Nature - environnement
Le Balanin éléphant est un minuscule coléoptère pourvu d'un rostre d'une longueur démesurée par rapport à sa taille. Cet appendice lui sert de foret pour trouer les parois des glands de chêne pour y déposer ses œufs, un par gland, d'où naitront des larves qui dévoreront le gland de l'intérieur. Nuisible le Balanin? Ce n'est pas du tout l'avis de Jean-Henri Fabre qui nous décrit le travail minutieux du charançon occupé à assurer sa descendance. Le Balanin a sa place dans les équilibres naturels. Il nous en donne une démonstration magistrale non dénuée d'humour tout en nous remettant à notre place.
Le point de vue du merle
C'est celui qu'adopte tout d'abord Fabre. Pour le merle, le balanin mérite des égards car c'est un met succulent « petite bouchée, mais de haut goût ; cela fait diversion aux âpretés de l'olive, non encore domptées par le froid ».
« Et que serait, sans le merle et ses émules, le réveil des bois au printemps ! Disparaisse l'homme, aboli par ses sottises, et les fêtes du renouveau ne seront pas moins solennelles, célébrées par la fanfare du merle ».
C'est celui qu'adopte tout d'abord Fabre. Pour le merle, le balanin mérite des égards car c'est un met succulent « petite bouchée, mais de haut goût ; cela fait diversion aux âpretés de l'olive, non encore domptées par le froid ».
« Et que serait, sans le merle et ses émules, le réveil des bois au printemps ! Disparaisse l'homme, aboli par ses sottises, et les fêtes du renouveau ne seront pas moins solennelles, célébrées par la fanfare du merle ».
Le Balanin, un régulateur
« Au rôle très méritoire de régaler l'oiseau, joie des forêts, le Balanin en adjoint un autre : celui de modérer l'encombrement végétal. Comme tout les forts vraiment dignes de leur puissance, le chêne est généreux : il donne des glands par boisseaux. Que ferait la terre de ces prodigalités? Faute de place, la forêt s'étoufferait elle-même ; l'excès y ruinerait le nécessaire. »
Le Balanin n'est pas seul dans ce rôle de régulateur, il y a d'autres consommateurs « empressés d'équilibrer la fougueuse production » parmi eux, un indigène, le mulot et un étranger le geai. Mais, nous dit Jean Henri Fabre, « le Balanin les a devancés tous » et c'est lui qui a fait le plus gros du travail.
Le droit du plus fort
« Bientôt l'homme arrive, dans l'intérêt de son porc (…) Après les joies du mulot du geai , du charançon et de tant d'autres, voici celle de l'homme, calculant combien de lard lui vaudra sa récolte. Un regret se mêle à la fête : c'est de voir tant de glands répandus à terre, percés, gâtés, bon à rien. L'homme peste contre l'auteur du dégât. À l'entendre, la forêt est à lui seul ; pour son porc seul les chênes fructifient.
Mon amis, lui dirais-je, le garde forestier ne peut verbaliser contre le délinquant, et c'est fort heureux, car notre égoïsme, enclin à ne voir dans la glandée qu'une guirlande de saucisses, aurait des suites fâcheuses. Le chêne convie tout le monde à l'exploitation de ses fruits. Nous en prélevons la part la plus grosse parce que nous sommes les plus forts. C'est là notre unique droit. »
Nous voilà donc remis à notre place. Nos prétentions ne sont pas plus fondées que cela parce que précise le naturaliste, « domine l'équitable répartition entre les divers consommateurs, tous ayant leur rôle, petit ou grand, en ce monde. »
À table!
C'est une véritable fable que nous conte là Jean-Henri Fabre tout à la fois leçon d'écologie d'écologue, et bien plus encore écologie profonde avec sa vision du monde et de la place de l'homme dans ce monde. L'humour, un humour gourmand en prime : « s'il est excellent que le merle siffle et réjouisse les frondaisons printanières, ne trouvons pas mauvais que les glands soient vermoulus. Là se prépare le dessert de l'oiseau, fine bouchée qui met de la graisse au croupion et de de belles sonorités au gosier »
En résumé : lard et guirlandes de saucisses pour l'homme ne vaut pas plus que Balanin dessert pour le merle. À chacun ses gourmandises !
( On trouvera les textes cités p. 301-302 , Souvenirs entomologiques , Étude sur l'instinct et les mœurs des insectes, tome 2, collection Bouquins, Robert Laffont éd. Paris, 1989)
« Au rôle très méritoire de régaler l'oiseau, joie des forêts, le Balanin en adjoint un autre : celui de modérer l'encombrement végétal. Comme tout les forts vraiment dignes de leur puissance, le chêne est généreux : il donne des glands par boisseaux. Que ferait la terre de ces prodigalités? Faute de place, la forêt s'étoufferait elle-même ; l'excès y ruinerait le nécessaire. »
Le Balanin n'est pas seul dans ce rôle de régulateur, il y a d'autres consommateurs « empressés d'équilibrer la fougueuse production » parmi eux, un indigène, le mulot et un étranger le geai. Mais, nous dit Jean Henri Fabre, « le Balanin les a devancés tous » et c'est lui qui a fait le plus gros du travail.
Le droit du plus fort
« Bientôt l'homme arrive, dans l'intérêt de son porc (…) Après les joies du mulot du geai , du charançon et de tant d'autres, voici celle de l'homme, calculant combien de lard lui vaudra sa récolte. Un regret se mêle à la fête : c'est de voir tant de glands répandus à terre, percés, gâtés, bon à rien. L'homme peste contre l'auteur du dégât. À l'entendre, la forêt est à lui seul ; pour son porc seul les chênes fructifient.
Mon amis, lui dirais-je, le garde forestier ne peut verbaliser contre le délinquant, et c'est fort heureux, car notre égoïsme, enclin à ne voir dans la glandée qu'une guirlande de saucisses, aurait des suites fâcheuses. Le chêne convie tout le monde à l'exploitation de ses fruits. Nous en prélevons la part la plus grosse parce que nous sommes les plus forts. C'est là notre unique droit. »
Nous voilà donc remis à notre place. Nos prétentions ne sont pas plus fondées que cela parce que précise le naturaliste, « domine l'équitable répartition entre les divers consommateurs, tous ayant leur rôle, petit ou grand, en ce monde. »
À table!
C'est une véritable fable que nous conte là Jean-Henri Fabre tout à la fois leçon d'écologie d'écologue, et bien plus encore écologie profonde avec sa vision du monde et de la place de l'homme dans ce monde. L'humour, un humour gourmand en prime : « s'il est excellent que le merle siffle et réjouisse les frondaisons printanières, ne trouvons pas mauvais que les glands soient vermoulus. Là se prépare le dessert de l'oiseau, fine bouchée qui met de la graisse au croupion et de de belles sonorités au gosier »
En résumé : lard et guirlandes de saucisses pour l'homme ne vaut pas plus que Balanin dessert pour le merle. À chacun ses gourmandises !
( On trouvera les textes cités p. 301-302 , Souvenirs entomologiques , Étude sur l'instinct et les mœurs des insectes, tome 2, collection Bouquins, Robert Laffont éd. Paris, 1989)
Mercredi 6 Octobre 2010
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