Valls : un nouveau premier ministre pour une même politique!
Une majorité de députés EELV a dû se plier la mort dans l'âme à la nouvelle ligne politique de "soutien critique" sans participation au nouveau gouvernement dirigé par Valls. Ces députés, dix sur les dix-sept que comprend le groupe, ont pris bien soin de se réclamer non seulement de la « majorité présidentielle » mais de s’accrocher à la « majorité gouvernementale ». Pour eux, il s'agit avant tout de ne pas se fâcher avec le grand frère PS sans lequel il leur sera difficile de retrouver un siège de député(e). Ils ont donc choisi de voter la confiance à ce gouvernement et tant pis pour la cohérence !
En s’abstenant ou en votant contre la confiance, une petite minorité, à la fois plus courageuse et plus conséquente a choisi d’être en phase avec la ligne de «non-participation gouvernementale» courageusement impulsée par Cécile Duflot et Pascal Canfin, les deux ministres sortants qui en ont eu assez de devoir manger leur chapeau et d’être roulés dans la farine…. Pour leur crédibilité, il est presque trop tard mais pour l’écologie, ce choix – dont on mesure combien il a dû être difficile pour ces deux ambitieux – a été le bon pour l’écologie. Ils ne sont, hélas, que sept députés sur dix-sept à leur avoir résolument emboîté le pas.

Voici la liste des députés EELV qui font allégeance à Valls :
Éric Alauzet
Brigitte Allain
Danielle Auroi
Denis Baupin
François-Michel Lambert
Véronique Massonneau
Paul Molac
Barbara Pompili
Jean-Louis Roumégas
François de Rugy

La liste de ceux qui se sont abstenus:
Laurence Abeille
Michèle Bonneton
Christophe Cavard
Sergio Coronado
Noël Mamère
Eva Sas

Seule Isabelle Attard a voté contre mais elle n’est plus qu’apparentée EELV. Elle a quitté le parti pour rejoindre « La nouvelle donne ».

Michèle Bonneton a publié sur son blog l’explication de son vote. La voici :

Tout d’abord sur la méthode : la nomination du Premier Ministre, des ministres, de la politique générale…tout cela n’a pris que 8 jours ! Dans ces conditions il est quasiment impossible de discuter sur le fond, de faire bouger les uns et les autres, de trouver des solutions largement partagées. Nos institutions poussent à cette précipitation et à cette personnalisation, mais un peu de raison pourrait modérer cette phase décisive de la vie politique de notre pays.
La déclaration du Premier Ministre du 8 avril est apparue très énergique et volontaire. Cependant un peu floue quant au financement du Pacte de responsabilité et de solidarité (économiser 39 milliards : ça va très très dur pour les Français ; et il en manque encore 11 pour faire 50 milliards). L’engagement sur la transition écologique a été acté ; rien n’a été dit sur la pollutaxe, les OGM, les gaz de schiste, la biodiversité, le Lyon-Turin. Rien non plus sur l’accord transatlantique qui est en train d’être négocié (et dont débattent les allemands) ; bien que cet accord pourrait modifier en profondeur nos vies au quotidien. Rien sur les orientations de l’Union Européenne ultralibérale dont on ne veut plus. Rien non plus sur la chasse aux niches fiscales néfastes (Censi-Bouvard, Dom-Tom, etc.) sur les dizaines de milliards que l’on pouvait récupérer sur les fraudes fiscales (à la TVA entre autres), rien sur la lutte contre l’évasion fiscale.

Le cap n’a pas changé : c’est celui fixé par François Hollande.
La majorité des députés de notre groupe souhaite malgré tout voter « pour » la confiance, de façon à pouvoir peser sur les choix à venir, disent-ils. Ce serait un « oui, mais » ; seulement, voilà, le « mais » n’apparaît pas dans un vote « pour »…illisible après notre sortie du gouvernement !
Personnellement je pencherai pour un vote « contre », mais compte tenu de la position du groupe, je m’abstiendrai. Il devrait y avoir 10 « pour » et 6 « abstentions » : je propose que ce soit une position assumée par le groupe, pour affirmer son adhésion critique ; ce point de vue accepté à l’unanimité (sauf un) lors de notre réunion de groupe n’a pas été repris lors des prises de parole publiques.



Illustration:
Délirius

Mercredi 9 Avril 2014 Commentaires (0)

Le NARG (Non à l’Abattoir Rituel de Guéret) a gagné. Il a su mobilisé l’opinion publique, à Guéret et bien au-delà, contre cet abattoir et plus généralement contre cette pratique. C’est par un communiqué que la Sovialim, et son PDG Mustapha Masri ont annoncé qu’ils renonçaient à ce projet.


Pour autant le NARG ne renonce pas à la manifestation nationale qu’il organise à Guéret le samedi 29 mars. Le NARG indique dans son appel à manifester qu’il s’agit « d’une part, pour dissuader le futur maire de Guéret de revenir en arrière et voir réapparaitre ce projet après les élections. D’autre part, cette victoire doit être retentissante et connue de la France entière, pour maximiser son impact. Enfin, cet évènement sera l’occasion de lancer officiellement notre campagne auprès de Bruxelles et du gouvernement. Nous faisons le choix, plutôt que de perdre notre énergie en luttant au cas par cas, les abattoirs mixtes se multipliant à vitesse grand V, de régler le problème à la source donc faire pression sur le gouvernement pour qu’il légifère en faveur de l’obligation d’étourdissement préalable et auprès de Bruxelles pour l’obligation d’étiquetage des viandes selon le mode d’abattage. Nous pouvons y parvenir, tous ensemble ! »

● Sur cet abattoir et l’attitude des pouvoir publics voir ici même « Abattage rituel par égorgement sans étourdissement : Hollande se défile, Le Foll approuve !!! »
Il n’y aura pas d’abattoir industriel Hallal à Guéret (Creuse) !

Vendredi 21 Mars 2014 Commentaires (0)
Beau temps sur la France

Jeudi 13 Mars 2014 Commentaires (0)

Des milliers de manifestants ont défilé dans Nantes le samedi 22 février 2014 pour faire échec au projet d’aéroport et protéger la biodiversité du bocage de Notre-Dame-des-Landes. Pour la première fois en France, ce souci de la biodiversité était au cœur d’une manifestation de grande ampleur. Cela montre que se développe une prise de conscience collective de la nécessité de protéger la nature contre les ravages que commettent contre elle aménageurs et autres promoteurs à Notre Dame des Landes comme partout ailleurs. Ce ne sont ni les fumées des grenades lacrymogènes, ni le bruit des grenades assourdissantes, ni les violences policières de l’état PS – Europe Ecologie les Verts qui l’étoufferont.


Les tritons manifestent
Les tritons manifestent
Voici le texte des « Naturalistes en lutte » qui a été lu lors de la prise de parole le 22 février. Cette prise de parole détaille les résultats des inventaires naturalistes menés par ce groupe de bénévoles. Ils mettent en évidence la richesse biologique du bocage de Notre Dame des Landes à la fois « château d’eau » et réservoir de biodiversité. Ce texte rend aussi hommage aux paysans qui ont préservé les richesses naturelles de ce territoire par leurs pratiques agricoles non productivistes. Il dénonce l’insuffisance et l’inefficacité des mesures compensatoires proposées et démontre qu’en fait, il n’y a pas de compensation possible à la destruction de cette zone bocagère.
La fin du texte quitte le terrain proprement naturaliste pour souligner une autre richesse, celle des liens tissés entre des gens aussi différents que zadistes, paysans et naturalistes. Ensembles, ils montrent qu’un autre monde est possible.

J'ai l 'honneur de prendre la parole au nom des Naturalistes en lutte, un groupe de bénévoles, créé en décembre 2012, autour d'un objectif commun : réaliser l'inventaire des habitats naturels, de la faune et de la flore sur le site de Notre-Dame-des-Landes, la ZAD 44. En 2013, plus de 200 participants ont témoigné de l'existant, passant des weeks-ends, des soirées, des nuits à arpenter ce bocage humide. Ces témoins sont des volontaires, accompagnés par des spécialistes, mus par le désir de donner de leur temps pour une cause commune. Chaque observation a été minutieusement consignée puis cartographiée.

Le bilan ? Des centaines d'espèces ont été notées, dépassant le millier rien que pour les insectes ; des habitats remarquables ont été cartographiés, bien plus que dans le rapport officiel ; et surtout nous avons dressé le constat étonnant que nous sommes en présence d'un assemblage unique pour le département voire de la région. Unique par sa composition et sa densité, unique par sa fonctionnalité. Du rarement vu.

C'est une relique précieuse d'une époque précédant la folie destructive du productivisme. En effet, aujourd'hui, le bocage, ce milieu de faible pression humaine, est considéré comme le plus menacé en Europe. Rien que sur cette surface de 1 600 ha, nous avons noté plus de 170 km de haies, plus 200 mares, dont pas moins de 186 habités par des grenouilles, des tritons ; nous avons noté une présence exceptionnelle en nombre du Campagnol amphibie, un petit rongeur devenu peau de chagrin en Loire-Atlantique ; nous avons noté des espèces nouvelles pour le département et d'autres pour la région ; nous avons des cortèges d'espèces devenant de plus en plus rare.

Le site de Notre-Dame-des-Landes est une connexion entre le bassin de la Vilaine et celui de Loire ; il n'est pas seulement un château d'eau, c'est aussi une source de biodiversité.
Le dossier évoque les mesures compensatoires. « Éviter, réduire, compenser », telle est la séquence de l'étude d'impact. Or, dans ce projet, il n'y aura ni évitement ni réduction ; l'ensemble de la ZAD est à compenser. Pour réaliser ce tour de force, la compensation a été calculée en unité compensatoire s'apparentant à des valeurs surfaciques. Autrement dit, si des êtres chers sont ensevelis par des bulldozers ils pourront être compensés par un club de rencontres, soit les futures mares en attendant que les prochaines zones commerciales les comblent. Dans ce cas de figure, et au regard des enjeux majeurs d'importance départementale, régionale voire nationale, il est bien entendu qu'il n'y a pas de compensation possible.

Le dossier parle de déplacements à titre compensatoire. Attention ! Cela est évoqué pour une plante et une espèce d'insecte sur les plus de 1000 que nous avons recensées. Pour les Amphibiens, les déplacements sont évoqués à titre expérimental et non à titre compensatoire. Cela concerne que deux espèces, sur les 10 présentes, et que 19 mares sur les plus de 200 ponctuant le site. De plus, sur le plan scientifique, nous savons déjà qu'en aucun cas ce prélèvement sera significatif de la population présente.

Nos résultats vont permettre d'alimenter les recours juridiques. Pour la partie habitats naturels, faune et flore, ces recours ont été déposés par France Nature Environnement, Bretagne vivante, la Ligue pour la protection des Oiseaux, Eau et Rivières de Bretagne et SOS Loire Vivante.

Pourquoi une telle richesse ? Par son contexte hydrographique, certes. Mais aussi et surtout, parce que des paysans ont opté pour une autre manière de produire. Des paysans qui n'arrachent pas les haies ; des paysans qui ne drainent pas ; et pour autant des paysans qui vivent bien, entourés de milliers d'autres êtres vivants.

Autre richesse : les liens. Dans ce contexte, paysans, zadistes et naturalistes se sont liés, se sont écoutés et aujourd'hui, nous marchons ensemble parce que nous comprenons que la seule manière d'avancer n'est pas la compétition ou le conflit, mais la coopération et l'écoute. Notre-Dame-des-Landes, c'est la preuve qu'un autre monde est possible. Un monde où progresse le respect d'autrui, un monde où la non-violence est recherchée. Notre-Dame-des-Landes devient un nouveau symbole d'espoir.
Plutôt que les 3 V de « Veni, vidi, vi(n)ci » nous proposons les 3 V de « Victoire, de la vérité et du vivant. »

Que tous ceux qui en ont marre du mensonge,
Pour tous ceux qui en ont marre de cette logique de mort
Pour tous ceux qui veulent un autre monde
Pour tous ceux qui veulent cohabiter avec l'ensemble des terriens humains et non-humains,
Pour afficher notre volonté de vivre autrement.
Pour un symbole fort de notre détermination,

Ouvrons la main gauche, côté cœur, bien haut, comme une antenne nous reliant tous les uns aux autres, comme les doigts d'une même communauté.

Nous ne lâcherons rien.

Source Les naturalistes en lutte
Photo : Les naturalistes en lutte

Jeudi 6 Mars 2014 Commentaires (0)

C’est la leçon politique majeure que doivent tirer les écologistes d’une analyse « à froid » des événements du 22 février à Nantes.


Un succès sans précédent

La manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes du Samedi 22 février a été un succès : entre trente et cinquante mille manifestants et plus de cinq cents tracteurs, manifestation d’une ampleur sans précédent dans cette ville. Les quelques affrontements avec les forces de l’Etat PS- EELV n’ont produit que des dégâts limités sur des objectifs, somme toute ciblés comme est obligé de le reconnaitre Hervé Kempf dans son édito : « un bureau de la société Vinci, et deux agences de voyage, l’une de la SNCF (contre le projet Lyon-Turin), et l’autre de Nouvelles frontières (qui promeut des voyages en avion). Il n’y a pas eu de destruction généralisée, de volonté de saccage, de pillage. Les destructions avaient un sens politique, comme l’ont été le tagage d’un commissariat ou de l’hôtel de ville ou la destruction de deux engins de chantier » qui appartenait à l’omniprésent Vinci. Cela n’a rien à voir avec une «guérilla urbaine » D’ailleurs pour s’en rendre convaincre, il suffisait de comparer les images qui parvenait de Nantes, même savamment mises en scène et celles qui parvenaient de Kiev !

