En tout cas un sérieux frein !


Une entreprise concessionnaire d'éoliennes a été condamnée à verser plus de 730.000 euros à des riverains, à Melgven, dans le Finistère. La cour d'appel de Rennes a pris un arrêt inédit ce 12 mars 2024. Ces plaignants ont obtenu la reconnaissance d'un préjudice de "dépréciation immobilière".
Voir ici l’article de FR3
 

Samedi 7 Septembre 2024 Commentaires (0)

Les notions de biocénose, biotope et écosystème sont des notions abstraites fondamentales en écologie mais difficiles à saisir. L’examen d’une bouse de vache et de la faune qui s’y succède au cours du temps permet de bien concevoir ce que recouvrent ces notions. Il permet aussi de philosopher sur notre destinée dans un milieu dont les ressources s’épuisent et les conditions d’habitabilité pour notre espèce se dégradent.


Précisons tout d’abord ou rappelons pour ceux qui le savent qu’un écosystème consiste en l’association d’un biotope et d’une biocénose. Le biotope (ou milieu de vie) se caractérise par un ensemble de conditions physico-chimiques (par exemple température, degré d’humidité, pH du sol, …). La biocénose est l’ensemble des êtres vivants interagissant entre eux dans un milieu de vie donné et avec ce milieu.
 
Circonscrite dans l’espace et évoluant relativement rapidement dans le temps, les bouses de vache seraient « un excellent exemple de successions animales en fonction des variations des paramètres écologiques du milieu » (Dendaletche 1973, p.47). dans la suite du texte l’auteur expose cette biocénose dans le cas des bouses du col de Soulor dans les dans les Pyrénées occidentales.  Il décrit les populations d’insectes qui s’y succèdent en fonction des modifications de ce milieu bien particulier. 

Je vous fais grâce des détails et ne retiens que la « synthèse » :
« Ainsi dans un temps très court, se succèdent – ou se côtoient – des animaux montrant diverses adaptations.
Au début, la bouse est semi-liquide ; il s’agit d’un véritable milieu fluide, c’est la nage qui constitue le mode de déplacement efficace. A ce stade les Coléoptères hydrophilidés (Sphaeridium, Cercyon…) ont la prépondérance. […]
Les grosses mouches rousses (Diptères scatophagides) pondent leurs œufs générateurs de larves ou asticots. Ceux-ci sont attaqués par les Staphylins dont certains sont prédateurs.
Avec l’asséchement du milieu par déshydratation arrivent les vrais bousiers (Géotrupes, Aphodius, Onthophagus). Leur mode de déplacement et de vie sont totalement différents car les conditions écologiques sont autres. […]
Ensuite intervient l’épuisement du milieu et la dispersion des animaux.
Ainsi diverses chaînes alimentaires s’instaurent qui, toutes, ont pour finalité l’exploitation optimale des ressources du milieu. Ces successions, ces relations trophiques, cette complexité structurale, donnent à mon sens, une image nette de ce que sont biocénoses, biotope et écosystème. » (p. 49, souligné par l’auteur).

Inexorablement, il en sera de même de la Terre. Si à l’aune du siècle elle se réchauffe, dans cinq millions d’années, la dérive des continents aura rapproché l’Europe de l’Afrique et elle se refroidira selon le scenario retenu comme le plus probable. Dans ce monde les glaces pourraient avoir recouvert une grande partie de la planète. L’Europe serait sous la glace, la Méditerranée une étendue de sel, l’Amérique du Nord un désert froid. L’espèce humaine ne serait pour rien dans ces transformations, pas plus que les Coléoptères hydrophilidés qui nageaient dans la bouse fraîche ne sont la cause de sa déshydratation. D’ailleurs, il est fort probable qu’elle aurait disparue comme tous les vivants actuels qui n’auraient pas évolué pour s’adapter. Ni les milieux de vie, ni les biocénoses ne seraient les mêmes. Si nous étions transportés à cette époque future par un tour de magie, nous aurions l’impression d’avoir voyagé non dans le temps mais dans l’espace et de découvrir une autre planète car ses plantes et sa faune seraient très différentes de celles, vivantes ou fossiles que nous connaissons et nous paraîtraient très étranges.

Sur les changements de biotopes dans le passé reculé, nous ne sommes pour rien. Une fois apparues, la contribution des différentes espèces du genre Homo à ces changements et à ceux consécutifs des biocénoses n’est sans doute pas nulle. Infime tout au plus, et difficile à évaluer alors que d’autres causes tant telluriques (dérive des continents notamment) que cosmiques (Soleil, météorites, …) ont joué et jouent un rôle majeur, sans commune mesure à celui qui est le nôtre. Tout ce dont nous sommes capables, apparemment, c’est d’œuvrer activement à la disparition de notre propre espèce, la seule du genre Homo encore présente.

Vouloir atténuer le réchauffement climatique en cours, c’est faire preuve d’un orgueil prométhéen démesuré. Même s’il est dû aux rejets excédentaires de CO2 anthropique – ce qui est loin d’être certain, il est parfaitement chimérique de croire que nous avons le pouvoir de les contrôler en produisant/consommant moins ou différemment dans les pays développés ou en cessant de se reproduire comme des lapins dans les autres ; deux choses parfaitement utopiques comme le prouvent tous les constats que l’on peut faire aujourd’hui comme hier. Et on peut le prédire sans risque de se tromper, que ce sera encore le cas demain. Jusqu’à ce que la Terre soit vidée de toutes les ressources indispensables à l’espèce humaine et donc débarrassée de celle-ci.
Place alors à d’autres espèces, comme dans le cas de la bouse de vache où les bousiers vrais apparaissent une fois qu’elle est sèche et les insectes et larves nageurs disparus. Que seront-elles ? Nous ne le savons pas alors que dans le cas des bouses de vache, nous le savons. Mais rien n’interdit d’oser des spéculations vraisemblables compte tenu de l’état actuel de notre savoir. On peut retenir celles « réalistes » faites sur « les animaux du futur » même si les créatures qui nous sont présentées nous paraissent « exotiques ».
 
Références 
 
Claude Dendaletche 1973 Guide du naturaliste dans les Pyrénées occidentales – Moyennes montagnes, Delachaux & Niestlé , Neuchâtel, Suisse
Claire Pye [éd. Française 2009] Les animaux du futur, Nathan, Paris
 

Mercredi 21 Août 2024 Commentaires (0)
Sauvés des mâchoires des pelleteuses pour s'éroder sous les pieds des touristes et roues des vététistes : l’avenir incertain des volcans de la Chaîne des Puys en Auvergne !
Avant d’être connu pour ses paysages, c’est pour ses sources et sa pouzzolane que cette chaîne était renommée. Plus de la moitié des cônes de scorie ont été entaillés. Parfois il ne reste plus qu’un demi volcan, voire plus d’édifice volcanique du tout. Ce sont des projections stromboliennes faciles à exploiter, utilisées comme granulat, principalement pendant la deuxième moitié du XXe siècle. Entre 20 et 30 millions de tonnes ont été arrachées à ces cônes dont les formes sont celles du volcan type dans la représentation populaire, surtout si le cratère est encore visible et n’a pas été comblé par l’érosion ou les projections d’un autre volcan, cas qui serait le plus fréquent.
 
Depuis la fin du siècle dernier, une grande partie de la chaîne est protégée et il est quasiment impossible d’ouvrir de nouvelles carrières dans la chaîne des Puys. Il ne reste plus qu’une carrière en activité qui achève d’effacer le Puy de Tunisset, au nord de la chaîne. Aujourd’hui les volcans de la chaîne des puys étant  protégés, la production de pouzzolane est réduite. Dans les documents officiels elle est considérée comme un matériau « noble, rare au niveau national, et son utilisation doit être justifiée par usage spécifiquement lié à ses propriétés intrinsèques. Cet usage doit présenter une forte valeur ajoutée par rapport à l’utilisation d’autres matériaux de carrière plus abondants ».
 
Il n’y aura donc pas de nouvelles carrières de pouzzolane dans la chaîne des Puys pour des raisons réglementaires, certes mais aussi économiques : si le coût d’extraction des pouzzolanes est bas (à ciel ouvert, avec des pelleteuses), le prix du transport les rend peu concurrentielles sur les longues distances. D’autant qu’une autre forme d’exploitation de la chaîne s’avère bien plus lucrative : le tourisme. Le classement de la  chaîne au patrimoine mondial de l’UNESCO n’apporte aucune protection nouvelle,  seulement une fréquentation accrue de ces édifices fragiles et c’était bien là l’objectif premier quoi qu’en pensent les naïfs. Arrachés des griffes des carriers pour tomber sous le rouleau compresseur du tourisme de masse, arme de destruction massive, les volcans de la chaîne des Puys ne sont pas tirés d’affaire.
 
Les activités d’extraction ont cessé, les carrières restent. Toutes sont des balafres dans le paysage ; souvent  ce sont  même des sites dangereux.  Elles sont autant de motifs qui auraient dû fonder un refus d’inscrire cette chaîne des Puys au patrimoine mondial de l’UNESCO d’autant qu’il y a encore au moins deux carrières en activité, trois au moment de la candidature qui a dû faire l’objet d’un lobbying particulièrement efficace.
 
Pour faire passer la pilule, les promoteurs de la candidature de la Chaîne des Puys/faille de la Limagne  ont mis en avant un programme de réhabilitation et d’intégration dans le paysage et ont souligné l’intérêt scientifique et pédagogique de ces sites en montant en épingle le cas du Puy de Lemptégy (ex puy ?) devenu une attraction touristique après avoir été un lieu d’étude pour volcanologues. Cette attraction a pour titre aguicheur : « volcan à ciel ouvert » (J’y vois plutôt « un volcan les tripes au soleil » !). Elle serait l’exemple à suivre d’un nouveau type d’exploitation des carrières de pouzzolane. Elle montre surtout que les activités d’extraction ne sont pas « durables » et ont l’inconvénient d’épuiser assez rapidement la poule aux œufs d’or !
 
Les volcans stromboliens de la chaîne des puys sont des édifices fragiles. Hier à la merci des pelleteuses des carriers, aujourd’hui à la merci des pieds et des vélos des touristes instruments de destruction peut-être encore plus efficaces que les pelleteuses … Mais la nature est têtue ! Si l’on écoute les volcanologues, si les volcans éteints de la chaîne ne se réveilleront pas, dans le jargon on dit qu’ils sont monogéniques, il est à-peu-près certain que de nouvelles éruptions auront lieu et que d’autres volcans se créeront dans le massif mais sans que l’on sache aujourd’hui prédire ni où, ni quand.
 

