Les organisations qui défendent la zone humide et qui ont choisi de participer à la co-construction par les différentes parties prenantes d’un projet de territoire pour une gestion de l’eau du bassin versant du Tescou constatent que le processus de concertation est au point mort malgré leurs relances. Ils s’en alarment. Après avoir « laissé du temps au temps » pour reprendre une formule célèbre, va-t-on de nouveau vers un passage en force après une mise devant le fait accompli ?


Barrage de Sivens, zone humide du Testet, vallée du Tescou:retour à la case départ ?
On a beau laisser du temps au temps, on n’oubliera pas que le jeune naturaliste Rémi Fraisse fut tué le 26 Octobre 2014 par une grenade offensive, arme de guerre employée par les forces de l’État pour réprimer ceux qui s’opposaient sur place à la construction de ce barrage, véritable hérésie écologique.
 
 Qui avait donné l’ordre d’utiliser de tels engins ? Jusqu’où fallait-il faire remonter la chaîne de commandement ? Mystère jamais vraiment élucidé. Rappelons seulement qu’à cette date François Hollande était président de la République et qu’au gouvernement sévissaient Valls comme premier ministre et Cazeneuve comme ministre de l’intérieur. Un trio qui allait durablement, voire irrémédiablement, discréditer le PS dans l’opinion publique.
 
Cette politique du « tout répressif » que l’on voit s’exercer aujourd’hui contre les Gilets jaunes a finalement été un échec. L’édification du barrage a été stoppée et celui-ci a été jugé illégal par la justice administrative. Ainsi la violence d’État s’est déchaînée pour tenter de permettre un saccage illégal d’une zone naturelle et aucun des gouvernants qui étaient à la tête de cet état, ni aucun de ceux qui en furent les serviteurs zélés n’ont été inquiétés. Il n’y a donc pas de raison que cela change. Surtout avec Macron-le-tout-répressif qui a été à bonne école lorsqu’il était membre du gouvernement de Valls sous Hollande. Et donc aujourd’hui tout risque de recommencer.
 
Peut-être-fallait-il s’y attendre. Il faut être bien « naïf » pour croire qu’un projet consensuel pourrait sortir de cette concertation réunissant des protagonistes aux vues diamétralement opposées. Ceux des opposants au barrage qui avaient refusé de participer à cette concertation sont en passe d’avoir raison.

Dans une tribune libre de Reporterre, ils avaient averti : la concertation à Sivens n’est qu’ « un jeu de dupes pour faire avaler une nouvelle pilule ».

D’ailleurs le préfet avait déclaré à la dizaine d’adhérents de l'association pro-barrage «Vivre eau Tescou» qui avaient manifesté devant la préfecture à Albi en juillet 2015 « qu'il travaillait sur le projet de territoire «et qu'il fallait en passer par là pour le projet de barrage» ». Il y a donc toujours eu un projet de barrage dans les cartons et pour le savoir il suffit de lire la presse agricole ou la presse locale, notamment La Dépêche du Midi toujours du côté des élus locaux et des agriculteurs pro-barrages. « Non, le projet de Sivens n’est pas enterré. » lisait-on dans Le paysan tarnais  (28/01/2016). Et cette année La Dépêche titrait : «Sivens : une retenue sur le Tescou à nouveau envisagée » Dans l’article, le journal donne la parole à un responsable des « Jeunes agriculteurs du Tarn » qui affirme que la solution la plus réaliste pour pallier le manque d’eau qui existerait selon lui mais qui reste à prouver, c’est un barrage sur le Tescou « C'est faisable, réalisable et réaliste (…). On attend des décisions en ce sens. » Si les JA et la FDSEA attendent « des décisions en ce sens », il y aura de telles décisions.
 
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Voici, in extenso, daté du 2 mai 2019, le communiqué de presse commun de 8 associations qui participent à la concertation
 
Inquiétudes sur l'issue du Projet de Territoire pour la Gestion de l'Eau du Bassin Versant du Tescou 
..... communiquées par les organisations suivantes: Confédération paysanne 81 et 82, ADEAR 82, Nature et Progrès Tarn, FNE82, UPNET, Collectif du Testet et Lisle Environnement.
 
Après la fin de mission de l'organisme mandaté pour animer ce projet, en juillet 2018, le processus n'a pas repris de façon satisfaisante, et ceci malgré nos demandes, nos deux courriers collectifs aux co-présidents du projet de territoire.
Ainsi, en 2019, la première réunion de l’assemblée qui organise la concertation de l'ensemble des acteurs et prend les décisions, l'Instance de Co-Construction, a été reportée  de nombreuses fois, et sa date n'est toujours pas connue au 22 mai!
Nos organisations contribuent activement à construire ce projet, participant à tous les groupes projets, dont certains peuvent déboucher rapidement sur des avancées importantes et porteuses d'espoir pour tout le territoire, comme celui sur les circuits de proximité. Néanmoins, nous ne validerons aucune solution pour la gestion de l'eau qui ne sera pas étayée par des données, des méthodes et des hypothèses partagées.
La proposition de révision à la hausse du Débit Objectif d'Etiage(DOE) a été contestée par nos organisations, données scientifiques à l'appui, et plusieurs courriers ont été adressés, notamment au préfet coordonnateur pour que les vices de forme, de méthode et de fond soient corrigés. Nous attendons toujours des réponses.
L'étude de la Chambre d'Agriculture qui prévoit le doublement des volumes d'eau utilisés pour de l’irrigation, a fait de notre part l'objet d'un dossier de contribution et de propositions alternatives étayées, cosigné par nos organisations et envoyé le 2 mai.
Sans les réunions de l’Instance de Co-Construction nécessaires à la convergence des vues, sans réponses à nos courriers, nous reviendrions de fait à la case départ, celle d'avant le projet de territoire.
L'avenir de la vallée du Tescou passe pourtant par la co-construction d'un projet de territoire pour la gestion de l'eau résultant d’un dialogue entre tous les acteurs.
 
Les signataires : Pierre-GuillaumeMERCADAL, Christian BONNEVILLE, Daniel DEBRUS, Rein SCHIPPER, Claude FORGEOT, Sabine MARTIN, Françoise BLANDEL, Christian PINCE 
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● Pour plus d’infos sur les points d’achoppement du dossier voir sur le site du
Collectif du Testet https://www.collectif-testet.org/actualite-393-un-nouveau-scandale-sur-le-tescou.html

● Sur « l’après Sivens » lire sur Reporterre :
 
Quelques habitant.e.s du Tarn : « La « concertation » à Sivens : un jeu de dupes pour faire avaler une nouvelle pilule » Tribune parue le 21 octobre 2017https://reporterre.net/La-concertation-a-Sivens-un-jeu-de-dupes-pour-faire-avaler-une-nouvelle-pilule

Grégoire Souchay : « Sivens, Rémi Fraisse, 3 ans après » https://reporterre.net/Sivens-Remi-Fraisse-trois-ans-apres-ou-en-est-on

● Pour relativiser les plaintes des agriculteurs sur le manque d’eau pour leurs cultures dans la vallée du Tescou et leurs assertions sur la sécheresse dont ils souffriraient en été, plaintes et allégations dont La Dépêche du Midi s’est largement fait l’écho, il faut lire cet article du Journal Détarné :
 
« Canicule à Sivens : promenade dans le désert vert de la vallée du Tescou »https://lejournaldetarne.wordpress.com/2015/07/19/canicule-a-sivens-promenade-dans-le-desert-vert-de-la-vallee-du-tescou/
 

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Photo : Marine Vlahovic/Reporterre
Cette photo est celle de la sculpture que le groupe « La Pelle Masquée » avait érigée clandestinement dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 octobre 2015.  En pierre de Castries et roues de charrette en bois cerclées d’acier, elle pesait 1,8 tonne et mesurait plus de 2m de haut. Pour les artistes « Ce monument rend hommage à la mémoire de Rémi Fraisse, tombé sous les tirs des gendarmes il y a un an, et à toutes celles et ceux qui continuent à lutter pour l’environnement et l’humanité. » Elle ne sera restée en place qu’une semaine : le 28 octobre, elle avait « disparu ». Deux hypothèses : les forces dites de l’ordre puisque cette œuvre était sur un terrain appartenant à la société pour le compte de laquelle devait être construit le barrage ou bien des pro-barrage frustrés que celui-ci soit abandonné.
*
Sur cette autre vue dont j'ignore l'auteur, on peut lire l’épigraphe illustrée d’une renoncule à feuille d’ophioglosse, petite fleur assez rare ressemblant à un bouton d’or et d’identification difficile. Elle vit dans les milieux humides comme celui qui a été vandalisé à Sivens. Rémi Fraisse en assurait avec d’autres botanistes bénévoles le suivi.
 