A Nantes, le 22 février, la violence, la vraie, était policière…

Il faut dégonfler le matraquage médiatique sur la manif qui dégénère et redonner aux événements leurs justes proportions. Nantes n’a pas été mise à feu et à sang ! La prétendue « violence » s’est exercée contre des bâtiments, des engins, du mobilier mais pas contre des personnes. Des destructions de ce genre ne sont pas incompatibles avec la « non-violence » même si elles sont limites comme le sont les « démontages » de Macdo et le « fauchage » des champs OGM. Il y a bien eu quelques gendarmes et CRS contusionnés mais les blessés sont surtout du côté des antis aéroports. Deux jeunes manifestants ont sérieusement touchés au visage et ils vont perdre un œil. Les témoignages sont concordants, les forces dites de l’ordre ont fait usage de grenades assourdissantes, de tirs de flashballs pour blesser et pas seulement pour disperser les manifestants. A Nantes, le 22 février, la violence, la vraie, était policière…
Aucune condamnation de cette violence-là de la part d’EELV, aucun mot de soutien pour les manifestants blessés. Mais une condamnation ferme, appuyée, répétée des « casseurs » ! Alors qu’EELV n’a jamais (et c'est heureux!) condamné les démontages de Macdo et les destructions de cultures OGM.
Les événements de Nantes contrarient les stratégies et plans de carrière des politiciens locaux et nationaux de ce parti et il est évident que si Duflot avait pu se douter de l’ampleur de la manifestation et de sa radicalité, elle se serait abstenue de toute déclaration de soutien. Certes, EELV continue d’affirmer son opposition à la réalisation de l’aéroport, affichant sa divergence avec le PS mais renoue avec Ayrault, Valls, et les caciques locaux du PS en condamnant les « violences » dues aux « casseurs » et en faisant de la question de l’aéroport une question secondaire.

Quentin, gravement blessé à l'œil le 22 février à Nantes
Quentin, gravement blessé à l'œil le 22 février à Nantes
Ainsi François de Rugy aurait déclaré selon l’Express (22/02/2014) : « Notre-Dame-des-Landes n'est pas fondamental pour l'avenir de Nantes » en accord avec un autre élu Vert Jaune par la grâce du PS, le sénateur EELV Ronan Dantec qui affirme, propos rapportés dans le même article de l’Express : «L'enjeu, c'est que le territoire reste à gauche. En 2001 déjà, lors de notre premier accord Verts-PS, notre divergence sur Notre-Dame-des-Landes avait été inscrite dans le programme. Après, sur chaque point, chacun vit sa vie. »

Canfin s'affirme sur la même longueur d'onde qu'Ayrault!

Les événements récents et notamment la manifestation du 22 février faisant qu’il devient difficile que « chacun vive sa vie » EELV et PS se retrouvent pour taper de concert sur les « casseurs » et même les « zadistes ». Ainsi le communiqué du Bureau National des verdâtres d’EELV « déplore la présence d’éléments perturbateurs et condamne fermement les dégradations et les actes de violences en marge de la manifestation. » tandis que pour Pascal Canfin, « il n’y a aucun problème » « Nous avons condamné fermement les violences. Nous n'avons rien à voir avec des gens qui viennent casser un centre-ville » a-t-il déclaré sur France inter le dimanche 23 Février précisant même : « Nous sommes parfaitement sur la même longueur d'onde que Jean-Marc Ayrault » ! Les manifestants blessés par les CRS seront sans doute très heureux de l’entendre dire.

De Rugy crie haro sur les "casseurs" et ne veut plus de manifestation à Nantes

Mais celui qui a tapé le plus fort et avec le plus de constance, c’est François de Rugy, député local qui sait qu’il doit sa petite carrière politique et son siège de député au PS. Il n’est pas non plus dépourvu d’ambitions ministérielles. Et voilà que des trouble-fête qui osent tagger un commissariat et saccager des bureaux de la société Vinci risquent de réduire à néant ses belles espérances. Aussi dès le soir de la manifestation et avec un zèle jamais démenti depuis il s’est employé à condamner les « Black Blocs», les zadistes, la « violence », la prétendue « guérilla urbaine», en rajoutant même sur les propos du sinistre Ministre de l’Intérieur Manuel Valls pour vouer à la vindicte publique les « casseurs » qui auraient gâché la manifestation. Pour lui, il n’est plus question d’organiser des manifestations à Nantes contre le projet d’aéroport : « Nous, écologistes, nous prenons nos responsabilités et nous disons : « Plus jamais ça ! » Plus jamais nous ne laisserons ces violents avoir l’occasion de mener leur guérilla urbaine, à Nantes ou ailleurs. Donc pour être concrets, sur cette question de l’aéroport, nous ne manifesterons plus à Nantes. » En commentaire ironique, le Canard enchaîné propose qu’à l’avenir EELV aille manifester contre l’aéroport de Notre Dame des Landes à Bègles. Ce verdâtre qui tourne au jaune a le culot de s’approprier le mouvement écologiste « Nous, écologistes » a-t-il le toupet de dire comme si tous les écologistes soutenaient ses propos diviseurs et capitulards !

Après avoir refusé de mener le combat contre l’aéroport dans les hémicycles de la République, les assemblées des collectivités territoriales, donc après avoir refusé de donner un débouché politique à ce combat, voilà EELV qui renonce aussi à combattre sur le terrain pour ne pas fâcher le grand frère PS avec lequel il concocte une tambouille électorale de second tour. Vu le ton de la diatribe de de Rugy, il ne fait aucun doute qu’il n’hésiterait pas une seconde à faire appel aux CRS de Valls pour ne pas « laisser ces violents avoir l’occasion de mener leur guérilla urbaine, à Nantes » ! D’ailleurs, il n’a que mépris pour les « zadistes » qui occupent le terrain depuis des mois et sont aux avant-postes de la lutte. Ce cravaté se proclame lui-même un « français moyen » qui ne vit pas dans des cabanes et ne se pend pas aux arbres (sic) mais fait de la politique ! Contre toute évidence, il assène qu’ils nuisent à la cause anti-aéroport.

La réponse des « zadistes »

À François de Rugy comme à tous les faux culs carriéristes d’EELV qui poussent des cris d’orfraies devant les bureaux et les engins de chantier de Vinci mis à mal par les manifestants on peut répondre avec les Zadistes « Tritons crété e s contre béton armé » : « On nous demande aujourd’hui de rejeter toute idée de violence et de nous désolidariser de ceux qui ont brûlé leur machines, cassé leur vitrines, assailli leurs dispositifs. Mais personne ici n’oublie que si nous nous étions contentés de nous asseoir en travers de la route et de discuter quand ils ont débarqué le 16 octobre 2012, il n’y aurait aujourd’hui plus personne pour parler de la zad. Elle n’existerait sans doute déjà plus. »
Ayrault demandait à EELV de sortir de l’ « ambiguïté ». C’est chose faite : si Paris valait bien une messe pour Henri IV, les accords électoraux qu’ils peuvent conclure avec le PS valent bien Notre Dame des Landes pour EELV !
Mais devant l’ampleur prise par le mouvement de contestation, qu’EELV y participe ou non, l’aéroport ne se fera pas.

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Deux comptes rendus de la manifestation à lire :

Récit et analyse collective de la manifestation anti-aéroport ici

La véridique et surprenante histoire de la manifestation de Nantes par Hervé Kempf (Reporterre) ici

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Témoignage de Quentin

Quentin n'est ni un « militant pur et dur, ni activiste ». Il n'est pas plus un professionnel des manifestations. Celle-ci était sa deuxième contre l’aéroport. Il est « juste un charpentier» venu manifester avec son amie et des copains.
« J'étais pas armé, j'avais pas de masque à gaz, j'avais pas de lunettes de protection. On était là pour une manifestation familiale, festive, on était là pour faire masse, pour faire du nombre. Et après, c'est vrai que je suis resté même s'il y avait les lacrymos, parce que je trouvais ça injuste et qu'il fallait rester. Y'avait des gens, y'avait des pères de famille, y'avait des anciens, y'avait un petit peu de tout et voilà, moi je voulais rester aussi avec les gens pour montrer qu'on était là »

Mardi 4 Mars 2014 Commentaires (0)

Les perce-neige sont sortis. Ils décorent les fossés et fleurissent d’une multitude de petites clochettes blanches, de gouttes de neige les sous-bois le long de la rivière. Qui pourrait soupçonner que cette petite fleur à laquelle s’attachent tant de légendes et qui sauva Ulysse des manigances d’une sorcière, synthétise des substances qui sont employées en pharmacologie pour atténuer les symptômes de la maladie d’Alzheimer et soigner le sida mais qui sont aussi très utilisées par les apprentis sorciers qui bricolent des OGM ?


Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Perce neige, goutte de neige messagère du printemps… Pour l’honorer, voici un extrait d’un des madrigaux de « La guirlande de Julie » (1641):
« Sous un voile d’argent, la Terre ensevelie
Me produit malgré sa fraîcheur
La neige conserve ma vie,
Me donnant son nom, me donne sa blancheur »

Le perce-neige annonce le printemps, la saison des amours. C’est bien ce que dit, à sa manière, avec sa grivoiserie désuète et pleine d’un charme suranné, cette chanson de 1860 :
« Veillez sur vos roses fillettes,
Le Perce-neige va briller !
(…)
Vous dont la blanche mousseline
Trahissait les jolis contours,
Dans l'hiver, sous la levantine
Vous fermez la porte aux amours.
Du bonheur, douces messagères
Laissez la pudeur sommeiller,
Reprenez vos robes légères,
Le Perce-neige va briller !

Nom
Galanthus nivalis L. 1753
[Famille des Amaryllidaceae]

Le nom du genre vient du grec γάλα, lait et de ἄνθος, fleur. Il signifie donc littéralement « fleur de lait ». Le nom de l’espèce est issu du mot latin signifiant « neige ».

En Français, le nom le plus courant est «Perce-neige», nom composé invariable, de genre masculin ou féminin sans qu’il y ait un usage bien établi. En italien il se dit bucaneve, c’est-à-dire comme en français la plante qui perce (buca) la neige (neve). En Anglais : Snowdrop, en Allemand : Schneeglöckchen (neutre), en Néerlandais, Sneeuwklokje (neutre). Dans toutes ces langues c’est la précocité du fleurissement de la plante qui est mis en avant pour la nommer mais en anglais et en allemand l’accent est mis sur la forme bombée de la fleur.

Parmi ses autres noms vernaculaires français, on peut citer : grelot blanc, goutte de lait en référence évidente à son aspect ; clochette d’hiver qui marie aspect et période de floraison ; violette de la chandeleur qui insiste plutôt sur la date que sur la couleur ; goutte de neige qui est la traduction littérale du nom anglais mais ne manque pas de charme et n’a guère été utilisé que par J.J. Rousseau ; galant d’hiver et galanthe des neiges qui sont des adaptations du nom savant.

Selon Pascal Vigneron, le vocable «perce-neige» apparaitrait pour la première fois en littérature en 1641 dans deux des madrigaux écrits pour célébrer la beauté de Julie d'Angennes dans un recueil intitulé « La guirlande de Julie » composé à l’instigation de son soupirant et futur mari le duc de Montausier.

Sous la dénomination « Perce-neige » ont longtemps été confondues deux espèces de plantes appartenant à deux genres différents : le Perce-neige et la Nivéole printanière jusqu’à ce que Linné les place dans deux genres distincts Galanthus nivalis et Leucojum vernum L. 1753. Certains botanistes contestent aujourd’hui cette organisation de la famille des Amaryllidaceae.
En fait le terme « perce-neige » comme les autres appellations vernaculaires sont ambigües botaniquement dans la mesure où elles désignent indistinctement plusieurs espèces du genre Galantheus. Cet article sera centré sur l’espèce G. nivalis, que l’on peut considérer, sinon comme indigène, du moins naturalisée depuis longtemps. Il abordera aussi d’autres espèces que l’on trouve surtout cultivées, parfois subspontanées.
 

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Période de floraison
De Janvier à Mars.

Description
Plante herbacée de 15 – 25 cm, monoïque,
●Vivace, géophyte à bulbe ± sphérique à ovoïde, d’environs 2 – 2,4 cm x 1 – 2 cm,
Tige cylindrique, dressée, gris vert,
Deux feuilles à la base plus courtes que la tige, un peu plus large au milieu que dans le tiers supérieur et apex obtus ou acuminé, marge entière, vert un peu gris à l’avers comme au revers, parfois carénée avec une bande médiane plus ou moins large gris-vert,
●Fleur solitaire, blanche, pendante, à odeur discrète de miel, au pédoncule sortant d’une spathe arquée au pourtour membraneux, diamètre 2 cm, ovaire infère à trois loges, périgone en cloche à avec deux couronnes à trois tépales pétaloïdes libres, les trois extérieurs obovales-oblongues obtus, les trois intérieurs plus courts, d’environ la moitié, en cloche, obovales en coin, échancrés. L’extérieur des tépales internes présentent à l’apex une tache verte en V tandis que l’intérieur est marqué de vert sur presque toute sa surface. Les tépales externes peuvent présenter ou non selon les variétés à l’apex de leur face externe des marques vert jaunâtre. La fleur possède 6 étamines à filet très court et à anthères dressées, disposées en deux verticilles. Le stigmate est simple,
●Fruit capsule de 10 – 16 mm charnue, subglobuleuse contenant des semences brun clair.

