Nature - environnement
Plusieurs associations prétendant protéger les ours ont récemment cosigné une lettre adressée à Ségolène Royal la pressant de faire procéder à de nouveaux lâchers pour renforcer la population d’ours vivant dans les Pyrénées. Malgré les apparences, les précédents n’ont pas pu sauver la population originelle qui s’est éteinte. Ces translocations sont pour le moins discutables scientifiquement. Le seul intérêt qu’elles peuvent avoir est économique. Pour les ours, il s’agit ni plus ni moins que d’une déportation. C’est le bagne alors qu’ils n’ont rien fait pour le mériter. Tous ceux qui sont attachés au respect de l’animal sauvage et libre, à une Nature authentique débarrassée de gestionnaires doivent dire NON à ces translocations et ne pas les réclamer à cor et à cri.
La petite population d’une dizaine d’ours qui subsistait encore dans les Pyrénées dans les années 1990 s’est éteinte. Aujourd’hui s'il y a des ours dans les Pyrénées, Il n’y a plus d’Ours DES Pyrénées, seulement des ours originaires de Slovaquie et leur descendance, à l’exception d’un hybride né en 2004 mais qui ne semble pas s’être reproduit.
Le statut des populations d’ours et celui des populations de loups vivant en France sont donc très différents. L’existence des premières est le résultat d’interventions humaines répétées. En ce sens précis, son origine est artificielle. Mis à part le cas des loups des parcs de vision comme celui de Saint-Martin Vésubie, la population de loups en France s’est constituée et développée sans que les hommes interviennent, en partie à leur insu et dans certains cas malgré eux. C’est en ce sens que l’on peut la qualifier de naturelle en opposition avec celle des ours.
Bien entendu, même si la population d’ours qui vit dans les Pyrénées n’est là que par un artéfact humain, ses membres doivent être respectés et protégés. Responsables de leur présence, le gouvernement et les collectivités locales doivent prendre toutes les dispositions nécessaires à leur quiétude pour qu’ils puissent vivre leur vie en paix.
Des Ours pour développer le tourisme dans les vallées pyrénéennes
Les loups n’ont pas de nom sauf dans les parcs de vision et ces noms ne sont d’ailleurs connus que des soigneurs. À l’inverse, chaque ours vivant dans les Pyrénées a été baptisé dans le cadre de campagnes médiatiques. Cela n’a l’air que d’un détail, mais le rapport à un animal auquel les humains ont attribué un nom, ici un ours, n’est pas le même que pour un animal qui n’en a pas, un loup. Alors que l’on magnifie l’individualité du premier qui est ainsi personnalisé de façon très anthropomorphique, on néglige celle du second qui pourtant possède lui aussi une individualité bien marquée pour l’observateur attentif certes, mais aussi et surtout pour ses congénères puisque dans le cas des loups chaque individu a une place bien définie dans la meute. Nommer, c’est déjà posséder et domestiquer/apprivoiser symboliquement ces ours affublés de prénoms ridicules tels que Bambou, Caramelles, Caramellita, Pollen, Noisette, Plume, Moonboots… Même s’ils restent des animaux sauvages, les voilà ainsi réduits symboliquement à peluches, des doudous... C’est tellement vrai que certains de ces ours ont des peluches en effigie en vente à la boutique de l’association à l’origine des réintroductions d’ours slovènes « ADET Pays de l’Ours ».
On voit bien l’intérêt commercial et plus largement économique de ces « translocations » d’ours slovènes. D’ailleurs l’association à l’origine de ces lâchers ne s’en cache pas. Son acronyme «ADET – Pays de l’Ours» signifie «Association pour le Développement économique et Touristique» et elle se sert de la présence de l’ours sur son territoire, de sa perception dans l’opinion publique et des mythes qui lui sont associés pour « valoriser » ce territoire : développement d’un business touristique labélisé nature : « L’image de l’ours est également, pour Pays de l’Ours – Adet, un excellent moyen de valoriser le territoire, en particulier pour développer un tourisme responsable, axé sur la découverte de la nature. Les Italiens des Abruzzes et du Trentin, les Espagnols des Asturies ont réussi à dynamiser leur région en valorisant la présence ou le retour de l’ours, pourquoi pas nous !? » écrivent ses promoteurs sur leur site internet.
