Le Sénat a voté une loi sur la biodiversité sérieusement écornée par rapport au projet qui avait été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Une majorité de ces sénateurs à l’écoute des lobbies divers et variés portent ainsi un mauvais coup à cette biodiversité que le texte initial défendait déjà bien mal. Parmi les reculs l’un des plus grave est le retrait de l’interdiction pure et simple des pesticides tueurs d’abeilles remplacée de vagues mesures attentistes. Ainsi ces poisons auront encore de beaux jours devant eux, d’autant que le parlement qui examine en ce moment le projet de loi en seconde lecture risque fort d’entériner ce retrait si l’on ne réagit pas. Il y a urgence. Je reprends ci-dessous l’appel de Pollinis et j’incite vivement tous les défenseurs des abeilles à participer à l’action que propose cette association. La pression des gens sur les députés qu’ils ont élus doit contrecarrer celle des lobbies qui en se souciant de leurs seuls intérêts particuliers à court terme conduisent les humains à leur perte en dévastant la nature.


Tous les signaux sont dans le rouge : les députés français s'apprêtent à rejeter l'interdiction des pesticides tueurs-d'abeilles néonicotinoïdes sur la base d'arguments irrecevables directement dictés par les lobbies de l'agrochimie :
Sans une pression massive et immédiate des citoyens sur les députés français, la décision historique d'en finir une fois pour toutes avec ces poisons pour sauver les abeilles et l'environnement passera définitivement à la trappe.
L'enjeu est capital. Et pas seulement pour la France :
Car si nous gagnons cette bataille décisive en France, l'un des principaux bastions de l'agriculture industrielle, il sera beaucoup plus simple d'obtenir ensuite l'interdiction des tueurs-d'abeilles au niveau européen.
C'est pourquoi je vous demande de signer de toute urgence la pétition au député de votre circonscription, en utilisant le système de pétition en ligne que nous avons préparé >> Cliquez ici


Un petit rappel des faits est sans doute nécessaire :

En mars 2015, l'Assemblée Nationale en France adoptait un amendement au projet de loi « Biodiversité » (1) interdisant purement et simplement les pesticides néonicotinoïdes sur le sol français dès janvier 2016.
Pour tous les citoyens et les associations qui militent depuis des années pour l'interdiction de ces pesticides mortels pour les abeilles, l'initiative courageuse des deux députés qui avaient déposé l'amendement a été une vraie bouffée d'espoir !
Pourtant :
À peine arrivé au Sénat, l'amendement a été immédiatement enterré par une poignée de sénateurs de la Commission Environnement (2) qui ont rejeté en bloc les rapports de plus en plus alarmants des académies scientifiques qui tirent la sonnette d'alarme avec de plus en plus d'insistance ! (3)Pollinis a bataillé et réussi à faire redéposer l'amendement : malgré une mobilisation rapide des citoyens et 280 000 messages de protestation envoyés directement sur la boîte mail des sénateurs, il a été rejeté une deuxième fois par le Sénat français – et savez-vous sur la base de quels arguments ?

Quasiment mot pour mot ceux de l'agrochimie !

C'est affligeant : voir les lobbies balayer d'un revers de main méprisant les centaines d'études alarmantes produites par des laboratoires publics et indépendants du monde entier comme si elles n'avaient aucune valeur scientifique... Les entendre clamer que leurs produits ne sont pas si dangereux que ça, et accuser les agriculteurs de mal les utiliser et leur faire porter le chapeau pour la mort de millions d'abeilles... Ça nous fait dresser les cheveux sur la tête, ici à l'association.
Mais que des responsables politiques, des élus de la nation censés protéger l'intérêt général reprennent en cœur les mêmes insanités... C'est insupportable !
Et ça ne veut dire qu'une seule chose : que les lobbies de l'agrochimie ont renforcé considérablement leur pression sur le Parlement français.