Les fleurs de G. nivalis sont mellifères. La pollinisation est entomogame et dans son aire naturelle la dispersion des graines est principalement due aux fourmis. L’extension actuelle de sa répartition est surtout le fait des cultures ornementales.

On peut distinguer deux variétés la première indigène, naturalisée ou subspontanée, la seconde sans doute seulement subspontanée. Ces deux variétés peuvent s’hybrider entre elles.
G. nivalis var. nivalis, dont la spathe est formée de deux bractées soudées sur toute leur longueur, et dont les tépales externes sont dépourvus de tache verte ou jaunâtre au sommet, tache que possèdent les tépales intérieurs.
G.nivalis var. scharlockii, Caspary 1868 dont la spathe est plus longue et parfois constituée de deux bractées seulement soudées dans leur partie inférieure mais surtout dont les tépales extérieurs ont une tache vert ou vert jaunâtre au sommet comme les intérieurs. Cette variété est plus rare et son existence à l’état sauvage incertaine.
Nota bene : La nivéole printanière (Leucojum vernum, L. 1759) se distingue du perce-neige par ses 6 tépales égaux portant tous à l’apex une marque verte, par le nombre de ses feuilles de 4 à 6 au lieu de 2 dans le cas des perce-neige. Comme le tussilage ou les pétasites, ses fleurs apparaissent avant ses feuilles. La nivéole d’été (Leucojum æstivalis, L. 1759) fleurit plus tardivement avec des fleurs groupées en ombelles.

Habitat
Plante hémi-sciaphile [de demi-ombre], nitrophile, G. nivalis aime les sols profond, riches en humus, mais on le trouve aussi sur des sols à dominante sablo-argileuse. On le trouve sur différents substrats : calcaire, granitique, schisteux, volcanique, mais le pH ne doit pas être trop acide (pH ≥ 6). Son amplitude altitudinale varie de 100 à 1600 m, avec un optimum vers 600 m.
Il pousse dans les forêts caducifoliées, haies, prairies humides, parcs, abords des jardins.
Plante d’origine européo-caucasienne, finalement assez rare en France à l’état spontané, plus souvent naturalisée, uniquement naturalisée ou subspontanée au nord de la Seine.

Remarque importante
L’espèce sauvage est considérée comme quasi menacée sur la liste de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Avec ses variétés, elle est protégée dans certains départements notamment le Calvados, le Cher, l’Indre et Loire, l’Isère, la Loire-Atlantique, le Loire et Cher, le Loiret, le Lot, la Lozère, la Manche, la Mayenne, les Pyrénées Atlantiques.
En Europe, le genre Galanthus est inscrit à l’annexe V de la directive Habitats-Faune-Flore. Cette annexe recense les espèces animales et végétales dont les Etats membres doivent s'assurer que les prélèvements effectués ne nuisent pas à un niveau satisfaisant de conservation en mettant en place des mesures qui dans le cas de Galanthus sont principalement la réglementation de la cueillette et de la vente de spécimens.
Au niveau international, il est inscrit à l’annexe II de la CITES (cf. ci-dessous au paragraphe concernant Galanthus elwesii)

Autres espèces du genre

Si en France il n’y a qu’une seule espèce indigène ou du moins naturalisée de longue date, le genre comprend dix-neuf espèces dont la majorité est originaire du Caucase, la limite orientale du genre étant le sud-est de la mer Caspienne. Plus au sud, d’autres espèces poussent en Turquie, dans les Balkans et la Crimée. Il existe une espèce endémique de la Mer Egée que l’on cultive ici en pots : G. ikariae Baker, 1893 (dédiée à Icare par son descripteur). Au sujet de cette dernière espèce, il faut noter une possible confusion terminologique. Dans des catalogues de bulbes et certaines encyclopédies des plantes à bulbes on trouve parfois le nom G. ikariae subsp. latifolius qui est en fait un synonyme (à éviter) de G. woronowii.

On regrettera qu’une certaine confusion terminologique règne à l’intérieur de ce genre.

Parmi les dix-neuf espèces du genre, on peut en rencontrer quelques-unes et leurs nombreux cultivars dans les jardins ou échappés et /ou naturalisés, beaucoup plus en Angleterre ou en Hollande qu’en France où seuls un petit nombre d’espèces et cultivars peuvent être facilement achetés. Compte tenu de la protection dont bénéficient toutes les espèces du genre et leurs cultivars, l’achat à l’étranger, notamment en Angleterre ou en Hollande implique un transport qui exige un permis.
En Angleterre, le genre a des collectionneurs passionnés et certains bulbes d’espèces ou cultivars rares où difficiles à se procurer coûtent jusqu’ à 45 £ le bulbe.
Dans cet article, on se limitera aux trois espèces les plus fréquemment cultivées.
 

Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Galanthus elwesii, Hook. f. 1875 Perce-neige géant
Cette espèce est la plus grande, environ le double des autres espèces. Elle a des feuilles plus larges, gris bleuté, qui retombent autour de la tige. Elle fleurit dès décembre. G. elwesii n’a pas de taches vertes sur les tépales externes, seulement sur les tépales internes.
◊ Dans la variété elwesii ils sont pourvus de deux taches vertes, l’une à l’apex l’autre à la base. La tache apicale a la forme d’un V ou d’un U suivant les contours de l’apex du tépale. La tache de la base est circulaire ou forme une bande transversale. Pour certains spécimens, les deux taches sont si rapprochées qu’elles ne forment qu’une seule et même tache en forme de X qui occupe toute la longueur et pratiquement toute la surface du tépale.
◊ La variété monostictus P. D. Sell 1996 possède quant à elle des tépales internes dotés d’une seule tache mais celle-ci s’étend sur plus de la moitié du tépale. On a obtenu des cultivars de cette variété qui fleurissent d’octobre à mai d’un grand intérêt horticole mais pour lesquels l’appellation « perce-neige » est quelque peu usurpée. Cette variété est souvent vendue sous le nom synonyme de Galanthus caucasicus Hort. 1956


Galanthus elwesii est originaire du nord de la Grèce, de la Bulgarie et de l’ouest de la Turquie. C’est une espèce de l’étage montagnard. Elle pousse au-dessus de 800 m jusqu’à environ 1600 m. Elle a été introduite en Europe occidentale en 1874. Dans la nature, à l’état sauvage, G. elwesii est une espèce d’une grande variabilité pour ce qui concerne notamment la hauteur de la plante, la forme et la couleur des feuilles, la forme des taches des tépales internes et de la forme des fleurs.

Initiée en 1874, l’importation en Europe via la Hollande de bulbes sauvages de G. elwesii récoltés en Turquie a pris une ampleur telle que l’on exportait plusieurs millions de bulbes au début des années 80 de telle sorte que l’espèce s’en trouvait menacée dans son aire d’origine. Ce fut l’une des raisons qui ont conduit à inscrire le genre Galanthus dans l’appendice II de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) en 1990. Cette annexe énumère les espèces qui pourraient être menacées si le commerce de leurs spécimens n'était pas étroitement contrôlé. Cette régulation prévient cette menace sans interdire le commerce des spécimens dont l’exportation doit être soumise à un permis que les autorités ne doivent délivrer que si cette exportation ne met pas l’espèce en danger.
D’ailleurs, lorsque l’on veut planter des bulbes de G. elwesii, il est préférable de choisir plutôt que des bulbes sauvages provenant de Turquie, des bulbes selectionnés à partir de plantes qui ont survécu à leur mise en culture montrant ainsi leur aptitude à pousser et à se multiplier dans les jardins européens, voire à se naturaliser. Cette naturalisation est difficile au nord de la Seine. Au-delà de cette limite, on trouvera cette espèce surtout dans les jardins.
L’intérêt horticole de l’espèce tient au fait que ses fleurs sont grandes et spectaculaires, qu’elle est facile à cultiver, d’aspect varié permettant l’obtention de nombreux cultivars et que la floraison en culture s’étend dans le temps.

Intermède linguistique en forme de paradoxe : le perce-neige d’Elwes n’est pas le perce neige d’Elwes….

La plante fut dédiée à son découvreur et récolteur Henry John Elwes par Sir Joseph Dalton Hooker, directeur du Jardin Botanique Royal de Kew de 1865 à 1885, qui a cru en formuler la première description. D’où l’épithète du binôme de l’espèce : « elwesii ». On pourrait donc traduire le binôme Galanthus elwesii par Perce-neige de Elwes. En fait, les plantes qu’Elwes avait récoltées appartenaient à une autre espèce de Galanthus (un variant de Galanthus gracilis à feuilles larges) et ce sont elles que Hooker a utilisées comme spécimen type. L’usage s’est pourtant répandu avant que l’on ne découvre récemment cette méprise. Parce que le binôme G. elwesii avait été largement et depuis longtemps appliqué pour désigner cette espèce et non Galanthus gracilis, le nom a été maintenu et associé à un spécimen type différent. Donc le perce-neige d’Elwes au sens de Galanthus elwesii n’est pas le Perce-neige que celui-ci a découvert et rapporté en Angleterre. Plutôt que de changer le nom, on a préféré changer le référent mais du coup, le nom (le signe) devient un vrai nom propre ordinaire dont la signification ne nous apprend rien sur la chose qu’il désigne et pourrait même induire en erreur. Les « noms maintenus » sont l’une des voies par laquelle l’arbitraire du signe s’installe dans la nomenclature.

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Galanthus plicatus M.Bieb., 1819 est plus tardive et fleurit de février à mars, elle peut atteindre 20 cm de hauteur. Elle possède de larges feuilles vertes dressées plus larges que celles de G. nivalis. Elles ont le limbe replié sur le revers quand la plante est jeune. Ceci, et les marques de ce pliage qui persistent sur la feuille adulte, donnent à la plante son nom d’espèce, « plicatus » qui signifie plissé en latin. Chaque tépale du périanthe interne est sinué.
Ce sont des soldats anglais qui ont rapporté des bulbes de Crimée lors de la guerre éponyme en 1850. Ils avaient été surpris de voir les champs de bataille couverts de ces fleurs qui s’épanouissaient après un rude hiver. En fait ils auraient été cultivés dans les jardins d’Europe de l’ouest depuis le XVIème siècle. On distingue deux sous-espèces :
G. plicatus subsp. plicatus dont l’aire originelle s’étend du nord de la Turquie à la Roumanie et la Crimée. Elle se distingue par une tache verte unique à l’apex des tépales du périanthe interne. Elle peut s’étendre sur les deux tiers de la surface du tépale, parfois plus.
G. plicatus subsp. byzantinus dans les environs d’Istanbul et se distingue par la présence de deux taches vertes sur les tépales du périanthe interne, une au sommet, l’autre à la base. La tache de l’apex ne s’étend pas au-delà de la moitié de la surface du tépale.
Ce dernier taxon que l’on n’a guère de chance de rencontrer en dehors d’un conservatoire botanique est classé Vulnérable (IUNC 1997) du fait de sa rareté et de son aire réduite.
En culture dans les jardins, les deux sous-espèces s’hybrident naturellement de telle sorte que la distinction entre elles s’estompe.
 

Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches
Galanthus woronowii Losinsk. (1935)
Synonymes : G. ikariae Baker subsp. latifolius Stern, en partie.
G. ikariae des jardins, auct. non G. ikariae Baker.
G. latifolius des jardins, auct. non G. latifolius Rupr.
Cette espèce a été souvent confondue avec d’autres du genre et il a longtemps régné une grande confusion dans les binômes qui lui ont été associés. Dans les catalogues de bulbes, il est parfois dénommé G. ikariae, ou latifolius alors que les espèces correspondantes à ces binômes diffèrent de woronowii par leur écologie, leur répartition et quelques caractères auxquels ne seront attentifs que les spécialistes, les autres observateurs pouvant être facilement abusés par les ressemblances manifestes entre ces espèces.
Par rapport aux trois autres espèces décrites ici, les différences principales que l’on peut observer concernent les feuilles et la forme des taches des tépales internes. Ces dernières sont courtes en forme de U, parfois divisées dans le sens de la longueur formant comme un œil sur chaque côté du sinus. Ces taches ne sont pas toujours identiques d’un individu à un autre. En outre on observe une variabilité du nombre des tépales du périanthe externe à l’état naturel. C’est la couleur des feuilles qui est le caractère distinctif le plus remarquable. Elles sont vertes, vert-clair à vert moyen et non gris-vert, le dessus légèrement brillant. Elles se terminent par une courte pointe en forme de capuchon, (parfois seulement plane) et possèdent sur le dessus deux à quatre sillons peu profonds qui correspondent à autant de plis sur la face inférieure, ce qui leur donne un aspect plissé caractéristique. Il fleurit entre janvier et avril dans la nature ; janvier et mars en horticulture.
C’est une espèce de plaine ou de moyenne montagne. Son amplitude altitudinale va de 20 à 1500 mètres avec un optimum entre 100 et 500 mètres en Turquie, jusqu’à 700 mètres en Géorgie et au sud de la Russie. Il pousse aussi bien dans les forêts caducifoliées qu’à dominante de résineux. Dans les régions bien arrosées, on le trouve dans les pierriers, sur le sommet de gros rochers, le rebord de falaises et même selon Davis (1999) comme épiphyte sur des arbres couverts de mousse. Il s’accommode de sols de diverses compositions.
Cette espèce est originaire des montagnes du nord-est de la Turquie, de l’ouest du Caucase. Il est particulièrement abondant en Géorgie où des millions de bulbes ont été récoltés pour l’exportation. La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) permet de réguler ce commerce et de protéger l’espèce dans son aire d’origine. D’ailleurs comme pour G. Elwesii, des clones sélectionnés ou des cultivars sont plus adaptés à l’horticulture. Aujourd’hui, cette espèce est beaucoup plus fréquente dans les plates-bandes des parcs et jardins que dans la première moitié du siècle dernier, époque où elle a commencé à être couramment vendue et fait l’objet d’importations massives par des entreprises hollandaises spécialisées dans la vente de bulbes.
Cette espèce a été décrite par le botaniste russe A.S. Losina-Losinskaya en 1935 qui la dédiée à Georg Jurii Nikolaewitch Woronow (1874–1931) un autre botaniste et collectionneur de plantes, d’où le nom de l’espèce Galanthus woronowii que l’on pourrait traduire par le perce-neige de Woronow.
Davis (1999) rapporte que A.S. Losina-Losinskaya a décrit la plante d’après des spécimens récoltés dans le sud de la Russie, dans les environs de Sotchi, sur la rive orientale de la mer Noire et que des stations abondantes de la plante se trouve encore dans les zones de forêt primitive des collines et montagnes qui dominent cette ville. C’est là où peut-être pour son malheur se déroulent les jeux olympiques d’hiver de 2014 qui ont été l’occasion de travaux titanesques particulièrement destructeurs des milieux naturels.

