Les vacances d'hiver vont ont commencer. Dans une dizaine de jours ce sera au tour des Parisiens d'aller bouchonner sur les routes des usines à ski qui tiennent du cauchemar écologique.
Voici à titre d'illustration des ravages qu'ont causés la construction de ces usines, L'édifiante histoire (hélas vraie) des martres de Chamrousse racontée par J. F. Noblet dans son livre sur ce petit animal (La martre, Belin- Éveil Nature, Ed., p.62-63) texte où, sans perdre son humour, il nous fait partager son amertume et sa révolte de naturaliste amoureux de la nature devant de telles horreurs.


A Chamrousse, Il fut un temps où les martres et tout le peuple de poils et de plumes, petits et grands, occupants immémoriaux des lieux, menaient leurs petites vies ne rencontrant de temps à autre comme bipèdes que quelques bergers.
«  la révolution commença en 1968, l'année des Jeux Olympiques. Ce fut une armée de bûcherons qui tronçonna la forêt, puis un escadron de bulldozers qui aplanirent les bosses, évacuèrent les rochers et les souches. La prairie sauvage remplie de sauterelles et de criquets fit place à un gazon de ray grass insipide et désertique.

L'invasion se poursuivit avec des flots de voitures polluantes et des milliers de mammifères bipèdes s'agglutinant sur des remontées mécaniques et comblant leur désœuvrement à monter et descendre sur deux planches. Le territoire des martres fut enclavé, découpé, pollué, et la faune s'en écarta. » Les martres rescapées durent chercher leurs nourritures dans les déchets ménagers. Certaines d'entre elles se firent ainsi piéger dans les containers à ordures ménagères où ces petits animaux peuvent entrer facilement mais ne peuvent plus escalader les parois lisses pour ressortir. « Les martres n'eurent même pas la nuit pour se refaire une santé. En effet, les dameuses sillonnaient les pistes jusqu'à l'aube et pour comble de malheur, on inventa le ski de nuit, sous projecteurs et musique disco » Toute la faune partit en exil, « demandant l'asile politique au Parc National le plus proche » Les martres n'ayant plus ni gite ni couvert désertèrent, elles aussi les lieux. Il n'en resta plus qu'une, un jeune mâle « un peu fou » que l'auteur retrouva noyé dans un bassin artificiel, appelé bien à tort un lac, « avec des berges en pente à quarante cinq degrés couvertes d'un plastique vert servant d'étanchéité. Aucune plante ne colonise ses rives glissantes et dangereuses. » Ce piège mortel pour toute la faune qui y tombe sert de réserve pour faire de la neige artificielle bien improprement baptisée « neige de culture ».JF Noblet repêcha le corps de la malheureuse victime et l'autopsia. Il trouva dans son estomac ...une semelle de chaussure. Il conclut son histoire ainsi : « Je me rendis à l'évidence la dernière martre de Chamrousse avait consommé une semelle de chaussure en cuir! Sinistre époque où, pour survivre, il faut avaler la crasse et la sueur des humains »
Bonnes vacances et bon ski.

Mercredi 10 Février 2010 Commentaires (0)
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