Le statut des populations d’ours et celui des populations de loups vivant en France sont donc très différents. L’existence des premières est le résultat d’interventions humaines répétées. En ce sens précis, son origine est artificielle. Mis à part le cas des loups des parcs de vision comme celui de Saint-Martin Vésubie, la population de loups en France s’est constituée et développée sans que les hommes interviennent, en partie à leur insu et dans certains cas malgré eux. C’est en ce sens que l’on peut la qualifier de naturelle en opposition avec celle des ours.
Bien entendu, même si la population d’ours qui vit dans les Pyrénées n’est là que par un artéfact humain, ses membres doivent être respectés et protégés. Responsables de leur présence, le gouvernement et les collectivités locales doivent prendre toutes les dispositions nécessaires à leur quiétude pour qu’ils puissent vivre leur vie en paix.
Des Ours pour développer le tourisme dans les vallées pyrénéennes
Les loups n’ont pas de nom sauf dans les parcs de vision et ces noms ne sont d’ailleurs connus que des soigneurs. À l’inverse, chaque ours vivant dans les Pyrénées a été baptisé dans le cadre de campagnes médiatiques. Cela n’a l’air que d’un détail, mais le rapport à un animal auquel les humains ont attribué un nom, ici un ours, n’est pas le même que pour un animal qui n’en a pas, un loup. Alors que l’on magnifie l’individualité du premier qui est ainsi personnalisé de façon très anthropomorphique, on néglige celle du second qui pourtant possède lui aussi une individualité bien marquée pour l’observateur attentif certes, mais aussi et surtout pour ses congénères puisque dans le cas des loups chaque individu a une place bien définie dans la meute. Nommer, c’est déjà posséder et domestiquer/apprivoiser symboliquement ces ours affublés de prénoms ridicules tels que Bambou, Caramelles, Caramellita, Pollen, Noisette, Plume, Moonboots… Même s’ils restent des animaux sauvages, les voilà ainsi réduits symboliquement à peluches, des doudous... C’est tellement vrai que certains de ces ours ont des peluches en effigie en vente à la boutique de l’association à l’origine des réintroductions d’ours slovènes « ADET Pays de l’Ours ».
On voit bien l’intérêt commercial et plus largement économique de ces « translocations » d’ours slovènes. D’ailleurs l’association à l’origine de ces lâchers ne s’en cache pas. Son acronyme «ADET – Pays de l’Ours» signifie «Association pour le Développement économique et Touristique» et elle se sert de la présence de l’ours sur son territoire, de sa perception dans l’opinion publique et des mythes qui lui sont associés pour « valoriser » ce territoire : développement d’un business touristique labélisé nature : « L’image de l’ours est également, pour Pays de l’Ours – Adet, un excellent moyen de valoriser le territoire, en particulier pour développer un tourisme responsable, axé sur la découverte de la nature. Les Italiens des Abruzzes et du Trentin, les Espagnols des Asturies ont réussi à dynamiser leur région en valorisant la présence ou le retour de l’ours, pourquoi pas nous !? » écrivent ses promoteurs sur leur site internet.
Pastoralisme contre Tourisme
Du point de vue économique cette association et ses communes adhérentes jouent la carte du tourisme. Elles sont favorables à la présence d’ours dans le massif et s’opposent aux communes qui jouent la carte du pastoralisme ainsi qu’aux sociétés de chasse et aux éleveurs ovins qui ne veulent pas entendre parler de ces réintroductions. Pour eux, l’ours est n’a rien d’une gentille peluche, ils le perçoivent soit comme un prédateur croqueur de brebis, soit comme un concurrent, dans tous les cas au moins comme un gêneur indésirable. Conflits d’intérêts et conflits d’usages expliquent les divergences de vue entre les acteurs économiques locaux.
Le Gouvernement actuel en la personne de Ségolène Royal a pris position en faveur du pastoralisme et ne semble pas vouloir autoriser de nouvelles translocations de plantigrades slovènes malgré les recommandations du Groupe Ours Brun de son ministère et les conclusions d’une expertise commandée par son prédécesseur au grand dam d’ADET – Pays de l’ours et d’associations qui se présentent comme des défenseurs de l’ours, Férus par exemple.