MOSSA, Gustav-Adolf - Circé (1904) Nice, collection particulière
MOSSA, Gustav-Adolf - Circé (1904) Nice, collection particulière
Usages

1 – L’herbe magique d’Ulysse, le Moly (μῶλυ) était-il un perce-neige ?

Au chant X de l’Odyssée, Homère raconte les aventures d’Ulysse et de ses compagnons lorsqu’ils abordent l’île Αἰαία (Ééa) où vit la sorcière Circé. Un groupe de marins partis explorer l’ile découvre le palais de la sorcière qui leur offre un repas, drogue leurs boissons et les transforme en pourceaux, sauf l’un d’entre eux qui prudent et flairant un piège était resté à l’écart des agapes. Voyant ce qu’il advenait à ses compagnons, ce dernier retourne en hâte au navire et en informe Ulysse qui décide d’aller à leurs secours. Il traversait un vallon et allait atteindre le palais de la sorcière lorsque « Hermès à la baguette d’or » vient au-devant de lui, le met en garde contre Circé. « Je te dirai les sortilèges de Circé : t’ayant fait un mélange, elle y jettera une drogue mais sans pouvoir t’ensorceler ; car la bonne herbe que je te donnerai l’empêchera » Hermès lui explique alors comment il devra s’y prendre ensuite pour circonvenir la sorcière. Puis, nous dit Ulysse : « Ayant ainsi parlé, l’Éblouissant me donna l’herbe qu’il avait déterrée, et me décrivit sa nature. Sa racine était noire et sa fleur couleur du lait pur ; les dieux l’ont appelée Moly (μῶλυ), et les mortels ont peine à l’arracher ; mais les dieux peuvent tout » (Odyssée, Chant X, 302 – 306, trad. Philippe Jaccottet) [ὣς ἄρα φωνήσας πόρε φάρμακον ἀργεϊφόντης/ἐκ γαίης ἐρύσας, καί μοι φύσιν αὐτοῦ ἔδειξε./ῥίζηι μὲν μέλαν ἔσκε, γάλακτι δὲ εἴκελον ἄνθος·/μῶλυ δέ μιν καλέουσι θεοί· χαλεπὸν δέ τ᾽ ὀρύσσειν/ἀνδράσι γε θνητοῖσι, θεοὶ δέ τε πάντα δύνανται.](On traduit aussi ἀργεϊφόντης par « le Tueur d’Argos », une tradition qui remonterait à Hésiode).

Dès l’antiquité, on a tenté d’identifier la plante que décrit Homère. Diverses hypothèses ont été émises au cours des siècles. Aujourd’hui on interprète la transformation en pourceau comme une image pour une intoxication anticholinergique, dont les symptômes incluent des pertes de mémoire et des hallucinations. Pour Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin la description du moly correspond à celle du perce-neige, fleur qui produit des métabolites secondaires qui contrecarrent les anticholinergiques. Ils proposent donc d'identifier le moly au perce-neige, Galanthus nivalis, dont le principe actif, la galanthamine, contrecarre aussi l'action de l'atropine, principe actif de la stramoine, poison qu’aurait utilisé Circé. (Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin, 1983)

CERRINI, Gian Domenico (1609-1681) - La Magicienne Circé (XVIIe s.)Brive-la-Gaillarde, Musée Labenche
CERRINI, Gian Domenico (1609-1681) - La Magicienne Circé (XVIIe s.)Brive-la-Gaillarde, Musée Labenche
De son côté, Suzanne Amigues (1995) parvient à une conclusion différente en s’appuyant sur les descriptions de la plante désignée sous le nom de μῶλυ notamment par Théophraste et Dioscoride en comparaison avec la description succincte d’Homère. Selon ces textes il s’agit d’une plante rare poussant dans des zones humides plus précisément selon Théophraste en Arcadie « aux environs de Phénéos et dans le Cyllène ». Elle « a une fleur blanc de lait (Hom. ~ Thphr. ; Dsc.), assez voisine du perce-neige mais plus petite (Dsc), d'où le nom de « perce-neige sauvage » (Ps.-Dsc.) ; une racine bulbeuse (Thphr. ; Dsc.) ; petite (Dsc), noire ou du moins foncée (Hom. ~ Thphr.) comme un bulbe de narcisse (Carm.) ; en outre, des feuilles semblables à celles de la scille (Thphr.) ou du chiendent (Dsc), c'est-à-dire des feuilles de Monocotylédone, à nervures parallèles, charnues et luisantes comme celles de la scille, mais allongées comme celles du chiendent, quoique « plus larges et retombantes » (Dsc.) ; une tige assez haute et grêle (Dsc), portant à son sommet « comme qui dirait quelque chose qui rappelle l'ail » (Dsc) — expression aussi juste qu'embarassée pour désigner la spathe membraneuse d'où se dégage l'inflorescence de l'ail, cultivé ou sauvage, de même que la fleur de certains iris et des Amaryllidacées. Nos sources donnent au bulbe du moly un seul usage médical : broyé et mis en pessaire, c'est un remède efficace au relâchement de l'utérus (Dsc ; repris dans Galien, XII, 80 Kühn et Ps. -Apulée, 48). Mais avant tout le moly arcadien est, comme la plante d'Homère, une herbe magique, un antidote aux sortilèges, probablement aussi aux poisons (Carm.) » Cette plante ne peut pas être un ail comme on l’a longtemps supposé parce que, selon Suzanne Amigues : «il n'existe pas d'ail correspondant exactement aux descriptions du moly et propre aux Amaryllidacée des prairies humides et des marécages de l'Europe tempérées. « Rarissime » en Grèce selon E. de Halácsy, qui la signale seulement dans les prairies humides de la région du Cyllène, le moly arcadien n'est pas un ail. » Pour S. Amigues, il n’y aurait qu’une seule plante qui satisferait à tous les critères dégagés des textes, la nivéole d'été, Leucojum aestivum L.

Il est remarquable que dans les copieuses références bibliographiques fournies en notes dans son article, S. Amigues ne cite pas l’article d’ Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin, antérieur au sien et qui retient une espèce de la même famille, le perce-neige, avec lequel la nivéole d’été a longtemps été confondue et qui possède les mêmes propriétés pharmaco-chimiques. Les deux espèces se ressemblent beaucoup, elles sont présentes en Grèce, peuvent pousser dans des prairies humides et au bord de l’eau, la nivéole d’été étant beaucoup plus rare. Les deux espèces renferment l’une et l’autre de la galanthamine. Difficile de choisir ! Trois points cependant : Homère dit que « sa fleur était blanche », n’aurait-il pas dit « ses fleurs étaient blanches » si Hermès avait donné à Ulysse une nivéole d’été dont la tige s’orne d’une ombelle composée de trois à sept fleurs ? Ensuite, contrairement à ce qu’affirme S. Amiges, la nivéole d’été est plus grande que le perce-neige. Enfin n’oublions pas que jusqu’à Linné, les nivéoles et les perce-neige n’étaient pas distingués. C’est pourquoi on peut conclure avec Andréas Plaitakis et Roger Duvoisin que « Thus the description of "moly" as an antidote in Homer's Odyssey may represent the oldest recorded use of an anticholinesterase to reverse central anticholinergic intoxication (Ainsi la description de « moly » comme antidote dans l’Odyssée d’Homère peut représenter le plus vieil usage enregistré d’un anti cholinestérase pour contrer une intoxication anticholinergique centrale ) » sans pour autant décider si cette plante était un perce-neige ou une nivéole !

2 – le perce-neige, la galanthamine et maladie d’Alzheimer

Jusque dans les années 50, les perce-neige des différentes espèces n’avaient, pour leur plus grand bien, peu d’usages reconnus : «L’usage traditionnel du perce-neige, autant externe qu’interne, a été présenté comme répandu dans différents pays d’Europe de l’Est, Bulgarie, Ukraine, Roumanie, Balkans, mais cette utilisation n’est relatée dans aucun ouvrage avant les années 50, et même de façon extrêmement rare ensuite. Les Amaryllidacées dans leur ensemble sont de façon générale peu mentionnées dans les pharmacopées traditionnelles européennes. » Mais ensuite tout change : «Un pharmacologiste bulgare remarqua en effet que des villageois s’appliquaient les feuilles de perce-neige sur le front pour soulager les douleurs nerveuses » (Alexandre Maciuk, 2005). Et tout va très vite : l’alcaloïde majeur est isolé de Galanthus woronowii en 1951 puis de Galanthus nivalis en 1954 et enfin de Leucojum aestivum en 1961. La première application thérapeutique a été celle de myorelaxant en anesthésiologie (la galanthamine neutralise le blocage musculaire induit par les curarisants). « Rapidement, son usage s’est élargi aux domaines de la physiologie (traitement de la paralysie post-poliomyélitique et de la myasthénie), de la neurologie, del’ophtalmologie (réduction de la pression intra-oculaire), de la cardiologie, des soins intensifs, et de la gastro-entérologie. La Nivaline®, (galanthamine HBr) est disponible commercialement en URSS dès 1958 sous forme injectable, et en comprimés en 1984, majoritairement pour le traitement de la poliomyélite» (Alexandre Maciuk o. c., p. 247). C’est dans les années 80 que sont entreprises des études cliniques comme traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer et « en 2004, la galanthamine bénéficie d’une AMM dans le traitement des symptômes faibles à modérés de la maladie d’Alzheimer dans la plupart des pays européens, aux Etats-Unis et dans quelques pays d’Asie. » (Alexandre MACIUK, ibid.).

Ces nouveaux usages constituent une menace pour les différentes espèces de perce-neige, les nivéoles et toutes les Amaryllidacées qui contiennent cet alcaloïde. Anna El Tahchy (2010) rappelle dans sa thèse qu’en fonction du poids du malade Alzheimer, il faut une dose quotidienne de bromhydrate de galanthamine dosée de 16 à 24 mg et qu’il faut 50 kg par jour pour traiter environ un million de patients, soit 18 000 kg par an au prix de 50 000 $ le kg en 2006. Pour obtenir ces 18 000 kg, il faut environ 18 000 tonnes de bulbes. Il n’est donc pas difficile de comprendre que face à la demande croissante du marché de l’industrie pharmaceutique, la source naturelle de galanthamine est insuffisante et il existe un risque d’extinction de certaines Amaryllidaceae de leurs habitats naturels notamment en Europe de l’Est. Par conséquent, l'offre de cet alcaloïde est un problème majeur que l’on tente de contourner par différentes techniques : synthèse chimique, cultures in vitro de certains genres pour la synthèse et l’accumulation se galanthamine, etc., ...
Cependant des évaluations récentes remettent en question l’utilité de la galanthamine comme médicament symptomatique dans la maladie d’ Alzheimer. « La maladie d'Alzheimer est un fardeau majeur de santé publique compte tenu de son incidence et de sa prévalence élevées, de son impact sur la perte d'autonomie et sur la mortalité, de son retentissement physique, psychologique et financier sur les proches des patients. Les médicaments dits « spécifiques » ne soulagent en aucun cas ce fardeau, mais au contraire peuvent l'alourdir du fait d'effets indésirables parfois très handicapants. Même en l'absence d'alternative médicamenteuse, on ne voit pas bien quel pourrait être le Service Médical Rendu (SMR) par ces médicaments, au mieux insuffisant. » Telle est la conclusion d’un article faisant le bilan des utilisations de ces médicaments (Philippe Nicot 2011). Conclusions qui semblent largement confirmées par des observations ultérieures et qui contribueront à alléger les pressions sur les espèces d’amaryllidacées contenant de la galanthamine.

En dehors de son utilisation controversée comme médicament symptomatique de la maladie d’Alzheimer, la galanthamine est utilisée pour traiter les lésions traumatiques du système nerveux. Emménagogue puissant, on a recours à cet alcaloïde comme substance abortive.

Árpád Pusztai
Árpád Pusztai
3 – Le perce-neige, le sida et les OGM

●Indiquons d’abord brièvement ce que sont les lectines végétales. Ce sont des substances synthétisées par une plante, propres à celle-ci, qui peuvent s’attacher de façon spécifique à la surface des membranes cellulaires ou de façon ciblée à des molécules. Une fois fixées sur les cellules elles peuvent pénétrer à l’intérieur et provoquer des désordres métaboliques allant jusqu’à la mort de la cellule. Ce mode d’action les rend très efficaces et leur permet d’agir à une très faible concentration. Elles sont utilisées par la plante comme insecticide ou comme défense contre les herbivores en se rendant indigestes. On a découvert que la lectine du perce-neige (GNA) se fixait préférentiellement sur les cellules porteuses du VIH et les détruisait alors que cette lectine est inoffensive pour l’organisme humain sain. Pour plus de détails sur ce sujet très spécialisé on se reportera à Gilljam G. (1993) ; Balzarini J., Hatse S., Vermeire K., Princen K., Aquaro S., Perno C.F., De Clercq E., Egberink H., Vanden Mooter G., Peumans W., Van Damme E., Schols D., (2004).