Barrage de Sivens, zone humide du Testet, vallée du Tescou:retour à la case départ ?

Mardi 11 Juin 2019 Commentaires (0)

Près de 110 000 signatures, plus de 10 000 contributions lors de la consultation publique ont fait reculer le ministre François de Rugy (qui se prétend écolo) et la préfecture de la Haute-Savoie.


Ils ont dû remanier profondément l’arrêté qu’ils avaient concocté pour ouvrir en été la chasse au sanglier, chevreuil et renard. La chasse au renard restera interdite, les tirs pédagogiques (sic !!!) contre les chevreuils supprimés. Seuls les sangliers pourront être tirés, mais seulement s’il y a plainte d’agriculteurs et après constatation des dégâts et réunion d’une commission ad hoc.
 
Cette reculade est très encourageante et significative.
 
Elle montre qu’il arrive qu’une pétition et la participation à une consultation publique concernant un arrêté ou autre texte ne soient pas toujours vaines. Elle montre aussi et surtout que le vent est peut-être en train de tourner, que les autorités étatiques et administratives sont enfin sensibles au bon sens et à l’opposition de l’immense majorité de la population à une chasse irrespectueuse de la naturalité et de la biodiversité, voire à la chasse tout court, quelles qu’en soient les modalités.   
 

Dimanche 9 Juin 2019 Commentaires (0)
Notre Dame de Paris en cendre …. L’émotion est à son comble. Mais il ne faudra qu’une dizaine d’année pour la reconstruire (et sans doute beaucoup d’argent !). Il existe d’autres cathédrales que l’on abat sans remord, ni cérémonies : des arbres séculaires qui sont des cathédrales que la Nature a patiemment construites… Cela ne coûtera rien mais il faudra plus de cent ans pour que né d’une faîne, un hêtre d’envergure semblable remplace  l’arbre abattu, deux cents, ou plus, pour que d’un gland se forme un chêne d’une aussi noble et belle prestance que ceux que l’ONF refuse de classer « remarquable » et abat sans état d’âme. Mais de ces actes de vandalisme contre ces cathédrales-là, personne ou presque ne s’émeut.

Je veux partager avec mes lecteurs un extrait de ce beau texte « Le hêtre et la cathédrale » que Christian Amblard a écrit au sujet d’un hêtre vénérable, cher à son cœur, abattu sans raison:

« En référence à un événement dramatique récent, cet arbre, chargé d’histoires depuis des décennies et des siècles, avait pour moi la valeur symbolique d’une «cathédrale». En ce sens, l’émotion patrimoniale ne doit pas se limiter aux monuments et, plus largement, au patrimoine bâti. Si on peut reconstruire une cathédrale en 5 ou 10 ans, il faudra toujours 100 ans pour avoir un hêtre centenaire à partir de la faîne originale. C’est ce temps long et irréversible qui fait la valeur indépassable du vivant et de la biodiversité. Cette primauté d’un vivant très fragile doit nous obliger définitivement quant à la nécessité de son impérieuse préservation »

● Pour lire ce texte « le hêtre et la cathédrale »  d’où cet extrait est tiré cliquer ici

[Christian Amblard est chercheur honoraire CNRS(biologie, écologie) et vice-président du GREFFE (Groupe scientifique de réflexion et d’information pour un développement durable) ]

Samedi 18 Mai 2019 Commentaires (0)

Le réseau NO VEGAN lance un appel à populariser la "Lettre ouverte aux mangeurs de viandes qui souhaitent le rester sans culpabiliser" de Paul Ariès (éditions Larousse, janvier 2019). Ce que je fais ici


Foin des végans et de leurs mensonges, soyez un "carniste" heureux !
Voici son communiqué :

L'élevage paysan n'est pas responsable

1) ni de la faim dans le monde

2) ni du réchauffement climatique

3) ni du gaspillage de l'eau potable.

● L'agriculture végane est incapable de nourrir 8 milliards d'humains
● L'agriculture végane c'est la mort de plus d'un milliard de petits paysans
● L'agriculture végane c'est le cheval de Troie des biotechnologies alimentaires.
● L'agriculture tue autant d'animaux sinon plus que l'élevage.

La solution est du côté de l'agriculture paysanne et d'un élevage fermier.
Le véganisme ce n'est pas seulement une question alimentaire.
C'est une posture anti-humaniste, anti-écolo !!!

Le prototype de la ferme écolo c'est la ferme polyvalente.

 
*********

Soutenez le réseau NO VEGAN en achetant la Lettre ouverte... en librairie ou ici https://www.editions-larousse.fr/livre/lettre-ouverte-aux-mangeurs-de-viande-9782035961792

Source : http://novegan.canalblog.com/archives/2019/02/03/37072409.html#comments

Mardi 23 Avril 2019 Commentaires (0)
Greta Thunberg devant le parlement suédois
Greta Thunberg devant le parlement suédois
Après avoir fait le buzz en Pologne lors de la COP 24, Greta Thunberg, l’écolière climato-catastrophiste de 15 ans réédite à Davos en fustigeant et culpabilisant les « adultes » qui n’agissent pas « pour le climat » alors qu’il y a urgence. Décidément, elle n’a rien d’autre à faire que de parcourir le monde pour réciter la bonne parole du GIEC (qui paye ?) et faire l’école buissonnière tous les vendredis devant le parlement suédois avec la bénédiction de ses parents. Elle est adulée des ONG. Son sermon tient le devant de la scène alors que la parole de chercheurs confirmés comme Richard Lindzen ou François Gervais n’est guère écoutée et retient peu l’attention des médias. Pourtant eux savent de quoi ils parlent mais comme ils sont climato-réalistes, ils ne vont pas dans le sens des prophéties du GIEC et la doxa dominante. Pourtant les écouter permettrait de prendre un peu de recul devant l’alarmisme climatique pour raisonner sainement. Vus les enjeux écologiques, économiques et sociaux, cela serait bien nécessaire.
 
Et que penser de ces marches pour le climat auxquelles participent des Gilets Jaunes qui se sont pourtant insurgés contre la taxe carbone, une mesure prônée par les gourous du réchauffisme catastrophique censée renchérir l’énergie pour inciter à des conduites et des choix « vertueux » alors que pour la plupart des gens, aujourd’hui, il n’y a pas de choix véritable?
 
On baigne dans l’incohérence, dans un irrationnel auréolé de scientisme.

Si les médias main stream se pâment devant une gamine récitant son catéchisme, si les processions pour « sauver le climat » recueillent un certain succès, c’est que la « lutte contre le réchauffement climatique », réchauffement climatique supposé déchaîner sur la planète les flammes de l’enfer, est devenue une religion vis-à-vis de laquelle il ne fait pas bon douter ou plaisanter. 

 

C’est ce que voulaient certaines des ONG environnementalistes climato-catastrophistes. Il faut reconnaître qu’elles ont réussi : l’opinion publique ou du moins une partie de celle-ci s’est approprié la question climatique comme d’un « sentiment religieux », expression reprise à Stéphane Foucart.

 
Ce journaliste, prophète du malheur climatique a écrit un texte étonnant sous sa plume de  pourfendeur des climato-réalistes et autres climato-sceptiques. Etonnant lorsque l’on connait ses positions, mais très juste par ailleurs : le réchauffement climatique est pour l’opinion une sorte de démiurge qui exige des sacrifices expiatoires pour s’apaiser. C’est évidemment complétement irrationnel, absurde mais pour Foucart « utile politiquement ». En d’autres termes, plutôt que développer leur aptitude à comprendre les thèses sur l’évolution du climat, les preuves sur lesquelles elles reposent, les controverses entre chercheurs, les organisations environnementalistes et écologistes en pointe dans la « lutte pour le climat » ont choisi d’abrutir les gens pour leur faire avaler la doxa officielle. Et Foucart approuve. Evidemment ça marche quand sont à la manœuvre  les deux gourous hélicologistes Hulot et Artus-Bertrand avec de plus quelques peoples célèbres qui n’y connaissent rien mais ont été frappés par la révélation GIEC.
 