Ce sont d'ailleurs les mêmes arguments fallacieux qui sont aujourd'hui repris par les députés qui s'apprêtent honteusement à rejeter à leur tour l'interdiction des tueurs-d'abeilles en France !

Alors, que les choses soient claires une bonne fois pour toutes :

NON : ce n'est pas parce que les agriculteurs utiliseraient mal les produits ou ne respecteraient pas les consignes de sécurité, comme le prétendent les firmes agrochimiques, que les néonicotinoïdes tuent les abeilles et tout ce qu'il y a dans le sol et les cours d'eau... et qu'ils sont en train de mettre en danger l'ensemble de la biodiversité dans le monde ! (4)
C'est dans la nature même de ces produits, 7000 fois plus toxiques que le DDT pour les abeilles et tous les petits insectes et lombrics indispensables à la vie, de ravager tout ce qu'ils croisent sur leur passage. Et il n'y a pas d'autre choix possible pour sauver la nature et sécuriser nos productions alimentaires que de les interdire au plus vite, purement et simplement.

OUI : la France, comme n'importe quel pays de l'Union européenne, peut parfaitement interdire unilatéralement la vente des pesticides néonicotinoïdes sur son territoire... ou de tout autre produit qu'elle jugerait dangereux pour l'environnement, la santé publique, ou pour sa sécurité alimentaire par exemple !
Ce n'est qu'une question de volonté politique des élus. L'Italie l'a déjà fait chez elle, et personne n'y a trouvé à redire ! (5)

OUI : les agriculteurs peuvent parfaitement se passer des néonicotinoïdes et autres pesticides tueurs d'abeilles ! Leur retrait du marché n'entraînerait aucune baisse du rendement des récoltes contrairement à ce que répètent en boucle les lobbies de l'agrochimie. 

L'agence de sécurité sanitaire américaine, l'EPA, vient à nouveau de le démontrer pour la culture du soja par exemple (6) ; d'autres études menées à travers le monde, en Italie, au Canada, au Brésil et aux Etats-Unis, arrivent exactement aux mêmes conclusions sur d'autres grandes cultures comme le maïs. (7)
Les recherches prouvent en outre que, contrairement à ce que croient la plupart des gens encore aujourd'hui, les agricultures innovantes sans pesticides produisent autant en moyenne que l'agriculture chimique industrielle… 
Mais qu'elles sont systématiquement plus rentables pour les fermiers qui les utilisent ! (8)
Ce que les lobbies cherchent désespérément à dissimuler par ailleurs, c'est ce que coûte à l'agriculture d'éradiquer les abeilles et les pollinisateurs à coup de pesticides : 
20% de récoltes en moins en moyenne quand la pollinisation n'est plus assurée - jusqu'à 30% sur le colza - c'est ce que vient de montrer une étude menée sur 5 ans dans plus de 12 pays à travers le monde ! (9)

C'est pour toutes ces raisons que Pollinis a besoin de vous de toute urgence.
Pour convaincre les députés, et exercer une pression déterminante sur l'ensemble de l'hémicycle pour que, le jour du vote, l'amendement StopNeonics - qui nous débarrassera vraiment de ces pesticides tueurs-d'abeilles - soit voté, nous devons faire déborder les boîtes mail des députés de messages de protestation.

Vous n'avez pas besoin de faire des recherches pour connaître le nom des députés que vous devez interpeller : entrez simplement votre code postal dans le formulaire que nous avons préparé, et la liste des députés de votre région s'affichera automatiquement.
Vous n'aurez plus qu'à valider pour que votre message soit envoyé pour vous.
Nous avons mis en place ce système simple, qui ne vous prendra pas plus de 2 minutes de votre temps, pour qu'un maximum de personnes puissent participer;

Alors s'il vous plaît, prenez 2 minutes pour les abeilles : signez dès maintenant votre pétition aux députes, et transférez ce message à un maximum de personnes autour de vous, pour nous permettre de rallier des dizaines de milliers de signatures supplémentaires !
C'est le meilleur moyen, et peut-être même le seul, de mettre une pression assez forte sur les députés pour les obliger à adopter cet amendement qui mettra enfin un terme à plus de vingt ans de massacre intensif des abeilles au profit de l'industrie agrochimique.