C’est la fonction insecticide de la lectine du perce-neige qui a retenue l’attention des apprentis sorciers fabricants d’OGM.

● En 1998 elle fut, si l’on ose dire, l’une des protagonistes de « l’affaire Árpád Pusztai », un biochimiste de renommée internationale qui fut chargé d’une étude sur des pommes de terre transgéniques afin d’évaluer l’impact des OGM sur la santé humaine. Les pommes de terre génétiquement modifiées que lui et son équipe utilisèrent produisaient la lectine du perce-neige, ce qui leur permettait de résister aux attaques de pucerons ; cette lectine étant par ailleurs, inoffensive chez le rat comme chez l’homme. Le résultat inattendu de l’expérience fut de montrer que les rats nourris avec ces pommes de terre présentaient des cerveaux, des foies et des testicules moins développés que ceux du groupe contrôle, ainsi que des tissus atrophiés, notamment dans le pancréas et l’intestin. Ils présentaient aussi une prolifération des cellules dans l’estomac pouvant faciliter le développement de cancers causés par des produits chimiques. Le système immunitaire de leurs estomacs était en surchauffe, les organismes des rats traitant ces pommes de terre comme des corps étrangers. Comme cela ne pouvait être causé par la lectine elle-même, il fallait incriminer la manipulation génétique comme telle.
Árpád Pusztai rendit public les résultats de son équipe au cours d’une émission de TV. Le lendemain, il était licencié de son institut de recherche, son équipe était dissoute. On tenta de l’empêcher de publier ses résultats et une cabale scientifico-médiatique d’une rare violence fut organisée contre lui et son équipe orchestrée par la Royal Society qui a soutenu dès le début le développement des OGM, et dont de nombreux membres travaillaient comme consultants pour les firmes de biotechnologies. La décision de couper court à ces recherches fut prise au plus haut niveau Monsanto ayant téléphoné à Bill Clinton, Clinton à Blair, et Blair à James, le directeur de l’Institut où travaillait depuis trente ans Árpád Pusztai (Robin Marie-Monique, 2008).
Finalement malgré les pressions de la Royal Society, Árpád Pusztai et son collègue Stanley W. B. Ewen purent publier les résultats de leurs travaux dans la revue médicale The Lancet (Stanley W. B. Ewen et Árpád Pusztai, 1999a et 1999b). Richard Horton, le rédacteur en chef, a précisé que la décision de publication avait été prise malgré un avis mitigé de la part des experts chargés d’examiner l’expérience afin d’attirer l’attention scientifique sur ce domaine (les OGM) et d’ouvrir le débat.
On ne peut manquer de faire un parallèle entre cette affaire et la controverse et cabale lancées contre le Professeur Gilles-Éric Séralini et ses expérimentations sur la toxicité du maïs transgénique NK 603 de Monsanto.

● Aujourd’hui, le pamplemousse 'Rio Red' est un OGM incluant le gène de lectine du perce-neige, destiné à le protéger contre les pucerons vecteurs de virus.

La Station Expérimentale Agricole du Texas a créé une canne à sucre transgénique censée résister à la larve du papillon Eoreuma loftini en exprimant de la lectine de perce-neige. Or non seulement cette canne à sucre ne résiste pas mieux à cet insecte, mais elle a en outre des effets non prévus sur le parasite (Cotesia flavipes) d’un autre insecte ravageur (Sétamou M., Bernal J. S., Legaspi J. C., and Mirkov T. E., 2002)

On peut aussi l’utiliser pour lutter contre les ravageurs du riz, des tomates, du tabac, etc.
C’est certain, le perce-neige a fourni une substance précieuse aux apprentis sorciers des biotechnologies.

 

Légendes

Si l’on consulte le site de Pascal Vigneron consacré aux amaryllidaceae, on trouvera, une grande quantité de légendes liées au perce-neige. Cela est sans doute dû à l’époque où il fleurit : la fin de l’hiver. L'hiver est une saison dont la rudesse éprouve tout un chacun, hier bien plus qu’aujourd’hui où l’on peut plus facilement se défendre du froid, de l’obscurité, de la neige et autres intempéries. On connait l’expression « ne pas passer l’hiver ». L’hiver, c’est le risque de la mort. Le printemps, c’est le renouveau de la vie et le perce-neige en est comme la promesse.
C’est ainsi qu’autrefois la belle fée Printemps dût lutter avec la vilaine sorcière Hiver qui ne voulait pas quitter les lieux. Dans cette lutte la belle fée Printemps se coupa au doigt et quelques gouttes de son sang tombèrent sur la neige qui fondit. Il poussa aussitôt à la place un perce-neige. Et c’est ainsi que le Printemps vainquit l’Hiver.
Ces légendes nous apprennent aussi, à leur manière, bien des choses sur cette petite fleur. Par exemple pourquoi le perce-neige est-il la première fleur à illuminer nos sous-bois et jardins quand arrive le printemps et pourquoi la neige a-t-elle la couleur du perce-neige?
Eh bien, c’est parce que le perce-neige est généreux : «Quand Dieu fit tout ce qui est maintenant sur la terre il l'embelli avec toutes sortes de belles fleurs. Lorsqu'il créa la neige il lui dit de se procurer une couleur. Alors la neige alla vers l'herbe lui demander de lui donner un peu de sa couleur mais l'herbe refusa. Alors la neige alla vers la rose et lui demanda de lui donner un peu de sa belle couleur, puis elle demanda à la violette de lui prêter un peu de sa couleur, puis elle demanda au tournesol de lui donner un peu de son or mais toutes ces fleurs écoutaient sa prière et finalement s'en retournaient. D'une triste humeur la neige arriva au perce-neige et lui dit : "Personne ne veut me donner sa couleur, toutes les fleurs me renvoient ". Le perce-neige fut touché par le sort de la neige et répondit : "Si tu aimes ma couleur je la partagerai volontiers avec toi. " La neige reçu le cadeau du perce-neige avec plaisir. Depuis lors la neige est de couleur blanche comme le perce-neige. En remerciement la neige permet à cette fleur, le perce-neige, d'être la première à passer la tête hors de la neige quand vient le printemps. » (légende roumaine dont on trouve des variantes en Allemagne, notamment).
Mais au fait, le perce-neige, comment est-il apparu sur Terre ? Un de ses multiples noms populaires nous met sur la voie. En Angleterre le perce-neige est aussi appelé «white tear» ou « Eve's tears » c’est-à-dire « larme blanche » ou « larmes d’Ève ». On sait qu’Adam et Eve furent bannis du jardin d’Eden. Ils se retrouvèrent plongés en plein hiver, errant sans fin dans la tempête de neige, frigorifiés, terrorisés, désespérés. Eve se mit à pleurer. Alors Dieu eut pitié. Il envoya un ange pour les réconforter et leur annoncer l’approche du printemps. L’ange pointa du doigt le sol, là où étaient tombées les larmes d’Eve et il en jaillit alors des petites fleurs en forme de larme. L’ange en cueillit une et la donna à Eve et lui assura que c’était un gage de retour du bonheur pour elle et sa descendance (dont nous sommes).

C’est sur cette note optimiste que se terminera cet article.

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Références et sources

Amigues Suzanne, 1995 « Des plantes nommées moly », Journal des savants, 1995, pp. 3-29, p. 16

Balzarini J., Hatse S., Vermeire K., Princen K., Aquaro S., Perno C.F., De Clercq E., Egberink H., Vanden Mooter G., Peumans W., Van Damme E., Schols D. 2004. « Mannose-specific plant lectins from the Amaryllidaceae family qualify as efficient microbicides for prevention of human immunodeficiency virus infection», Antimicrob Agents Chemother, 48(10): 3858-3870.

Bishop M., Davis A.P. & Grimshaw J. (2006). Snowdrops: A Monograph of Cultivated Galanthus. Griffin Press, Cheltenham.

Davis A.P. (1999). The Genus Galanthus. Royal Botanic Gardens, Kew in association with Timber Press, Oregon.

Davis AP, McGough HN, Mathew B, Grey-Wilson C (2010) CITES bulb, checklist, Timber Press
City, Portland, Oregon.

Anna El Tahchy 2010, Étude de la voie de biosynthèse de la galanthamine chez Leucojum aestivum L. – Criblage phytochimique de quelques Amaryllidaceae, Université Henri Poincaré, Nancy.

Gilljam G. 1993. « Envelope glycoproteins of HIV-1, HIV-2 and SIV purified with Galanthus nivalis Agglutinin induce strong immune responses. » AIDS Res Human Retroviruses, 9: 431-7.

Heinrich M. & Teoh H. L. (2004). «Galanthamine from snowdrop – the development of a modern drug against Alzheimer’s disease from local Caucasian knowledge.» J. Ethnopharmacol. 92: 147-162.

Homère, Odyssée, chant X

Lambinon J., Delvosalle L., Duvigneaud Jacques (2004 – 2008) Nouvelle flore de la Belgique, du G.D. du Luxembourg, du Nord de la France et des régions voisines, Jardin botanique national de Belgique, Meise.

Larsen MM, Adsersen A, Davis AP, Lledó DM, Jäger AK, Rønsted N. 2010. «Using a phylogenetic approach to selection of target plants in drug discovery of acetylcholinesterase inhibiting alkaloids in Amaryllidaceae tribe Galantheae», Biochemical Systematics and Ecology,38(5):1026-1034.

Maciuk Alexandre (2005), Nouvelles méthodologies en chromatographie de partage liquide-liquide sans support solide : application à l’isolement de substances naturelles, Thèse de doctorat en pharmacie, Université de Champagne – Ardennes, Reims.

Nicot Philippe (2011), « Médicaments indiqués en traitement symptomatique de la maladie d'Alzheimer Deuxième partie : effets indésirables » Médecine. Volume 7, Numéro 10, 453-8, Décembre 2011, Thérapeutiques, DOI : 10.1684/med.2011.0772

Plaitakis Andréas et Duvoisin Roger, « Homer's Moly identified as Galanthus nivalis L., Physiologic Antidote to Stramonium Poisoning », dans Clinical Neuropharmacology, 1983, vol. 6, no 1, p. 1-5

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Stanley W. B. Ewen et Árpád Pusztai,1999b « Effect of diets containing genetically modified potatoes expressing Galanthus nivalis lectin on rat small intestine », The Lancet, vol. 354-9187, 16 octobre 1999, pages 1353-1354.

Robin Marie-Monique, Le monde selon Monsanto coédition La découverte/Arte ed., 2008

Sétamou M., Bernal J. S., Legaspi J. C., and Mirkov T. E., 2002 « Effects of Snowdrop Lectin (Galanthus nivalis Agglutinin) Expressed in Transgenic Sugarcane on Fitness of Cotesia flavipes (Hymenoptera : Braconidae), a Parasitoid of the Nontarget Pest Diatraea saccharalis (Lepidoptera : Crambidae) », Annals of the Entomological Society of America, 95(1), 2002, pp. 75 – 83


Roman

Jacques Bullot, Le Gène du Perce-neige, préface de José Bové, Edition du bout de la rue, Vanves, 2008

Liens

http://citesbulbs.myspecies.info/
http://www.kew.org/plants-fungi/Galanthus-nivalis.htm
https://web.archive.org/web/20190206004021/http://www.amaryllidaceae.org/ethno/snowdrop.htm
http://www.tela-botanica.org/page:eflore
http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article43
http://www.freenetpages.co.uk/hp/a.pusztai/
http://ogmdangers.org/action/cr_conference/colloque_2003/Pusztai.htm
http://www.infogm.org/spip.php?article885

Illustrations (de haut en bas)

Avenarius, Prof. Dr. Otto Wilhelm Thomé Flora von Deutschland, Österreich und der Schweiz 1885, Gera, Germany, Bulb'argence, Simon Garbutt,Meneerke bloem, X.

On trouvera une abondante iconographie consacrée à Ulysse et Circé sur le site MEDITERRANEES
 
Le perce-neige Galanthus nivalis et espèces proches

Dimanche 16 Février 2014 Commentaires (1)

L’ONU a suivi la requête de la Fondation Franz Weber qui lui demandait dans le cadre de sa campagne « Enfance sans violence » de se prononcer contre la participation et la présence d’enfants dans les manifestations tauromachique.


Cette recommandation onusienne effectuée par le Comité des droits de l’Enfant, un des organes du Traité des droits de l’homme a été formulée à l’égard du Portugal mais elle vaut évidemment pour tous les États ayant ratifié cette convention qui ont des écoles taurines et autorisent des manifestations tauromachiques auxquelles participent des enfants. Donc, la France !

Il s’agit évidemment d’une aide conséquente à tous ceux qui luttent en France pour l’abolition de cette barbarie qu’est la corrida et plus particulièrement pour obtenir l’interdiction de la corrida aux enfants et la fin de ces écoles taurines où sont formés les tortionnaires de demain! Qu’en dit Philippe Martin, un afficionado que Hollande/Ayrault ont eu le culot de nommer ministre de l’écologie ? Est-il prêt à appliquer cette recommandation ? On ne peut qu’en douter fortement. Il faudra lui forcer fortement la main !