Biologie de la Conservation versus Biologie de l’évolution
D’un point de vue scientifique, il faut constater une divergence d’appréciation entre les « biologistes de la conservation » et les écologues d’un côté et les biologistes de l’évolution de l’autre. Ces derniers dont le Professeur Alain Dubois du MNHN n’ont pas bénéficié de la même écoute que les premiers lorsque furent décidées les translocations d’ours slovènes pour « renforcer »la population pyrénéenne.
Leurs arguments auraient pourtant mérité d’être pris en considération d’autant qu’il est évident que malgré les apparences, les réintroductions n’ont pas permis de sauver la population d’ours des Pyrénées. Leur souche est quasiment éteinte et on a affaire à une population de substitution. Si le but était de pérenniser cette petite population relictuelle, c’est un échec total.
Du point de vue économique cette association et ses communes adhérentes jouent la carte du tourisme. Elles sont favorables à la présence d’ours dans le massif et s’opposent aux communes qui jouent la carte du pastoralisme ainsi qu’aux sociétés de chasse et aux éleveurs ovins qui ne veulent pas entendre parler de ces réintroductions. Pour eux, l’ours est n’a rien d’une gentille peluche, ils le perçoivent soit comme un prédateur croqueur de brebis, soit comme un concurrent, dans tous les cas au moins comme un gêneur indésirable. Conflits d’intérêts et conflits d’usages expliquent les divergences de vue entre les acteurs économiques locaux.
Le Gouvernement actuel en la personne de Ségolène Royal a pris position en faveur du pastoralisme et ne semble pas vouloir autoriser de nouvelles translocations de plantigrades slovènes malgré les recommandations du Groupe Ours Brun de son ministère et les conclusions d’une expertise commandée par son prédécesseur au grand dam d’ADET – Pays de l’ours et d’associations qui se présentent comme des défenseurs de l’ours, Férus par exemple.
Biologie de la Conservation versus Biologie de l’évolution
D’un point de vue scientifique, il faut constater une divergence d’appréciation entre les « biologistes de la conservation » et les écologues d’un côté et les biologistes de l’évolution de l’autre. Ces derniers dont le Professeur Alain Dubois du MNHN n’ont pas bénéficié de la même écoute que les premiers lorsque furent décidées les translocations d’ours slovènes pour « renforcer »la population pyrénéenne.
Leurs arguments auraient pourtant mérité d’être pris en considération d’autant qu’il est évident que malgré les apparences, les réintroductions n’ont pas permis de sauver la population d’ours des Pyrénées. Leur souche est quasiment éteinte et on a affaire à une population de substitution. Si le but était de pérenniser cette petite population relictuelle, c’est un échec total.
Comme le montre bien l’arbre généalogique du Rapport du Groupe Ours de 2011, il n’existe plus d’ours de souche pyrénéenne. On fera remarquer au passage que les présentations ultérieures de ces mêmes données ne montrent plus ce fait aussi clairement. Alors qu’en 2011, les ours étaient catégorisés en ours de «souche slovène», «souche hybride» et «souche pyrénéenne», dans le tableau de 2014 ils sont catégorisés en «Ours de Slovénie», «Ours présent dans les Pyrénées» et «Ours mort», les deux dernières catégories mélangeant les ours de souche pyrénéenne et de souche slovène et leurs descendance. S’agit-il par cette nouvelle présentation de masquer la disparition des ours de souche pyrénéenne ?
En tout cas, croire que deux populations de la même espèce sont identiques et interchangeables est une erreur comme le démontre bien Alain Dubois (2008). En fait, «il n’existe pas deux populations [d’individus de la même espèce] qui possèdent exactement les mêmes compositions et fréquences alléliques, ni les mêmes particularités morphologiques, éthologiques, etc. ». La constitution de la population actuelle d’ours vivant dans les Pyrénées est donc totalement différente de celle d’origine et n’en n’est pas issue « naturellement » c’est-à-dire que sans l’intervention des hommes qui ont déplacé de façon répétée et volontairement dans ce cas des sujets de même espèce sur de longues distances : « Les populations ainsi mélangées sont tout aussi artificielles que celles de beaucoup de parcs zoologiques » (Dubois, 2008, p. 372)
Ici encore le cas du loup et celui de l’ours sont bien différents. Malgré les rumeurs infondées qui courent encore, parfois même relayées par des hommes politiques qui étaient pourtant bien placés pour savoir qu’il n’en n’est rien, le loup n’a pas été réintroduit en France. En provenance d’Italie, il a conquis NATURELLEMENT de nouveaux territoires d’abord dans les Alpes maritimes, les hautes vallées de la Tinée et de la Vésubie, puis l’ensemble des Alpes françaises et maintenant dans les autres massifs montagneux de l’Hexagone. C’est la dispersion des jeunes qui est à l’origine de cette conquête de territoires nouveaux.
