À la fois roman d’aventure qui n’est pas dépourvu d’humour, cet ouvrage de William Tenn est aussi une fable qui ne devrait pas déplaire aux adversaires de la vivisection, aux végans, aux antispécistes et plus largement à tous ceux (dont je suis) qu’agace prodigieusement la satisfaction béate que la majorité des philosophes français manifeste à l’égard de leur propre espèce. Sa lecture, à supposer qu’ils daignent le lire, ferait en effet grincer quelques dents à tous ces philosophes ou politiciens humanistes anthropocentristes. C’est un peu pour cela, pour son aspect provocateur et aussi parce que je trouve que c’est un bon livre que je tente d’en rappeler l’existence par cet article. Il appartient au genre protéiforme Science-Fiction.
Cet ouvrage a été publié en juin 1968 sous le titre « Of men and monsters » chez Ballantine Books, traduit en Français par Elisabeth Gille et Simone Hilling en 1970 aux éditions OPTA, n°74 de la fameuse collection Galaxie bis, réédité en anglais chez Hachette UK en 2011, disponible d’occasion en français.
Au premier degré il s’agit d’un livre de SF de facture assez classique, un roman d’aventure initiatique fort bien conduit, sans temps mort et plein de rebondissements. L’action se déroule dans un futur, proche ou lointain, où venus de l’espace des extra-terrestres ont envahi la planète et en sont devenu l’espèce dominante. Aux yeux des hommes déchus, ce sont des monstres, des géants immensément grands et outrageusement laids. Aux yeux de ces monstres les hommes ne sont que de la vermine, une vermine infecte qu’ils ne se hasarderaient pas à toucher avec leurs tentacules préhensiles et qu’ils attrapent avec des sortes de lanières sur lesquelles ils se retrouvent collés dès qu’elles les touchent. Il y a même une catégorie de ces monstres qui en ont une peur bleue et se mettent à hurler en les voyant. Les hommes les reconnaissent à la forme et à la couleur de leurs tentacules.
Il faut dire que comme les souris ou les cafards, les hommes vivent dans des galeries creusées dans l’épaisseur des murs des demeures des monstres et à leurs crochets en pillant leurs réserves en nourritures et produits variés. Comme pour les souris et les cafards dans nos maisons, il leur est très dangereux de se risquer à découvert mais cela leur pourtant nécessaire pour s’approvisionner.
Le futur de l’humanité serait d’être réduit au statut de vermine prolifique et odorante parasitant une espèce qui la surpasse tant physiquement que par sa science et sa technologie.
Au premier degré il s’agit d’un livre de SF de facture assez classique, un roman d’aventure initiatique fort bien conduit, sans temps mort et plein de rebondissements. L’action se déroule dans un futur, proche ou lointain, où venus de l’espace des extra-terrestres ont envahi la planète et en sont devenu l’espèce dominante. Aux yeux des hommes déchus, ce sont des monstres, des géants immensément grands et outrageusement laids. Aux yeux de ces monstres les hommes ne sont que de la vermine, une vermine infecte qu’ils ne se hasarderaient pas à toucher avec leurs tentacules préhensiles et qu’ils attrapent avec des sortes de lanières sur lesquelles ils se retrouvent collés dès qu’elles les touchent. Il y a même une catégorie de ces monstres qui en ont une peur bleue et se mettent à hurler en les voyant. Les hommes les reconnaissent à la forme et à la couleur de leurs tentacules.
Il faut dire que comme les souris ou les cafards, les hommes vivent dans des galeries creusées dans l’épaisseur des murs des demeures des monstres et à leurs crochets en pillant leurs réserves en nourritures et produits variés. Comme pour les souris et les cafards dans nos maisons, il leur est très dangereux de se risquer à découvert mais cela leur pourtant nécessaire pour s’approvisionner.
Le futur de l’humanité serait d’être réduit au statut de vermine prolifique et odorante parasitant une espèce qui la surpasse tant physiquement que par sa science et sa technologie.
Vendredi 27 Mai 2016
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Bien que la notion de biodiversité soit une notion forgée par un biologiste, la « crise de la biodiversité » n’est pas un phénomène qui relève de la biologie ou plus généralement de la science bien que la science puisse sinon la mesurer du moins l’évaluer. Par contre elle ne permet pas de justifier que nous tentions de la sauvegarder. De plus, non seulement la science nous est d’un maigre secours pour la protection de ce que cette biodiversité désigne mais source des innovations technologiques qui la mettent à mal, elle est une des causes de son érosion.
