peut le mieux juger des effets d’une catastrophe nucléaire, Hollande est resté « droit dans ses bottes », ringard et têtu, à l’écoute des nucléocrates inconscients, comme son prédécesseur en 2002. Les négociations sont en panne. Mais pas plus qu’en 2002, les écologistes ne pourront manger leur chapeau. En 2002, ils ne le pouvaient pas à cause des décisions de l'assemblée générale. Celle-ci réunie à Nantes avait adoptée à une écrasante majorité une motion qui déclarait que les divergences programmatiques entre le PS et les Verts ne permettaient pas la conclusion d’un « accord législatif avec participation gouvernementale » En 2011, ce sera très difficile, même si ce n’est plus une AG qui statuera mais un Conseil fédéral. Eva Joly et son équipe veilleront et les média seront à l’affût. Une fois de plus, les négociations risquent d’échouer.

Qu’un accord programmatique avec participation gouvernementale ne puisse être conclu avant le premier tour, n’est pas nécessairement un mal.

Que vaudrait un groupe parlementaire, une participation dans un gouvernement si ne se créait pas un rapport de force et si députés et ministres écolos n’avaient leurs sièges et leurs maroquins qu’en étant passés sous les fourches caudines du PS ? Presque rien. L’expérience malheureuse de l’union de la gauche plurielle de 1997 à 2002 sous la houlette d’un premier ministre peut-être socialiste mais pas du tout écologiste le montre avec évidence. Le PS ne sera pas assez généreux ou assez fou pour permettre aux écologistes d’avoir une minorité de blocage à l’assemblée.
L’absence d’accord avant le premier tour parce que la rupture s’est produite sur des questions aussi essentielles que le nucléaire, les questions d’infrastructures de transport et d’aménagement du territoire ouvre un espace politique à la candidate écologiste. Elle donne aux électeurs des raisons de voter pour elle et non pour un Hollande qui campe sur des positions aussi peu écolos. Il ne faut pas oublier que les sondages n’ont pas de valeur prédictive. Qu’au mieux, ils reflètent un état de l’opinion à un moment donné. Il n’est donc pas dit que les conditions de négociation au second tour seront aussi défavorables que le chantent les journaux qui voudraient bien voir les écologistes abandonner leur position intransigeante sur le nucléaire.
Aujourd’hui, Hollande shooté aux sondages voit la vie en rose et peut croire qu’avec ses 60 % et plus, il pourra se passer des écolos. Le réveil risque d’être rude. Sarkozy a déjà repris 8 points. Les hésitations de Hollande face à la crise de l’euro peuvent lui couter encore quelques points et rogner sa crédibilité. Ainsi que le demande Eva Joly : « Comment peut-on prétendre être crédible économiquement quand on présente un budget avec une croissance de 2,5%, dans (un) contexte (...) où chacun sait que la croissance n'est pas au rendez-vous, ce qui veut dire en réalité qu'il présente un budget avec un déficit qui ne se dit pas important ? » Le budget qu’elle a présenté est bien plus réaliste. Le deuxième tour risque bien d’être plus serré que le PS le croit aujourd’hui. Et le rapport de force en faveur des écologistes bien meilleur. La mise en garde de Maryse Arditi de 2002 peut très bien être d’actualité en 2012, au soir du premier tour. La transfuge Aurèlie Filippetti pourrait très bien se tromper totalement lorsqu’elle affirme « les temps ont changé,[les Verts]ne sont plus en position d'exiger quoi que ce soit » Au soir du premier tour, ils seront peut-être en position d’exiger beaucoup, d’autant qu’autre différence de taille, aujourd’hui le FN n’est pas une menace.

Jeudi 10 Novembre 2011 Commentaires (1)
Voici le communiqué de presse et l'appel lancé par le réseau "Sortir du nucléaire" auquel devrait répondre tous ceux qui veulent que la France abandonne cette source d'énergie mortifère.

Accords Parti-Socialiste/Europe Écologie Les Verts : l'EPR de trop

Europe-Écologie Les Verts et le Parti Socialiste se sont donnés jusqu'au 19 novembre pour parvenir à un éventuel accord électoral. Prétextant de la pseudo faiblesse électorale d’Eva Joly, le Parti Socialiste s’apprête à enterrer l’idée d’une sortie du nucléaire. En annonçant lundi soir la poursuite du chantier EPR de Flamanville, le candidat socialiste, pourtant assez critique sur l’énergie nucléaire après la catastrophe de Fukushima, s’enferre dans un discours passéiste et ringard. Une position inacceptable pour le Réseau "Sortir du nucléaire".