Vendredi 16 Août 2024 Commentaires (0)

« Le Monde de l’énergie » a publié un entretien avec Mathias Roger sociologue des sciences et des techniques et spécialiste des questions de gestion des risques naturels et industriels, au sujet de la loi sur la fusion entre l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) et ses conséquences sur la politique énergétique française. En voici un extrait.


Le Monde de l’Énergie : La loi actant la fusion de l’ASN et de l’IRSN en une future ASNR a finalement été votée, validée par le Conseil constitutionnel et promulguée, malgré l’opposition de la gauche et du groupe Liot. Quels arguments avançaient les opposants ? Vous semblent-ils justifiés ?

Mathias Roger : Je pense que leur principal argument est que le système en place fonctionnait plutôt bien et était, en tout cas, érigé en modèle à l'international. En changer aussi brusquement, sans concertation et au moment d’une accélération du programme nucléaire semble un peu cavalier. La précédente réorganisation de ce genre avait mis 20 ans à se mettre en place. Il faut un peu plus d’une année pour celle-ci. Surtout, il faut avoir en tête que la loi acte la suppression de l’IRSN qui est l’âme et la mémoire de la sûreté nucléaire en France. Son histoire remonte au milieu des années 1950 et est celle des grands pionniers du nucléaire français. Supprimer cet organisme sans consultation est quand même insultant pour ses membres qui ont, à juste titre, le sentiment de n’avoir pas démérité. Enfin, les opposants de la réforme ont beaucoup insisté sur son manque de cohérence, ainsi que sur le manque de connaissance du système de la part des porteurs de projets. Les motivations n’étaient pas très claires et surtout, on ne voyait pas très bien en quoi les articles de la loi les servaient.
Il y a, de mon point de vue, effectivement, un certain paradoxe entre la volonté quelque peu nostalgique de vouloir reproduire le succès du plan Messmer des années 1970 tout en proposant une loi qui éloigne le système de ses racines.

Lire l’intégralité de l’entretien ici : https://www.lemondedelenergie.com/loi-acte-suppression-irsn-qui-est-ame-memoire-surete-nucleaire-en-france/2024/06/21/
 

Vendredi 21 Juin 2024 Commentaires (0)

« Les prélèvements des Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) réduisent-ils les dégâts qui leur sont imputés ? » telle est la question formulée par un « groupe d’experts indépendants » pour laquelle La Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a réalisé une synthèse des connaissances scientifiques, étude commandée et financée par la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) et l’Association pour la Protection des Animaux Sauvages (ASPAS), deux associations qui militent contre ces prélèvements qu’elles qualifient souvent de «massacres». Les conclusions de cette « étude » ne les ont pas déçues puisqu’il résulterait de cette synthèse que ces prélèvements n’ont pas de fondement scientifique. Pourtant LPO et ASPAS auraient dû avoir le triomphe modeste. Si les prélèvements de ESOD évalués dans le champ de l’étude n’ont pas de fondement scientifique, c’est parce que la question de leur impact n’a fait l’objet que d’un très petit nombre de publications dans la littérature scientifique et que tous les aspects de la question n’ont pas été abordés dans ces publications. Mais dans ce cas, au nom de quoi les auteurs de la FRB qui mettent l’accent sur ce manque de connaissance peuvent-ils condamner ces prélèvements et recommander quoi que ce soit sans sortir de leur domaine, si ce n’est d’effectuer des recherches supplémentaires et de les publier ?


Les auteurs de l’étude, Zemman et al. écrivent : « Les prélèvements d’espèces sont une pratique ancienne et culturelle, dont l’objectif affiché est de réduire les dégâts imputés aux Esod. Cette pratique s'appuie sur le raisonnement communément admis que la destruction des individus de ces espèces permet la réduction de leur population, et permettrait donc de réduire les dégâts qu’ils occasionnent. Cependant, ce lien direct n’est pas évident scientifiquement. » On remarquera tout d’abord que n’est pas parce qu’il n’est pas « évident scientifiquement » que ce lien direct n’existe pas ! Ensuite, on aimera (ou pas) le sous-entendu de « l’objectif affiché », l’objectif réel étant caché, donc peu avouable d’autant que l’affiché est sans fondement scientifique donc sans fondement ! C’est à cette prétendue absence de fondement scientifique et de fondement tout court que je vais d’abord m’intéresser.
 

Sans fondement scientifique ? est-ce bien sûr ?
Zemman et al. citent à l’appui de leurs dires dans le cas du renard, un article de Lieury et al., 2016 : « Les prélèvements de renards limitent-ils leur densité ? La compensation par immigration, un concept-clé pour comprendre l’impact des prélèvements sur les populations de renards. » Faune Sauvage N° 310 : 10 -16. Selon Zemman et al. cet article montrerait que « les prélèvements ne permettent pas nécessairement de diminuer les abondances des populations » des espèces ciblées par les destructions. Mais ce qu’établit l’article cité, c’est tout le contraire ! Il montre que les prélèvements ne permettent pas nécessairement de diminuer les abondances des populations s’ils ne sont pas en quantité suffisante. Par contre, s’ils le sont, ils y réussissent. Il ne remet donc pas du tout en cause le lien communément admis entre destruction des individus d’une espèce et réduction de la taille de la population de cette espèce sur un territoire. C’est l’inverse !
Il y a bien un lien direct démontré par Lieury et al., 2016 mais il dépend de la capacité d’accueil du site pour les renards. Plus cette capacité est élevée, plus l’effort de prélèvement doit être important. Dans certains cas il doit être tel qu’il excède les possibilités des personnes pouvant être mobilisées à cet effet. Lieury et al. écrivent : « Il n’est donc pas possible de prédire l’effet des prélèvements sans connaître la capacité d’accueil. Et l’effort de prélèvements à fournir pour atteindre une densité donnée sera variable en fonction des sites et de leurs taux de remplissage. » et ils remarquent : « dans nos campagnes, le nombre d’acteurs requis pour mener à bien un tel niveau de prélèvements dépasse souvent les disponibilités locales, rendant impossible en pratique une gestion efficace des populations de renards ». On pourrait ajouter que les associations animalistes, anti-chasse qui sont les commanditaires de l’étude de la FRB sont aussi un obstacle de taille pour que ce mode de régulation soit efficace par les procédures qu’elles intentent contre les arrêtés préfectoraux.
Donc, Lieury et al., 2016 confirme bel et bien le lien communément admis entre les prélèvements et la réduction des populations de renards, ce n’est pas un préjugé de campagnards ou de chasseurs. Lorsqu’ils ne sont pas efficaces pour réduire la taille des populations, c’est tout simplement parce que les chasseurs et piégeurs n’ont pas tué assez de renards !
Comme biais de lecture, c’est assez impressionnant !

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De façon plus générale, il y a dans cette étude un mépris du savoir des gens de terrain au nom d’une science qui en définitive ne sait rien sur la question des ESOD mais se permet de juger du haut de son ignorance ces savoirs et traditions. Les auteurs sautent allégrement de l’absence de preuves « scientifiques » à l’absence de preuves tout court puis à la fausseté. Enfin de la fausseté à une condamnation « éthique » !

Le titre est déjà très révélateur : « Les prélèvements des Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) réduisent-ils les dégâts qui leur sont imputés? Synthèse des connaissances. » Il ne précise pas qu’il s’agit de connaissances trouvées dans les articles de revues scientifiques exclusivement et non auprès de ceux qui prélèvent (chasseurs, piégeurs, …), qui subissent les dégâts (éleveurs, sociétés de chasse, etc.) Tout se passe comme si ces sommes de connaissances nées des pratiques et de l’expérience de terrain n’avaient aucune valeur, n’existaient pas !
En fin de compte, il s’agit de les disqualifier car c’est sur la base de ces connaissances « communes » que les classements en ESOD sont décidés et que les arrêtés autorisant les prélèvements sont pris par l’Etat et ses représentants, les préfets. Or la LPO et l’ASPAS dénoncent ces classements et arrêtés comme arbitraires ou pire n’ayant d’autre justification que la satisfaction de lobbies des chasseurs, pêcheurs, forestiers et agriculteurs. Pour elles, cette connaissance pratique, commune des gens de terrain est nulle, seule compte la connaissance « scientifique », c’est-à-dire extraire essentiellement d’articles d’écologie et de biologie de la conservation. Il s’agit là d’un scientisme naïf bien dans l’air du temps, un scientisme partagé par les associations commanditaires et les auteurs de cette étude.

Les connaissances sur la régulation des ESOD tirées d’un passage en revue méthodique de la littérature scientifique sont maigres, lacunaires. Il y a peu de recherches qui ont pour objet les prélèvements d’ESOD et leur efficacité et peu de recherches qui permettent d’avoir des éléments sur ce sujet bien qu’il ne soit pas leur objet principal. Malgré cette quasi-ignorance, les auteurs de l’étude ne semblent pas gênés ni pour recommander d’abandonner les prélèvements d’animaux d’espèces classées ESOD pour d’autres méthodes ni pour condamner cette façon de réguler les populations de ce que l’on appelait naguère des « nuisibles ». On notera de plus que les méthodes susceptibles de remplacer les prélèvements ont encore moins de preuves de leur efficacité ou de leur applicabilité effective.

Cependant connaissance commune de terrain et connaissance scientifique ne s’opposent pas toujours comme on peut le constater dans le cas du renard notamment, lorsque l’on est assez curieux pour lire l’article de Lieury et al., 2016 cité dans l’étude de la FRB : la connaissance de terrain et celle qui est établi selon un protocole conforme aux canons scientifiques ne se contredisent pas, elles se complètent. Rien d’étonnant à cela : si les prélèvements d’animaux ESOD occasionnant des dégâts n’avaient aucun effet, ils auraient été abandonnés depuis longtemps car ils sont chronophages et peuvent être dispendieux. Ces espèces seraient simplement chassées pour leur chaire ou pour leur peau, etc., voire pour le plaisir (ce motif peu avouable et donc non affiché !) Ce complément apporté par l’enquête scientifiquement conduite, à savoir la précision selon laquelle la quantité des prélèvements doit être calculée en fonction de la capacité d’accueil du site pour que ceux-ci soient efficaces, a été obtenu grâce à une collaboration des écologues avec les chasseurs et les piégeurs dont l’apport a été capital pour expérimenter sur le terrain.
Dans ce cas la démarche est la suivante : le lien communément admis entre le prélèvement, la diminution de la population et réduction des dégâts n’est pas remis en cause ; au contraire, on le tient pour acquis, bien établi et l’on essaie de comprendre pourquoi cela ne fonctionne pas dans certains cas. C’est ainsi qu’a été mise en évidence une nouvelle variable, la capacité d’accueil d’un site pour une espèce donnée.  Cette démarche est bien plus féconde que celle qui aurait consisté à considérer que les cas où les prélèvements ne permettaient pas d’obtenir les résultats attendus réfutaient l’existence d’un lien entre le prélèvement, la diminution de population et la réduction des dégâts, réfutation ayant pour conséquence l’abandon des prélèvements pour réduire les dégâts occasionnés par une population appartenant à une ESOD.