Une consanguinité redoutable ?
Un argument qui revient fréquemment pour justifier ces translocations pour «renforcer» une population insiste sur les risques de dégénérescence que ferait courir la consanguinité lorsque cette population est de taille trop modeste. Si ceux qui se présentent comme des défenseurs de l’ours des Pyrénées (qui stricto sensu n’existe plus) exigent de nouvelles translocations, c’est pour ce motif. Ainsi, l’association Férus réclame de nouvelles translocations pour le limiter et rendre ainsi la population vivant dans le massif pyrénéen pérenne. En 2014, cette association tirait la sonnette d’alarme au sujet des risques liés à la consanguinité : « Dans les Pyrénées centrales se pose et se posera avec de plus en plus d’acuité, la question du problème (sic !) de consanguinité lié à un manque de diversité génétique : le mâle Pyros est le père de presque tous les ours nés depuis son arrivée, il en arrive à se reproduire avec ses filles, petites filles et arrières-petites filles. » (Férus 15 juin 2014)
Mais le gouvernement et notamment le ministre de l’écologie a fait la sourde oreille, préférant écouter les représentants des chasseurs et du pastoralisme. Aussi un an plus tard à l’occasion de l’annonce de la découverte de la naissance de nouveaux oursons, l’association stigmatise ce gouvernement : « le gouvernement français (…) ruine toute possibilité de se réjouir durablement. Il tourne le dos aux préconisations du Muséum d’Histoire Naturel (…) et refuse de lâcher quelques ourses, seule solution pour sauver l’espèce du risque de consanguinité pointé par les scientifiques : le problème est désormais beaucoup moins le nombre d’ours que leur variété génétique… »
L’association fait référence à l’étude de 2013 publiée sous le patronage du MNHN dans laquelle on peut lire : « « Les risques génétiques se traduisent par un accroissement de la consanguinité à moyen terme (10-15 ans). Cet accroissement de la consanguinité est lié au nombre réduit d’individus fondateurs, avec seulement 4 individus sur les 8 réintroduits qui ont participé à la reproduction, et au choix réduit du nombre de partenaires. Elle peut entraîner une baisse de la fécondité et de la survie des individus reproducteurs (Robert et al. 2007). » De plus « depuis 1997, un mâle adulte dominant âgé de 25 ans monopolise l’accès aux femelles dans le noyau central. Il est le père de 24 oursons sur les 28 identifiés entre 1997-2012 ». (p.13) L’impact sur la survie des populations varie : des études monterait qu’elle ne serait effective qu’à 10 – 15 ans, tandis que d’autres « suggèrent qu’on s’attend à des problèmes surtout liés à des mutations récessives à effets forts (Charlesworth & Willis 2009) et donc à des effets instantanés. » (p. 14)
Le risque de consanguinité est certes « pointé par les scientifiques » auteurs de ce rapport, mais il y en d’autres qui considèrent que ce risque est pour le moins surévalué, voire inexistant. Parmi eux le Professeur Alain Dubois, professeur au MNHN. Pour lui, « La crainte de la consanguinité qui motive certaines réintroductions d’individus au sein de populations de taille réduite s’appuie sur des modélisations mathématiques, mais elle est contredite par de nombreuses observations empiriques.» (Dubois, 2008, p.366) Celles-ci montrent au contraire que des populations de taille réduite avec un polymorphisme génétique également réduit peuvent survivre dans des conditions difficiles et se reconstituer ensuite dans des conditions favorables. Alain Dubois cite le cas rapporté par jean Dorst du Bison d’Amérique sauvés à partir de quelques individus qui avaient survécu dans une réserve de Pologne. Plus probants encore sont les cas d’espèces animales ou végétales «invasives» qui font preuve d’une expansion et d’une démographie explosive à partir de quelques individus introduits involontairement ou acclimatés volontairement. La raison en est que la sélection naturelle fait son œuvre en éliminant les porteurs de variations délétères eu égard le milieu et les circonstances car « si la consanguinité peut avoir des conséquences graves lorsqu’un grand nombre d’individus consanguins porteurs d’allèles délétères survivent, ce qui est le cas dans les sociétés humaines ou éventuellement dans des espèces domestiques où ces individus sont « protégés », il n’en va pas de même dans les populations sauvages soumises à la sélection naturelle, où les homozygotes pour de tels allèles sont contre-sélectionnés et pour la plupart éliminés» (Dubois, 2008, p. 367).
