Un vœu sur la «sortie du nucléaire» présenté par le groupe EE-LV au Conseil régional d’Ile de France a été adopté lors de la séance du 30 septembre 2011, chose impensable il y a quelques mois dans une assemblée où les écologistes sont minoritaires ! Fukushima est passé par là. Il faut dire aussi que le groupe EELV avait mis beaucoup d’eau dans son vin pour obtenir ce résultat. Trop peut-être… Et malgré cela, le PS s’est contenté de refuser de voter. Une attitude à la Ponce Pilate qui laisse mal augurer de l’avenir…
La fin du nucléaire en France : quelle date?
Le vœu demande une sortie «progressive » du nucléaire sur « une génération ». C’est bien flou comme délais. Les Allemands et les Suisses ont fixé des dates précises, respectivement 2022 et 2034, soit 10 et 22 ans comme le rappelle d’ailleurs l’exposé du motif du vœu. Cette question du délai est capitale. Selon le dernier scénario de l’association Négawatt, la France pourrait achever sa sortie du nucléaire en 2033.
Le vœu demande une sortie «progressive » du nucléaire sur « une génération ». C’est bien flou comme délais. Les Allemands et les Suisses ont fixé des dates précises, respectivement 2022 et 2034, soit 10 et 22 ans comme le rappelle d’ailleurs l’exposé du motif du vœu. Cette question du délai est capitale. Selon le dernier scénario de l’association Négawatt, la France pourrait achever sa sortie du nucléaire en 2033.
Les écologistes et les anti-nucléaires estiment que EE-LV doit être clair sur cette question car c’est là-dessus que se joueront les négociations futures avec les partis de la Gauche. Elles ne se joueront pas sur la question de savoir si la France sort ou non du nucléaire. Pour EE-LV cela n’est pas négociable, du moins si les propos tenus par Eva Joly ne sont pas du vent. Pour le PS, Hollande mis à part, c’est acquis. La négociation ne pourra donc porter que sur les délais et la date à laquelle le dernier réacteur sera mis à l’arrêt. Cette mise à l’arrêt ne signifiera hélas, ni la fin des ennuis avec le nucléaire, ni celle des risques d’accident car même à l’arrêt, les réacteurs des centrales nucléaires restent dangereux comme l’a bien montré Fukushima et il faudra résoudre des problèmes de démantèlement, de gestion des déchets qui s’étaleront sur des années sans terme assignable. D’où la nécessité d’arrêter au plus vite cette aventure. En parlant de sortie « progressive » sur « une génération », on noie le poisson. Il faut des dates précises et la définition d’un calendrier. Dans les négociations futures pour les législatives et sur un contrat éventuel de gouvernement, Europe Écologie Les Verts se contentera-t-il d’un tel flou ? S’il veut participer à tout prix à un gouvernement de gauche à dominante PS, on peut le craindre tant il est vrai que sur les questions énergétiques et notamment le nucléaire, il y a toujours eu des divergences profondes entre la gauche et les écologistes. Ce serait tenir à peu de frais l’engagement pris par Eva Joly mais ce serait une fois de plus (une fois de trop ?) prendre les anti-nucléaires pour des imbéciles.
Remise en cause de l'EPR ou abandon, il faudrait préciser...
Les conseillers régionaux EE-LV posent aussi quelques exigences précises dans ce vœu : la fermeture immédiate des « plus vieilles centrales en activité » comme celle de Fessenheim, la mise en œuvre d’un « plan massif d’économies d’énergie et promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétiques », le développement de « manière décisive » ( ?) des énergies renouvelables, autant de points sur lesquels tous ceux qui veulent diversifier le mix énergétique français ne peuvent qu’être d’accord, exceptés les nucléocrates inconditionnels. Ils proposent également la « remise en cause » du projet EPR « en commençant par les chantiers de Flamanville et de Penly », ce qui pourrait être considéré comme un « point dur ». Mais, cette impression se dissipe lorsque l’on constate qu’il s’agit seulement d’une remise en cause, pas un abandon. Comme dans un texte de ce genre, tous les mots sont pesés, chacun conviendra qu’il s’agit beaucoup plus que d’une nuance. On remarquera également que c’est à peu près la position sur laquelle semblaient s’accorder les prétendants à l’investiture PS lors du débat sur France 2.