La connaissance de cette variable peut avoir des conséquences pratiques intéressantes dans la mesure où elle peut être contrôlée. Si pour des raisons cynégétiques, on souhaite réduire une population de renards sur un site, on obtiendra de meilleurs résultats en combinant les prélèvements avec des modifications du milieu pour le rendre hostile à l’installation de renards. A l’inverse, si l’on veut que la prédation des renards sur les rats taupiers augmente pour la bonne santé des prairies d’estive, on s’efforcera de rendre le site plus accueillant pour eux, ce qui suppose que l’on ait une analyse fine du milieu et une bonne connaissance des mœurs du goupil. 
On peut donc considérer qu’en incitant à l’abandon des prélèvements dans le cas de dégâts, on incite en fait à jeter le bébé avec l’eau du bain. Pourquoi donc une telle incitation dans l’étude de la FRB ? Pourquoi une telle précipitation ? Parce qu’il s’agit d’un choix éthique ! Ethique, donc motivé par des raisons qui ne relèvent pas de la science.

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On peut estimer que c’est mal de tuer des renards et autres ESOD, que ce n’est pas justifié dès lors que l’on peut s’y prendre autrement pour limiter les dégâts qu’ils occasionnent mais ce n’est pas une question scientifique et « la science » n’a rien à dire à ce sujet. La condamnation de la souffrance animale n’est pas de son ressort bien qu’elle puisse être utile pour la mettre en évidence et l’évaluer. Les raisons de « sauvegarder la biodiversité » ne le sont pas non plus comme le souligne Alain Dubois, professeur au MNH. Il montre qu’aucune des raisons invoquées n’est « proprement scientifique » mais qu’elles sont « toutes inféodées à des choix éthiques » (voir par ex. « Un naturaliste face à l’extinction massive des espèces », postface au livre de Julien Delord L’extinction d’espèce, histoire d’un concept et enjeux éthiques, publications scientifiques du MNHN, Paris 2010). Dès lors on est en droit de considérer que Clara Zemman et autres signataires de l’étude de la FRB sortent de leur rôle lorsqu’ils abordent les questions éthiques et philosophiques liées à la destruction de la biodiversité.
Non, ce ne sont pas les experts qui, selon les termes du communiqué de la LPO et de l’ASPAS condamnent « sans appel » les prélèvements de ESOD. Plus précisément, ce n’est pas en tant que biologistes, écologues ou sociologues qu’ils rejettent les « prélèvements » de belettes, fouines, martres des pins, renards, corbeaux freux, corneilles noires, pies bavardes, étourneaux sansonnets, geais des chênes, putois et blaireaux européens. C’est au nom de leur « philosophie » et de LEUR éthique personnelle. Les conditions à satisfaire qu’ils énoncent pour que ces prélèvements soient justifiés découlent de cette éthique non formulée. Elles n’ont rien de scientifique, stricto sensu. Quant au choix de refuser ces prélèvements sur la seule base de connaissances scientifiques, il n’a d’autre justification que leur philosophie implicite, un banal scientisme et cela reste arbitraire. Pourquoi ne pas les refuser sur la base de l’empathie pour ces animaux ou sur le caractère sacré du vivant, sur le respect de la vie, sur l’anti-spécisme, etc. ?
De plus dans le cas du renard, les prélèvements peuvent être efficaces donc justifiés aux yeux des propriétaires de poules, ou d’amateurs de gibier car contrairement à ce que supposent les auteurs de l’étude, il ne peut pas y avoir de « critères objectifs et mesurables » pour juger des dégâts que peuvent occasionner un renard, une fouine ou un putois pour un éleveur de poules en plein air, type d’élevage plébiscité par les amis des animaux qui sont souvent aussi les défenseurs des belettes,  renards et autres… Pour les éleveurs ou pour les sociétés de chasse, les prédations de ces carnivores sauvages peuvent être ressentis comme graves et le sont d’ailleurs économiquement. Ils ne le sont pas pour ceux qui n’élèvent pas de poules et ne chassent pas, c’est-à-dire la plupart des urbains et rurbains qui peuvent ou non « aimer les bêtes », sans parler de l’ASPAS qui a fait du renard son totem, un goupil qui a l’air si mignon qu’on peut lui pardonner quelques incartades !

Il faut reconnaître aussi que la « régulation » de carnivores sauvages n’est pas toujours pertinente dans les communes où il y a des pullulations de rongeurs. C’est le cas par exemple pour le renard là où prolifère le campagnol terrestre. Dans de tels cas, il peut y avoir des intérêts contradictoires. Les éleveurs qui ont leurs prairies ou estives ravagées par ces rongeurs ont intérêt à la présence de renards prédateurs efficaces de campagnols même s’ils ajoutent à leur menu du gibier de repeuplement au grand dam des chasseurs par exemple. Mais en cas de litige, c’est le juge qui tranchera, décidera des mesures et indemnisations, non les experts qui n’auront qu’un avis consultatif à donner dans certains cas.

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Bref, la conclusion de l’étude est bien propre à caresser ses commanditaires dans le sens du poil. Ils en auront eu pour leur argent. Ils peuvent clamer Ubi et orbi que « les massacres » de renards, et autres animaux appartenant à des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts n’a pas de fondement scientifique [sous-entendu donc pas de fondement] et utiliser cette « étude » pour contester les arrêtés préfectoraux de « régulation ». Et ils ne se sont pas privés de le faire  : « Ce rapport de la FRB éclaire, pour la première fois, un débat obscurci par les mauvaises habitudes. On sait désormais que la destruction systématique des ESOD est à la fois injuste et inefficace. Alors que la biodiversité connait un effondrement dramatique, il est inacceptable de perpétuer le massacre. Puisque le gouvernement refuse d’écouter la science, nous nous en remettons donc à la justice. »  Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO. Mais le type de « science » exemplifié par  l’étude à laquelle il se réfère n’est-il pas un peu trop militant dans  pour être objectif ?
 

Références

● L’étude de la FRB :
Zemman C., Langridge J., Plancke M., Garnier M., Soubelet H., 2023. Les prélèvements des Espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (Esod) réduisent-ils les dégâts qui leur sont imputés ? Synthèse de connaissances. Paris, France : FRB https://www.fondationbiodiversite.fr/wp-content/uploads/2023/09/Revue_ESOD_FRB_LPO_ASPAS.pdf

● Une présentation de cette étude et de ses résultats par leurs auteurs :
Zemman, Clara, Joseph Langridge, et Martin Plancke. « Renard, corbeau… les prélèvements réduisent-ils les dégâts qui leur sont imputés ? », Sesame, vol. 14, no. 2, 2023, pp. 54-56. https://www.cairn.info/revue-sesame-2023-2-page-54.htm

● Les communiqués de presse des associations commanditaires
https://www.aspas-nature.org/la-regulation-des-especes-nuisibles-est-sans-fondement-scientifique/
https://www.lpo.fr/qui-sommes-nous/espace-presse/communiques/cp-2023/la-regulation-des-especes-nuisibles-est-sans-fondement-scientifique

● L’article de Faune sauvage :
LIEURY N., RUETTE S., ALBARET M., DROUYER F., BAUDOUX B., LETTY J., URBANIAC C., DEVILLARD S., MILLON A., 2016. « Les prélèvements de renards limitent-ils leur densité ? La compensation par immigration, un concept-clé pour comprendre l’impact des prélèvements sur les populations de renards. »Faune Sauvage. N° 310 : 10 -16.https://professionnels.ofb.fr/sites/default/files/pdf/RevueFS/FauneSauvage310_2016_Art2.pdf
 
Postscriptum

Afin d’éviter les malentendus, je précise que je ne suis pas un chaud partisan des prélèvements de renards, fouines ou autre Esod. En cas de dégâts avérés, je préférerai qu’ils n’interviennent qu’en dernier recours lorsque les autres méthodes pour réduire ces dégâts ont échoué. Mais cela doit être mis au compte de ma sensibilité propre et d’une certaine conception de la vie et de la nature qui peut certes être argumentée et partagée, qui peut mobiliser pour ce faire des connaissances naturalistes mais dont la justification ultime échappe à la science. Faire jouer à la science un rôle militant qui n’est pas le sien la dénature. C’est malheureusement souvent le cas sur des sujets concernant les animaux, l’environnement et la protection de la nature.
 Ce que je conteste aussi dans cette étude, c’est la dévalorisation systématique des connaissances empiriques fondées de l’expérience acquise par la pratique. La connaissance scientifique dans bien des domaines n’est jamais que de la connaissance commune rationalisée et parfois améliorée. L’ethnobotanique en fournit de beaux exemples. Ne pas le reconnaître, c’est du scientisme.  Il est bien présent dans cette étude de la FRB.
 

Lundi 10 Juin 2024 Commentaires (0)

Dans beaucoup des villes de France, les rats abondent. Mais alors que pour la plupart de ces villes, ils sont tenus pour un danger pour la santé publique, il y en a quelques-unes qui les considèrent comme des auxiliaires pour le traitement des déchets et ne répugnent pas à une certaine « cohabitation » avec cette espèce « liminaire ». Pour reprendre le titre d’un communiqué de l’Académie de médecine : entre le bien-être du rat d’égout et la santé publique, faut-il choisir ? Selon qu’un élu appartienne à la majorité municipale ou à l’opposition, la réponse à cette question ne sera pas identique, alors qu’elle est évidente et qu’elle devrait être la même pour tous. Le cas de Fontenay-aux-Roses comparé à celui de Paris est significatif à cet égard. Faut-il voir dans la présence de rats un enjeu de santé publique selon les écologistes de Fontenay (dans l’opposition) ? Ou « lutter contre les préjugés pour aider (les habitants) à mieux cohabiter avec les rats » comme le veulent les écologistes et le PS (majoritaires au Conseil de Paris) et le maire LR de Fontenay ?


