Fontenay-aux-Roses a donc un nouveau maire, Laurent Vastel (UMP) qui a su réunir autour de lui une coalition d’opposants à l’ancien maire. Une période s’achève. Elle aura duré près de vingt ans. En tant que maire-adjoint à l’environnement jusque l’an dernier, j’y ai pris ma part. Me retirant un peu avant l’heure, j’avais pris soin de préparer la relève. Grâce à de jeunes écologistes convaincu(e)s, elle était prometteuse. Hélas, le suffrage universel en a décidé autrement ! En prendre acte n’interdit pas de s’inquiéter ou à tout le moins de s’interroger pour l’avenir de Fontenay qui s’est dotée d’une équipe hétéroclite dont les leaders s’étripaient naguère joyeusement, qui s’est unie dans la précipitation de l’entre-deux tours moins autour d’un programme encore bien vague que pour renverser le maire sortant, un objectif que les résultats du premier tour permettaient d’espérer atteindre. Mais maintenant qui l’a été, vont-ils encore s’entendre ? Que vont-ils faire ? Je crains fort que l’une des mesures que prendra la nouvelle municipalité sera la remise en cause de la politique environnementale que j’ai menée toutes ces années et notamment les efforts entrepris pour gérer les espaces verts et la voirie dans le souci du bien-être et de la santé des gens comme de celui de préserver la nature en ville et de conforter la biodiversité ordinaire qui s’y manifeste.


Pourtant pérenniser une telle politique serait d’autant plus nécessaire qu’aujourd’hui, la biodiversité est partout menacée qu’elle soit patrimoniale ou ordinaire et que les villes, paradoxalement, sont des refuges pour des espèces que l’agriculture industrielle et chimique a pratiquement fait disparaître des campagnes. L'extension des territoires urbanisés et le déséquilibre des écosystèmes devraient conduire la municipalité de Fontenay – et celle des autres communes de France – à considérer que la nature en ville a d’autres fonctions qu’esthétiques et cela d'autant que, répétons-le, la ville se révèle bien plus hospitalière pour la faune et la flore que l’on a tendance à croire, à condition bien sûr, que la politique de gestion de l’espace public vise aussi à préserver cette faune et cette flore. Comme le remarque Alain Rollet, ingénieur territorial principal en aménagements paysagers, préserver aujourd’hui cette Nature ordinaire qui a trouvé refuge en ville, c’est, peut-être, préserver la Nature patrimoniale de demain !

Emmanuel Chambon nommé Conseiller délégué aux espaces verts : une volonté de rompre avec la gestion écologique des espaces publics qui avait cours jusqu’à maintenant ?

Mes craintes sont d’autant plus fondées que l’élu qui a la délégation des espaces verts est Emmanuel Chambon, l’ennemi déclaré des «herbes folles », l’homme qui confond une gestion qui préserve la biodiversité avec un laisser-aller et un manque d’entretien des espaces verts, des pieds des arbres et des caniveaux. Il est celui qui veut cantonner la nature en ville dans des espaces clos alors que même les plantes ont besoin de se déplacer grâce à la circulation de leurs graines et de leur pollen, qu’elles ont besoin pour cela des pieds des arbres d’alignement, des murs, d’interstices urbains.

Ils sont autant de relais indispensables pour assurer la continuité entre les populations de plantes sauvages des espaces naturels plus vastes (les squares, la Coulée verte, les parcs comme l’espace Boris Vildé, le Talus du Panorama, et au-delà de Fontenay, le Parc Henri Sellier, le bois de Clamart et la Forêt de Meudon…). C’est précisément de tous ces endroits que Monsieur Chambon veut les éliminer pour faire place nette, car comme de juste, pour lui la Nature est sale. Ce n’est pas un procès d’intention que j’instruis là. Je ne fais que reprendre des extraits de son blog.

Des espaces publics « bien entretenus » au sens où l’entend Monsieur Chambon, ce sont des espaces où il n’y a plus aucune herbe sauvage. Il n’y a pas de miracle. Une telle entreprise d’éradication ne peut se faire sans un recours au glyphosate. Bienvenue au chevalier Roundup® ! Le voilà de retour à Fontenay, il va éliminer toutes ces sauvageonnes. Adieu à la politique du « zéro phyto », c’est-à-dire une gestion et un entretien des espaces verts et des espaces publics sans utilisation d’herbicide et de pesticide de synthèse. Du moins pour un temps, puisque la ville devra se conformer à l’interdiction de l’utilisation de ces herbicides et pesticides qui prendra effet en 2020. Et, inéluctablement, on verra de nouveau les caniveaux s’orner de l’or des pissenlits, la véronique égayer de ses discrètes petites fleurs bleu vif les parterres où s’inviteront des renoncules, sauf à constituer de véritables brigades de « cantonniers » dont la tâche sera l’arrachage manuel ou à la binette de toutes ces fleurs des champs, tâche ingrate et sans cesse à recommencer… Bien sûr, il ne s’agit pas de se laisser envahir ; il s’agit de maîtriser les herbes sauvages, non de les éradiquer mais de les accepter au pied des arbres d’alignement par exemple où elles jouent aussi un rôle de répulsif canin pour le plus grand bien de l’arbre.