Pour bien mesurer le cynisme et la duplicité de tous ces propagandistes de la nouvelle religion, il faut lire l’extrait tiré de l’ouvrage Stéphane Foucart  L’avenir du climat que je rapporte ci-dessous. Ils savent très bien que rendre le réchauffement climatique d’origine anthropique responsable de tout aléa climatique n’est au mieux pas justifié, au pire carrément faux. Ils le savent mais se gardent bien de le dire, ou de le dire nettement. Laisser croire à ces calembredaines est nécessaire pour que les gens acceptent les sacrifices que l’on veut leur imposer et les atteintes à la nature que l’on veut perpétrer pour une transition énergétique qui a pour but  de ne rien changer afin que le capitalisme mondialisé revêtu de ses nouveaux habits verts continue de dominer et d’exploiter les gens et d’harasser la Nature pour le plus grand profit de quelques-uns.
 
 
Voici le texte tiré de l’ouvrage de Stéphane Foucard : L’avenir du climat : enquête sur les climato-sceptiques, Folio actuel, 2015, 432 pages.

« Certaines organisations environnementalistes semblent espérer que l’opinion va s’approprier la question climatique comme elle pourrait le faire d’un sentiment religieux. Dans ce schéma, le réchauffement devient une manière de démiurge à qui tous les dérèglements météorologiques peuvent être attribués. Qu’il fasse trop chaud, et c’est le réchauffement. Qu’il fasse trop froid et ce peut être encore le réchauffement. Partout sur le globe, il suffit de promener sa loupe pour obtenir des explications à toute forme de calamité – la principale vertu de la religion étant précisément d’en fournir, surtout quand c’est impossible. La taxe sur les émissions de carbone, le renoncement à la société de consommation et au mode de vie occidental deviennent alors des sacrifices expiatoires faits à la divinité.
(…) Qui n’a pas pensé, même fugacement, que ces jeunes militants pleins de ferveur pouvaient s’apparenter aux pèlerins d’une nouvelle religion naturaliste vouée, c’est selon à la planète ou au climat. Etrange spectacle – et, il est vrai, peut-être politiquement utile – que ces cohortes de jeunes extraordinairement motivés, piétinant dans un froid polaire pour demander à ce que l’on sauve le climat. » (Les italiques sont de l’auteur).
 

 
Quelques propos de la jeune héroïne du climat :
 
« Certaines personnes disent que nous devrions étudier pour devenir chercheurs sur le climat, afin de pouvoir résoudre la crise climatique. On a les outils pour la résoudre. (…) Pourquoi devrions-nous étudier pour un futur qui n’existera bientôt plus, alors que personne ne fait rien pour le sauver ? »  https://www.lemonde.fr/climat/visuel/2018/12/13/en-suede-greta-thunberg-en-greve-scolaire-pour-le-climat_5396984_1652612.html

Inutile d’étudier plus, elle en sait assez ...

□ Au fait quelles sont ses sources ?

« Je lis des livres et des articles, j’écoute les scientifiques comme le Britannique Kevin Anderson, par exemple. » https://www.letemps.ch/suisse/greta-thunberg-adultes-se-sentent-coupables-un-enfant-dit-quils-volent-futur

Un peu vague et léger mais il est certain que dans le genre prophète du malheur, il n’y a guère mieux que Kevin Anderson !
 
Le réchauffement climatique, nouvel opium du peuple ?

Dimanche 27 Janvier 2019 Commentaires (2)

Il est difficilement acceptable qu’une protection réglementaire dont bénéficient un espace vert et les arbres qui y résident puisse être annulée très facilement, ce qui rend cette protection excessivement fragile et dépendante des changements de majorité, des alliances, des marchandages dans les conseils municipaux ou autres assemblées territoriales. Le classement en EBC par exemple est certes nécessaire mais ne saurait être suffisant.


A Fontenay-aux-Roses, le cas de la Place de Gaulle  avec ses marronniers, les uns abattus et les autres en passe de l’être en fournit, hélas, une preuve éclatante. Il aura suffi que dans le nouveau PLU, Messieurs Vastel (maire) et Faye (adjoint à l’urbanisme) déclassent cet espace pour que ces arbres soient détruits sans autre forme de procès et sans recours possible devant les tribunaux pour que soient plaidées leur cause et la cause de cette place, véritable cœur de la ville, de son individualité singulière.

Il en va des marronniers de la place de Gaulle comme d’autres êtres naturels irrémédiablement détruits et de la Nature elle-même qui n’a jamais été aussi malmenée malgré un arsenal juridique impressionnant censé les protéger.

La faiblesse  et l’inefficacité de ces protections viennent du fait que ces êtres ne sont protégés juridiquement qu'en tant qu’OBJETS et non en tant que SUJETS pouvant se défendre devant les tribunaux, par l’intermédiaire d’un porte-parole, bien entendu.

Que cela puisse être le cas, et que cela soit efficace, c’est qu’argumentait Christopher Stone, un professeur de droit californien en 1972 dans un article intitulé « Les arbres doivent-ils pouvoir plaider ? » (récemment traduit en français avec une préface de Catherine Larrère aux éditions Le Passager Clandestin).

En la circonstance, les arbres en cause étaient des Séquoias de la Mineral Valley, une vallée alpine sauvage et reculée dans laquelle la société Walt Disney voulait construire une gigantesque station de ski. (Hé, oui ! vous avez bien lu : la société Walt Disney, Mickey ou plutôt Picsou…)

L’affaire est  remontée jusqu’à la Cour Suprême fédérale devant laquelle les défenseurs de la vallée (le Sierra Club) ont perdu au motif que n’étant pas personnellement lésés, ils n’avaient pas intérêt à agir (3 voix contre 4). L’un des juges William Douglas qui a voté en faveur du Sierra Club a repris dans son argumentaire la proposition de Stone de conférer une personnalité juridique aux êtres naturels et qu’ils puissent  être représentés devant les tribunaux comme c’est le cas (aux USA) pour certains êtres inanimés.

S’agissant de leurs porte-paroles, le juge Douglas considérait que ce devaient être ceux qui ont une relation intime avec la chose inanimée qui va être blessée, polluée ou dégradée. Mutatis mutandis, dans le cas de la place de Gaulle et les marronniers,  ce seraient les Fontenaisiens qui aiment ce mail et ses marronniers constitués ou non en association qui seraient ces porte-paroles.

 Après avoir été très mal accueillie,  la proposition du professeur Stone, reprise par le juge Douglas a fait son chemin mais dans d’autres pays que la France, par exemple en Nouvelle Zélande qui a accordé le statut de personne juridique à un fleuve situé sur le territoire d’une communauté Maori qui en est son représentant légal. En France malheureusement accorder des droits à de telles entités se heurte à la division fondamentale du droit qui sépare celui des personnes d’avec celui des choses, tandis que les humanistes exclusifs qui règnent dans les comités divers et variés considèrent cette attribution comme contraire à la tradition qu’ils défendent et à la dignité humaine telle qu’ils la conçoivent.

Bref, ce n’est pas demain que les marronniers et la Place de l’église seront dotés d’une personnalité juridique et pourvus d’un représentant légal. Ils seraient ainsi soustraits aux bons ou mauvais vouloirs des politiques, aux aléas des changements de majorité dans les assemblées qui ont le pouvoir de définir les documents d’urbanisme et l’affectation des sols ; ils pourraient  faire valoir leur point de vue et faire respecter leurs droits.

Et d’ailleurs, demain, il est fort possible qu’ils aient disparu. Il y aura sans doute toujours une place dénommée  Place de Gaulle, mais ce ne sera en fait qu’un homonyme. C’est une autre qui sera là, à la même place.

Si l’on envisage la question sous un angle plus global dans ce pays, il est fort probable que les rivières, des forêts, les landes, les zones humides, les prairies d’altitude, leurs habitants permanents, la faune et la flore seront encore et toujours malmenés puisque peu de gens, y compris parmi les écologistes, sont prêts à reconnaître leurs droits. La plupart sont plutôt enclins à vous rire au nez lorsque vous abordez la question.
 
Note : L’histoire s’est bien terminée pour la Mineral Valley. La société Walt Disney a abandonné le projet. Je ne suis pas certain qu’il en ira de même pour ce qui reste de la Place de Gaulle…
 

Mardi 22 Janvier 2019 Commentaires (0)

Le gouvernement a profité de l’été pour voter en douce une mesure scandaleuse qui donne carte blanche aux industriels de l’éolien pour défigurer nos côtes. Il faut réagir !