La conseillère départementale, conseillère municipale d’opposition de Fontenay (Les Écologistes EELV) Astrid Brobecker s’inquiète à juste titre : « La lutte contre la prolifération des rats est un enjeu majeur en termes de santé publique. Elle repose sur la responsabilité collective en luttant contre les dépôts de déchets alimentaires sauvages sur l’espace public mais aussi sur un plan d’action global écrit-elle dans un article sur le blog « Osez Fontenay » (23/05/2024). « Un plan global », c’est-à-dire un plan comprenant aussi des campagnes de dératisation ? C’est du moins ainsi que le conçoit Haut de Seine Habitat dans sa réponse à Madame Brobecker « S’agissant de votre alerte liée à la prolifération des rats, une campagne de dératisation a bien eu lieu et s’est étalée de début mars à la mi-avril pour les immeubles anciens ainsi que le patrimoine récent rue des Potiers. » Donc un plan global qui implique que l’on tue les rats, à supposer qu’on y parvienne. Cela va peut-être sans dire mais va mieux en le disant car d’autres élus appartenant à des municipalités écologistes ou à une composante écologiste d’une majorité municipale ne tiennent pas le même discours.
À Paris, notamment, ce discours est tout autre. Pour Douchka Markovic1 , Conseillère de Paris, déléguée auprès du Maire du 18e chargée de la condition animale (Groupe Écologiste de Paris) l’utilité des rats serait supérieure aux dégâts qu’ils peuvent causer. « Un premier bilan est déjà de constater le rôle joué par les surmulots au quotidien dans les égouts avec l’évacuation de plusieurs centaines de tonnes de déchets et le débouchage de canalisations ». Les rats sont pour elle « nos auxiliaires de la maîtrise des déchets ». Elle affirme que « nous devons changer de paradigme, nous devons nous interroger sur de nouvelles méthodes efficaces et non létales. Nous devons nous interroger sur les surmulots et leurs manières de vivre, mieux les connaître afin de trouver des méthodes efficaces et éthiques. »  Bref, ce sont des animaux liminaires2 , nous devons cohabiter avec eux. Douchka Markovic n’est pas la seule à tenir un tel discours. C’est le discours repris par tous les « délégués au bien-être animal » issus du parti animaliste qui ont été élus sur des listes de tendances très diverses grâce à des accords opportunistes, sans principe sous prétexte d’un apolitisme bien commode pour bouffer à n’importe quel râtelier. A Paris, ce plaidoyer pour les rats mis en avant par les animalistes est repris par la maire adjoint à la santé l’écologiste Anne Souyris avec l’accord d’Anne Hidalgo qui veut organiser une cohabitation des rats avec les Parisiens « qui ne soit pas insupportable pour ces derniers » !3
 
Cette position est partagée a minima par le maire de Fontenay-aux-Roses, Laurent Vastel (Les Républicains) si l’on en juge par ses dires tels qu’ils sont rapportés dans le blog « Osez Fontenay » : « Il y a des rats partout ; la dératisation ne sert à rien, et cela ne pose pas de problème de maladie. C’est plutôt l’homme qui lui en transmet. » Ces propos sont en accord les déclarations de chercheurs dans un documentaire diffusé sur ARTE « Les rats des villes. Tout un monde ! » de Maria Wischnewski4 . Néanmoins, ils contredisent les affirmations de l’Académie de médecine comme le remarque un autre contributeur du blog « Osez Fontenay ». L’Académie écrit : « il importe de rappeler que le rat reste une menace pour la santé humaine en raison des nombreuses zoonoses transmissibles par ses exoparasites, ses déjections, ses morsures ou ses griffures. » Dans ce texte elle énumère les nombreuses zoonoses dont le rat est un vecteur, zoonoses qui n’ont rien de bénin pour la plupart et ne se réduisent pas à la leptospirose5

Les propos du maire innocentant les rats de toute nuisance et sa répugnance à agir ne sont pas du tout étonnants si l’on se souvient qu’à Fontenay, le parti animaliste a soutenu sa liste lors des élections municipales, que des membres de ce parti y figuraient et appartiennent à la majorité municipale, que la déléguée à la condition animale est l’une de ces élues qui, en tant qu’animaliste, a surement à cœur le bien-être de ces pauvres rats qui sont de bons éboueurs ne pouvant pas vivre en dehors des villes. Mais comment des partis qui se veulent responsables peuvent-ils s’allier avec des individus qui ont des positions aussi contestables ? La réponse est simple : on passe des alliances pour gagner l’élection et on pense qu’une fois celle-ci gagnée, on gérera si certains élus posent trop de problèmes.
Cette alliance se conçoit parce qu’il y a dans les villes des grandes agglomérations notamment [et à la campagne des rurbains] des électeurs qui se considèrent comme des défenseurs de la « cause animale » et qui font de cette question une priorité, voire une exclusivité. Ils représentent un petit capital de voix, petit certes et heureusement, mais qui peut être décisif dans une élection pour laquelle on suppose que la victoire ou la défaite se jouera à peu de voix. Leurs suffrages sont donc convoités. Et pour les obtenir, rien de tel que de nouer des alliances avec le Parti Animaliste qui représente une fraction du lobby des végans, antispécistes et autres « amis des bêtes » de compagnie ou « liminaires » ! Une fois l’élection gagnée la liste qui a accueilli des Animalistes doit payer le prix de l’alliance nouée. Cela passe par la création d’une délégation ayant pour objet le bien-être animal avec à la clé des repas végétariens dans la restauration scolaire (pauvres gamins auxquels bien entendu personne ne demandera l’avis !), des pigeonniers contraceptifs fort onéreux d’entretien et le rejet de méthodes léthales dans le cas des rats et autre nuisibles envahissants avec toutes les conséquences en cours et prévisibles. C’est ce qui se passe à Fontenay-aux-Roses.

Il faut dire qu’à Fontenay lors de la dernière élection municipale, les voix des animalistes, antispécistes, végans et autres amoureux des z’animaux ont été particulièrement convoitées et disputées notamment par les deux listes finalistes : la liste du maire sortant s’alliant avec le Parti animaliste et son challenger mettant en scène son allégeance à L 214, l’association végane qui ne milite pas seulement contre la maltraitance des animaux de rente mais se sert de cette lutte pour promouvoir le véganisme et la mort de l’élevage français. Cette surenchère a continué par la suite, au Conseil municipal notamment sur la végétalisation de la restauration scolaire.
Comme les coucous pondent leurs œufs dans le nid des autres espèces, le Parti Animaliste se fait élire en négociant des places sur les listes de partis susceptibles d’avoir des élus. La différence est que les listes parasitées croient y trouver leur compte. Ces listes parasitées sont diverses, de droite, de gauche, écolos… Ce qui régit ces alliances, ce sont les conjonctures électorales et rien d’autre. Cela vaut à tous les échelons. De ce point de vue, les Fontenaisiens ont été bien gâtés. Après le match qui sera le plus défenseur de la cause animale, les électeurs de « gauche » ont dû se résigner à voter aux élections législatives pour une candidate ayant l’onction de la Nupes qui appartenait à un minuscule parti Ecorev qui rêve de bannir toute viande de notre alimentation, à l’exception peut-être de la viande de synthèse ! Gauche et Droite parasitée de leur plein gré par des lobbies animalistes sans culture politique et sans principe parce que cela peut être électoralement payant, voilà bien un élément propre à dégouter les gens de la politique et à les éloigner des urnes. Que des partis monomaniaques comme les animalistes puissent exister et trouver le moyen de prospérer est bien le signe que nos démocraties vont mal. Et pire même car si l’on n’est pas obligé d’aduler sa propre espèce, brader ses intérêts vitaux pour une autre qui ne lui veut pas que du bien en dit long sur sa capacité de survie.
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1 Une des fondatrices du Parti Animaliste qui s’est présentée sur la liste d’EELV et est rattachée à ce groupe.
2 Cette catégorie a été inventée par les philosophes animalistes canadiens Sue Donaldson et Will Kymlicka dans leur livre Zoopolis. Elle regroupe des animaux appartenant à des espèces animales très différentes les unes des autres : rats, écureuils, fouines, moineaux, pigeons, lapins, cygnes, canards, souris, chauves- souris... Mais aussi puces de lit et cafards ??) Ils se sont adaptés aux environnements anthropisés, notamment aux environnements urbains, certains parmi eux ne pouvant plus ou difficilement survivre dans d’autres milieux, sans être pour autant domestiqués ou apprivoisés. [Sue Donaldson et Will Kymlicka, Zoopolis: une théorie politique des droits des animaux, 2011(éd. Alma, 2016 pour la traduction française)]. Pour les animalistes, ils vivent parmi nous, nous devons nous en accommoder et être soucieux de leur bien-être. S’ils sont trop prolifiques, il faut éviter de les tuer et pratiquer une régulation éthique du type « contraception » par exemple.
3 « Paris : Un groupe de travail pour étudier la « cohabitation » avec les rats » 20 Minutes avec AFP, publié le 09/06/2023  https://www.20minutes.fr/paris/4040532-20230609-paris-groupe-travail-etudier-cohabitation-rats
4 Pour Aude Lalis, chercheuse au Muséum National d’Histoire Naturelle, « bien que la leptospirose soit présente dans la population des rats de Paris, il n’y a aucun risque au quotidien pour les Parisiens dans leurs activités habituelles. Les rats ne représentent donc pas un danger sanitaire pour les humains (la réciproque n’est pas vraie, puisque vivant dans nos égouts, les rats sont très exposés à nos microbes). » Cité par ParisZooPolis. Il me semble que la parenthèse soit un ajout de ParisZooPolis, association animaliste qui défend les rats, les pigeons, voudrait bien que la pêche soit interdite dans la Seine à Paris…  
5 « Entre le bien-être du rat d’égout et la santé publique, faut-il choisir ? » Communiqué de l’Académie nationale de médecine, 15 juillet 2022
 

Jeudi 30 Mai 2024 Commentaires (0)

Sans doute et ce n’est guère rassurant :
« L’avocate ukrainienne Oleksandra Matviïtchouk, Prix Nobel de la paix 2022, (…) exhorte l’Europe à se battre pour ses valeurs. »
Publié le 07/05/2024 à 06h10 dans Le Point
« Les revenus tirés des fonds russes gelés dans l'UE alimenteront à 90 % la « Facilité européenne pour la paix » pour financer des armes en faveur de Kiev. »
Les Echos Par Karl De Meyer Publié le 8 mai 2024 à 19:16
« la Facilité européenne pour la paix (FEP) finance des actions extérieures de l’UE ayant une dimension militaire ou de défense. A ce titre, la FEP permet l’envoi d’armes à l’Ukraine »



Nous voilà donc en plein univers orwellien !  La paix, c’est la guerre ! Les européens doivent se battre, fournir des armes à l’Ukraine pour que continue une guerre extrêmement meurtrière qu’elle a peu de chance de gagner, voire qu’elle a déjà quasiment perdu.