La biodiversité comme arme politique
Ce que la biodiversité désigne, son référent n’est rien d’autre que la Nature. Mais ‘la Nature’ avec un ‘N’ majuscule est une notion métaphysique délicate à élucider et ‘la nature’ sans majuscule est une notion vague avec une référence aux limites incertaines. De là découle l’intérêt du concept de biodiversité pour un biologiste, écologue, taxonomiste ou autre. C’est en fin de compte une façon de désigner la nature sans être obligé d’en élucider la notion. D’un pur point de vue théorique ce concept ne semble pas avoir d’autre utilité. Par contre il est d’un intérêt militant capital comme le soutient Julien Delord (2009, p. 193) : « Il s’agit véritablement d’une arme politique par sa capacité à modifier les jeux de pouvoirs concernant l’environnement et la nature – nature qui, justement, bien qu’abîmée, broyée, polluée, reste la nature. Au contraire, la biodiversité en partie détruite, est forcément une biodiversité diminuée : il y a moins de biodiversité. Ainsi surgit l’urgence de sa sauvegarde ! » Je modifierai simplement la dernière phrase en « Ainsi peut surgir l’urgence de sa sauvegarde » car il ne suffit pas de pouvoir constater, évaluer voire mesurer cette diminution, il faut encore s’en soucier, ce qui n’est, hélas, pas le cas de tous les hommes, ni même de tous les scientifiques ou biologistes comme le souligne à juste titre Alain Dubois (2010, p.640).
Ce que la biodiversité désigne, son référent n’est rien d’autre que la Nature. Mais ‘la Nature’ avec un ‘N’ majuscule est une notion métaphysique délicate à élucider et ‘la nature’ sans majuscule est une notion vague avec une référence aux limites incertaines. De là découle l’intérêt du concept de biodiversité pour un biologiste, écologue, taxonomiste ou autre. C’est en fin de compte une façon de désigner la nature sans être obligé d’en élucider la notion. D’un pur point de vue théorique ce concept ne semble pas avoir d’autre utilité. Par contre il est d’un intérêt militant capital comme le soutient Julien Delord (2009, p. 193) : « Il s’agit véritablement d’une arme politique par sa capacité à modifier les jeux de pouvoirs concernant l’environnement et la nature – nature qui, justement, bien qu’abîmée, broyée, polluée, reste la nature. Au contraire, la biodiversité en partie détruite, est forcément une biodiversité diminuée : il y a moins de biodiversité. Ainsi surgit l’urgence de sa sauvegarde ! » Je modifierai simplement la dernière phrase en « Ainsi peut surgir l’urgence de sa sauvegarde » car il ne suffit pas de pouvoir constater, évaluer voire mesurer cette diminution, il faut encore s’en soucier, ce qui n’est, hélas, pas le cas de tous les hommes, ni même de tous les scientifiques ou biologistes comme le souligne à juste titre Alain Dubois (2010, p.640).
Vendredi 28 Novembre 2014
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Résumé : Après avoir établi que sous le terme « climato-sceptique » étaient regroupées des positions diverses vis-à-vis du changement climatique, de son évolution et de ses conséquences, on montre que le terme utilisé pour désigner ces diverses attitudes est impropre dans la mesure où les dits « climato-sceptiques » ne sont pas sceptiques en fait. Quelques-unes des diverses formes de scepticisme en matière de changement climatique sont alors esquissées.
Dans la dernière partie de l’article, étant admis que le véritable scepticisme en matière du changement climatique en cours est d’un point de vue théorique l’attitude (ou la « famille » d’attitudes) la plus rationnelle, on montre que celle-ci n’est pas, contrairement aux apparences, un obstacle à toute forme d’agir et l’on tente de justifier l’une d’entre elles.
Un « climato-scepticisme » aux multiples visages
On appelle communément « climato-sceptiques » ceux qui rejettent la doxa dominante issue des travaux du GIEC sur le « changement climatique », en fait un réchauffement climatique dû pour l’essentiel aux activités humaines et dont les conséquences seraient catastrophiques. Sont ainsi regroupés sous la même dénomination
(a1) ceux qui nient qu’un réchauffement global de la planète d’une ampleur inédite a eu lieu au vingtième siècle jusqu’à nos jours,
(a1 bis) ceux qui estiment que la notion de réchauffement global de la planète n’a pas de sens physique,
(a2) ceux qui nie que ce réchauffement global, en admettant qu’il ait eu lieu au vingtième siècle, va se poursuivre et prendre de l’ampleur,
(b) ceux qui nient que le réchauffement en cours est, et sera s’il perdure, d’origine anthropique,
(c) ceux qui nient que ce réchauffement en cours, à supposer qu’il se poursuive, aura les conséquences catastrophiques prédites ; ou qui nient telle ou telle conséquence catastrophique particulière annoncée ; ou bien encore qui nient qu’il sera d’une ampleur suffisante pour être la cause principale de telle ou telle catastrophe annoncée qui lui est imputée, ou de toutes.