Non à la mainmise des industriels de l'éolien sur le littoral français !

Cette mesure – il s’agit de l’article 58 de la fameuse loi « Confiance » que je vous détaillerai dans quelques instants – est le résultat d’un intense lobbying des grandes entreprises du secteur éolien…

Elle a été votée en toute discrétion le 10 août dernier. Sans faire la une des journaux, sans déchaîner vents et marrées… Tout était parfaitement orchestré pour ne surtout pas éveiller la colère et l’indignation des Français
Pourquoi ?

Tout simplement parce que, désormais, avec cet article de loi voté sournoisement, les citoyens n’ont plus aucun moyen de s’opposer aux futurs projets éoliens près de leur littoral !
Ce n’est pas une plaisanterie : les habitants d’une région côtière ne disposent à présent – et sans le savoir – de plus aucun recours pour empêcher l’implantation de ces mâts gigantesques qui défigurent nos littoraux, affaiblissent l’activité des pêcheurs et massacrent la biodiversité…
Dénonçons ce scandale en signant la pétition « NON AUX PARCS ÉOLIENS TROP PROCHES DES CÔTES » !

Si personne ne s’insurge contre cette mesure aberrante, voici les nouvelles modalités qui s’appliqueront désormais pour tout nouveau projet d’éoliennes en mer :

1ère étape : la fausse consultation

Lorsque la construction d’un champ éolien en mer est envisagée, un débat public est organisé par la Commission nationale du débat public.
Si vous pensez que ce débat donnera la parole aux citoyens, qu’ils pourront décider du nombre d’éoliennes ou même tout simplement choisir de s’opposer à ce projet… Détrompez-vous ! Les citoyens seront uniquement consultés « sur le choix de la localisation de la ou des zones potentielles d’implantations des installations envisagées » (nouvel article L. 121-8-1, du code de l’environnement créé par la loi).
Autrement dit, on fait semblant de débattre, on fait semblant de laisser voix au chapitre aux Français sur des sujets qui auront un impact colossal sur leur quotidien… mais la décision est déjà prise d’avance : l’implantation d’éoliennes en mer se fera coûte que coûte dès qu’un projet sera lancé… C’est honteux !

2ème étape : on simplifie la vie aux industriels

Désormais, c’est l’Etat qui prendra à sa charge toutes les études d’impacts préalables sur l’environnement… Ces études qui étaient jusqu’ici aux frais des industriels, seront à présent financées par les impôts des Français ! Inadmissible…

3ème étape : désigner le vainqueur et lui offrir nos océans

Une fois l’appel d’offres lancé et le lauréat désigné, l’Etat remet TOUTES les autorisations environnementales et d’occupation du domaine maritime à l’entreprise : c’est ce qu’on appelle le « permis enveloppe ».
Mais le pire dans tout ça, c’est que lorsque l’industrie détient ce permis enveloppe, elle a toutes les libertés !!! Elle peut à tout moment choisir de modifier son projet, par exemple décider d’ajouter plus d’éoliennes, modifier le lieu d’implantation ou encore la dimension des mâts…

C’est inacceptable !!!

Ce qui, jusqu’ici, permettait aux citoyens de pouvoir s’opposer et de faire annuler des projets délirants de parcs éoliens en mer, c’était justement parce que les industriels ne disposaient pas de toutes ces autorisations difficiles à avoir…

Par cette nouvelle mesure, le gouvernement a donc balayé d’un revers de main tous les garde-fous, tous les moyens de recours dont disposaient les Français qui refusaient de voir s’implanter des dizaines d’éoliennes au large des littoraux…
Un cadeau colossal pour les industriels…
… et un déni total du droit des citoyens de saisir la justice pour défendre leur cadre de vie ou leur environnement !


Pour s’opposer à cette mesure scandaleuse, il n’y a pas 36 solutions : seule une mobilisation citoyenne de plusieurs dizaines de milliers de personnes pourra exiger le retour des anciennes procédures.

Il est inacceptable de laisser nos océans entre les mains d’industriels qui ne pensent qu’à faire fructifier leur business et qui foutent totalement de la biodiversité ou du climat …

Si les citoyens indignés par cette trahison honteuse des autorités publiques, qui donnent carte blanche aux industriels au détriment des riverains, des pêcheurs et des défenseurs du littoral et de la biodiversité marine – ne se font pas entendre maintenant, la voie sera libre pour les grandes firmes de l’éolien pour en demander toujours plus…

Rien ne les empêchera d’aller implanter des éoliennes jusqu’au Mont Saint Michel, ou d’exiger les mêmes passe-droits pour l’éolien terrestre…

De nouveaux projets sont déjà prévus à Fécamp, Saint-Brieuc, Courseulles-sur-mer, Noirmoutier, Ile d’Yeu, Ile d’Oléron…

Ces villes seront bientôt saccagées par des parcs éoliens marins à dix kilomètres seulement des côtes qui ne cessent de se multiplier, au mépris des paysages, des citoyens et du bon sens le plus élémentaire.

Savez-vous que l’Etat prévoit 2500 éoliennes le long de nos côtes d’ici 13 ans ?

Imaginez le littoral français ceinturés de parcs de 60 à 80 aérogénérateurs avec des mâts de plus de 200 mètres de haut. C’est un massacre !
Nous sommes tous concernés.

Oui, pas seulement les habitants ou les estivants de ces côtes, ni même les amoureux du merveilleux patrimoine paysager français.
Oui, nous sommes tous concernés car nous allons tous payer pour ce projet fou : pour installer 3 parcs éoliens trop proches des côtes (10 km) vous et moi et tous les contribuables allons payer 1 milliard d’euros par an de subvention, pour un prix de l’électricité à 226 euros le mégawatt-heure.

Par comparaison les Allemands font des parcs éoliens non visibles des côtes, à plus de 50 km en mer, sans subvention publique. Le prix de l’électricité y ressort inférieur à 50 euros le mégawatt-heure.
Stupéfiant, non ?
Il faut arrêter ce massacre avant qu’il soit trop tard.
Signez et faites signer la pétition !

cliquez ici pour aller sur le site de la pétition.

(Source de ce texte : Étienne/CITIZACTION)
 

Dimanche 14 Octobre 2018 Commentaires (0)

Faire pièce aux contre-vérités véganes sur l'élevage en général et l'élevage laitier en particulier est une nécessité au moment où ce lobby végan tente d'imposer des menus végétaliens dans la restauration collective, notamment scolaire.

C'est dans ce but que je diffuse ici la vidéo réalisée par un éleveur qui met en évidence les falsifications et les mensonges des vidéos de propagande végane sur l'élevage laitier.


Pour avoir une vision exacte de ce qu'est l'élevage français, du travail de l'éleveur,  et pour comprendre comment est produit le lait que nous buvons, je vous conseille vivement de vous abonner à sa chaîne https://www.youtube.com/watch?v=gmVLEz9iRAs&feature=youtu.beu

Il serait souhaitable que des végans de bonne foi visionnent aussi ces vidéos pour à tout le moins se faire une idée correcte de ce qu'ils condamnent par ailleurs.

Rappel : un menu végétalien est un menu qui ne comporte aucun produit d'origine animale (ni œufs, ni lait, produit laitier comme yaourts, beurre, etc. ) tandis qu'un menu végétarien est simplement sans viande.
 


Dimanche 2 Septembre 2018 Commentaires (1)

Extraits de Facebook, à diffuser sans modération


« Les Yeux Dans Les Herbes a partagé la publication de Les Capri'ces des Cévennes.
 
« Voici un petit message de ma soeur qui vient de commencer une petite ferme laitière en bio produisant du pélardon, bientôt des glaces et de la crème de châtaigne...
 
« Ils ont des chèvres assez courantes et une race en conservation (plus rare et bcp moins productive (chèvre du massif central) mais qui produit du lait de qualité. Ils font du pastoralisme (élevage en paturage naturel) dans les hauteurs des cévennes.
« C'est un énorme travail mais comme beaucoup de petits agriculteurs on trouve que c'est un beau métier et on l'aime avec le souci de s'améliorer et d'améliorer notre capacité de résilience.
 