Qui est l’agresseur dans ce conflit ? La Russie ? Pour les Occidentaux et leur bras armé l’OTAN, certainement ! De fait, ce sont bien les troupes russes qui sont entrées en Ukraine. Mais comme disait l’historien François-Auguste Mignet « le véritable auteur de la guerre n’est pas celui qui la déclare, mais celui qui la rend nécessaire ».

 Et donc, pour certains observateurs – trop vite qualifiés de « pro-Poutine » car ils ne le sont pas tous, c’est l’expansionnisme agressif de l’OTAN qui est à l’origine du conflit, avec les US à la manœuvre depuis le coup d’état de MaÏdan.

Je ne vais pas entrer dans les détails, ni décider qui a raison ou tort dans ce conflit Ukraine/Russie ou OTAN, Ukraine par procuration /Russie. Peu importe qui est l’agresseur et qui est l’agressé. Chaque belligérant se pense dans son bon droit. Et ce n’est pas en cherchant des coupables, que le conflit cessera. Condamner l’un ou l’autre des antagonistes, c’est fermer la porte à des pourparlers de paix. On ne négocie pas avec un coupable, on le juge. Ce qui me paraît le plus important, c’est la paix car je suis écologiste. La vraie paix durable. Et non une paix pour préparer la guerre comme le furent les accords de Minsk qui ne furent jamais respectés car pour les Occidentaux, selon les aveux de Hollande et Merkel, ils avaient pour but de permettre à l’Ukraine en mauvaise posture à époque de se refaire pour passer de nouveau à l’offensive contre les républiques autoproclamées  de Donetsk et de Lougansk. La paix ne doit pas permettre de préparer la guerre.

Quant aux fameuses valeurs au nom desquelles il faudrait aller se faire trouer la peau selon l’avocate ukrainienne Prix Nobel de la paix, on en parle beaucoup mais on ne les définit guère. De plus lorsqu’ils les mettent en avant, les Occidentaux sont peu crédibles : « Que vaut une valeur qui aurait été dévaluée par des attitudes encore plus criminelles que celles que l’on reproche à l’adversaire ? Sans absoudre la Russie pour son intervention en Ukraine, comment ne pas rappeler les agressions historiques de l’Occident capitaliste dans les affaires des Etats partout dans le monde : La Serbie, l’Irak, la Libye, la Syrie, l’Afghanistan en violation du droit international.
Comment croire que l’occident défend l’intégrité territoriale de l’Ukraine au nom du droit des peuples à la souveraineté et que dans le même temps il soutient l’occupation des terres palestiniennes par Israël et les bombardements continus des populations civiles de Gaza, l’occupation de Guantanamo territoire cubain par les USA ou la déportation des habitants des îles Chagos par les Britanniques pour y installer une base militaire. » Christian Celeste, « « Les valeurs occidentales ?» Mon œil ! » Nouvelles étincelles, jeudi 29 décembre 2022

Sortons de cet univers Orwellien :  la guerre n’est pas la paix. La guerre est la pire des catastrophes humaines et écologiques. « Les écologistes » (ex EELV) en France et Die Grünen en Allemagne reniant leur pacifisme sont parmi les plus va-t’en guerre, achevant de démontrer qu’ils ne sont plus écologistes. Il est tout de même curieux que ces « écologistes » souvent antinucléaires lorsqu’il s’agit du nucléaire civil soient indifférents au risque d’une guerre mondiale avec usage des armes atomiques que leur jusqu’auboutisme guerrier fait courir au monde ! Au regard de Hiroshima et Nagasaki, Tchernobyl, c’était de la gnognote et les bombes de l’époque n’étaient que des pétards en comparaison des bombes atomiques actuelles et des ravages qu’elles peuvent occasionner, allant jusqu’à rendre impossible toute vie évoluée sur terre pour des milliers d’années, voire pour toujours ! 

Il faut que cesse cette horreur le plus rapidement possible et cela ne peut se faire que par la négociation. Toute prise de position, toute action qui constitue un obstacle à cet objectif est irresponsable au mieux, criminelle au pire. Nous allons bientôt disposer d'un bulletin de vote. Ce sera à nous de jouer !


 

Samedi 11 Mai 2024 Commentaires (0)

La libre évolution consiste en une « non gestion » d’un espace que l’on laisse se transformer au cours du temps sans « forçage » anthropique. Appliquée aux espaces protégés, cette « non gestion » s’oppose à leur aménagement dans une optique de patrimonialisation qui vise à les maintenir en l’état pour leur valeur intrinsèque ou pour tenter la conservation d’espèces rares ou en danger.

Appliquée aux espaces en déprise agricole, c’est-à-dire aux friches, il s’agit de les laisser s’embroussailler et de peut-être se transformer à long terme en forêt sans chercher à garder un milieu ouvert.

Appliquées aux forêts non exploitées ou qui ne le sont plus et laissées à elles-mêmes la libre évolution est de fait. Il s’agit d’un ré-ensauvagement passif.

Alors que certains politicien voudraient que l’on puisse les exploiter à nouveau sans grand succès jusqu’à présent malgré les aides diverses qu’ils ont mis en place, d’autres au contraire voudrait transformer ce « rewilding » passif en un « rewilding » actif « pour atteindre une pleine naturalité » sans voir un seul instant qu’il ‘agit d’une contradiction dans les termes.

Il s’agirait de réintroduire des animaux qui en ont disparu depuis plus ou moins longtemps ou des animaux "dé-domestiqués" s’en rapprochant « Un grand herbivore domestique de race ancienne ou dédomestiqué peut, s’il est présent toute l’année dans un milieu naturel, restaurer la fonction d’herbivorie et ses effets positifs sous réserve d’une densité limitée et d’absence de traitement pharmaceutique » selon un avocat de ce mode de ré-ensauvagement, Gilles Rayé qui cite comme exemple les « aurochs  reconstitués » de l’’Aubrac (Rayé 2021). En attendant sans doute que le génie génétique fasse revivre les grands mammifères du pléistocène !!! Il est à remarquer ce rewilding n’exclut pas l’exercice de la chasse parce qu’il est nécessaire de réguler les herbivores en attendant que les prédateurs soient en nombre suffisants, en remplacement, ou en complément de ceux-ci. Ce qui ne peut satisfaire l’ASPAS.


L’ASPAS est une association que l’on peut qualifier d’anti-chasse, bien qu’elle s’en défende alors que toute sa pratique le montre de façon criante. D’ailleurs ni les chasseurs, ni les animalistes ne s’y sont trompés. Les chasseurs la considèrent comme une association hostile et les anti-chasses, animalistes plus ou moins radicaux constituent l’essentiel de ses supporters, adhérents et donateurs. Elle jette son dévolu sur des espaces à forte naturalité, des forêts, principalement qu’elle achète pour en faire des réserves. Comme par hasard, il s’agit souvent de domaines soit réservés à la chasse comme le Grand Barry dans le Diois ou le Valfanjouse dans le Vercors drômois, soit des sites fréquentés par les chasseurs et les pêcheurs comme Les deux lacs sur le Rhône. Espaces de nature en libre évolution certes ; mais surtout et avant tout, sans fusil, ni canne à pêche, ni bêtes à laine ou à cornes, alors que chasse, pêche, pâturage ont préservé la naturalité de ces sites que cette association a acquis ou convoite. L’ASPAS veut protéger les animaux sauvages des chasseurs… mais pas des animaux prédateurs. Or, à tout prendre, si c’est une question de souffrance, pour un chamois être tué par un bon chasseur qui vise bien, c’est bien moins douloureux que d’être dépecé vivant par un loup… Et s’il n’y a pas de régulation, de mourir de faim. Mais quand on déteste la chasse, on entre pas dans ces considérations…


C’est contre cette façon de procéder de l’ASPAS que j’argumenterai dans cet article en me focalisant sur la dernière acquisition en date de cette association, une ancienne réserve de chasse de presque 500 hectare achetée au prix de 2,3 millions d’euros et qu’elle tente maintenant de convertir en une de ses « réserves de nature sauvage® », non sans mal et sans y réussir jusqu’à présent.


Je ne suis pas pour autant opposé à l’idée de libre évolution, bien au contraire, mais pour libre évolution de terres en déprises agricole ou sylvicole qui pour diverses raisons ne seront plus exploitées à court, moyen et sans doute long terme, un rewilding passif, qui respecte le temps long de la nature.


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Voici ce que Madline Rubin la directrice de l’ASPAS déclare à la journaliste du Monde à qui elle fait visiter le Valfanjouse dans la commune de Léoncel dans la Drôme, une propriété faites de prés et de bois qui était avant son achat par l’ASPAS un espace entièrement consacré à la chasse, à ses différentes formes et organisé à cet effet et qu’elle compte maintenant laisser en libre évolution :« Les animaux se trempent dans la boue puis se frottent aux arbres. A force, l’écorce se décolle. Les parasites vont pouvoir entrer dans l’arbre, qui va ensuite mourir. Mais quand on a des arbres morts, ici, on est content ! Cela fait venir des insectes, des champignons… Il est temps de laisser vieillir les arbres. » 1

Les animaux se frottent aux arbres, l’écorce se décolle, les parasites vont tuer l’arbre. On est content, il est temps de laisser vieillir les arbres !!!! Ou elle n’a pas conscience de se contredire, ou elle se moque de nous et de la journaliste qui retranscrit ses propos sans en signaler l’absurdité!

En fait l’ASPAS est avant tout une association anti-chasse et son intérêt pour la « libre évolution » est secondaire, un moyen pour son objectif : la protection des animaux sauvages comme le définit son acronyme (ASsociation pour la Protection des Animaux Sauvages). La protection contre quoi ou plutôt contre qui ? Les chasseurs essentiellement !