Cela ne fait pas l’ombre d’un doute : les éléphants du PS tiennent plus du dinosaure que du pachyderme. Sous prétexte qu’Eva Joly ne pèserait que 5 % selon les sondages, François Hollande souhaite convaincre les écologistes des bienfaits d’un accord électoral. Alliance dans laquelle, évidemment, il serait fait bien peu de cas de la sortie du nucléaire, que le candidat socialiste se refuse même à prononcer. Une baisse de la part de l’énergie nucléaire, oui, une sortie du nucléaire, pas question ; et bien peu lui chaut que d’autres sondages récents donnent plus de 70 %* de Français en faveur de la sortie du nucléaire.

PS : un pas en avant, trois pas en arrière

Pourtant, dans les semaines qui ont suivi le drame de Fukushima, M. Hollande paraissait donner quelques signes d'évolution vers une potentielle sortie du nucléaire. Il déclarait ainsi : « la préparation à l'après-nucléaire est une nécessité absolue, compte-tenu de la réévaluation des risques post Fukushima ». Sur l'EPR (réacteur nucléaire de "troisième génération"), il ajoutait même qu' « il n'était pas opportun de lancer la construction d'une vague de centrales, et [...] que le projet de Penly serait abandonné ». On ne peut que relever la contradiction avec son engagement annoncé lundi soir de « préserver la construction d'un EPR », puisque ce réacteur, qui ne répond à aucun besoin réel du réseau électrique, a pour seul objectif d'être la "tête de série" annonçant le renouvellement de l''ensemble du parc nucléaire français. Et comment expliquer la gêne de Mme Filippetti - députée PS, proche collaboratrice de M. Hollande et ancienne élue Europe Écologie Les Verts - quand, ce midi lors de la conférence de presse que M. Hollande a donné à la Maison de l'Amérique Latine, elle a esquivé les questions de notre porte-parole sur ce rétropédalage, se contentant d'un lapidaire « ce n'est pas moi qui suis candidate ! » ?

Le candidat socialiste est donc clair : la sortie du nucléaire ne fait pas partie de son programme ; pire, il compte même relancer le parc français. Et pourtant, M. Hollande l’a répété ce matin : les tractations entre le Parti Socialiste et Europe Écologie Les Verts restent d'actualité.

Le Réseau "Sortir du nucléaire" a donc décidé d'agir. En choisissant de publier une lettre ouverte adressée au Parti Socialiste et à Europe Écologie Les Verts que chaque citoyen pourra signer, le Réseau "Sortir du nucléaire" souhaite envoyer un message fort aux deux partis : parce que pour plus de 7 Français sur 10, sortir du nucléaire, c'est clair !

Envoyez un message fort au Parti Socialiste et à Europe Écologie Les Verts en signant la lettre ouverte. CLIQUEZ ici

Mercredi 9 Novembre 2011 Commentaires (0)

On pourrait le croire à la lecture de l’article signé de C-M Vadrot dans le dernier bulletin de liaison de l’association (n° 138, oct. 2011, p. 4). En tout cas, il est scandaleux que la revue d’une fédération d’associations d’environnement fasse l’apologie de la chasse, d’autant que cette apologie est signée du rédacteur en chef de la revue, qui fut président de l’association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie. Non, entre les chasseurs et les protecteurs et amis de la nature, la coexistence ne peut être pacifique !


La chasse, c’est comme la bêtise : dangereux.

Le sous-titre de l’article annonce déjà la couleur : « Coexistence difficile entre promeneurs et chasseurs, mais beaucoup plus de peur que de mal ». C-M Vadrot veut nous faire croire que le sentiment d’insécurité du promeneur lorsqu’il est dans « un espace chassé » (sic) où « retentissent de nombreux coups de feu » n’est qu’un «ressenti» ! On aurait tort de redouter l’accident parce que les statistiques montreraient qu’il y en a un peu moins qu’avant. 131 tout de même selon les chiffres donnés par les fédérations de chasse, que C-M Vadrot reprend sans trop les discuter … Il semble oublier que lorsque l’on va se balader en forêt ou dans la campagne, ce n’est pas pour être tiré comme un lapin ou risquer de recevoir un plomb dans l’œil. Celui ou celle à qui pareille mésaventure arrive ne sera guère consolé en apprenant les accidents de chasse sont en diminution.
D’ailleurs, parlons-en de cette baisse. Si l’on reprend les chiffres cités par C-M Vadrot et qui sont si rassurant à ses yeux, elle n’est jamais que d’à peine 3% par an. Mais comme le nombre de chasseurs a diminué de près de la moitié pendant ce temps, le ratio accident/ chasseurs a augmenté et a presque été multiplié par deux. Concrètement cela veut dire que vous rencontrerez peut-être moins de chasseurs lors de vos randonnées, de vos sorties botaniques, ornithologiques ou autre mais que lorsque ce sera le cas, le danger sera plus grand. Donc lorsque vous avez la malchance de traverser un « espace chassé » vous avez bien raison d’avoir peur, contrairement à ce qu’affirme le rédacteur en chef du bulletin officiel d’Ile-de-France Environnement. De toute façon votre sortie sera gâchée, comme celle des autres promeneurs que vous aurez rencontrés. Au nom de quoi une infime poignée d’individus peuvent-ils accaparer forêts et campagne, en en excluant, de facto, tous les autres usagers? Parce qu’ils ont des fusils ?