« Le gouvernement annonce qu'il souhaite une agriculture plus respectueuse et une meilleure qualité alimentaire. Pourtant ils sont sur le point de retirer les aides aux zones de montagne réputées trop pauvres pour nourrir un troupeau. Pourtant des chèvres ça ne mange pas que de l'herbe et bien au contraire elles se nourrissent de callune, de chataignier, de chene vert, de ronce, de genêt... Toutes ces plantes qui poussent à l'état naturel dans le terroir des Cévennes et qui leur donne une énergie et une qualité de lait bien meilleures. Et c'est dans les tuyaux de retirer les aides aux petits agriculteurs et la réponse se fera à la fin du mois de mars... Tout bientôt... La plupart des aides bénéficient déjà aux gros agriculteurs qui souvent les prennent sans avoir aucune responsabilité à tenir sur tous les dommages collatéraux qu'ils peuvent produire. Les abeilles payent déjà un lourd tribut et nous, autres êtres vivants, nous sommes aussi dans ce contexte, les proies souvent indirectement consentantes de ce système agricole majoritaire ultra subventionné.

Les Capri'ces des Cévennes
 
Petit message à faire circuler, s'il vous plaît.
Profitant d'une période très intense pour les éleveurs (mises bas des animaux, début de production), le gouvernement envisage purement et simplement de tuer les petits élevages de zone de montagne. En tout cas, pour notre part, si cette "mesure" passe, notre projet est tué à peine né.
 
 
En effet, comme vous le savez certainement, notre élevage comme beaucoup d'autres est malheureusement aujourd'hui dépendant d'aides Européennes. Or il est question de supprimer de la PAC (politique agricole commune) les aides pour les surfaces enherbées à moins de 50%. C'est à dire, pour des fermes comme la nôtre, supprimer 100% des aides. C'est bien connu, nos chèvres ne se nourrissent pas sur nos sols, car nos terres, c'est de la merde. Le chêne vert, le châtaigner, la callune, le genêt, les chèvres n'aiment pas ça d'ailleurs ! Elles préfèrent l'herbe déposée sur un tapis dans une chèvrerie, et l'éclairage artificiel !!! Je rajouterais que pour faire des économies, ils sont prêts à détruire la seule activité qui maintient les milieux ouverts dans le sud, luttant ainsi entre autres contre les incendies, tout en participant à l'économie et à la vie locale et surtout rurale, au tourisme, à l'autonomie alimentaire française (de qualité et dans le respect de l'homme et de l'animal) et à la préservation de mosaïques de milieux essentielles à la biodiversité.
 
A peine installés, ou plutôt en cours d'installation, nous utilisons la totalité de notre temps (soit de 7h à 23h, en mangeant sur le pouce) et de notre énergie pour prendre soin de nos bêtes et mettre en place notre ferme, mais nous sommes déjà fatigués de payer toujours plus, tout en refaisant le travail de chaque organisme que l'on doit payer derrière (msa, chambre d'agriculture, ...), tout en se faisant traiter comme des moins que rien (impôts, banques, ...), tout en revoyant nos légitimes soutiens financiers (oui, nous travaillons dur pour le bien commun, et nous respectons, NOUS, les engagements que nous contractualisons avec l'Europe et l'Etat) être remis en question tous les quatre matins. Mais c'est comme ça et malgré tout bien sûr nous sommes déterminés. Sauf que. Sauf que sans argent, sans ces aides qui nous permettent de payer toutes les charges toujours plus lourdes (alimentation des chèvres autre que parcours, électricité, taxes diverses, assurances, essence, fournitures pour la transfo et la commercialisation, etc.), et le laboratoire de transformation a 80 000€ de normes par exemple, et bien, on ne va pas pouvoir continuer longtemps ! Notre ferme peut être viable pour une personne sans les aides, nous avons veillé pour. Le souci étant que la masse de travail est tellement énorme qu'on ne pourrait pas se permettre que l'un de nous deux travaille à côté pour subsister, comme certains le font. Notre système en élevage ET transformation fromagère ET pastoralisme ET vente directe ne nous permet pas ce "luxe". Pour autant, nous ne le changerions pour rien au monde, car nous pensons que c'est le plus éthique sur les plans humain (sauf peut-être pour nous-même ?) et animal. Etre rémunérés justement sans aides, ça serait l'objectif bien évidemment. En attendant, nous avons besoin de ces aides, comme énormément de petits éleveurs, et nous avons besoin de portevoix pour nous faire entendre.
 
L'échéance est fixée au 31 mars 2018. Emballez c'est pesé.
 
 
Reconnaissance des surfaces pastorales par la PAC : Le ministère prêt à lâcher les éleveurs !En Ariège, au moins 1 ferme sur 4 serait impactée, soit un peu plus de 8.000 hectares !
https://www.azinat.com/2018/03/reconnaissance-des-surfaces-pastorales-par-la-pac-le-ministere-pret-a-lacher-les-eleveurs/
 
Alors qu’à longueur de discours Macronien, il nous est rappelé la nécessité d’opérer une « révolution agricole », « une montée en gamme » de nos produits, nous avions compris, nous, éleveurs pastoraux des zones difficiles, dites à handicaps naturels, que nous étions désormais en pointe pour porter haut les couleurs des produits vertueux. Production peu consommatrice d’intrants chimiques, lien fort au territoire, entretien de milieux ouverts, maintien d’emplois et de vie dans nos vallées….
 
Coutumier du fait, le gouvernement nous a rapidement consultés, sollicités pour faire des propositions argumentées ; pour finalement, dans la précipitation, nous mettre devant le fait accompli ! Il n’y a pas de marges de manœuvre possibles et les échéances sont imminentes, fixées au 31 mars !
 
Pour la Confédération paysanne, il est incompréhensible et intolérable, de surcroît au regard des ambitions portées par le Président de la République, d’abandonner ces paysannes et paysans.
 
Aussi, las, les paysans de la Confédération paysanne, ne participeront plus à ces mascarades de discussions au ministère.
 
Nous sommes aujourd’hui vendredi 9 mars à l’Hôtel de Région à Toulouse au CRAEC pour porter la voix des éleveurs pastoraux qui se sentent totalement abandonnés par les propositions du ministère de l’agriculture. C’est l’État que nous interpellons concernant la reconnaissance des surfaces pastorales.
 
De même, lundi 12 mars, lors de la session chambre à Foix, nos élus proposeront au vote une motion enjoignant l’État de profiter de la possibilité offerte par le règlement Omnibus (modifications de certaines dispositions à mi-parcours d’un programme européen, dont la PAC), avant le 31 mars pour faire enfin reconnaître définitivement les surfaces pastorales comme étant des surfaces productives.
 
Et nous n’hésiterons pas à poursuivre ces mobilisations jusqu’à Paris dans le courant de la semaine prochaine.

Ne pas reconnaître ces surfaces pastorales aujourd’hui, c’est accepter moins de paysans demain et plus de friches partout !
 (Communiqué de la Confédération Paysanne)

 
 

Dimanche 25 Mars 2018 Commentaires (4)

Résumé : les espèces actuelles pourront-elles faire face au changement (réchauffement) climatique ? Certaines, peut-être. Elles se sont déjà adaptées au réchauffement en cours. Mais s’il s’aggrave ? D’autres semblent avoir plus de difficultés. Mais elles n’ont peut-être pas dit leur dernier mot. Peut-être cela se jouera-t-il au niveau non plus de l’espèce mais des populations d’une même espèce, peut-être même au niveau des individus. De nombreux facteurs peuvent interagir. Les premières réponses apportées à cette question étaient fort propices à une prophétie du malheur et pour le grand public, l’ours blanc menacé par la fonte de la banquise était devenu – il l’est encore – le symbole des ravages que causerait le réchauffement climatique sur les espèces animales. Le changement climatique en cours était considéré comme une menace de plus, peut-être la plus grave, qui pesait sur la biodiversité, les espèces ne pouvant faire face à un réchauffement trop rapide pour qu’elles s’adaptent. Un tableau bien noir, bien trop noir ? Devant un état des lieux mitigé et des connaissances peu sûres et lacunaires, les cassandres réchauffistes s’ingénient à gommer toute incertitude et à ne considérer que le mauvais dans ce qui pourrait advenir pour la biodiversité avec un réchauffement climatique qui perdurerait, ce dont on peut aussi douter. Des chercheurs se prêtent à leur jeu lors qu’ils adressent au « grand public ». Pourquoi donc chercher à faire peur à l’opinion publique ? Certes l’érosion rapide de la biodiversité est hélas, un constat solidement établi mais les changements climatiques n’en sont pas la cause principale.