Ces données sont tellement contraignantes que l’on est en droit de se demander avec Alain Dubois si cette volonté d’éviter la consanguinité dans les populations animales n’a pas plus à voir avec le tabou de l’inceste, universel dans les sociétés humaines, qu’avec « un réel impact de celle-ci sur la valeur sélective et la survie des populations animales de petite taille. » Dans le cas des ours, c’est d’autant plus vraisemblable que tout est fait par les promoteurs des translocations pour qu’ils soient considérés comme des personnes, que depuis la nuit des temps les mythes qui leur sont associés les humanisent, qu’à l’inverse le mot désigne aussi des humains censés leur ressembler au moins par leur caractère et leur comportement. Alors quelle horreur lorsque ce malheureux Pyros « en arrive à se reproduire avec ses filles, petites filles et arrières-petites filles » !
Les translocations détruisent l’objet d’étude de la biologie de l’évolution
La translocation comporte des risques pour les populations réceptrices. Elle peut leur apporter des maladies par l’introduction de pathogènes ou bien encore introduire dans leurs pools géniques des allèles entraînant une moins bonne adaptation aux conditions régnant sur son territoire. Cependant cette modification du pool génique n’est pas toujours pénalisante. Elle peut aussi induire dans d’autres cas une meilleure adaptation puisqu’en général, contrairement ce que l’on pourrait supposer dans une perspective finaliste, l’adaptation d’une population aux conditions de son territoire n’est pas optimale. Aussi, ce n’est pas d’abord en fonction de ces risques qu’Alain Dubois critique les translocations : « les populations ainsi mélangées restent certes susceptibles d’apporter aux biologistes des informations générales sur « l’espèce », communes à toutes les populations de celles-ci, mais ne peuvent plus nous éclairer sur l’évolution fine au sein de celle-ci. Le risque est alors grand, par ignorance, d’attribuer à « l’espèce » des particularités qui ne valaient que pour certaines de ses populations. Pour le biologiste de l’évolution moderne, qui n’a plus une vision fixiste, essentialiste ou typologique de l’espèce mais qui s’intéresse à la phylogéographie, à l’adaptation locale, à l’évolution fine du comportement, elles ont perdu beaucoup de leur intérêt. » (Dubois, 2008, p. 372)
Ces réintroductions ou translocations sont donc à l’origine d’une perte d’information, voire d’une destruction de l’objet d’étude du biologiste de l’évolution et c’est d’abord à ce titre qu’Alain Dubois les dénonce. Il précise que cela « n’est néfaste que pour les hommes, ou plus exactement pour certains d’entre eux, les scientifiques, qui s’efforcent de répondre à diverses questions concernant l’histoire et le fonctionnement de la nature : comment les écosystèmes se sont-ils mis en place et ont-ils atteint la composition et la dynamique que nous observons aujourd’hui, quelle est la répartition actuelle des espèces qui y vivent, quelle a été leur histoire, celle de leurs caractères et de leurs adaptations ? Les modifications brutales de la composition des écosystèmes et de la répartition naturelle des espèces résultant de la pollution faunistique ou floristique rendent plus difficile, sinon impossible, ces reconstitutions du passé de la biosphère, et la compréhension des mécanismes de son évolution. » Elles ne se justifieraient donc, selon Alain Dubois que lorsque seraient en jeu «d’impérieuses raisons» concernant les populations humaines comme, par exemple, l’alimentation ou la santé publique. Ce qui n’est évidemment pas le cas en ce qui concerne l’ours des Pyrénées.