Remise en cause de l'EPR ou abandon, il faudrait préciser...
Les conseillers régionaux EE-LV posent aussi quelques exigences précises dans ce vœu : la fermeture immédiate des « plus vieilles centrales en activité » comme celle de Fessenheim, la mise en œuvre d’un « plan massif d’économies d’énergie et promouvoir la sobriété et l’efficacité énergétiques », le développement de « manière décisive » ( ?) des énergies renouvelables, autant de points sur lesquels tous ceux qui veulent diversifier le mix énergétique français ne peuvent qu’être d’accord, exceptés les nucléocrates inconditionnels. Ils proposent également la « remise en cause » du projet EPR « en commençant par les chantiers de Flamanville et de Penly », ce qui pourrait être considéré comme un « point dur ». Mais, cette impression se dissipe lorsque l’on constate qu’il s’agit seulement d’une remise en cause, pas un abandon. Comme dans un texte de ce genre, tous les mots sont pesés, chacun conviendra qu’il s’agit beaucoup plus que d’une nuance. On remarquera également que c’est à peu près la position sur laquelle semblaient s’accorder les prétendants à l’investiture PS lors du débat sur France 2.
Cécile Duflot
La sortie du nucléaire aux calandes grecques?
Bref, ce vœu s’aligne sur les positions officielles du PS. Comme Martine Aubry qui veut voir « la première génération de l’après nucléaire », Cécile Duflot qui a signé ce vœu et l’a présenté en séance parle en terme de génération. La question qui se pose alors est évidement celle de savoir ce que signifie cet alignement pur et simple sur les positions officielles du PS. Question d’importance qui dépasse le Conseil régional puisque que c’est Cécile Duflot, la secrétaire nationale du Parti qui l’a signé et présenté en séance. Voulait-elle mettre le PS au pied du mur et l’obliger à assumer ses propres positions sous peine de se discréditer ? Dans ce cas, c’est une réussite et la dérobade piteuse du groupe PS montre le peu de cas qu’il faut faire des beaux discours de ses dirigeants et même de son programme, du moins lorsque c’est l’énergie qui est en cause. Il y a une autre hypothèse : les « grandes manœuvres » pour les scrutins à venir ont commencées. Dans cette hypothèse, Duflot présentait le compromis qu’elle était prête à accepter pour parvenir à des accords de gouvernement, si l’on peut parler en l’occurrence de compromis, un tel alignement ressemblant plutôt à une sorte de capitulation avant même la bataille. Les deux hypothèses ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre. L’une et l’autre sont de bien mauvaise augure. Comme toujours, au niveau national, les programmes du PS ne semblent n’engager que ceux qui les lisent. Europe Ecologie Les Verts, ou du moins ceux de ses dirigeants qui lorgnent des postes ministériels ou sur des sièges de député sont peut-être prêts à se dire que « Paris vaut bien une messe », à lâcher du lest sur les sujets qui fâchent pour obtenir un portefeuille, ou un siège. À toujours être hésitant, flou sur les échéances, on peut craindre que la sortie du nucléaire soit, une fois de plus reportée aux calendes grecques ou, pour le dire en des termes plus familiers, à la Saint Glinglin. La Saint Glinglin, sur cette date, PS et EE-LV s'accorderont facilement. A force de tenter le diable, un accident risquera bien de tout remettre en cause. Alors, nous sortirons du nucléaire en catastrophe, mais il sera trop tard.