Changement climatique et survie des espèces
Étant donnée l'actualité et les effets de manches de Hulot à l'Assemblée nationale, il m'a semblé utile de remettre en avant cet article écrit en 2014 et qui n'a pas pris une ride depuis.

Le tableau était-il trop noir ?


En fait, le tableau ne serait pas aussi noir qu’on le supposait : « More recently, however, many ecologists have questioned the gross oversimplifications that go into some of these projections, such as the supposition that species are largely immutable, unwavering in their behavior, physiology, and other traits despite rapidly changing environs. (Plus récemment, cependant, beaucoup d'écologues ont mis en doute les sur-simplifications grossières qui entrent dans certaines de ces projections, comme la supposition qu’en dépit d’environnements changeant rapidement, les espèces sont pour une large part immuables, invariables dans leur comportement, leur physiologie et autres caractères) » (Chase J. 2014). En la matière, il faut se garder d’affirmations tranchées, en général fausses, qu’elles soient alarmistes ou trop optimistes. Certes comme pour toute variation des conditions environnementales, il y aura des perdants et des gagnants, des modifications dans la répartition spatiale des habitants de la planète. Les conséquences du changement climatique peuvent différer selon les populations d’une même espèce, voire d’un individu à l’autre, selon qu’elles peuvent ou veulent ou non mettre en œuvre des stratégies d’adaptation. La question de l’évaluation de l’impact des évolutions phénologiques sur les espèces et donc la biodiversité donne de cela une illustration parfaite. En fin de compte, même pour une seule espèce, l’impact du changement climatique sur son évolution future est une question sans réponse nette.
Sur la question de l’impact du changement climatique sur la biodiversité, il serait donc bon de faire preuve de modestie. Outre l’extrême complexité des phénomènes en jeu, leurs interrelations et l’étendue de notre ignorance à leur sujet devraient nous inciter à la prudence dans les prévisions et pronostics sur les évolutions futures. On le montre à propos des mésanges charbonnières (Parus major), du cerf élaphe (Cervus elaphus) et du chevreuil (Capreolus capreolus) dont le cas, paradigmatique, sera étudié en détail.
 

Oeufs de mésanges charbonnières Muséum d'histoire naturelle de Toulouse
Oeufs de mésanges charbonnières Muséum d'histoire naturelle de Toulouse
Le cas des mésanges charbonnières.

Des études faites sur des populations de ces mésanges aux Pays-Bas sur la période 1973 – 1995 (cf. Visser et al. 2001, 1999, 1998) montreraient qu’elles ne réussissent pas à modifier leur période de ponte alors que les chenilles dont elles dépendent pour leur nourriture et celle de leurs nichées éclosent 9 jours plus tôt en synchronie avec l’avancée du débourrage des bourgeons et du développement des feuilles. Le développement des oisillons est ainsi compromis par une nourriture devenue plus rare lors de la période du nourrissage qui est en retard par rapport à l’optimum de présence de la ressource. Ceci expliquerait en grande partie le déclin de cette espèce que l’on observe aux Pays-Bas, déclin que l’on devrait donc mettre à charge du réchauffement climatique. Mais les résultats de ces études sont en contradiction avec celles menées en Angleterre sur une population de mésanges charbonnières du bois de Wytham, près d’Oxford sur la période 1970 – 1997. Les femelles de cette population ont avancé leur période de ponte de 13 jours (cf. McLeery & Perrins 1998 ; Cresswell & McLeery 2003 ). Sur la période 1961 – 2007, soit sur 47 années les mésanges ont avancé leurs dates de ponte en moyenne de 14 jours. Les données sur l’abondance de nourriture dans la forêt montrent que ces 14 jours correspondent à l’avancement de la présence des chenilles dans les bois (cf. Charmantier A, et al. 2008). Malgré la « rapidité » du changement en cours, ces mésanges auront donc su s’adapter.
Selon que l’on est « réchauffiste catastrophiste » ou «climato-sceptique » on insistera sur les dis-synchronies ou au contraire sur les adaptations. Les chercheurs eux vont s’interroger sur le pourquoi d’une telle différence, sur quels indices se fondent les mésanges pour décider de leur période de ponte et pour cela découvrir ce qui les induit en erreur dans le cas des populations hollandaises et qui au contraire expliquerait leur succès dans le cas des populations anglaises serait d’une aide précieuse. Cette adaptation fine et en temps réel du comportement est-elle due à une plasticité phénotypique ou à une microévolution ? Les chercheurs penchent pour la première hypothèse. (Pour en savoir plus cf. Charmantier A., et al. 2008 ainsi que l’article de l’auteur sur le site FUTRA-Science à télécharger ici ). En tout cas, il paraît bien difficile de faire un pronostic sur le devenir de l’espèce.

Changement climatique et survie des espèces
Une adaptation comportementale du même type de celle des populations de mésanges charbonnières britanniques a été établie pour le cerf élaphe (Cervus elaphus) à partir d’un suivi sur une période 28 ans d’une population de cette espèce d’ongulés sur l’île de Rum en Écosse. Les chercheurs ont relevé des variations temporelles significatives sur les dates d’œstrus et de mise bas pour les femelles ; sur les dates de perte des bois, de perte du velours, du début et de la fin du rut chez les mâles. Ces dates ont avancé de 5 à 12 jours sur la période. Ces chercheurs ont mis en évidence une corrélation entre ces changements et la croissance des plantes au printemps et en été. (Cf. Moyes K. et al., 2011). Il est donc étrange que celle-ci n’existe pas chez son cousin, le chevreuil (Capreolus capreolus). Ce dernier s’avère incapable de régler la période des naissances sur le pic printanier des ressources végétales dont il dépend (Plard F. et al., 2014) (Gaillard et al., 2013) alors que la lactation entraîne une augmentation de 230% des besoins énergétiques par rapport au métabolisme basal (Carruette et al., 2004, p. 114).

La fin annoncée du chevreuil forestier

Cette incapacité du chevreuil à modifier la période de naissance en fonction de l’optimum des ressources alimentaires forestières proviendrait du fait que le cycle reproductif du chevreuil dépend de la photopériode c’est-à-dire du rapport entre les durées du jour et de la nuit qui est resté le même alors que depuis la fin du petit âge glaciaire sous l’effet de températures plus douces le printemps est de plus en plus précoce, la végétation repart plus tôt. De plus, chez le chevreuil la date de naissance ne semble pas être héritable : bien que les femelles nées tôt dans la saison aient plus de chance de survivre, elles n’ont pas tendance à mettre bas plus tôt que les autres (Plard F. et al., 2014).

De cela on pourrait conclure que faute de nourriture suffisante pour les chevrettes allaitantes, les chances de survie de leurs faons seront plus faibles si la désynchronisation s’accentue au fil des ans. À long terme l’espèce pourrait décliner. Ce n’est pourtant pas le cas. « Le cerf et le chevreuil en France sont en forte augmentation depuis 1985(à 2013), tant en termes d’effectifs que de surface forestière colonisée » selon les statistique du Ministère de l’environnement (ici). Si l’on assiste à un tassement en milieu forestier après l’explosion démographique des années 90, globalement les effectifs de chevreuils sont en augmentation et leur expansion est continue. Si le chevreuil est pénalisé en milieu forestier par rapport à d’autres ongulés en ne pouvant pas adapter sa période de mise bas, il possède d’autres capacités qu’il peut utiliser pour développer des stratégies adaptatives à l’évolution du climat.
Changement climatique et survie des espèces