Souscrire à (a1 bis), c’est rendre (b) et (c) sans objet. Accepter (a1), c’est rejeter (b) et (c) comme sans objet ou faux. On peut souscrire à (a2) sans souscrire à (b). Accepter (a1) ou (a2) implique d’adopter la dernière partie de la disjonction (c).
Accepter (b), c’est nier (a1) mais pas nécessairement (a2) et admettre ou non (c). Et inversement accepter (c), c’est laisser ouverte la question de savoir si (b) est vrai ou non – on peut l’admettre ou non – mais c’est aussi nier que (a1) soit vrai alors qu’il est possible d’admettre ou non (a2). Des choix différents entraînent évidemment des formes différentes de «climato-scepticisme».
Les climato-sceptiques ne sont pas sceptiques !
Il peut donc y avoir plusieurs formes très différentes les unes des autres de climato-scepticisme. Tel que formulé (c) à lui seul en recouvre un grand nombre. On voit déjà avec cette tentative d’élucidation que le terme de «climato-sceptique » est pour le moins ambigu.
On appelle communément « climato-sceptiques » ceux qui rejettent la doxa dominante issue des travaux du GIEC sur le « changement climatique », en fait un réchauffement climatique dû pour l’essentiel aux activités humaines et dont les conséquences seraient catastrophiques. Sont ainsi regroupés sous la même dénomination
(a1) ceux qui nient qu’un réchauffement global de la planète d’une ampleur inédite a eu lieu au vingtième siècle jusqu’à nos jours,
(a1 bis) ceux qui estiment que la notion de réchauffement global de la planète n’a pas de sens physique,
(a2) ceux qui nie que ce réchauffement global, en admettant qu’il ait eu lieu au vingtième siècle, va se poursuivre et prendre de l’ampleur,
(b) ceux qui nient que le réchauffement en cours est, et sera s’il perdure, d’origine anthropique,
(c) ceux qui nient que ce réchauffement en cours, à supposer qu’il se poursuive, aura les conséquences catastrophiques prédites ; ou qui nient telle ou telle conséquence catastrophique particulière annoncée ; ou bien encore qui nient qu’il sera d’une ampleur suffisante pour être la cause principale de telle ou telle catastrophe annoncée qui lui est imputée, ou de toutes.
Souscrire à (a1 bis), c’est rendre (b) et (c) sans objet. Accepter (a1), c’est rejeter (b) et (c) comme sans objet ou faux. On peut souscrire à (a2) sans souscrire à (b). Accepter (a1) ou (a2) implique d’adopter la dernière partie de la disjonction (c).
Accepter (b), c’est nier (a1) mais pas nécessairement (a2) et admettre ou non (c). Et inversement accepter (c), c’est laisser ouverte la question de savoir si (b) est vrai ou non – on peut l’admettre ou non – mais c’est aussi nier que (a1) soit vrai alors qu’il est possible d’admettre ou non (a2). Des choix différents entraînent évidemment des formes différentes de «climato-scepticisme».
Les climato-sceptiques ne sont pas sceptiques !
Il peut donc y avoir plusieurs formes très différentes les unes des autres de climato-scepticisme. Tel que formulé (c) à lui seul en recouvre un grand nombre. On voit déjà avec cette tentative d’élucidation que le terme de «climato-sceptique » est pour le moins ambigu.
Lundi 18 Août 2014
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Aujourd’hui, la question de la limitation de la population humaine est taboue, y compris pour beaucoup d’organisations, partis ou associations écologistes. Parmi les militants, Il y a des exceptions, Yves Cochet par exemple, mais leurs prises de position, même si elles donnent lieu à un article ou un livre, restent individuelles. Sans doute à cause de leurs convictions religieuses, certains « décroissants » veulent voir décroître bien des choses, mais pas la population humaine et l’on trouve des « décroissants » mêlant leurs voix aux lanceurs d’anathèmes contre les dénatalistes et les néomalthusiens, les accusant de toutes les tares morales et politiques, d’égoïsme, de mépris des hommes, d’antihumanisme pouvant aller jusqu’au fascisme, à une nouvelle forme de ce dernier : «l’écofascisme». Les mesures propres à stopper l’expansion de la population humaine à défaut de l’inverser sont aujourd’hui absentes de tous les scénarios que concoctent les experts ès écologie, ès énergies renouvelables ou bien encore ès développement durable. Pourtant si la décroissance de la population humaine ne peut à elle seule résoudre les crises écologiques actuelles, elle est en quelque sorte un prérequis, une condition nécessaire, mais bien sûr non suffisante, de la réussite de toute transition écologique.