Voici les extraits les plus significatifs du communiqué de presse de la Fondation Franz Weber :

Montreux (pts018/05.02.2014/15:10) - Elle le fait par l'entremise du Comité des droits de l'Enfant, l'organe international suprême dans ce domaine, suite à un rapport présenté par la Fondation Franz Weber dans le cadre de sa campagne Enfance sans violence. (…)

Selon Vera Weber, vice-présidente de la Fondation, «ce principe s'applique dès aujourd'hui à tous les Etats parties, et, parce que la Convention a pour objectif d'offrir les mêmes droits à tous, il concerne tous les enfants ».

À travers le Comité des droits de l'Enfant, l'un des 9 organes de traité sur les droits de l'homme l'Organisation des Nations Unies (ONU) s'est expressément prononcée contre la participation et la présence d'enfants à des manifestations de tauromachie.

La Fondation Franz Weber, présentant en mars 2013 un plaidoyer devant les membres du Comité, attirait leur attention sur l'existence au Portugal d'événements et d'écoles de tauromachie impliquant des enfants. Ce constat constitue une violation des obligations découlant de la Convention internationale relative aux droits de l'enfant, traité contraignant qui demeure à ce jour la Convention des droits de l'homme la plus ratifiée dans le monde.

La Convention garantit le droit pour tous les enfants âgés de moins de 18 ans (garçons et filles) à un niveau de vie favorable à leur développement physique, psychologique, moral et social ainsi que l'obligation pour les Etats parties d'adopter les mesures assurant cette protection de l'enfant. En ce qui concerne la corrida, cette exigence n'est pas respectée, ainsi que l'ont relevé plusieurs membres du Comité, dont sa vice-présidente, Sara Oviedo.

Lors de la session des 22 et 23 janvier à Genève, elle a déclaré que « la participation d'enfants et d'adolescents (garçons et filles) à des activités liées à la tauromachie constituait une violation grave des articles de la Convention relative aux droits de l'enfant. » Hiranthi Wijemanne, membre du comité originaire du Sri Lanka, a fait part à son tour de ses préoccupations devant ce problème, faisant valoir que «depuis leur plus jeune âge, les enfants sont exposés à une forme d'activité violente » qui en outre «présente des risques pour leur intégrité physique ».
Le 5 février, le Comité a rendu publique sa position sur la participation et la présence d'enfants à des spectacles de tauromachie "Le Comité, en vue de l'interdiction finale de la participation des enfants à la tauromachie, recommande à l'État partie de prendre des mesures législatives et administratives afin de protéger tous les enfants impliqués dans la formation et les spectacles de tauromachie, ainsi qu'en leur qualité de spectateurs." Et, entre autres recommandations "Le Comité exhorte l'État partie à mettre en place des mesures de sensibilisation en rapport à la violence physique et mentale liée à la tauromachie et son impact sur les enfants.

Sergio Caetano, représentant de la Fondation Franz Weber au Portugal, s'exprime en ces termes : " Lors de leçons ou d'événement de tauromachie auxquels ils participent, les enfants doivent blesser violemment les taureaux à l'aide d'objets piquants et tranchants ; ils doivent aussi s'accrocher sans aucune protection à l'animal pour le maîtriser et sont régulièrement victimes d'accidents. D'autre part, les enfants qui assistent à de telles manifestations sont témoins d'images d'une grande violence. Nous estimons que le Portugal doit désormais empêcher l'enseignement de la corrida à des mineurs et leur présence aux spectacles de corrida ".

Pour Me Anna Mulà, avocate espagnole de la Fondation Franz Weber, " le principe de l'intérêt supérieur de l'enfant, au coeur de la Convention, doit prévaloir sur l'idée de diversité culturelle ou sur tout autre intérêt légitime avec lequel il pourrait entrer en conflit ".

Leonardo Anselmi, directeur de la Fondation pour l'Espagne et l'Amérique latine, considère que « l'ONU nous livre un argument supplémentaire contre la corrida et ces spectacles violents qui nuisent non seulement aux animaux mais aussi à la société tout entière, dont font partie les enfants et les adolescents ».

Mardi 11 Février 2014 Commentaires (0)

Le but de cet article n’est pas d’argumenter en faveur d’une politique familiale dénataliste, seule politique authentiquement écologiste. Le lecteur intéressé par cette question peut se reporter à un article de ce blog « Pas de transition écologique sans transition démographique ». L’objet de l’article qui suit est d’établir un constat : la politique familiale proposée par EELV n’est pas écologiste à la différence de celle défendue par le Mouvement Ecologiste Indépendant mais malheureusement ce parti peine à faire entendre ses propositions de telle sorte que pour les médias et donc l’opinion publique, est écologiste une politique qui soutient des propositions extrêmes sur le plan sociétal sans même s’interroger sur leurs incidences démographiques.


La politique familiale proposée aujourd’hui par EELV n’est pas écologiste !

On ne peut être écologiste sans proposer une politique familiale qui n’ait pas comme principe fondamental et comme étalon : la nécessaire dénatalité ou, dans une démarche de compromis, la stabilisation de la population à son niveau actuel bien que celui-ci soit trop élevé. Or, de cette dénatalité et de l’évaluation du bien-fondé des politiques familiales en fonction de l’objectif de réduction de la population, il n’est même pas question dans la tribune intitulée «Pour une politique familiale écologiste ! » parue sur le HuffingtonPost, reprise sur le site national d’EE/LV et censée exprimer la position actuelle de ce parti.

Tout d’abord, il est très discutable d’affirmer comme le font les auteurs du texte (Jean-Philippe MAGNEN, porte-parole national d’Europe-Ecologie Les Verts, Cyrielle CHATELAIN, responsable du Pôle social d’EELV et David BELLIARD, délégué EELV en charge de la protection sociale) que la politique actuelle est inefficace avec peu d’incidence sur la natalité. Si la France est vice-championne européenne pour son taux de fécondité et si, à l’inverse des autres pays européens, celui-ci n’a guère baissé malgré la crise, cela est dû selon les démographes de l’INSE et de l’INED, en partie au moins, à la politique familiale actuellement en vigueur. La politique familiale actuelle est nataliste et c’est pour cela qu’elle doit être revue.
Or, si EELV souhaite supprimer le quotient familial, ce n’est nullement parce que celui-ci peut avoir des effets incitatifs à la procréation mais seulement parce qu’il « bénéficie avant tout aux 10% des familles les plus riches ». D’ailleurs pour les auteurs du texte, il se saurait être question de supprimer aussi les allocations familiales mais, en contrepartie de la suppression du quotient familial de les donner « dès le premier enfant » et de les augmenter pour les « familles en situation de précarité ». Pour EELV cette ouverture de droits ne s’accompagnera pas d’une forte dégressivité dès le second enfant. En tout cas, il n’en est pas fait mention dans ce texte.
On peut disputer la question de savoir si ainsi réformées, les allocations familiales constitueraient une aide aux familles qui serait plus justement attribuée mais dans une politique écologiste, il ne faut pas mélanger politique familiale et solidarité. La solidarité vis-à-vis des personnes en difficulté économique doit s’exercer individuellement, en fonction de critères fondés sur les revenus et patrimoines de chacune de ces personnes.
Dans ce texte, les auteurs développent longuement leur conception d’une « aide à la parentalité » qui serait plus juste socialement, plus adaptée sociétalement. Mais pour un écologiste, les aides à la parentalité doivent d’abord être passées au crible pour déceler celles qui ont pour conséquence directe ou indirecte d’être aussi une incitation à la natalité. Cela n’est même pas envisagé dans cette tribune.
La dénatalité est l’impératif écologique premier, incontournable, fondamental parce que c’est une question de survie. Mais une politique résolument dénataliste se doit aussi d’être socialement juste et sociétalement adaptée, non seulement pour être applicable mais surtout pour être politiquement et moralement recevable. Une politique de ce genre sera d’autant plus difficile à mettre en œuvre que l’on tardera à le faire car les mesures à prendre seront de plus en plus drastiques.
Dans le texte de cette tribune censée représenter la position d’EELLV, il ne s’agit pas d’ouvrir des pistes pour définir une politique de ce type pour une raison simple : l’écologique est absent. Bien plus que supplanté, il est effacé par le social et le sociétal. Et, il en est sur ce sujet comme sur beaucoup d’autres. C’est pourquoi, il est assez insupportable d’y trouver des formules comme « les écologistes proposent », témoignant d’une appropriation indue de l’écologie politique par EELV comme si tous les écologistes se reconnaissaient dans ce parti et comme si ce parti avait le monopole de l’écologie politique alors que plus le temps passe, plus il s’en éloigne et la banalise en un brouet électoraliste insipide !
Désignons ce parti par son acronyme EELV, acronyme dont on oubliera à la longue le sens ; ce qui sera heureux car il ne mérite pas le qualificatif d’écologiste.

La politique familiale proposée par le MEI est écologiste mais manque d’ambition et est peu adaptée aux réalités familiales actuelles

Les analyses et propositions du MEI (Mouvement écologiste indépendant) sur la politique familiale sont, elles, véritablement écologistes. Le MEI s’inquiète de l’expansion démographique démesurée de l’espèce humaine. Voici un extrait de la motion sur les Allocations familiales adoptée par son Conseil national le 14 avril 2013 qui permet de le constater : « Néanmoins, partisans d’une réforme (des allocations familiales et partisans du statu quo semblent se retrouver sur le principe même d’une aide publique aux familles nombreuses, principe admis comme une évidence nationale consensuelle.
L’encouragement de la natalité par l’État français s’est pourtant développé dans un contexte historique et idéologique bien déterminé : celui du développement simultané d’un capitalisme industriel avide de bras et plus tard de consommateurs, et d’un militarisme gourmand en chair à canon, le tout sous le regard complaisant des institutions religieuses.
A la critique pionnière de ce natalisme par le courant néo-malthusien dès la première moitié du XXe siècle se sont ajoutés depuis plus de quarante ans les avertissements des écologistes, conscients des limites de la planète et des dangers de la bombe “P”.
C’est dans la continuité de cette remise en cause du consensus populationniste, qui ne peut qu’aggraver la crise globale dans ses multiples aspects, que les Écologistes du MEI préconisent, comme l’association Démographie Responsable, une refonte radicale des allocations familiales. »
Le MEI propose que les allocations familiales soient attribuées dès le premier enfant et s’élèvent à 100€ par mois, puis à 150€ pour une famille de deux enfants ou plus. Au-delà de deux enfants, les allocations n’augmenteraient pas et cela quel que soit le nombre d’enfants. Pour le MEI, cette réforme devrait être sans effet rétroactifs et ne s’appliquer qu’aux familles ayant à la date de sa promulgation deux enfants au plus et aux nouvelles naissances. Pour remplir les exigences de justice sociale, le MEI propose qu’« une telle refonte du principe des allocations devra être accompagnée d’une modulation suivant le revenu et d’une réforme de la fiscalité ».
Ces propositions devraient être reformulées pour couvrir le cas des familles «recomposées». Il faudrait mieux définir le nombre d’enfants par femme que par famille. Sans doute insuffisantes et en retrait par rapport aux mesures proposées par René Dumont en 1974, elles sont cependant à des années lumières en pointe par rapport au brouet que propose EELV. Ce serait un bon compromis pour commencer à inverser la tendance nataliste qui imprègne toutes les couches de la société française.
Mais voilà, dans sa lutte contre les Verts pour représenter l’écologie sur la scène politique nationale, le MEI a perdu et se trouve réduit à l’état d’un groupuscule qui a du mal à survivre, qui n’est plus représenté que dans quelques municipalités ou régions, qui réalise des scores insignifiants lors des élections lorsqu’il arrive à trouver des candidats. Sur cette question des allocations familiales comme sur beaucoup d’autres, c’est le MEI qui est le porte-parole de l’écologie politique et non EELV mais personne, ou presque n’écoute le MEI qui n’a d’ailleurs guère de tribunes pour se faire entendre!

Vendredi 7 Février 2014 Commentaires (1)

On peut espérer que l’aéroport de Notre Dame des Landes ne verra pas le jour grâce à la résistance sur le terrain de la ZAD, grâce aux manifestations, aux pétitions, aux prises de positions de personnalités diverses, grâce à la puissante mobilisation qui s’est étendue à toute la France notamment au travers des comités locaux de soutien qui se sont créés, y compris dans des régions bien éloignées du bocage nantais.
On compare la résistance à Notre Dame des Landes avec la lutte contre l’extension du camp militaire sur le Larzac. Rappelons donc que c’est l’élection de François Mitterrand en 1981 qui a stoppé l’extension du Camp militaire. Il l’avait promis et il a tenu sa promesse. Il a été élu le 10 mai 1981, la décision a été officialisée au Conseil des ministres du 3 Juin. Que ce serait-il passé si Valéry Giscard d’Estaing avait été élu ? S’il est impossible de répondre à cette question, il faut néanmoins retenir que c’est parce que la lutte de terrain avait trouvé un débouché politique que la victoire fut acquise.
Dans le cas de la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes aussi, il faudrait donner à cette lutte une expression et surtout un débouché politique permettant de faire reculer Ayrault et Hollande. Dans le contexte actuel, la seule possibilité serait une menace réelle, crédible d’EELV de faire exploser ses alliances avec le PS tant au niveau régional et local qu’au niveau national. Malheureusement, il ne faut pas y compter et c’est à tout le contraire que l’on a assisté et auquel, il n’est que trop prévisible, l’on assistera demain. De toute façon EELV a avalé tellement de couleuvres depuis que sévit le tandem Hollande/Ayrault qu’il a perdu toute crédibilité. Il ne fait guère peur aux caciques du PS.