Les statistiques que présente C-M Vadrot ont tout de même quelque chose de cocasse. Les ¾ des accidents auraient pour victimes des chasseurs tirés par d’autres chasseurs ou mieux encore des maladroits qui se blessent eux-mêmes ! Cette contribution des Rambos des bois à la baisse de leurs effectifs réjouirait fort dans les terriers. Quand les chasseurs se chassent eux-mêmes, Jeannot Lapin se tord de rire.

Non, Monsieur Vadrot, les vessies ne sont pas des lanternes !

Pour clore son article en beauté C-M Vadrot tente de démontrer que la chasse est une activité nécessaire pour la protection de la nature. Comme il faut le lire pour le croire je cite sa conclusion in extenso : « la chasse est nécessaire puisque beaucoup d’animaux n’ont plus de prédateurs naturels et que les forêts, à commencer par celles d’Ile-de-France, souffrent de plus en plus de la trop grande densité des chevreuils et des cerfs, animaux qui entravent la régénération forestière naturelle en broutant les jeunes pousses d’arbres » C’est l’argument massue : il faut réguler les populations d’animaux sauvages pour le bien de la nature, ici de la forêt, là des alpages, etc. Cette tâche sera dévolue aux chasseurs et les voilà promus « protecteurs de la nature ». Sans blague ! Ils pourront même aller expliquer leur rôle de grands amis des bêtes à nos chères têtes brunes et blondes dans les écoles… Cet argumentaire que nous sert C-M Vadrot, tout porte à croire que les chasseurs lui l’on soufflé à l’oreille. En tout cas, c’est le même que celui qu’ils utilisent pour tenter de s’introduire dans les zones centrales des Parc nationaux et y pratiquer leur sport mortifère. En vain, jusqu’à présent.
Il y a nombre de mécanismes naturels de régulation des populations animales qui peuvent jouer sans que l’homme s’en mêle. Ils peuvent être de nature comportementaux  comme le départ spontané des jeunes ou leur l’expulsion du territoire des parents ou bien encore une sorte de contrôle de naissances avec baisse de fécondité pour l’ajuster en fonction des ressources disponibles comme cela se produit chez les renards ou les rats par exemple. Ce peut être aussi les épidémies qui vont se charger de faire baisser les populations ou tout simplement le manque de nourriture. Les exemples abondent mais les hommes sont ainsi faits qu’ils se croient indispensables. Bien entendu, ces moyens naturels ne satisferont pas les sylviculteurs, ni même parfois les gestionnaires d’espaces protégés. Mais même si l’on admet qu’une régulation humaine doit intervenir, faut-il s’en remettre à la chasse et aux chasseurs ?
Et tout d’abord, quelle chasse ? Il y en a de plusieurs sortes. Faut-il s’en remettre à cette forme barbare qu’est la chasse à courre qui vient d’être interdite en Angleterre et que l’on peut assimiler à de la maltraitance envers les animaux ? Aux battues qui occasionnent des dérangements sans équivalent parmi toutes les espèces, quel que soit leur statut, sans parler des autres dégâts aux milieux naturels ou de l’agonie des heures, voire des jours durant des bêtes blessées que les chiens ne retrouvent pas ? Lorsque le chasseur choisit sa victime, ce choix porte sur le plus beau trophée, le plus bel animal alors que le prédateur naturel, loup, renard, ours, lynx, etc.  choisira la proie la plus facile à capturer, l’animal malade, mal formé… Ces prédateurs et eux seuls peuvent être une sorte de garantie de la bonne santé des populations qu’ils régulent, pas les chasseurs.
S’il faut réguler les populations d’ongulés dans les forêts, ce qui reste à prouver, la tâche doit être confiée à des gardes forestiers assermentés qui remplaceront avantageusement les chasseurs. Les tirs se feront de nuit, de façon sélective, avec un dérangement minimum de la faune et un impact minime sur le milieu comme le prouve l’exemple du canton de Genève.