L'adoption de cet amendement créera un précédent en Europe qui obligera la Commission européenne à s'aligner : si vous n'êtes pas résident Français, vous êtes quand même concerné ! Vous pouvez agir en signant la pétition de soutien à cette campagne : cliquez ici.
Le vote final aura lieu dans moins de 10 jours : aidez-nous à rallier le plus grand nombre de personnes pour que la pression des citoyens soit plus forte que celle des lobbies agrochimistes !
Un grand merci d'avance.
Bien cordialement,
Nicolas Laarman
Délégué général 

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Notes

(1) AMENDEMENT N°754 (Rect) déposé le 12 mars 2015
(2) Reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages - Examen du rapport et du texte de la commission de l'Aménagement du territoire et du développement durable au Sénat
(3) Worldwide integrated assessment on systemic pesticides
Rapport ANSES, Janvier 2015
(4) Task Force on systemic Pesticide, 2015
(5) Furlan L., Kreutzweiser D., 2014 ; Alternatives to neonicotinoid insecticides for pest control: case studies in agriculture and forestry ; Environnemental Science and Pollution Research (2015) 22:135–147
(6) EPA, Memorandum, Benefits of Neonicotinoid Seed Treatments to Soybean Production, October 3, 2014
(7) Wilde G., et al., 2007 ; Seed Treatment Effects on Early-Season Pests of Corn and on Corn Growth and Yield in the Absence of Insect Pests ; Kansas (USA)
Fournier et al., 2013 ; Les néonicotinoïdes en grande culture : pertinence agronomique et impacts environnementaux ; Québec
(8) Crowder D. W., Reganold J. P., 2015 ; Financial competitiveness of organic agriculture on a global scale : PNAS, June 16, 2015, vol. 112 no. 24
(9) Mutually beneficial pollinator diversity and crop yield outcomes in small and large farms. Lucas A. Garibaldi & al.Science, Jan 22, 2016
 

*********

Extrait d'une tribune parue dans Le Monde :
 

« Oui nous sommes solidaires avec l’oiseau englué »


" (...) Aujourd’hui, nos parlementaires peuvent considérer que les DDT d’hier sont les néonicotinoïdes d’aujourd’hui, des pesticides extrêmement nocifs. D’autres amendements tirent les consciences vers le bas. Ne restons pas indifférents. Faire reculer la souffrance animale ne relève ni du dogmatisme, ni de la sensiblerie, mais tout au contraire, d’une éthique élémentaire et progressiste. En ce début de XXIe siècle, nos parlementaires sont confrontés, comme le furent leurs prédécesseurs, à un choix déontologique qui ne s’inscrit ni à droite, ni à gauche, mais seulement au cœur de leur conscience. Nous comptons sur eux pour que cette loi biodiversité ne soit pas dénaturée et s’impose, elle aussi, dans l’histoire."

Les signataires de cette tribune sont Allain Bougrain Dubourg (président de la Ligue pour la protection des oiseaux), Sandrine Bélier (ancienne eurodéputée), Elisabeth de Fontenay (philosophe et essayiste), Aymeric Caron (journaliste), Boris Cyrulnik (psychiatre et psychanalyste), Franz Olivier Giesbert (éditorialiste et écrivain) et Frédéric Lenoir (philosophe et sociologue)

Pour lire cette remarquable tribune en entier :

http://mobile.lemonde.fr/idees/article/2016/03/01/oui-nous-sommes-solidaires-avec-l-oiseau-englue_4874595_3232.html?xtref=https://t.co/lXOrbbet3u
 
 

Dimanche 6 Mars 2016 Commentaires (0)
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