Baptiste Morizot, philosophe soutien de l’ASPAS, interprète l’opposition entre l’ASPAS et les éleveurs, les chasseurs et les paysans de la Drôme comme un malentendu né d’une conception dualiste qui oppose l’homme et la nature. « Le dualisme fonctionne dans nos esprits par la loi des proportions inverses, comme des vases communicants : ce qui est bon pour l’un est mauvais pour l’autre (…) ce qui est donné à l’un est pris à l’autre. » 2 Pour résoudre le conflit, il faudrait sortir de ce dualisme. Mais la façon d’en sortir de l’ASPAS est plutôt curieuse : elle est d’interdire l’espace en cause aux gens qui y vivaient et en vivaient depuis les temps historiques et préhistoriques.


On peut s’interroger à propos de ce dualisme « homme/nature »3  : qui est le plus dualiste, les habitants du lieu qui ont des pratiques qui leur ont permis d’en vivre tout en lui conservant sa « haute naturalité » ou ceux qui comme l’ASPAS veulent les en exclure parce que ce sont des humains qui empêchent la nature de s’exprimer ?


Le conflit entre les ruraux et l’ASPAS est beaucoup plus terre à terre mais néanmoins aussi significatif que ces abstractions métaphysiques qui en cachent les véritables enjeux, une concurrence pour la propriété de terres dont le prix est trop élevé pour que les paysans puissent l’acquérir surtout face à l’ASPAS, association qui est pour le moins aisée, qui fait encore monter les prix en se rendant acquéreur pour se retrouver, in fine, seule à pouvoir acheter : « Ce qui les énerve sur notre projet actuel « Vercors vie sauvage » c’est qu’il s’agit d’une zone de 500 hectares, donc c’est grand, donc c’était cher. Personne n’arrivait à l’acheter. On a pu l’acquérir. » (Déclaration de Madline Rubin à Charlie Hebdo, 21 août 2020). Et une fois propriétaire des 490 ha de Valfanjouse dans la Drôme, acquis je le rappelle au prix de 2,3 millions d’euros, cette association en expulse l’éleveur de la ferme voisine qui fauchait une trentaine d'hectares sur le site avec l’accord de l’ancien gestionnaire.


Pourtant l’ASPAS écrit sur son site : « Aucune zone agricole ou de pâturage n’a fait l’objet d’acquisition. L’ASPAS a fait le choix de concentrer ses acquisitions dans des zones les plus naturelles possibles »4 et «Les RVS ne sont pas sur des terrains agricoles »5 . Tiens donc ! Monsieur Valéry Vassal, l’éleveur concerné est bien placé pour en douter!


Il faut ajouter que l’ASPAS a essayé d’acheter un espace de 300 hectares de la montagne de Miélandre dans le Diois, où six agriculteurs faisaient du pâturage sous-bois. Il est vrai qu’en chicanant un peu, on peut expliquer que cela n’en faisait pas une « zone de pâturage » puisqu’il s’agit de pâturage en forêt, mais ce n’était l’avis ni des élus, ni des usagers locaux, ni même du Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales. En concurrence avec le projet de l’ASPAS «  un projet d’Espace Naturel Sensible avec l’intercommunalité de Dieulefit, le Département, la Région, le Parc Naturel Régional des Baronnies Provençales s’est bâti, et la propriété a finalement été rachetée au prix de 800 000 euros sur des fonds publics pour maintenir «un élevage pastoral, l’entretien et la gestion des ressources forestières, l’agritourisme » et éviter l’implantation d’une nouvelle Réserve de Vie Sauvage®. » Ariane Cornerier (2021), p. 59 https://www.sciencespo.fr/public/sites/sciencespo.fr.public/files/Cornerier%20Ariane.pdf [Sa thèse est une source importante non seulement pour le cas de la réserve ASPAS de la Drôme mais aussi sur la question plus générale du « re-ensauvagement en Europe.]


Dans son apologie de la méthode qui consiste à acheter des terres pour les laisser en évolution libre, Morizot y voit un détournement du droit de propriété. Dans les faits, il n’en est rien. La propriété ce n’est pas d’abord le droit d’exploiter que l’on pourrait détourner en droit de protéger comme il l’affirme. L’ASPAS ne fait qu’utiliser le droit de propriété sans détournement aucun dans toute sa rigueur, sans arrangement avec ceux qui avait négocié un certain usage d’une petite partie de la propriété.


Plus précisément et très concrètement, elle s’en sert comme elle en a le droit pour ôter toute possibilité à l’éleveur voisin de faucher et faire pâturer ses vaches sur 30 ha, alors qu’il avait un contrat oral avec l’ancien gestionnaire pour le faire moyennant une compensation en nature, ce qui permettait aussi de garder ce milieu ouvert avec sa riche flore associée. 30 ha sur 500 ha, c’est-à-dire environs 6% ! Et pour ces 6%, l’ASPAS met une ferme bio en danger en la déstabilisant économiquement en la privant des prés de fauche et de pâtures essentiels pour nourrir ses bêtes.


Lorsque l’ASPAS et B. Morizot justifient cette intransigeance en affirmant qu’il ne s’agit que de mettre en libre évolution une surface infime du territoire national, de deux choses l’une : ou ils n’ont compris ni le problème particulier de l’agriculteur, ni le problème plus général d’accès à un foncier devenu trop cher6 pour des paysans qui n’arrivent que difficilement à survivre économiquement ; ou ils ne veulent pas le comprendre parce qu’ils n’en ont rien à faire. Ainsi selon la directrice de l’association il n’y a pas besoin d’un agriculteur pour garder cette partie de la propriété en milieu ouvert, les ongulés et les sangliers s’en chargeront! Certes, les sangliers s’en chargeront tellement bien qu’ils déterreront les bulbes et défonceront les prairies dont il ne restera que boutis et vermillis.


Comme le demande un paysan qui « fait du bio » : «  «Pourquoi ils ne rachètent pas des friches industrielles ? Il y en a plein dans la vallée du Rhône. Et ils les remettent au vert. »7  En effet, pourquoi ? « Ce qui nous intéresse, [déclare sans ambages la directrice de l’association] ce sont les lieux qui sont en train de se reconstituer d’un point de vue écologique et auquel on a le moins touché possible. On peut gagner 100 ans si on arrive à protéger des arbres qui ont déjà une centaine d’années et c’est ça de pris. »8


Disons plutôt que ce qui ne les intéresse pas, ce sont des milieux trop dégradés pour être l’’habitat actuel des animaux sauvages dont ils se veulent les protecteurs et dont ils s’occupent au premier chef, à savoir des mammifères chassables ou piégeables, le gibier ou ses prédateurs (renards, lynx, loups, blaireaux, ours principalement). Si l’ASPAS achète des espaces à haute naturalité, c’est d’abord pour que ne soient plus chassés les animaux sauvages qui y vivent au moment de l’acquisition et pour les laisser ensuite dans ces espaces en « libre évolution » pour qu’ils puissent y prospérer à l’abri des fusils : « Ce volet-là de l’action de l’Aspas a été pensé dès l’origine de l’association il y a 40 ans, mais ça fait une dizaine d’années qu’on a eu la volonté de le concrétiser vraiment. Parce que c’est essentiel. C’est en protégeant les milieux qu’on pourra protéger les animaux et c’est donc en devenant propriétaire qu’on peut décider ce qu’on peut faire pour la protection des milieux » 9


Ironie de l’histoire, c’est grâce à la chasse et à une exploitation extensive par ceux que l’ASPAS met dehors que le domaine de Valfanjouse est un des sites « en train de se reconstituer d’un point de vue écologique et auquel on a le moins touché possible » (selon les déclarations de la directrice de l’ASPAS elle-même)10 . Quelle reconnaissance venant d’une association anti-chasse qui a une certaine porosité avec les animalistes, les végans et autres antispécistes ! Ce qui veut donc dire que ces chasseurs, éleveurs, sylviculteurs, agriculteurs locaux avec lesquels elle n’a pas voulu négocier, ni « rien lâcher » ne sont pas ces extractivistes, productivistes et lobbyistes qu’elle se plaît à dénoncer de concert avec B. Morizot11 . Il faut croire que dans ce cas précis « l’extraction [ ?], la pâture, la coupe, la fauche, la chasse.. » n’ont pas eu cet effet délétère que dénonce à longueur de pages ce dernier12 ! Mais l’affaire est entendue : on ne négocie pas avec ces « pelés, ces galeux » d’où viendrait tout le mal. Leurs activités sont déplaçables selon l’ASPAS, c’est pourtant où sont leurs activités qu’est aussi leur lieu de vie, mais de cela, il faut bien reconnaître qu’elle n’en a cure.

On ne négocie pas avec eux parce négocier serait défendre les dominants « qui ont le plus grand pouvoir économique et politique de lobbying » écrit B. Morizot 13 tout à rebours de la réalité comme on l’a rappelé ici et comme établi de façon irréfutable par Ariane Cornerier (2021). Face à cette association, les paysans et chasseurs drômois sont démunis économiquement, personne parmi eux ne pouvait acheter cette propriété, même en s’associant à plusieurs. Ils sont aussi démunis juridiquement face à une association procédurière, eux qui ont l’habitude de régler leurs différends sans passer par la case procès qui coûte cher. Ils le sont médiatiquement parce que, comme ils le reconnaissent « « nous, les paysans, on n’est pas bon pour l’allocution, eux ils sont doués pour ça, ils sont tout le temps dans les médias »14 Il ne leur reste que la manifestation. Dans le cas précis, on voit que le dominant n’est pas celui que Morizot voudrait nous faire croire.