Vigilance
Souvenons-nous. Jospin avait sacrifié le surgénérateur Superphenix sur l'autel de la gauche plurielle. Sacrifice hautement symbolique mais qui ne nuisait guère aux intérêts des nucléocrates. On mettait ainsi fin à une impasse dispendieuse en leur évitant de perdre la face en la reconnaisant. Puis, plus rien. La suite fut une succession de couleuvres que Les Verts durent avaler. Il apparaît de plus en plus que la construction de l'EPR de Flamanville tourne au cauchemard technique et financier. Même si EELV ne semble pas en faire un préalable, il sera peut-être sacrifié sur l'autel d'un accord de gouvernement PS/EELV. Mais sans sortie programmée du nucléaire avec une date butoir, l'histoire risque fort de se répéter. A tous les anti-nucléaires d'être vigilants, vis-à-vis du PS certes, mais aussi vis-à-vis d'EELV.
Bref, ce vœu s’aligne sur les positions officielles du PS. Comme Martine Aubry qui veut voir « la première génération de l’après nucléaire », Cécile Duflot qui a signé ce vœu et l’a présenté en séance parle en terme de génération. La question qui se pose alors est évidement celle de savoir ce que signifie cet alignement pur et simple sur les positions officielles du PS. Question d’importance qui dépasse le Conseil régional puisque que c’est Cécile Duflot, la secrétaire nationale du Parti qui l’a signé et présenté en séance. Voulait-elle mettre le PS au pied du mur et l’obliger à assumer ses propres positions sous peine de se discréditer ? Dans ce cas, c’est une réussite et la dérobade piteuse du groupe PS montre le peu de cas qu’il faut faire des beaux discours de ses dirigeants et même de son programme, du moins lorsque c’est l’énergie qui est en cause. Il y a une autre hypothèse : les « grandes manœuvres » pour les scrutins à venir ont commencées. Dans cette hypothèse, Duflot présentait le compromis qu’elle était prête à accepter pour parvenir à des accords de gouvernement, si l’on peut parler en l’occurrence de compromis, un tel alignement ressemblant plutôt à une sorte de capitulation avant même la bataille. Les deux hypothèses ne sont d’ailleurs pas exclusives l’une de l’autre. L’une et l’autre sont de bien mauvaise augure. Comme toujours, au niveau national, les programmes du PS ne semblent n’engager que ceux qui les lisent. Europe Ecologie Les Verts, ou du moins ceux de ses dirigeants qui lorgnent des postes ministériels ou sur des sièges de député sont peut-être prêts à se dire que « Paris vaut bien une messe », à lâcher du lest sur les sujets qui fâchent pour obtenir un portefeuille, ou un siège. À toujours être hésitant, flou sur les échéances, on peut craindre que la sortie du nucléaire soit, une fois de plus reportée aux calendes grecques ou, pour le dire en des termes plus familiers, à la Saint Glinglin. La Saint Glinglin, sur cette date, PS et EE-LV s'accorderont facilement. A force de tenter le diable, un accident risquera bien de tout remettre en cause. Alors, nous sortirons du nucléaire en catastrophe, mais il sera trop tard.
Vigilance
Souvenons-nous. Jospin avait sacrifié le surgénérateur Superphenix sur l'autel de la gauche plurielle. Sacrifice hautement symbolique mais qui ne nuisait guère aux intérêts des nucléocrates. On mettait ainsi fin à une impasse dispendieuse en leur évitant de perdre la face en la reconnaisant. Puis, plus rien. La suite fut une succession de couleuvres que Les Verts durent avaler. Il apparaît de plus en plus que la construction de l'EPR de Flamanville tourne au cauchemard technique et financier. Même si EELV ne semble pas en faire un préalable, il sera peut-être sacrifié sur l'autel d'un accord de gouvernement PS/EELV. Mais sans sortie programmée du nucléaire avec une date butoir, l'histoire risque fort de se répéter. A tous les anti-nucléaires d'être vigilants, vis-à-vis du PS certes, mais aussi vis-à-vis d'EELV.
Dimanche 2 Octobre 2011
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