En particulier, Il est connu pour son aptitude à coloniser des milieux très divers. Forestier d’origine, Il ne vit plus seulement en forêt, il habite aussi le bocage, les pâturages où des haies lui permettent de se dissimuler. Il a commencé à coloniser la plaine, les « openfields » dès les années 50 où il se repose à même les labours, se fiant à l’homochromie de son pelage pour être à l’abri des regards indiscrets. Il peut demeurer aussi tout près des habitations, dans les banlieues des villes où il tire profit parfois des potagers pour améliorer son ordinaire (Carruette et al., 2004, pp. 56 – 60 ; Abbas F., 2011. pp.18 – 21). C’est la plasticité comportementale dont il fait preuve qui lui a permis de s’adapter à la fragmentation et à la diversification de son milieu initial. « La plasticité comportementale d'une espèce en fonction des conditions du milieu affecte son succès dans les paysages fragmentés. Le chevreuil est l’exemple le plus remarquable de cette plasticité chez les ongulés. Cette espèce a rapidement étendu sa répartition à partir de son habitat d’origine, la forêt tempérée, jusqu'aux plaines agricoles ouvertes et au biome méditerranéen. » (Abbas F., 2011, p.19) Il faut remarquer que la désynchronisation entre la période de mise à bas et l’optimum de ressources alimentaires ne vaut que pour les populations de chevreuils qui vivent dans les milieux forestiers et qui se nourrissent des jeunes pousses. Dans les milieux ouverts que le chevreuil a commencé de coloniser depuis un peu plus d’un demi-siècle, les chevrettes allaitantes ne souffrent pas de cette désynchronisation car avec les cultures agricoles, elles ont à disposition d’autres sources alimentaires. Cette plasticité comportementale fera sans doute que le changement climatique ne sera pas une menace bien grave pour la survie de cette espèce. Peut-on en conclure qu’à terme, il y aura des chevreuils dans le bocage et les milieux ouverts mais qu’il n’y aura plus de chevreuil dans les forêts si le réchauffement climatique se poursuit ?
Pour l’affirmer Plard F. et al., (2014), Gaillard et al., (2013) et les auteurs cités en références de ces articles supposent que le réchauffement climatique va se poursuivre et que le printemps arrivera de plus en plus tôt accentuant ainsi la désynchronisation avec la période de mise bas des faons. Cette hypothèse essentielle pour prédire un sombre avenir aux chevreuils strictement forestiers est pour le moins discutable.

Les raisons d’en douter

Admettons que le réchauffement se poursuive. Même dans ce cas, il n’est pas assuré que les printemps seront de plus en plus précoces. En particulier la précocité du débourrement des bourgeons pourrait diminuer faute d’hivers suffisamment froids pour lever leur dormance. En outre pour des peuplements de hêtres, de chênes pédonculés et de bouleaux pubescents, dans le cas d’un doublement CO2 sans limitation des ressources en eau, les températures nécessaires pour le débourrement augmenteraient de 4 à 6 degrés selon Lebourgeois F.& Godfroy P.(2006, p.39) qui citent Kramer & Mohren (1996) et Kramer et al.(2000). De manière plus générale l'action des différents facteurs sur la date de réalisation des phénophases apparaît complexe : « si la température et la photopériode sont généralement les principaux facteurs déterminant, d'autres paramètres interviennent aussi pour réguler la phénologie qui est, de plus, contrôlée génétiquement. L'influence des divers facteurs est variable suivant les espèces et les phénophases considérées. Ainsi, pour le débourrement du hêtre, la photopériode joue un rôle important, ce qui ne semble pas être le cas pour d'autres espèces telles que les chênes » (Differt J., 2001, p. 115) Pour l’auteur « la connaissance actuelle de la phénologie n'est pas une base suffisante pour des prévisions fiables ». Il est donc bien difficile de savoir si les printemps de l’avenir seront plus ou moins précoces que ceux d’aujourd’hui et ce qu’il en sera de la désynchronisation entre l’optimum des ressources alimentaires en forêt pour les chevreuils et les mises bas des chevrettes.

Changement climatique et survie des espèces
La date de débourrage des bourgeons varie en longitude, latitude et en altitude assez fortement et pour beaucoup d’espèces d’arbres, le hêtre excepté, sans corrélation avec la photopériode alors que la photopériode est déterminante pour la reproduction du chevreuil. Il en résulte que la synchronisation de la mise bas si elle existait dans les milieux forestiers caducifoliés tempérés n’est pas la règle en tout lieu et en tout milieu, indépendamment des modifications dues au changement climatique. Ainsi «L'élévation se traduit par un retard au débourrement de près de 7 jours par 100 m en Haute-Ardèche (Oswald 1969), 4j/100 m dans la région de Clermont-Ferrand (Lavarenne-Allary 1965), 2,6j/100 m en Bavière (Malaise1967). En Autriche, Worrall (1983) indique un retard de 1 jour pour une élévation de 17,2 mètres et 15,2 mètres pour l'épicéa et le mélèze. » (Lebourgeois F.& Godfroy P., 2006, p.35). Les variations selon la latitude, la longitude et l'altitude concernent principalement les événements phénologiques du printemps et de l'été, le début de la phénophase étant d’autant plus tardif que ces paramètres ont des valeurs élevées. Ainsi pour la longitude, les phénophases printanières commencent plus tard à l’Est qu’à l’Ouest. En Europe centrale, le décalage étant selon les espèces d’arbres de 0,4 à 1,6 jours pour 100 km. En France la variation est de 3,6 jours par degré. On observe également des variations en latitude. Plus on va vers le nord et plus le débourrage est tardif. Pour toutes ces données sur les variations phénologiques en longitude, latitude et altitude on se reportera à Lebourgeois F.& Godfroy P. 2006, pp. 33 – 36. Soulignons que cette variabilité se manifeste surtout au moment de la reprise de la végétation et va donc influer sur les périodes où les chevreuils devraient avoir le maximum de ressources alimentaires. Etant donnés son aire de répartition, les habitats colonisés, l’espèce est donc exposée à des variations phénologiques conséquentes qui peuvent être plus importantes que celles se manifestant en un même lieu à cause du réchauffement climatique. Par exemple dans la forêt de plaine en Limagne, le débourrage des bourgeons est en avance d’environ 22 jours par rapport à celui des bourgeons des arbres des forêts au pied du Puy de Dôme, alors que le réchauffement climatique aurait déterminé une avancée d’environ 15 jours seulement. L’espèce a donc été apte à faire face aux variations phénologiques dans l’espace affectant ses ressources alimentaires en variant son régime sinon elle n’aurait pas pu coloniser à partir de son milieu d’origine, les forêts caducifoliées de plaine de climat tempéré, des milieux aussi divers que les openfields, les forêts de montagne à dominante de résineux, de l’extrême sud de l’Espagne jusqu’à la Scandinavie. Apte à faire face dans l’espace aux variations phénologiques avec leurs désynchronisations éventuelles, pourquoi ne serait-elle pas apte à y faire face dans le temps ?

Changement climatique et survie des espèces
Dans un milieu pauvre caractérisé par des forêts de conifères et de landes de bruyères sur sol sablonneux au Danemark, dans l’est du Jütland, les chevreuils se nourrissent toute l’année de bruyère qui présente une forte teneur en lipide. Dans cette région la densité de chevreuil est faible mais les individus sont prospères (jusqu’à 20kg pour un brocard de quatre ans) (Carruette et al. (2004, p. 27). Aiguilles de conifères et bruyère ne sont certes pas des nourritures variées comme celles dont peut disposer le chevreuil dans une forêt caducifoliée à des latitudes plus basses mais elles sont présentes toute l’année. L’avancée du printemps due au réchauffement climatique n’a pas d’influence sur la ressource alimentaire disponible pour ces chevreuils forestiers pour leur poids, leur potentiel reproductif et la rapidité de la croissance des faons.

Le chevreuil vivant dans des forêts caducifoliées montre une appétence prononcée pour le lierre et la ronce qui sont disponibles toute l’année. Même lorsque des feuillages verts d’essences variées sont disponibles, lierre et ronce constituent encore dans une hêtraie-chênaie calcicole une partie importante du bol alimentaire (un quart selon Carruette et al. (2004, p. 116) qui s’appuie sur les travaux de Maillard et Picard(1987), Maillard et al. (1989). (note : Lierre et ronce ne seraient pas consommés en été dans la forêt de Chizé si l’on se fonde sur la liste fournie par Maryline Pellerin en annexe de sa thèse (Pellerin M. 2005, p. 233)).