Si le ré-ensauvagement à la mode de l’ASPAS diffère de la préservation de la wilderness à l’américaine en ce sens qu’il ne postule pas un état initial vierge de toute influence humaine que les blancs ont cru trouver et qu’il fallait préserver, il lui ressemble dans sa manière de procéder. Pour créer les parcs nationaux, les colons blancs en ont expulsé leurs habitants, oublieux du fait que s’ils étaient dans l’état dans lequel ils les voyaient, c’étaient parce que ceux y vivaient et en vivaient les avaient conservés ainsi. Et c’est ainsi partout dans le monde : « C’est souvent précisément parce que ces endroits ‘sauvages’ ont été protégés par leurs gardiens autochtones que les défenseurs de l’environnement les ont choisis comme réserves. »15 Cela n’est pas sans conséquences pour les populations ainsi expulsées de leur milieu de vie : «L’expropriation des peuples autochtones à des fins de protection de la nature peut paraître plus bénigne [qu’à des fins économiques], mais pour eux, les conséquences n’en sont pas moins catastrophiques. Une fois séparés de leurs terres, ils commencent à oublier leurs traditions, leur savoir-faire et leurs connaissances qui ensemble tissent la toile de leur identité. S’ensuit alors un profond déclin de leur santé physique et mentale. » 16


L’ASPAS a jeté son dévolu sur cette propriété à Léoncel parce qu’elle était en bon état de conservation d’un point de vue écologique et possédait une « haute naturalité » mais qui a laissé pousser ses arbres centenaires ? Grâce à qui ces lieux sont en « bon état de conservation », exploités en leur conservant une « haute naturalité » ? C’est grâce à la chasse honnie et aux ruraux qui y vivent. En guise de remerciement, ils en sont expulsés, perdants d’un combat à armes inégales. Certes, ce n’est pas tout un peuple, simplement quelques ruraux mais ce n’est pas pour autant sans conséquences pénalisantes pour eux. Il ne s’agit pas seulement de problèmes économiques mis à part les éleveurs directement touchés, la propriété étant privée, « Il s’agit d’une dépossession symbolique ressentie à l’échelle locale puisque les locaux sentent remis en cause leur manière de gérer leur environnement » 17 Ils se sentent remis en question dans leur façon d’être.
 

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Cueillette et chasse réglementées mais non interdites n’entravent pas la libre évolution d’un milieu, elles en sont un facteur. Pour le comprendre il faut bien se rendre compte qu’à part quelques milieux qui leurs sont particulièrement hostiles, il n’y a pas de territoires dans lesquels des humains (sapiens, néandertaliens, …) n’ont pas séjourné, plus ou moins longtemps à une époque ou une autre et qui ont eu une influence plus ou moins importante sur le cours de la nature dans ces lieux, y compris sur les forêts dites vierges qui ont été l’objet d’occupation très anciennes, occupation dont on retrouve aujourd’hui les traces, notamment en Amazonie18 , pourtant considérée comme une forêt primaire. On doit convenir qu’à partir de la fin pléistocène déjà, bien rares sont les sites dont le devenir n’a pas été influencé par des humains et de façon bien plus durable que peuvent le faire un ramasseur de champignons ou un cueilleur occasionnel de fraises ou de simples, et même un chasseur. C’est pourquoi dans un espace en libre évolution, des activités de cueillettes et de chasse ne devraient pas être interdites mais simplement réglementées comme elles le sont d’ailleurs dans le cadre d’arrêtés émanant des collectivités concernées et des plans de chasse établis par les préfets en tant que représentant de l’Etat en concertation avec les associations et syndicats concernés. Un espace en libre évolution est modulo ces restrictions, un espace laissé à lui-même. Du moins, c’est cette forme de libre évolution qui ne lèse personne qui peut être bien acceptée socialement, un lent re-wilding qui n’est pas utilisé à des fins anti-chasses comme c’est le cas des réserves de l’ASPAS.


Il n’y a pas que les parcelles forestières oubliées ou même inconnues de leurs propriétaires que cite Morizot qui sont en libre évolution en ce sens, sans aménagement ni gestion d’aucune sorte. Par exemple il y a aussi les parcelles dont le propriétaire est inconnu, des ripisylves, des forêts de ravin, des forêts de montagnes sur des pentes inaccessibles ou trop fortes, trop ébouleuses pour être exploitées, les couloirs d’avalanches et leurs abords, les pierriers, etc. ... Il faut y ajouter les terrils, les terres agricoles en déprise…


La libre évolution suppose un temps long pour que jouent pleinement les processus de ré-naturalisation et il se peut que certains de ces espaces abandonnés aujourd’hui soient exploités à nouveau demain d’une manière ou d’une autre comme le remarque Morizot. Pas tous, cependant.


Pour s’en tenir aux parcelles agricoles en déprises, aux friches dont la ré-naturalisation est de loin la plus intéressante à long terme, on peut raisonnablement conjecturer que parmi elles il y en a qui ne seront plus cultivées, ni exploitées parce que mal situées, au sol trop ingrat ou tout simplement impropres à une remise en culture avec des techniques agricoles modernes. Même avant que la déprise agricole commence, elles n’étaient que pâturées extensivement par des moutons, pâturage qui s’insérait dans des formes d’économie locale disparues et qui n’est plus du tout rentable aujourd’hui. Ces terres sont celles qui ont été abandonnées les premières. Certes, il n’y a pas de garanties juridiques pour qu’elles le restent mais des contraintes physiques jouant sur le long terme et des contraintes économiques jouant à court et moyen terme. Ce qui ne veut pas dire que des arrêtés interdisant le défrichement et l’artificialisation de ces parcelles ne seraient pas les bienvenus pour ce qui les concernent. De toute façon, sur le long terme, a fortiori sur le très long terme, il ne peut y avoir aucune garantie. C’est un leurre de croire que sur de telles durées la propriété sanctuarisée aujourd’hui le sera encore dans cent ou deux cents ans. Terre en déprise abandonnée avec très peu de chances de reprise ou réserve privée associative sont logées à la même enseigne.

Pour Morizot néanmoins, il y aurait une autre différence entre des terres en déprises en une libre évolution qui ne serait que « le fantôme présent de l’exploitation passée » et « une libre évolution positive, qui ne soit pas un délaissement, mais un acte affirmatif de protection » 19 Un acte affirmatif de protection de qui ? De l’ASPAS dans le cas présent, c’est-à-dire d’une institution humaine. Une libre évolution positive n’est donc pas une véritable évolution libre puisqu’elle est entièrement voulue, initiée et protégée par des propriétaires gestionnaires du lieu à l’aide de leurs règles (la propriété privée, ses droits et la charte qu’ils édictent) pour la faire respecter.

Donc « la libre évolution positive » est le contraire d’une authentique « libre évolution ». Il faut des panneaux pour en matérialiser les limites (propriété oblige) et des gardiens pour en faire respecter le règlement intérieur. La contradiction étant un peu trop voyante, pour tenter de l’atténuer, l’auteur ajoute : « le mot protection est ici inapproprié ». Si le mot protection est inapproprié, c’est la définition de la « libre évolution positive » qui est incorrecte. Dans ce cas pourquoi l’avoir donnée si ce n’est pour la valoriser face à cette autre forme de libre évolution qui ne serait que le « délaissement » forme qui a mes faveurs. Il reste donc à savoir ce qu’est en définitive une libre évolution positive ?


C’est, je cite : « Une vivification » 20 (sic !) ou plus précisément « une conservation dynamique centrée sur des potentiels écologiques et évolutifs auxquels donner les conditions d’un épanouissement » ! Vivification de quoi, par qui ? Conservation dynamique de quoi, par qui? De la propriété acquise et ses écosystèmes par les propriétaires en tant que « maître d’ouvrage » si l’on peut dire. Une conservation dynamique ainsi conçue n'est en réalité pas une libre évolution. Le sens de cette expression qui a tout d’une contradiction dans les termes s’éclaire lorsque l’on remplace le terme de « conservation » par celui de « gestion ». Il s’agit d’opposer deux modes de gestion d’espaces protégés. Pour l’un on fait en sorte de laisser s’exprimer dans cet espace « les potentiels écologiques et évolutifs » (vivification) en le soumettant à un règlement ad hoc avec des gardes pour le faire respecter et pour l’autre on met en œuvre « un aménagement qui vise à maintenir l’espace en question en l’état pour préserver sa valeur intrinsèque ». On comprend bien pourquoi Morizot n’emploie pas le terme de gestion. Ce serait reconnaître que les espaces achetés par l’ASPAS et transformés en « réserves de nature sauvage® » sont en fait gérées. Et d’ailleurs, s’il fallait une preuve supplémentaire qu’il s’agit bel et bien d’une gestion, il faut préciser que pour Morizot, le gestionnaire ne doit pas s’interdire quelques « coups de pouce » : « La conservation de la nature est constamment obligée d’agir pour sanctuariser les milieux : en aménageant les habitats pour sauver une espèce en danger, en dépolluant, en réintroduisant ».21


Si on aménage, il n’y a plus beaucoup de différence avec les gestions interventionnistes. Pour certaines orchidées par exemple, il faut éviter que le milieu se referme en fauchant ou par le pâturage ovin. Ces moutons dont la directrice de l’ASPAS ne veut pas. Quant aux réintroductions, elles négligent le fait que les populations d’une même espèce ne sont pas interchangeables comme le souligne le Professeur Alain Dubois : ««il n’existe pas deux populations [d’individus de la même espèce] qui possèdent exactement les mêmes compositions et fréquences alléliques, ni les mêmes particularités morphologiques, éthologiques, etc. »22 ( Dubois 2008) Ces nouvelles populations n’existeraient pas sans l’intervention des « gestionnaires » qui ont déplacé de façon répétée et volontairement des sujets de même espèce ou d’espèces diverses sur de longues distances : les populations ainsi obtenues ne différent pas de celles de jardins botaniques ou de parcs zoologiques et sont totalement artificielles23 . Elles seraient censées restaurer les fonctionnalités d’un écosystème. Le gestionnaire en les introduisant ne ferait qu’amorcer un processus vertueux sans qu’il intervienne plus avant. En somme il suffirait de tirer sur la chevillette et la bobinette cherra ! Comme le montre la belle mais fausse histoire de la réintroduction de loups dans le parc du Yellowstone, c’est trop beau pour être vrai. On trouvera un bon exposé de ce cas sur le site « Zoom Nature » de G. Guillot : « Les loups de Yellowstone : une (trop) belle histoire naturelle ! https://www.zoom-nature.fr/les-loups-de-yellowstone-une-trop-belle-histoire-naturelle D’autres études mettent en avant le facteur « paysage de la peur » provoqué par la présence de prédateurs sur les herbivores et qui tendrait à limiter leur densité. Mais tout cela est loin d’être prouvé et est controversé dans la littérature. Dans le cas de Yellowstone, ce n’est pas bien documenté mais fort controversé.