À la naissance de l’écologie politique en France : le dénatalisme de René Dumont et du mouvement écologiste lors de la campagne présidentielle de 1974.
Tous ces écologistes sont bien loin des positions sur la démographie défendues par ceux qu’ils reconnaissent néanmoins être des fondateurs de la pensée écologiste et notamment de l’écologie politique en France. Il est loin le temps où René Dumont, lors des élections présidentielles de 1974 dénonçait « la surpopulation et les problèmes démographiques ». En 1974, René Dumont et la quasi-totalité du mouvement écologiste français estimaient qu’il y avait « déjà trop d’hommes » alors que « nourrir plus d’hommes implique la destruction du milieu naturel ». Pour Dumont et le mouvement écologiste qui soutenait sa candidature, le problème était aussi urgent en France qu’en Afrique ou au Bengladesh parce que « chaque français consomme 50 à 200 fois plus qu’un habitant du Tiers monde » et « que notre nourriture et nos ressources viennent du pillage du Tiers monde » (1) . Au niveau local, « il n’y a pas de défense possible des sites et des «espaces verts» dans un pays surpeuplé », tandis qu’au niveau planétaire la surpopulation, « c’est la FIN du monde, ou la FAIM du monde ou d’autres mesures » (2) . Face au Grand Jury RTL, à une époque où des natalistes comme Michel Debré voulaient une « France de 100 millions de Français », Dumont insiste : c’est dans les pays riches qu’il faut d’abord arrêter la croissance démographique « même s’ils sont dépeuplés, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers Monde, par le gaspillage de matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesses ».
Pour les fondateurs ou les précurseurs de l’écologie politique, la croissance exponentielle de la population humaine est un danger pour la survie de l’humanité même. Même s’il était outrancier avec des scénarios pas très bien fondés, La bombe P de Paul R. Ehrlich et Anne H. Ehrlich paru en 1968 est sans aucun doute une des origines de cette sensibilisation au problème démographique des écologistes des années 70. C’est d’ailleurs en 1970 que s’est constitué le groupe «Survivre et vivre» qui affirmait dans son premier bulletin que l’humanité ne pourra pas survivre « si elle n’arrive à contrôler sa population ». Juguler l’expansion démographique humaine était ressentie unanimement comme d’autant plus urgente que cette démographie possède « une grande inertie : elle répond lentement aux stimuli »(3) .Aussi lors de sa campagne, René Dumont n’hésite pas à proposer des mesures drastiques : le contrôle des naissances avec le droit inconditionnel des femmes à l’avortement, l’égalité homme/femme « leur permettant de n’être plus cantonnées dans leur rôle de mère », la suppression des allocations familiales et du quotient familial comme de tout encouragement à la natalité « mais seulement après que l’éventail des revenus soit resserré (il prévoyait un ensemble de mesures à cet effet), l’accès à la contraception soit général (ce qui n’était pas le cas à l’époque), la population prévenue »(4) .
Tous ces écologistes sont bien loin des positions sur la démographie défendues par ceux qu’ils reconnaissent néanmoins être des fondateurs de la pensée écologiste et notamment de l’écologie politique en France. Il est loin le temps où René Dumont, lors des élections présidentielles de 1974 dénonçait « la surpopulation et les problèmes démographiques ». En 1974, René Dumont et la quasi-totalité du mouvement écologiste français estimaient qu’il y avait « déjà trop d’hommes » alors que « nourrir plus d’hommes implique la destruction du milieu naturel ». Pour Dumont et le mouvement écologiste qui soutenait sa candidature, le problème était aussi urgent en France qu’en Afrique ou au Bengladesh parce que « chaque français consomme 50 à 200 fois plus qu’un habitant du Tiers monde » et « que notre nourriture et nos ressources viennent du pillage du Tiers monde » (1) . Au niveau local, « il n’y a pas de défense possible des sites et des «espaces verts» dans un pays surpeuplé », tandis qu’au niveau planétaire la surpopulation, « c’est la FIN du monde, ou la FAIM du monde ou d’autres mesures » (2) . Face au Grand Jury RTL, à une époque où des natalistes comme Michel Debré voulaient une « France de 100 millions de Français », Dumont insiste : c’est dans les pays riches qu’il faut d’abord arrêter la croissance démographique « même s’ils sont dépeuplés, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers Monde, par le gaspillage de matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesses ».