D’autre part les populations de chevreuils montrent une tendance à l’autorégulation. Dans le cas des chevreuils vivant dans l’est du Jütland, une région pauvre en ressources, les chevreuils sont prospères mais peu nombreux. Pour l’Alsace on peut se rapporter au SDGC du bas Rhin, (2006, p. 69). Dans la forêt de Chizé, « forêt mise en Réserve Biologique Intégrale », la population de chevreuils est l’une des rares populations de grands herbivores en Europe, et la première en France, qui s’est stabilisée naturellement (i.e., présente une croissance annuelle nulle sans prélèvements par l’homme)( ici ). Dans la forêt des Trois Fontaines, le taux de croissance a baissé au cours de la période allant de 1985 à 2011 passant de 1,23 à 1,06 (Plard et al. 2014). La résultante mécanique de cette baisse est une densité moindre de chevreuils exploitant le milieu, cette densité étant le principal facteur déterminant la ressource alimentaire disponible (ici ). Il n’est donc pas étonnant que les études sur les «Réponses des populations de Vertébrés aux changements climatiques –paramétrage et premières applications de modèles prédictifs basés sur les processus démographiques» sur menées dans le cadre d’une appel à projet du GICC (Gestion et impact du Changement climatique) dépendant du Ministère de l’écologie, montrent que « les effets des conditions climatiques au printemps sur la survie des jeunes diffèrent selon que la densité de la population est faible ou forte » (Gaillard et Grosbois 2009, p. 9). La baisse de densité jointe à une exploitation intensive des ressources disponibles – bruyère dans le cas des populations danoises, ronces et lierre dans le cas des populations vivant dans des forêts caducifoliées – pourrait être un palliatif à la désynchronisation induite par la géographie et/ou le réchauffement climatique entre période de mise bas et période d’optimum des ressources alimentaires à disposition.

Certes, il y a une corrélation assez nette, mais avec des exceptions remarquables, entre la richesse du milieu, le poids des chevreuils, leur rapidité de croissance et leur performance démographique. Les chevreuils forestiers sont moins lourds que ceux de plaine et ont une croissance moins rapide. Selon l’état de la forêt, il y a aussi des variations sensibles. Les chevreuils vivant dans une jeune plantation offrant une végétation abondante en sous-bois seront plus lourds que ceux vivant dans une vieille futée avec une maigre végétation au sol due au manque de lumière. Ceux vivant dans une forêt ayant une forte productivité comme celle des Trois Fontaines auront de meilleures performances reproductives que ceux vivant dans une forêt à faible productivité comme celle de Chizé.

En résumé, il faut supposer chez le chevreuil une plasticité alimentaire, avec un avantage pour les chevreuils vivant dans un paysage agricole hétérogène où ils peuvent tirer tout le parti de cette plasticité, les ressources alimentaires étant variées (cf. Abbas F., 2011). Est-ce pour autant qu’il faut augurer la disparition du chevreuil forestier sur le long terme ? À dire vrai, il semble à l’évidence que nous n’en savons rien !
Que sera le climat de la Champagne (Forêt des Trois Fontaines), du Poitou (forêt de Chizé), de l’Alsace, des volcans d’Auvergne, du Jütland, …, dans cent ou même cinquante ans ? Est-ce qu’il y aura une poursuite du réchauffement global du climat comme le prédit le GIEC ? Les mésanges charbonnières auront-elles prospéré ? Auront-elles décliné ? Qu’en sera-t-il des populations de chevreuils ? Lorsque l’on étudie chaque espèce en détail, on prend la mesure de la complexité de chaque cas, des lacunes, des incertitudes voire des confusions de nos connaissances et pourtant, il s’agit d’espèces connues, faciles à étudier. Pour d’autres…
En toute honnêteté et modestie, Gaillard et Grosbois affirment à propos des vertébrés : « Les projections des dynamiques des populations de vertébrés étudiées pour les scénarios de conditions climatiques futures produits par la communauté IPCC (GIEC selon l’acronyme français) ont été entreprises (…). Cependant, ces projections sont encore soumises à de fortes incertitudes et posent d’importantes questions méthodologiques. » (Gaillard et Grosbois, 2009, p. 16). Cela peut être généralisé à l’ensemble du vivant.

Changement climatique et survie des espèces
Des oracles orientés et malavisés

En supposant que le réchauffement global se poursuive, nous sommes encore loin, semble-t-il, d’avoir atteint l’optimum médiéval. Il est agaçant de voir l’accent toujours mis sur le mauvais côté de la chose, sur les conjectures les plus pessimistes surtout lorsque le discours s’adresse au grand public. Particulièrement significative à cet égard est la co-production audiovisuelle grand public intitulée « Sciences en questions - Changement climatique et biodiversité » présentée par le Muséum National d'Histoire Naturelle, le GIS Climat-Environnement-Société et La Huit (accessible ici ). Cela est poussé jusqu’à la caricature dans la séquence intitulée « Quel est l’impact de l’augmentation de CO2 sur la biodiversité ? » dans laquelle Paul Leadley, professeur d’écologie à l’Université Paris XI ne développe que des exemples d’effets que l’on suppose potentiellement négatifs de cette augmentation, exemples qu’il va chercher à l’autre bout du monde sans jamais parler des effets bénéfiques pourtant avérés que cette augmentation a sur la végétation et sur les arbres en particulier. Arguant d’une réponse différentielle au CO2 entre les plantes grimpantes et les arbres dans les forêts tropicales, il invoque l’hypothèse d’une mort de ces arbres tués par ces plantes grimpantes qui se développeraient mieux et plus vite par une meilleure assimilation du CO2 ! Hypothèse pour le moins hypothétique puisqu’une étude sur la réaction des forêts tropicales au changement climatique réalisée par une équipe internationale coordonnée par Jérôme Chave du CNRS parue en 2008 (Chave J. et al. 2008) la même année que la réalisation de la vidéo montre que dans tous les sites étudiés à l'exception d'un seul, les espèces à croissance lente ont augmenté en biomasse, mais pas les espèces à croissance rapide. Il n’y a donc pas de preuve qui établirait clairement que les forêts tropicales ont modifié leur fonctionnement en réponse aux changements climatiques dans les deux dernières décennies. Elles réagiraient à des phénomènes intrinsèques, plutôt qu'aux changements climatiques. Cette étude de grande envergure a concerné plus de 2 millions d'arbres en forêts tropicales appartenant à près de 5000 espèces, répartis sur 12 sites et 3 continents qui ont été suivis depuis les années 1980. Dans les forêts tempérées, l’augmentation de CO2 a aussi des effets bénéfiques sur les arbres. Nécessaire à la photosynthèse, ce qu’est bien obligé de rappeler Paul Leadley dans son speech, on peut le considérer comme une sorte d’engrais atmosphérique qui favorise la croissance de la végétation. De plus en régulant leurs besoins hydriques par le contrôle de l’évapotranspiration les arbres de la plupart des espèces s’adaptent à un climat plus sec malgré la rapidité des changements. Cette plasticité a des limites à déterminer mais elle semble suffisante pour permettre leur migration. Là encore les conséquences du réchauffement climatique ne seraient pas aussi délétères que supposé initialement.

Comme le montrent les cas analysés dans cet article, il est assez mal avisé de vouloir jouer les Cassandre sur la question de l’impact d’un incertain changement climatique sur la biodiversité mais l’optimisme en la matière n’est pas de mise non plus, les études qui se succèdent ayant tendance à se contredire les unes les autres.

Des menaces plus graves sur la biodiversité

Cela dit, il y a bien d’autres causes de l’érosion de la biodiversité que le réchauffement climatique qui semble d’ailleurs marquer le pas. Et s’il advenait que les causes de ce changement ne soient pas d’origine anthropique mais cosmique, nous ne pourrions rien faire pour l’entraver. On pourrait simplement se consoler en considérant que si nous allions vers un refroidissement les conséquences sur la biodiversité seraient encore plus catastrophiques comme nous l’enseignent les glaciations passées.
Même s’il perdure, le réchauffement climatique n’est sans doute pas la menace la plus grave qui pèse sur la biodiversité. La menace la plus grave qui est établie en toute certitude, la cause majeure d’érosion de la biodiversité n’est rien d’autre que la transformation de l’usage des terres par les activités humaines. L’augmentation de la population humaine, une agriculture « chimique » et l’exploitation des ressources naturelles avec une intensité et une efficacité sans cesse accrue grâce aux perfectionnements technologiques accentuent le processus. Ce sont elles qui entraînent une accélération sans précédent de la destruction, la dégradation ou la fragmentation des habitats de nombreuses espèces animales et végétales. Ce sont sur elles qu’il faut agir en priorité si l’on veut tenter d’enrayer l’érosion de la biodiversité.

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Photos :
Wikimedia Commons : Ghislain38, Didier Descouens ,Richard Peter Deustche Fotothek, Mucki, Amanda77, Hans Hillwaert, Vera Buhl.
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Dimanche 25 Mars 2018 Commentaires (1)
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