L’opposition d’EELV au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est une «opposition de façade»
Faut-il rappeler que Ronan Dantec, vice-président de Nantes-métropole au côté de Jean Marc Ayrault a été élu au Sénat grâce à un accord avec le PS, accord qui est muet sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes ? Un poste de sénateur vaut bien quelques silences d’ailleurs dénoncés par Jean-Marc Ayrault lui-même à l’occasion de la publication en Juin 2012 de la « contre-étude » publiée par les anti-aéroports remettant en cause la pertinence du projet. Jean Marc Ayrault a stigmatisé « l’hypocrisie des élus écologistes » opposés à ce projet : « Ronan Dantec était très silencieux sur son opposition à l’aéroport jusqu’à son élection » et il a ajouté « Quand ils négocient des places sur les listes, ils(les dirigeants d’EELV) n’ont pas d’état d’âme »

Au niveau régional, des élus EELV empêtrés dans leur alliance avec Jacques Auxiette et le PS

Même si l’on est écologiste, voire militant ou élu d’EELV, il n’est pas certain que l’on connaisse ce qui se passe que ce soit au Conseil Régional de la Région des Pays de Loire ou dans les instances EELV de cette région surtout si l’on habite et milite loin de Nantes. C’est pourquoi il n’est peut-être pas inutile d’entrer dans le détail de certains faits qui montrent qu’il n’y a rien à attendre d’EELV en tant que parti dans le combat contre NDDL. Ils révèlent avec une évidence accablante que son opposition en apparence radicale et déterminée contre NDDL n’est que de façade sauf chez un groupe de militants minoritaires.

En 2010, lors des élections régionales, le désaccord pourtant total sur ce projet d’aéroport entre EELV et le PS n’a pas été un obstacle à un accord de deuxième tour entre les deux formations qui ont convenu pour l’occasion de mettre la question de l’aéroport entre parenthèses. Personne n’a été dupe des prétendues « avancées significatives [obtenues] dans ce dossier » (celui de l’aéroport) par EELV. Au grand dam de beaucoup de ses électeurs qui se sont sentis trahis, EELV a accepté de se ranger derrière Jacques Auxiette farouche partisan du projet. Dans la foulée, EELV n’a rien trouvé d’anormal à appartenir à la majorité et à intégrer l’exécutif d’une région qui est l’un parmi les plus acharnés des promoteurs et défenseurs de cet aéroport. En fait, il s’agissait de faire comme si la décision de réaliser ou non cet aéroport ne concernait en rien la Région sous prétexte que cela ne relevait pas de sa compétence mais de celle de l’État alors que Hollande a affirmé à plusieurs reprise le contraire. «Les deux partenaires porteront le souhait commun que l’État ne se décharge pas financièrement sur la collectivité pour ce projet qui relève de la responsabilité du national » précise le texte de l’accord de mandature qui laisse cependant ouverte la possibilité aux élus PS de proposer « des avances remboursables pour la plateforme (…) suite à un débat et à un vote en plénière », les élus EELV ayant eux la liberté de voter contre. Liberté de vote qui ne pouvait déranger Jacques Auxiette qui était persuadé de l’emporter arithmétiquement d’autant qu’il savait qu’il pourrait bénéficier des voix de l’UPM favorable au projet ! Voilà comment PS et EELV ont en quelque sorte mis hors de leur contrat de mariage l’aéroport et « acté leur désaccord sur le sujet » avec EELV dans le rôle du dindon de la farce, un dindon consentant. L’un des principaux acteurs de cette véritable trahison, Jean-Philippe Magnen est aujourd’hui l’un des porte-paroles nationaux d’EELV, c’est tout dire…

Cerise sur le gâteau, Auxiette dans sa grande générosité a donné le poste de vice-présidente «en charge du plan régional pour la biodiversité, du développement des réserves naturelles régionale » à une élue d’EELV, élue condamnée ainsi à faire l’apologie des actions menées pour la préservation de la biodiversité par le Région sans oser dénoncer le saccage de cette biodiversité à Notre Dame des Landes et sans rien tenter non plus pour s’y opposer… par exemple en demandant le classement de certaines parties de la ZAD particulièrement riches en espèces patrimoniales en réserves naturelles régionales ! Comme si cela ne suffisait pas, EELV s’est vu attribuer aussi une vice-présidence ayant « en charge d’une délégation transversale sur l’ensemble des politique régionales en matière d’énergie » qui omettra bien entendu d’expliquer combien le mode de transport par avion est un gros émetteur de gaz à effet de serre et un gaspillage d’énergie fossile qu’il faut faire décroître dès maintenant et qui devra décroître de toute façon, rendant ainsi toute nouvelle plateforme aéroportuaire, et notamment celle de Notre Dame des Landes, inutile, superflue … Discours évidemment jamais entendu de la bouche de cette élue dans l’enceinte du Conseil Régional.

L’accord de dupes fut conclu en mars 2010. Le 18 octobre 2010, le Conseil régional vote son soutien financier à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il apportera 40,4 millions d'euros au projet comme cela est annoncé en page d’accueil du site officiel de la Région Pays de Loire avec un commentaire de Jacques Auxiette dont voici un extrait : « Le coût total (hors desserte ferroviaire) est estimé à environ 550 millions d'euros. Vinci investira 310,5 millions d'euros, l'Etat apportera 125,5 millions et les collectivités locales ont proposé de financer 115,5 millions d'euros. Ce n'est pas une obligation mais bien un choix qui marque le soutien des collectivités au projet d'aéroport. Lundi 18 octobre, il s'agissait donc de voter la participation financière des collectivités. Une participation qui s'élève à 40,4 millions d'euros pour le Conseil régional ». Insistons : il s’agit d’un choix marquant le soutien du Conseil régional au projet d’aéroport déclare le Président de ce Conseil dont l’exécutif comprend des vice-présidents EELV.

Les conseillers régionaux EEELV peuvent bien multiplier les déclarations de soutien aux opposants de l’aéroport de NDDL, voire même se montrer sur le terrain de la ZAD, leur opposition n’est qu’une «opposition de façade» sauf en ce qui concerne Thierry Pradier, le seul qui a eu le courage de ruer dans les brancards et de démissionner de son poste de Vice-président de la commission finances en Janvier 2013 pour condamner le soutien de la Région et de son président au projet de NDDL. Malheureusement, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas été soutenu par les autres élus EELV qui se sont empressés de souligner qu’il s’agissait d’une attitude personnelle n’engageant pas le groupe. En bon démocrate, Jacques Auxiette a fait en sorte que Thierry Pradier ne puisse expliquer en séance sa décision, sans doute avec l’accord, voire la complicité du président du groupe EELV. Auxiette a refusé de lui donner la parole et a fait voter le budget sans débat général, de telle sorte que Thierry Pradier n’a pas pu lire le texte qu’il avait préparé. Inutile de chercher ce texte sur le site des conseillers régionaux EELV, il n’y est pas, pas plus qu’il n’est sur le site d’EELV Pays de Loire. Il a été publié sur le site du Petit Courrier – Écho du Val de Loir. (On trouvera l’article et le texte en annexe)

Pour le congrès régional 2013 d’EELV Pays de Loire, la motion cosignée par Thierry Pradier présente une ligne claire en ce qui concerne les alliances avec le PS lors des prochaines municipales : « Disons-le clairement, participer à un premier tour électoral d’une liste commune avec le PS dans les collectivités engagées dans le syndicat mixte qui gère la question de NDDL est inconcevable. Faire battre la droite au second tour par une alliance n’est envisageable que si cette question est résolue (arrêt du projet) et non mise de côté, comme nous le fîmes (lors des élections régionales de 2010). Mais également soutenir les minorités de blocage au sein des collectivités où nous participons à des majorités quand cela est nécessaire. » Cette ligne claire qui permettait de combattre efficacement NDDL sur le plan politique régional et local n’a pas été majoritaire au Congrès régional.

En novembre 2013, au Conseil régional de la Région Pays de Loire se déroule le débat d’orientation budgétaire pour 2014, une occasion pour chaque groupe politique d’expliciter ses choix pour sa région. Dans les interventions des élus d’EELV, il n’est question de l’aéroport de Notre Dame des Landes que tout à fait indirectement au sujet du cambriolage et des dégradations commises contre le bureau d’étude Biotope accusé par ailleurs par certains opposants à l’aéroport de s’être montré trop complaisant vis-à-vis de son employeur Vinci, « oubliant » des espèces protégées dans ses inventaires réalisés dans de conditions discutables. Aucune mention dans l’intervention « générale » de Jean-Philippe Magnen, ni dans celles de la vice-présidente chargée de l’énergie, ni dans celle de la vice-présidente chargée du plan régional de la biodiversité. Cette dernière a lu une sorte d’apologue pour expliquer les menaces d’ordre anthropique qui pèsent sur les espèces sauvages en prenant comme exemple non pas le triton crêté, emblème de la ZAD mais le râle des genêts !

Ce n’est pas sur les conseillers régionaux EELV qu’il faut compter pour avoir un relais politique au combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes au sein de l’hémicycle du Conseil Régional, ligotés qu’ils sont par leur participation à l’exécutif et par leur participation à la majorité régionale qu’ils ne veulent pas remettre en cause. Pourtant c’est cela qui pourrait infléchir la position du PS régional et calmer ses ardeurs pro-aéroport parce que le départ des écologistes de la majorité pourrait lui faire courir le risque de perdre la Région. Les élus régionaux d’EELV peuvent bien aller sur la ZAD manifester leur soutien aux militants engagés sur le terrain si possible avec la Presse locale, c’est bon pour l’image mais d’une efficacité limitée. Cela est d’autant plus regrettable que, comme le PS, bien que dominant, n’a pas la majorité à lui seul dans ce conseil, EELV pourrait mener un combat politique efficace à l’intérieur de cette institution en mettant en difficulté Jacques Auxiette et son groupe. Encore faudrait-il en avoir le courage !

Il faut savoir si oui ou non, Notre Dame des Landes avec ses zones humides, son agriculture paysanne doit être sauvée. Il faut savoir si ce combat est exemplaire, s’il ne faut pas le perdre sous peine de voir fleurir ici ou là sur le territoire des projets d’aménagement conduits manu militari, justifiés par des études d’impacts bâclées et/ou biaisées, au détriment des populations résidentes, de leur environnement, des paysages et de la biodiversité. Si c’est oui, les élus EELV de la Région qui se disent écologistes auraient dû ruer depuis longtemps dans les brancards et se dépêtrer de ces alliances dans lesquelles ils se sont fourvoyés. Il n’est pas trop tard. Un tel enjeu vaut bien de risquer son fauteuil de vice-président(e). Mais ces élus ne le feront pas : le pragmatisme et le carriérisme seront les plus forts avec cet alibi béton : il ne faut pas faire le jeu de la droite. Il faut donc mieux faire celui des mégalos, des affairistes et de Vinci?

Un désaccord « acté », c’est-à-dire mis de côté pour ne pas gêner les accords politiciens

À l’échelon national aussi, seul un risque assuré de rupture de la majorité présidentielle actuelle pourrait faire reculer Hollande et Ayrault : la sortie d’EELV de la majorité présidentielle en cas de passage en force contre les occupants de la ZAD, l’arrachage des haies et le début des travaux sous la protection d’une pléthore d’escadrons de CRS et autres flics de Manuel Valls.

Certes, le poids électoral d’EELV calculé en nombre de voix est faible et risque de l’être plus encore dans les échéances à venir. Pourtant le PS a besoin d’EELV. EELV a tenté de s’approprier l’écologie politique et il a, hélas, en partie réussi, du moins aux yeux de l’opinion publique et des médias. Il en est encore considéré comme le représentant sur l’échiquier politique. Le PS a besoin d’accords avec EELV pour éviter que les électeurs de sensibilité écologique s’égarent à droite ou ailleurs. Il en a besoin aussi parce qu’il ne veut pas être la seule composante de la majorité présidentielle. Faute de pouvoir retrouver l’union de « la gauche plurielle et des écologistes » de l’époque Jospin, Hollande doit se contenter d’une union « Rose et Verte », sa politique le rendant incapable de rassembler la gauche, surtout aujourd’hui avec son « tournant » social-démocrate ou social-libéral. Sinon pourquoi aurait-il offert à EELV un nombre de députés que ce parti aurait été bien incapable d’obtenir par lui-même compte tenu du mode de scrutin pour l’élection à l’Assemblée nationale et après la calamiteuse campagne présidentielle d’Eva Joly ? Ce n’est évidemment pas par générosité. Ce n’est pas non plus pour le consoler de son échec à la présidentielle qu’il lui a offert deux postes dans le gouvernement. En attendant d’éventuels renversements d’alliances avec une partie du Centre notamment, Hollande et donc le PS ont besoin d’EELV ou du moins, mais cela revient au même, croient en avoir besoin. Et bonne aubaine, Hollande a pu mesurer l’opportunisme des cadres d’EELV qui n’ont pas hésité à laisser de côté bien des exigences programmatiques de leur parti dès lors qu’il leur offrait fauteuils de députés et portefeuilles de ministres en suffisance. Hollande a en quelque sorte « acheté » EELV à charge de ses dirigeants (Duflot, Placé et quelques autres : la firme) de tenir la structure, de maîtriser la base et de faire respecter le contrat.