Pour les fondateurs ou les précurseurs de l’écologie politique, la croissance exponentielle de la population humaine est un danger pour la survie de l’humanité même. Même s’il était outrancier avec des scénarios pas très bien fondés, La bombe P de Paul R. Ehrlich et Anne H. Ehrlich paru en 1968 est sans aucun doute une des origines de cette sensibilisation au problème démographique des écologistes des années 70. C’est d’ailleurs en 1970 que s’est constitué le groupe «Survivre et vivre» qui affirmait dans son premier bulletin que l’humanité ne pourra pas survivre « si elle n’arrive à contrôler sa population ». Juguler l’expansion démographique humaine était ressentie unanimement comme d’autant plus urgente que cette démographie possède « une grande inertie : elle répond lentement aux stimuli »(3) .Aussi lors de sa campagne, René Dumont n’hésite pas à proposer des mesures drastiques : le contrôle des naissances avec le droit inconditionnel des femmes à l’avortement, l’égalité homme/femme « leur permettant de n’être plus cantonnées dans leur rôle de mère », la suppression des allocations familiales et du quotient familial comme de tout encouragement à la natalité « mais seulement après que l’éventail des revenus soit resserré (il prévoyait un ensemble de mesures à cet effet), l’accès à la contraception soit général (ce qui n’était pas le cas à l’époque), la population prévenue »(4) .
Vendredi 24 Janvier 2014
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Ecosophie
La perpétuation de la vie sur la planète Terre, la survie de l'humanité devenue problématique, tel fut l'un des soucis à l'origine des mouvements écologiques. Pour le mouvement Survivre, fondé par le mathématicien Alexander Grothendieck en 1970 en marge du Congrès international de mathématique de Montréal, cette question était fondamentale, elle coiffait toutes les autres. Affadie aujourd'hui par les contes de fées du "développement durable" et de l'économie "verte", elle demeure pourtant plus que jamais d'une actualité brûlante même si, à elle seule, elle donne une vision trop anthropocentrée de l'écologie.
Alexander Grothendieck
- Le premier numéro de Survivre précise ainsi les buts du mouvement fondé par Alexander Grothendieck :
- Le numéro double suivant (n°2 / 3) spécifie les conditions nécessaires de cette survie :
L’humanité ne survivra pas si elle n’arrive pas à supprimer les guerres, en éliminant les armées qui en sont les instruments ;
L’humanité ne survivra pas si elle n’arrive à éliminer les différentes formes de l’exploitation économique, cause des tensions extrêmes entre classes et entre nation ;
L’humanité ne survivra pas si elle n’arrive à contrôler la croissance de sa population ;
L’humanité ne pourra remplir les tâches précédentes et elle ne survivra pas, si elle n’arrive à donner à chacun une éducation qui lui permette de renoncer aux besoins artificiels créés par la société de consommation, et de « sublimer » son agressivité ancestrale et son instinct de procréation illimitée dans une vie personnelle et sociale véritablement créatrice.
Tous ces problèmes sont des constituants inextricablement mêlés de celui de notre survie. Ce dernier se trouve être ainsi comme un « dénominateur commun », comme un chapeau commun qui coiffe tous ces problèmes partiels. Il leur donne de plus un caractère d’urgence qui apparaît ici pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, et même de la vie tout court. » ( Survivre n° 2/3, Septembre/octobre 1970, p. 24)
Lundi 11 Novembre 2013
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Ecosophie
Dans un article déjà ancien de la Revue d’Auvergne (1989, 517 – 518, pp. 249 – 271) les auteurs Y. Lageat et R. Neboit-Guilhot mettent en avant le concept de ‘contrainte’ défini comme « entrave à la liberté d’action » pour analyser « les rapports que des sociétés entretiennent avec le milieu géographique qu’elles occupent dès lors qu’il ne s’identifie pas avec l’espace uniforme et lisse que présupposent certains modèles abstraits » (p.249). Modulo une généralisation et quelques modifications, ce concept et cette approche sont utilisés dans cet article pour spécifier et mettre en évidence certains traits distinctifs de l’attitude écologiste, sa ressemblance avec celle de peuples premiers, sa radicale différence avec l’attitude dominante dans la civilisation occidentale moderne et contemporaine, sa parenté avec la marche de l’évolution et donc sa capacité créatrice. Enfin, l’approche des changements climatiques en termes de contraintes permet de mettre en évidence l’impossibilité de prévoir l’impact positif ou négatif de ces changements sur les activités humaines et d’expliquer pourquoi il en est ainsi.
Lundi 10 Septembre 2012
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Et si c’était pour demain sur une Terre trop peuplée, surexploitée ? C’est en tout cas ce que découvre Barrent, le héros d’Oméga un roman de Robert Sheckley, lorsqu’il réussit à revenir sur la planète. Cela n’a rien de réjouissant et cette anticipation grinçante prend des allures de cauchemar. Est-elle inéluctable ?