Malgré les graves objections qu’il suscite, l’ASPAS croit sans doute encore à ce beau conte. Voir par exemple l’article de l’ASPAS dans lequel cette association propose d’introduire des lynx pour réguler les chamois sur le Ventoux : « les experts sylvo-cynégétiques oublient (font exprès d’oublier) un (gros) détail : en présence des grands prédateurs, les ongulés se dispersent, leurs populations sont naturellement régulées, et c’est toute la biodiversité qui en profite.. » https://www.aspas-nature.org/et-si-on-reintroduisait-les-lynx-sur-le-mont-ventoux/. Des lynx à la place des chasseurs, bien entendu ! Le "gros détail" c'est ce miraculeux "paysage de la peur" instauré par la seule présence de prédateurs. Ses effets sont incertains, mal évalués, variables selon le contexte, les espèces concernées et de multiples facteurs. La littérature dans les revues scientifiques spécialisées est abondante sur ce sujet mais l'ASPAS n'aura retenu, comme le prouve le texte cité que ce qui va dans son sens. C'est un cas typique de "cherry picking" dans un but militant, autrement dit une instrumentalisation de l’écologie scientifique à des fins partisanes.


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Parce que délaissés, les espaces qui n’ont plus d’intérêt agricole suivent leur propre destinée. Pour ceux que je connais bien, lorsqu’ils se transforment en fourrés, nul besoin d’en interdire l’entrée. Les renards y chassent les lapins et autres petits rongeurs, les blaireaux sont aussi de la partie. Ni ours réintroduits, ni loups en recherche de territoires, du moins à ce stade. L’homme n’y pénètre guère et le chasseur y envoie ses chiens déloger le gibier qui y prospère. Sous le couvert et la défense des épines noires, des ronces, des aubépines naissent les arbres de la forêt de demain. D’ailleurs les paysans ne s’y sont pas trompés pour eux l’épine noire est la mère de la forêt. Ailleurs, notamment en montagne, les prés trop pentus pour une fauche mécanique sont abandonnés et certaines estives délaissées. Ce sont les fougères, les rhododendrons qui envahissent les lieux et sont les prémices de la reconquête forestière24 sans qu’il soit besoin de semer ou de planter. Ailleurs encore et selon la nature du sol, ce sont les genêts à balais aujourd’hui dénommés Cytisus scoparius dans le langage de la botanique. Dans cette nature férale aux multiples visages, l’homme qu’il cueille ou chasse a sa place et pas seulement le contemplatif comme dans les réserves de l’ASPAS. Quant au randonneur, il s’y sentira mal, surtout celui qui ne sait que suivre des balises, mais dans les réserves de l’ASPAS ; il se sentira bien quoique un peu à l’étroit. Elles sont plus adaptées aux promeneurs qui ont peur des chasseurs  et qui espèrent se promener dans le bois pendant que le loup y sera (et qu’on le verra !!!).

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1 Le Monde, 8 Octobre 2020 

2 Morizot B., 2020 Raviver les braises du vivant, Acte Sud/wildproject  Eds.  200 pages, p.68

3 Dire que le dualisme Homme/Nature est une invention de l’homme occidental est incorrect dans la mesure où cela sous-entend qu’il s’agit sinon d’une pure chimère du moins une construction idéologique que d’autres cultures ne partagent pas, notamment celles des peuples « premiers ». À partir d’une certaine puissance technique, l’homme occidental est de moins en moins soumis aux lois du vivant qu’il peut détourner ou même contrer comme par exemple la sélection naturelle. Le dualisme homme/nature propre à notre civilisation occidentale ne fait que refléter un état de fait d’abord rêvé puis de plus en plus réalisé. Cela ne veut pas dire qu’il faut pour autant négliger ou combattre ce qui reste de nature en nous et hors de nous. Le problème est alors : quelle union et selon quelles modalités entre ces deux pôles pour un bien vivre dans une nature épanouie hors de soi mais aussi en soi.

4  https://aspas-reserves-vie-sauvage.org/faq/ sous le titre « Est-ce vrai que vous confisquez des terres agricoles ? »

5 Ibid., sous le titre « Êtes-vous contre l’agriculture et la foresterie ? »

6 Rurbanisation par le tourisme et les résidences secondaires …

7 Entretien avec Ariane Cornerier, in Cornerier (2021) p.51

8 Ibid.

9 Déclaration de Madline Rubin à Charlie Hebdo, 21 août 2020, souligné par moi.

10 C’était déjà ce que l’ASPAS affirmait du Grand Barry

11 Voici ce qu’écrit la Confédération paysanne à ce sujet :

«Dès la création de cette réserve, la Confédération paysanne de la Drôme, ainsi que plusieurs autres organisations agricoles, avaient dénoncé cette situation. Depuis, nous avons accompagné ce paysan dans des négociations auprès de l'ASPAS pour que lui soit reconnu le droit de pâturer dans la réserve quelques semaines par an sur une petite surface adjacente à sa ferme. Nous venons malheureusement d'apprendre que l'ASPAS reste opposée à toute activité agricole, même biologique, comme c'est le cas ici. En fragilisant ainsi une ferme, l'ASPAS tend à promouvoir l'idée que les activités paysannes sont incompatibles avec le respect de l'environnement. La Confédération paysanne défend au contraire un modèle agricole en équilibre avec son milieu. » https://drome.confederationpaysanne.fr/actu.php?id=13025

12 Morizot B. 2020, passim.

13 Morizot B. 2020, p. 19.

14 Entretien avec Ariane Cornerier, in Cornerier (2021), p. 57.

15 Joanna Eede « Comment le concept occidental de nature sauvage et les politiques de protection de l’environnement ont affecté les peuples autochtones » https://www.survivalinternational.fr/textes/3195-nature-sauvage-imagination-humaine-et-peuples-indigenes

16 Ibid.

17 Cornerier (2021), p.51

18 Voir entre autres : Charles C. Mann 2005, [trad française 2007] 1491 : Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Paris, Albin Michel , 471 p. ; Charles R. Clement et al. (2015). The domestication of Amazonia before European conquest. Proc. R. Soc. B. 282: 20150813. http://dx.doi.org/10.1098/rspb.2015.0813 ;

19 Morizot 2020, p. 25, souligné par l’auteur.

20 Vivification : action de donne de la vigueur ! Donner de la vigueur à un espace naturel ! L’aurait-il perdue ?….

21 Morizot 2020, p. 139.

22 Dubois, 2008, « La notion de pollution biotique : pollutions faunistiques, floristiques, génétiques et culturelles » , Bull. Soc. zool. Fr., 2008, 133(4) : 357-382, p. 372

23 Il faut distinguer entre des populations qui se reconstituent sans intervention humaine (par exemple les macareux des Sept Iles, ou les loups qui reconquièrent leurs anciens territoires et les ours de Slovénie importés dans les massifs des Pyrénées françaises qui appartiennent à une population distincte et qui ne pouvait être mise en contact avec celle des Pyrénées que de façon totalement artificielle. Aujourd’hui cette dernière n’existe plus. Les ours dans les Pyrénées sont des ours slovènes. La population des Pyrénées avec son histoire évolutive propre et ses particularités qui en faisait l’originalité a disparu à jamais et c’est irréversible, irréparable. Il n’y a plus de braises sur lesquelles souffler, juste des cendres.

24 Pour les estives au-dessous de la limite des arbres, bien entendu mais avec le réchauffement climatique celle-ci tend à s’élever en altitude.


Samedi 10 Février 2024 Commentaires (0)
Épais manteau de neige, chaude chemise de feuilles mortes.
Ce sont mes vêtements pour affronter l’hiver.
Je me retire sous vos racines.
Le froid a brûlé ma corolle orangée.
Une saison pour tisser le réseau, offrir à nouveau
À votre admiration un bel anneau
De girolles autour du hêtre ou du bouleau.
 
Ce texte est tiré d’un ouvrage étrange que j’ai découvert sur les rayons d’un bar-épicerie-tabac-presse, un jour de pluie lors de vacances en montagne. Il fait parler les arbres et les champignons d’une forêt de l’Ariège, un individu de chacune des espèces qui y poussent, un par chapitre et à chaque fin de chapitre un champignon associé prend la parole. Ils nous parlent d’eux-mêmes mais aussi des hommes qui ont parcouru cette forêt, qui l’ont malmenée et s’y sont souvent affrontés. Et c’est à un champignon qu’il sera donné de conclure :
 
               Que passent les hommes,
               Que meurent les arbres,
               Les champignons demeurent.
               Nous sommes l’âme de la forêt.
 
L’ouvrage est préfacé par Marc-André Selosse qui invite le lecteur à « Respirez et laissez-vous pénétrer par les lignes qui suivent, à l’intense ambiance forestière. Une belle odeur sylvicole et une lumière de sous-bois règnent sur le livre, comme seuls savent les rendre ceux qui ont passé de longues heures parmi les arbres. Les tribulations de l’homme et son hubris vont s’y dépeindre, en une fine observation de l’humanité, sans jugement, avec une infinie compassion » Comme je ne saurai mieux dire, j’ai recopié cet extrait qui traduit bien mes sentiments après avoir refermé le livre.
 
Si je vous ai donné envie de lire ce livre, voici la référence : Jean-Baptiste Cordonnier (H)êtres – Récit avec des illustration de PIcor, Le Pas de l’oiseau édition 2021,  www.lepasdeloiseau.fr
 

Mardi 21 Novembre 2023 Commentaires (0)

Dans un article daté du 17/10/2023 du Blog « Osez Fontenay ! » dont il est à a fois modérateur et contributeur, Michel Giraud répond à une critique de Michel Bayet qui l’a accusé d’utiliser le terme de terroriste dans le contexte du conflit Israélo-Palestinien qui vient de prendre un tour nouveau. Il affirme : « Chercher à détruire le Hamas en mettant sciemment en danger la population palestinienne est une faute ».
Non, c’est bien pire qu’une faute et le gouvernement d’Israël ne se contente pas de « mettre en danger » la population palestinienne. » Ce doux euphémisme est scandaleux.


 Avec les bombardements qu’il ordonne, bombardements qu’approuvent la majorité des Israéliens, le gouvernement Israélien fait tuer des civils, hommes,  vieillards, femmes, enfants, malades, handicapés, indistinctement. Et il les tue en bien plus grand nombre que n’a pu le faire le Hamas, faute de disposer des mêmes moyens. Mais bien sûr tuer avec des bombes, obliger une population à fuir de chez elle et quitter son territoire en la terrorisant avec des bombardements massifs, ce n’est pas du terrorisme ! Non, ce n’est même pas un crime de guerre. Au train où vont les choses, c’est pire encore, éradiquer une population d’un territoire pour se l’approprier ? … La qualification de crime contre l’humanité n’est pas loin, à condition qu’un tribunal international qui ne se contente pas de juger les perdants d’un conflit se saisisse de l’affaire. Bref, une juridiction dont la devise ne serait pas : « Vae victis ! »
 

Mercredi 18 Octobre 2023 Commentaires (0)
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