L’exemple du Canton de Genève

Dans ce canton la chasse a été supprimée il y a trente-cinq ans à la suite d’une votation populaire. Et 35 ans plus tard, « la situation, au niveau biologique, reste tout à fait satisfaisante. Chaque promeneur peut découvrir la richesse de la faune – notamment dans la portion du Rhône en territoire genevois, considérée comme d’importance internationale – malgré le fait que ce canton soit très densifié et qu’il n’existe plus de grandes étendues forestières. »
Amené à se prononcer le 18 décembre 2009 à l'occasion du vote du Budget 2010 sur l’amendement du député libéral Pierre Weiss visant à obliger le canton à faire appel à des chasseurs pour réguler la faune, la majorité du Grand Conseil rejeté cette tentative de réintroduction subreptice de la chasse :
« Un garde-faune tire au maximum deux cartouches pour abattre les sangliers, contre 10 à 15 pour un chasseur ! En plus, les bêtes sont souvent blessées par les chasseurs » rappelait un député MCG.
« Vous voulez faire revenir dans le canton les viandards. Confier une tâche publique à des personnes qui ont des problèmes psychologiques et qui font du tir sur des animaux leur loisir est scandaleux » ajoutait un député socialiste, peut-être en référence au courrier délirant envoyé quelques jours plus tôt par le Président de la «Saint Hubert», la moribonde fédération de chasse genevoise. L’amendement a été repoussé par une forte majorité (71 contre, 5 pour, et 6 abstentions)(d’aprèsJagdkritik [www. jagdkritik.ch]) Les vésanies et contes à dormir debout sur le rôle bénéfique des chasseurs de C-M Vadrot seraient impensables dans un journal d’associations de défense de l’environnement genevoises. Hélas ! Ce n’est manifestement pas le cas en Ile-de-France…
Robert Hainard écrivait à propos de cette interdiction de la chasse dans le canton de Genève à l’occasion de la quatrième édition de son livre Mammifères sauvages d’Europe : « S’ils savent qu’ils ne risquent rien, les animaux s’habituent assez bien à la présence humaine. Cela me semble une évolution très naturelle, de la part de l’homme bien nourri, de s’intéresser à la bête sauvage autrement que pour la manger » À la différence de la majorité de la population, les chasseurs n’ont guère évolué. A côté des viandards, il y a les amateurs de trophées qui ne se rendent même pas compte combien les bois de cerfs qui trônent dans leur salon ou au-dessus de leur cheminée sont tout à la fois ringards, macabres et ridicules alors qu’ils étaient si beaux lorsqu’ils ornaient la tête de leur propriétaire qui les portait avec une noblesse et une élégance sans pareille.

Pas de prédateurs naturels ? À qui la faute ?

Enfin il est particulièrement tendancieux de se retrancher derrière l’absence de « prédateurs naturels » pour justifier la chasse. Je suppose que C-M Vadrot entend par là les carnassiers, grands ou petits. Leur disparition est le fait des chasseurs eux-mêmes qui font tout pour classer les renards, fouines, martres, belettes et autres « puants » (sic !) comme nuisibles, autorisant ainsi leur chasse, piégeage par tous les moyens et en tout temps. C’est malgré eux que le lynx, le chat sauvage sont devenus des espèces protégées. Ce sont eux qui s’opposent à la réintroduction de l’ours et du lynx. Ils sont parmi ceux qui hurlent le plus fort contre le retour des loups, volontaires comme toujours pour des tirs de « régulation » contre ce redoutable concurrent. Toutes les conditions naturelles sont réunies pour que ces derniers, venant d’Italie, puissent à nouveau se développer dans les Alpes, coloniser de façon durable de nouveaux massifs (Pyrénées, Jura et Massif Central) et même les régions de plaines. Il suffirait de favoriser leur expansion. Dans nos forêts franciliennes les grands carnivores trouveraient nourriture abondante. Et combien plus fascinantes seraient ces forêts si, les soirs de pleine lune, s’élevait de la sylve cet étrange et prenant cri modulé d’un loup saluant son lever.

Mardi 8 Novembre 2011 Commentaires (0)
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