Sans doute si l’on néglige encore longtemps la «bombe P», «P» pour population. C’est pourtant ce que font les politiques de tout bord, même ceux qui se nomment les «décroissants». Ceux qui ont compris qu’il y avait déjà trop d’humains sur Terre et qu’une décroissance de la population par un contrôle des naissances volontariste était nécessaire ne sont qu’une poignée. Parmi eux, il y a « l’écologie profonde » d’Arne Næss au nom de l’impérieuse nécessité de la préservation d’une nature sauvage (y compris pour l’avenir de notre propre espèce), quelques écologistes « réformistes » ou « superficiels » lucides et donc néomalthusiens, des naturalistes dont les yeux ont été ouverts par leurs pratiques professionnelles et tous les amoureux de la vraie nature. Pour tous les autres, il est sacrilège d’envisager de fixer des limites au « droit de se reproduire » des humains, de fixer des limites à l’occupation de l’espace par notre espèce, de renoncer à une complète domestication de la nature dans un monde totalement occidentalisé.
Les auteurs de SF savent brosser des tableaux vivants d’avenirs pas toujours improbables. Fasse que celui qui est dépeint ci-dessous avec un zeste d’humour noir n’advienne jamais.
« La route passait devant de grands hangars puis s’engageait dans les bois. Barrent continua à avancer(...)
Les auteurs de SF savent brosser des tableaux vivants d’avenirs pas toujours improbables. Fasse que celui qui est dépeint ci-dessous avec un zeste d’humour noir n’advienne jamais.
« La route passait devant de grands hangars puis s’engageait dans les bois. Barrent continua à avancer(...)
Dimanche 22 Avril 2012
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Ecosophie
Dans le Monde du 24 novembre 2011, on pouvait lire en sous-titre d’un article consacré à la Conférence de Durban sur le climat que « des experts mettent en garde contre un emballement climatique ». Le 1 décembre, le sous-titre de l’article consacré au bilan météorologique de l’année écoulée affirmait « Les treize années les plus chaudes jamais mesurées sont toutes postérieures à 1996. Celle qui s’achève se classe au dixième rang, malgré l’effet d’une forte Niña. » Le réchauffement climatique s’accélère-t-il en même temps que la concentration de CO2 dans l’atmosphère ne cesse de s’accroître ? Ce n’est pas certain du tout. Mais c’est bien ce que voudraient nous faire croire les deux journalistes du Monde, quitte à interpréter les données de manière plutôt tendancieuses, données qu’ils fournissent eux-mêmes. Ce journal est du côté des « réchauffistes » comme la plupart de ses confrères. Se contentent-ils tous de répéter sans esprit critique le prêt-à-penser que leur livrent les Gourous du GIEC ou de l’OMM ou sont-ils réellement convaincus ? Ou bien encore trop sensibles à l’argument d’autorité : les experts sont experts en la matière dont-ils sont les experts ! N’est-ce pas ? Mais pourquoi donc est-il si iconoclaste de douter alors que les données sont ambigües et leur interprétation sujet à controverse ?
Des Cassandres peu écoutées…
Les sommets sur le Climat se suivent et se ressemblent dans leur incapacité notoire à prendre des décisions concrètes et contraignantes pour « limiter les gaz à effet de serre ». Même les pays qui s’y sont engagés n’ont pas atteint leurs objectifs. Bref, les Terriens continuent de rejeter dans l’atmosphère du CO2. C’est le cas de tous les pays, mais plus encore des pays développés et de ceux qui cherchent à les rattraper à marche forcée. Selon l’OMM, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 2,3 ppm (partie par million) en 2010 atteignant la concentration record de 389 ppm. Dans tous les scénarios concoctés par les experts de l’AIEA publiés le 9 novembre 2011 ou du PNUE publié le 23 novembre 2011, la courbe de ces rejets est linéaire et présente une pente ascendante plus ou moins accusée selon que la tendance actuelle se poursuit ou que l’on réussit à la freiner. Ils prédisent un emballement climatique irréversible, catastrophique et dangereux pour le XXIe siècle. Plus alarmistes que jamais, ils assurent qu’il ne reste que quelques années – 5 ans – pour agir, après il sera trop tard.
… d’autant plus alarmistes que leurs boules de cristal se brouillent !