Il est dès lors évident malgré certaines interventions quelques fois tonitruantes, d’apparitions sur le terrain de la ZAD soigneusement préparées par les services de communication et les attachés de presse, que le combat contre l’aéroport de Notre Dame des Landes n’a pas de véritable relais politique institutionnel capable de faire reculer Hollande/Ayrault et leurs affidés. EELV ni ne menacera de faire exploser, ni ne ferait exploser l’union des Roses et des Verts pour gagner le combat contre le projet d’aéroport.

On pourrait dire que les élus régionaux EELV et EELV Pays de Loire ont donné un mauvais exemple que s’est empressé de suivre le National avec Duflot à la manœuvre. Comme à la Région, le National a passé outre le désaccord sur ce projet d’aéroport pour signer un accord de mandature avec le PS et intégrer la majorité présidentielle. Dire comme le répète à l’envi la girouette Duflot que le désaccord sur ce projet a été «acté», ce n’est pas seulement dire qu’EELV s’est réservé la possibilité de soutenir les opposants au projet sur le terrain comme elle nous le serine avec les cadres d’EELV, c’est surtout considérer que ce désaccord n’était pas suffisamment important, profond, etc. pour empêcher que l’accord soit conclu et que des postes de ministres soient réservés au parti, que des membres d’EELV entrent dans un gouvernement dont le premier ministre fut l’un des instigateurs du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes lorsqu’il était maire de Nantes et qu’il en est et a toujours été un actif partisan.

Si hier le désaccord sur le projet n’était pas assez profond pour faire obstacle à un accord politique de mandature, il ne le sera pas plus aujourd’hui ou demain pour le rompre. Sur ce « dossier » Hollande et Ayrault peuvent être tranquilles. Certes, EELV fera du bruit si les CRS investissent la ZAD et si les bulldozers détruisent le bocage mais ce sera, comme d’habitude beaucoup de bruit pour rien. Le parti peut bien mobiliser ses militants pour participer aux manifestations, faire signer les pétitions, cette mobilisation sert surtout, en fin de compte de soupape de sécurité devant ce qui pourrait prendre la forme d’une contestation interne trop forte et donc non maîtrisable et peut-être aussi à calmer la conscience de certains des cadres du parti. Certes, ce soutien logistique n’est pas négligeable, mais il ne doit pas masquer le fait que ce qui serait vraiment efficace dans ce combat et lui offrirait un débouché politique, c’est une menace réelle et crédible de sortie de la majorité présidentielle, associée à une rupture des alliances au niveau au moins des Régions concernées.

Si nous n’en sommes pas là, si nous en sommes loin, si le combat risque d’être perdu faute d’avoir un débouché politique et un relais véritable au niveau institutionnel, ce sera parce que, EELV, la formation politique qui aurait pu jouer ce rôle aura considéré que Notre dame des Landes valait la peine que l’on se mobilise pour le défendre sur le terrain mais ne valait pas la peine de mettre en jeu ses portefeuilles de ministre, de risquer la rupture avec le grand frère socialiste auquel on doit tout et sans lequel on n’est pas grand-chose. Lors de la négociation de l’accord national, François de Rugy, qui est un député de la région aujourd’hui président du groupe EELV, avait déclaré «on est contents que ce soit devenu un sujet national mais ce n’est pas cela qui fera ou défera l’accord.» Déclaration qui prouve à quel point, il n’a pas compris les enjeux de ce combat, à quel point il tenait à sa réélection, impossible sans cet accord, à quel point c’est un carriériste et guère un écologiste.
EELV fait de la réal politik… C’est un «parti de gouvernement» ! Sans surprise, la nouvelle secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse, sorte de clone de Duflot, est sur la même ligne. Elle proclame : « Moi, en tant qu’écologiste, je certifie au gouvernement que Notre-Dame-des-Landes est une extrêmement grave erreur et que c’est pour ça que, jusqu’au bout, nous serons sur le terrain contre Notre-Dame-des-Landes » Voilà une déclaration qui semble avoir de quoi rassurer les opposants à NDDL, qui semble radicale. Mais à y regarder de plus près, rien est changé. Le soutien d’EELV, c’est sur le terrain, pas dans les hémicycles pour mettre solennellement en garde PS, Gouvernement à l’Assemblée et au Sénat, exécutif en Région, Conseil municipaux à Nantes, et dans les autres communes de la Région sur le retrait d’EELV des coalitions. Aucun appel national n’est lancé pour subordonner les accords municipaux a un arrêt du projet d’aéroport, au moins dans les régions Pays de Loire et Bretagne. De plus cette déclaration sonne bizarrement : pourquoi Cosse dit-elle qu’elle sera sur le terrain « jusqu’au bout » ? Pourquoi n’a-t-elle pas dit «jusqu’à ce que le gouvernement cède », « jusqu’à la victoire» ? Pense-t-elle, au fond d’elle-même que le combat est perdu ?

Si, ce qu’à Dieu ne plaise, cela devait être le cas, elle, l’appareil et les cadres de son parti en porteraient une grosse part de responsabilité. Sur NDDL, il n’est que trop évident que ces gens-là trahissent ce qu’ils prétendent défendre : ils trahissent l’écologie, trahissent ceux, humains et animaux, qui vivent sur la ZAD de Notre Dame des Landes. Ils trahissent aussi tous ceux qui vivent sur les zones d’aménagement futures, les terrains des grands projets à venir, utiles pour les uns, inutiles pour les autres mais toujours imposés, et pour lesquels la Nature fait toujours les frais.

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Annexe

Texte de l’article paru dans Le petit courrier – L’écho de la vallée du loir (publié le 31/01/2013 à 16:39 - Mise à jour le : 7/02/2013 à 17:19)

Voici l’intervention que Thierry Pradier souhaitait faire devant l’assemblée du conseil régional mais qu’on lui a refusé. Il y explique les raisons de sa démission de la vice-présidence de la commission finances. Déjà annoncée, il y a quelques jours, cette démission plonge dans l’embarras les élus EELV (Europe écologie les verts) au sein du conseil régional.
On notera que Thierry Pradier use, non sans humour, de l’épiphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en fin de phrase) “je me suis senti humilié”, référence assez flagrante à l’anaphore (répétition d’un mot ou groupe de mots en début de phrase) de François Hollande “Moi, président de la République”.

Thierry Pradier
Thierry Pradier
Ce que souhaitait dire l’élu

"Suite à ma décision de démissionner de la vice-présidence de la commission finance, j’avais fait part de ma volonté de pouvoir expliquer mon acte devant l’hémicycle des conseillers régionaux des Pays-de-la-Loire lors du vote sur le budget 2013.
Dès jeudi matin le président de groupe EELV me fait savoir que je peux faire mon intervention vendredi matin ou en début d’après-midi au moment du vote sur le budget global. Le groupe écologiste envoie l’information au cabinet du président le jeudi matin comme convenu. Je prends donc la décision d’attendre le lendemain pour donner mon explication sur ma démission de la vice-présidence de la commission finance. Même si cette procédure est peu logique car je vais devoir voter avant sur les budgets de commissions et donner mon explication après (les budgets se votent d’abord par commission, il y en a 9, selon les textes de loi sur le fonctionnement des Conseil Régionaux).
Je vote durant la cession conformément avec ce que j’avais décidé et dis.
Le vendredi vers midi, les groupes de l’opposition de droite reviennent sur les bancs de l’hémicycle pour donner leur vote sur le budget général (ils avaient boycotté les votes précédents de la matinée du vendredi). Lorsque le Président du Conseil Régional annonce le passage au budget général, j’appuie donc sur le bouton de demande d’intervention. Le président annonce alors que l’on passe au vote. Il n’y a donc pas de débat, je ne peux donc pas m’exprimer. Je lève alors la main espérant pouvoir au moins donner mon explication : il clôt en un temps record la séance, alors que le repas était initialement prévu vers 13h00 : il est autour de 12h20. Nous avions donc le temps pour qu’opposition et majorité s’expriment. Je suis stupéfait ! Il est clair que le Président lui-même ne souhaitait pas que je puisse lire mon texte."

Voici donc le texte complet qui fait l’objet de ces évènements :

« Monsieur le Président, merci de me donner la parole : ce que je dirai, je le dirai en mon nom propre. Ma décision résulte d’une longue réflexion et n’a pas été facile à prendre, mais ma démission de la vice-présidence est tout sauf le fruit du hasard.

Le 8 mai 2012 un accord entre opposants au projet de NDDL (NDDLR – NDDL signifiant bien entendu Notre-Dame-des-Landes et son controversé projet d’aéroport) et le président F. Hollande avait été acté : il concernait les expulsions sur site de NDDL jusqu’à expiration judiciaire des procès en cours signé avant la date du 4 mai 2012.
Quand l’accord a été moralement rompu de facto par l’intrusion des forces de l’ordre sur le site, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.

Quand il fut évident que les responsables de l’État adoptaient en novembre dernier des mesures débouchant sur des violences policières avec la volonté manifeste de criminaliser le mouvement de résistance à NDDL, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.

Quand sont parues dans la presse des menaces explicites concernant les postes et responsabilités exécutives
dévolus aux membres d’EELV du Conseil Régional, je n’ai rien dit, mais je suis senti humilié.

Quand la communication régionale est devenue une machine de propagande mise au service du projet d’aéroport, sans concertation et sans recherche de compromis avec les membres écologistes de la majorité et
quand les finances régionales mobilisées sur cette communication n’ont fait l’objet d’aucune discussion ou accord au sein de la majorité régionale, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.

Quand ont été nommés les membres de la commission de dialogue, sans concertation et sans information préalable avec EELV, pourtant partenaire du PS au sein du gouvernement, je n’ai toujours rien dit, mais je me suis encore senti humilié.

Quand il y a moins d’une semaine une maison a été détruite au lieu-dit Saint-Jean-du-Tertre (la quatorzième depuis l’opération César), au moment même où la commission de dialogue travaillait, je n’ai rien dit, mais je me suis senti humilié.

Quand les quelques dizaines d’écologistes de ma propre famille et celle de ma compagne, de Loire-Atlantique ou d’ailleurs, émettent des doutes, des critiques ou des sarcasmes à propos de NDDL, je ne dis rien, mais comme eux je me sens offensé, méprisé dans mes convictions et humilié.

Quand je mesure la considération dans laquelle on tient l’écologie au niveau national à l’aune des décisions prises par le gouvernement actuel, quand des électeurs et des militants écologistes, m’interpellent en colère sur ces sujet et plus particulièrement sur Notre-dame-des-landes, quand ils sont des dizaines à le faire, comme eux je me sens bafoué dans mes engagements, méprisé et humilié !

Alors quand on me demande de prendre mes responsabilités politiques de simple élu du Conseil régional des Pays-de-la-Loire, je choisis de ne plus accepter ni l’intimidation ni l’humiliation. J’ai toujours été favorable au compromis quand il résulte d’une discussion d’égal à égal. Certains dossiers portés dans cette majorité régionale méritent toute mon attention et celle de mes collègues écologistes. Mais personne ne peut m’obliger à abdiquer mes convictions. Et ce serait le cas si je soutenais le projet d’aéroport à NDDL !

C’est par solidarité avec tous les paysans et habitants encore présents sur le site qui risquent d’être expulsés de chez eux cette année, du fait de ces presque 2000 ha de terres bocagères non remembrées qui forment un milieu environnemental exceptionnel et pour protester contre l’aberration économique que constitue ce projet pharaonique d’aéroport, que j’ai symboliquement remis ma démission du poste de vice-président de la commission finance.

Pour cette cession du Conseil Régional, je ne souhaite pas modifier mon vote : je voterai favorablement les budgets des commissions Emploi et Education présidées par les élus écologistes et je refuse de prendre part aux autres votes sur le budget des commissions et sur le budget global. Le refus n’étant pas admis par notre règlement intérieur du Conseil Régional, mon vote sera transformé de fait en abstention.

Sachez bien que quelles que soient les difficultés, désaccords, compromis et décisions pris au sein de la majorité actuelle, s’il n’y avait pas eu cette fracture au sujet NDDL, j’aurais voté l’ensemble des budgets des commissions et le budget général. Mais je ne puis me résoudre à renier 28 années de militantisme sur une question où la dignité de l’écologie et des écologistes est engagée. »

Photo : Le petit courrier – L’écho de la vallée du loir


Dimanche 2 Février 2014 Commentaires (0)

L’Etat et les pro-aéroport menacent de passer de nouveau en force. Ils prétendent débuter, dans les mois qui viennent, la destruction des espèces protégées et les chantiers de l’aéroport.


Notre Dames des Landes : Ne les laissons pas faire!
Appel lancé par la coordination des opposants (50 associations, syndicats, mouvements politiques et collectifs) – le COPAIN 44 – Les Naturalistes en lutte - Des habitant-e-s de la ZAD

Nous ne les laisserons pas faire ! Les travaux ne commenceront pas ! Sur place, le mouvement est plus vivant encore qu’à l’automne 2012, les liens plus denses, les champs plus cultivés et les habitats plus nombreux. Au-delà, plus de 200 comités locaux se sont créés, en solidarité avec la lutte et pour la faire essaimer par chez eux.

Nous appelons toutes les forces anti-aéroport à se joindre à la manifestation du 22 février 2014 à Nantes pour leur montrer qu’il n’est pas question qu’ils touchent au bocage.

Sites internet de référence :

- http://acipa.free.fr ici
- http://naturalistesenlutte.overblog.com/ ici
- http://zad.nadir.org ici


Événement Facebook : ici

Rendez-vous à 13 h devant la Préfecture, pont Morand.
Plus de détails prochainement http://22fevrier2014.blogspot.fr/

Lundi 27 Janvier 2014 Commentaires (0)
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