Faut-il craindre également la disparition des prairies fleuries comme celle qui agrémentait l’entrée du Château Sainte Barbe ? Quel sera le devenir de l’espace Boris Vildé ? Du verger conservatoire et de la mare du 22, avenue Lombart qui fut l’objet de tant de sarcasmes de la part de la droite lorsqu’elle était dans l’opposition ? Je n’oublie pas que Madame Galante-Guilleminot, aujourd’hui 2ième Maire-adjointe, voulait édifier un grand « stade nautique » sur cette parcelle et peut-être aussi sur le Square des anciens combattants qui la jouxte mais je me rassure en pensant que la période de « vaches maigres » qui attend les collectivités territoriales mettra un coup d’arrêt à ce projet aussi pharaonique que peu écologique.

C’est le maire qui décidera…

Emmanuel Chambon, conseiller délégué aux espaces verts et à l’environnement devra compter avec Michel Faye, 7ième Maire-adjoint qui a aussi dans sa délégation l’environnement et le cadre de vie. Feront-ils « bon ménage » ? Ce n’est pas sûr. Deux élus pour un même domaine est une source de conflits potentiels… Michel Faye aura-t-il la possibilité, la volonté de tempérer les ardeurs du Conseiller délégué ? Difficile à dire. Ses prises de position passées témoignent d’un souci de l’environnement, mais trop souvent il s’agissait de surenchères à visées électoralistes.

Sur ce dossier un troisième élu aura, lui aussi, voix au chapitre ! Il s’agit de Dominique Lafon, 3ième Maire-adjoint qui a le développement durable dans ses délégations. A ce titre, il lui incombe de mettre en œuvre le Projet Territorial de Développement Durable (PTDD) élaboré à l’agglo en concertation avec les communes. Il connait bien ce PTDD puisque nous co-présidions ensemble le comité de pilotage lors de la mandature précédente. Dans ce PTDD, la protection de la biodiversité figure en bonne place dans la partie environnementale. Il précise en effet : « Pour maintenir et enrichir la biodiversité sur son territoire, la CA s'engage à: préserver et développer des éléments de «nature ordinaire » en les mariant aux éléments urbains et aux espaces vert; adopter une gestion écologique des espaces verts : promotion de la biodiversité (essences locales), suppression des pesticides et herbicides de synthèse; maintenir et si possible accroître la surface en espaces verts et naturels ». Pour réaliser ces objectifs, les services des espaces verts des quatre villes ont élaboré en concertation un guide des « bonnes pratiques ».

Dominique Lafon sera-t-il en mesure de faire appliquer cette orientation du PTDD qu’il avait validé naguère lors de la précédente mandature, en tant que co-président du comité de pilotage de ce PTDD ? Ces orientations du PTDD entrent en dissonance avec les propos tenus par Emmanuel Chambon dans son blog et sa vision d’une ville « propre » et on voit mal Fontenay faire cavalier seul pour en revenir à une vision de la gestion de l’espace public périmée depuis plus de dix ans.

Trois élus aux vues différentes sur un même domaine, c’est donc le Maire qui décidera. Il est bien difficile de savoir en quel sens !
Dans un billet d’humeur paru dans « les Nouvelles de Fontenay », Francis Rondelez lui demande à juste titre de préciser son programme de façon concrète : «Les habitants de Fontenay attendent maintenant que vous élaboriez rapidement un programme électoral commun pour la mandature à venir, et que vous le fassiez connaitre à tous afin que chacun puisse connaitre vos buts et vos intentions. Cette mise au clair est d’autant plus indispensable que la majorité est constituée de 4 pôles qui n’ont pas l’habitude de travailler ensemble et ont parfois exprimé des visions différentes de l’avenir de Fontenay-aux-Roses dans leurs déclarations du premier tour. » (ici

Si le nouveau maire voulait revenir à une gestion des espaces publics et à une vision de leur devenir dépassée comme tente de le faire son homologue UMP de Toulouse où le nouvel édile tente de réduire à néant une gestion écologique de l’espace public semblable à celle que j’avais mise en œuvre à Fontenay avec l’accord de l’ancien maire, j’espère que, comme à Toulouse où une pétition postée sur Internet a déjà reçu plus de 3000 signatures, il trouvera sur sa route des citoyens concernés, écologistes ou non, naturalistes engagés, simples particuliers soucieux de la santé publique et de celle des jardiniers que préservait le « zéro phyto ».

Ils demanderont au nouveau Maire, Monsieur Laurent Vastel qu’à Fontenay :
- ne soient pas utiliser de produits phytosanitaires de synthèse,
- soient maintenues des pratiques favorables à la biodiversité mises en place par les agents municipaux dans les espaces verts de la ville,
- que soit valorisée et développée la place de la nature en ville,
- que soient maintenus les prairies urbaines, le verger conservatoire et la petite zone humide associée.

Une telle politique n’est ni de gauche, ni de droite. Elle est mise en œuvre dans des villes qui ont des maires et des équipes dirigeantes de colorations diverses. Elle est bonne pour la santé et le bien-être des habitants, elle est bonne pour la Planète.

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Mercredi 23 Avril 2014
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