L’alarmisme des experts semble directement proportionnel aux difficultés que rencontrent leurs postulats de base. Ne parlons même pas de ceux qui contestent la notion de réchauffement global. On supposera qu’elle a un sens, au moins pour les besoins de la discussion. La concentration en CO2 continuant de croître, le réchauffement climatique devrait faire que chaque année soit plus chaude que la précédente pour que la courbe conserve une allure semblable à celle qu’elle avait dans la décennie 1980 – 1990 et 1990 – 2000. Nous savons déjà que cela n’est pas le cas que la courbe semble avoir atteint un plateau et que le réchauffement est en panne depuis près de 10 ans maintenant. En tout cas, l’année 2011 n’est qu’à la dixième place des années les plus chaudes jamais mesurées. La dixième alors qu’elle devrait être la première !
Les sommets sur le Climat se suivent et se ressemblent dans leur incapacité notoire à prendre des décisions concrètes et contraignantes pour « limiter les gaz à effet de serre ». Même les pays qui s’y sont engagés n’ont pas atteint leurs objectifs. Bref, les Terriens continuent de rejeter dans l’atmosphère du CO2. C’est le cas de tous les pays, mais plus encore des pays développés et de ceux qui cherchent à les rattraper à marche forcée. Selon l’OMM, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 2,3 ppm (partie par million) en 2010 atteignant la concentration record de 389 ppm. Dans tous les scénarios concoctés par les experts de l’AIEA publiés le 9 novembre 2011 ou du PNUE publié le 23 novembre 2011, la courbe de ces rejets est linéaire et présente une pente ascendante plus ou moins accusée selon que la tendance actuelle se poursuit ou que l’on réussit à la freiner. Ils prédisent un emballement climatique irréversible, catastrophique et dangereux pour le XXIe siècle. Plus alarmistes que jamais, ils assurent qu’il ne reste que quelques années – 5 ans – pour agir, après il sera trop tard.
… d’autant plus alarmistes que leurs boules de cristal se brouillent !
L’alarmisme des experts semble directement proportionnel aux difficultés que rencontrent leurs postulats de base. Ne parlons même pas de ceux qui contestent la notion de réchauffement global. On supposera qu’elle a un sens, au moins pour les besoins de la discussion. La concentration en CO2 continuant de croître, le réchauffement climatique devrait faire que chaque année soit plus chaude que la précédente pour que la courbe conserve une allure semblable à celle qu’elle avait dans la décennie 1980 – 1990 et 1990 – 2000. Nous savons déjà que cela n’est pas le cas que la courbe semble avoir atteint un plateau et que le réchauffement est en panne depuis près de 10 ans maintenant. En tout cas, l’année 2011 n’est qu’à la dixième place des années les plus chaudes jamais mesurées. La dixième alors qu’elle devrait être la première !
Dimanche 8 Janvier 2012
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Ecosophie
Résumé : Cette question peut paraître saugrenue. Elle n’est pourtant que la spécification à une catégorie d’animaux de celle posée par Yves Christen dans son livre qui a pour titre « L’animal est-il une personne ? » Je concède que lorsque l’on se pose une telle question, on pense plutôt aux vertébrés supérieurs qu’aux insectes et bien peu, voire pas du tout à ceux qui n’ont pas atteint leur forme définitive au terme de leur dernière métamorphose. Il est évident que le paradigme de l’animal n’est pas la chenille pour l’homme de la rue, ni pour la plupart des philosophes qui écrivent sur l’éthique animale et environnementale. La chenille serait plutôt un cas limite et l’entomologie, un continent noir. Mais en philosophie, les cas limites mettent les théories à l’épreuve. En outre, même si certaines chenilles sont élevées pour divers usages, elles ne sont ni domestiquées, ni apprivoisées, bien plus : ni domesticables, ni apprivoisables, juste utilisables. Comme beaucoup d’insectes d’ailleurs. Ce sont des animaux sauvages par excellence.
La question « l’animal est-il une personne ? » sous la forme particulière que nous envisagerons ici comme sous sa forme générique est mal posée. Il ne s’agit pas tant de savoir si X ou Y EST une personne que celle de savoir pourquoi il ne faudrait pas le TRAITER COMME TELLE, quelle que soit l’espèce à laquelle appartient X ou Y, voire même simplement quel que soit X ou Y. Ce n’est pas de savoir qu’il s’agit mais de conduite. En ce qui concerne les chenilles, il n’est ni nécessaire, ni utile de les considérer comme des personnes pour leur conférer une valeur intrinsèque, les respecter et les laisser vivre à leur guise. Ce qui vaut pour les chenilles vaut aussi pour tout animal sauvage, du moins dans la plupart des cas et le plus souvent. Par contre pour les animaux domestiqués ou apprivoisés, c’est une autre histoire. Telle est du moins la thèse qui sera argumentée dans cet article.
Yves Christen répond positivement à la question que pose le titre de son livre : les animaux sont des personnes, non pas des personnes humaines, des personnes animales mais des personnes tout de même. D’où il devrait suivre logiquement que les chenilles sont des personnes puisqu’elles sont des animaux et que les animaux le sont. N’allons pas si vite cependant. La question qui sert de titre à l’ouvrage cité présuppose la dichotomie humain/animal. Or cette façon de diviser les êtres vivants en deux genres « le genre humain d’abord, et, d’autre part, tout le reste des bêtes en un seul bloc » est une faute logique que Platon dénonça, il y a bien longtemps, dans Le politique.
« C’est la même, fait-il dire à l’Étranger, que, si, voulant diviser en deux le genre humain, on faisait le partage comme le font la plupart des gens par ici, lorsque, prenant d’abord à part le genre Hellène comme une unité distincte de tout le reste, ils mettent en bloc toutes les autres races, alors qu’elles sont une infinité qui ne se mêlent ni ne s’entendent entre elles, et, parce qu’ils les qualifient du nom unique de Barbares, s’imaginent que, à les appeler ainsi d’un seul nom, ils en ont fait un seul genre »(1) De même pour le genre humain, dit l’Étranger à Socrate le Jeune « J’ai bien vu que détachant une partie, tu t’imaginais que les autres, ainsi laissés de côté, ne formaient qu’un seul genre, du moment que tu avais un nom pour les dénommer tous, celui des bêtes » C’est non seulement faire une faute logique, mais aussi faire preuve de beaucoup trop d’orgueil, ce que l’Etranger va montrer avec tout l’humour caustique dont sait faire preuve Platon : « Or, cela, homme intrépide, c’est ce que ferait, peut-être, tout autre animal doué de raison, comme la grue, par exemple, ou quelque autre : elle aussi distribuerait les noms comme tu fais, isolerait d’abord le genre grues pour l’opposer à tous les autres animaux et se glorifier ainsi elle-même, et rejetterait le reste, hommes compris, en un même tas, pour lequel elle ne trouverait, probablement, d’autre nom que celui de bêtes.»(2) .
« C’est la même, fait-il dire à l’Étranger, que, si, voulant diviser en deux le genre humain, on faisait le partage comme le font la plupart des gens par ici, lorsque, prenant d’abord à part le genre Hellène comme une unité distincte de tout le reste, ils mettent en bloc toutes les autres races, alors qu’elles sont une infinité qui ne se mêlent ni ne s’entendent entre elles, et, parce qu’ils les qualifient du nom unique de Barbares, s’imaginent que, à les appeler ainsi d’un seul nom, ils en ont fait un seul genre »(1) De même pour le genre humain, dit l’Étranger à Socrate le Jeune « J’ai bien vu que détachant une partie, tu t’imaginais que les autres, ainsi laissés de côté, ne formaient qu’un seul genre, du moment que tu avais un nom pour les dénommer tous, celui des bêtes » C’est non seulement faire une faute logique, mais aussi faire preuve de beaucoup trop d’orgueil, ce que l’Etranger va montrer avec tout l’humour caustique dont sait faire preuve Platon : « Or, cela, homme intrépide, c’est ce que ferait, peut-être, tout autre animal doué de raison, comme la grue, par exemple, ou quelque autre : elle aussi distribuerait les noms comme tu fais, isolerait d’abord le genre grues pour l’opposer à tous les autres animaux et se glorifier ainsi elle-même, et rejetterait le reste, hommes compris, en un même tas, pour lequel elle ne trouverait, probablement, d’autre nom que celui de bêtes.»(2) .
Vendredi 23 Décembre 2011
Commentaires (1)
Pour la postérité, il vaut mieux avoir été littéraire que scientifique. On se souvient assez bien de Paul Léautaud à Fontenay-aux-Roses où il a vécu comme dans le reste du monde. Son œuvre est rééditée, commentée. Par contre son voisin de la rue Guérard, Georges Bohn, biologiste n’est plus guère connu aujourd’hui que de quelques spécialistes et historiens de la biologie et de la psychologie animale malgré ses nombreuses publications et une importante renommée de son vivant. On ne trouve ses ouvrages qu’en bibliothèque ou chez les bouquinistes. Certes, ces disciplines ont évolué depuis le premier quart du siècle dernier mais ce n’est pas pour autant que ses ouvrages sont sans intérêt. On peut constater qu’à son époque, le darwinisme n’était pas encore un dogme aussi bien installé qu’aujourd’hui et que la notion d’évolution était bien mieux questionnée qu’elle ne l’est de nos jours.
Mardi 23 Août 2011
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