En tout cas, croire que deux populations de la même espèce sont identiques et interchangeables est une erreur comme le démontre bien Alain Dubois (2008). En fait, «il n’existe pas deux populations [d’individus de la même espèce] qui possèdent exactement les mêmes compositions et fréquences alléliques, ni les mêmes particularités morphologiques, éthologiques, etc. ». La constitution de la population actuelle d’ours vivant dans les Pyrénées est donc totalement différente de celle d’origine et n’en n’est pas issue « naturellement » c’est-à-dire que sans l’intervention des hommes qui ont déplacé de façon répétée et volontairement dans ce cas des sujets de même espèce sur de longues distances : « Les populations ainsi mélangées sont tout aussi artificielles que celles de beaucoup de parcs zoologiques » (Dubois, 2008, p. 372)
Ici encore le cas du loup et celui de l’ours sont bien différents. Malgré les rumeurs infondées qui courent encore, parfois même relayées par des hommes politiques qui étaient pourtant bien placés pour savoir qu’il n’en n’est rien, le loup n’a pas été réintroduit en France. En provenance d’Italie, il a conquis NATURELLEMENT de nouveaux territoires d’abord dans les Alpes maritimes, les hautes vallées de la Tinée et de la Vésubie, puis l’ensemble des Alpes françaises et maintenant dans les autres massifs montagneux de l’Hexagone. C’est la dispersion des jeunes qui est à l’origine de cette conquête de territoires nouveaux.
Une consanguinité redoutable ?
Un argument qui revient fréquemment pour justifier ces translocations pour «renforcer» une population insiste sur les risques de dégénérescence que ferait courir la consanguinité lorsque cette population est de taille trop modeste. Si ceux qui se présentent comme des défenseurs de l’ours des Pyrénées (qui stricto sensu n’existe plus) exigent de nouvelles translocations, c’est pour ce motif. Ainsi, l’association Férus réclame de nouvelles translocations pour le limiter et rendre ainsi la population vivant dans le massif pyrénéen pérenne. En 2014, cette association tirait la sonnette d’alarme au sujet des risques liés à la consanguinité : « Dans les Pyrénées centrales se pose et se posera avec de plus en plus d’acuité, la question du problème (sic !) de consanguinité lié à un manque de diversité génétique : le mâle Pyros est le père de presque tous les ours nés depuis son arrivée, il en arrive à se reproduire avec ses filles, petites filles et arrières-petites filles. » (Férus 15 juin 2014)
Mais le gouvernement et notamment le ministre de l’écologie a fait la sourde oreille, préférant écouter les représentants des chasseurs et du pastoralisme. Aussi un an plus tard à l’occasion de l’annonce de la découverte de la naissance de nouveaux oursons, l’association stigmatise ce gouvernement : « le gouvernement français (…) ruine toute possibilité de se réjouir durablement. Il tourne le dos aux préconisations du Muséum d’Histoire Naturel (…) et refuse de lâcher quelques ourses, seule solution pour sauver l’espèce du risque de consanguinité pointé par les scientifiques : le problème est désormais beaucoup moins le nombre d’ours que leur variété génétique… »
L’association fait référence à l’étude de 2013 publiée sous le patronage du MNHN dans laquelle on peut lire : « « Les risques génétiques se traduisent par un accroissement de la consanguinité à moyen terme (10-15 ans). Cet accroissement de la consanguinité est lié au nombre réduit d’individus fondateurs, avec seulement 4 individus sur les 8 réintroduits qui ont participé à la reproduction, et au choix réduit du nombre de partenaires. Elle peut entraîner une baisse de la fécondité et de la survie des individus reproducteurs (Robert et al. 2007). » De plus « depuis 1997, un mâle adulte dominant âgé de 25 ans monopolise l’accès aux femelles dans le noyau central. Il est le père de 24 oursons sur les 28 identifiés entre 1997-2012 ». (p.13) L’impact sur la survie des populations varie : des études monterait qu’elle ne serait effective qu’à 10 – 15 ans, tandis que d’autres « suggèrent qu’on s’attend à des problèmes surtout liés à des mutations récessives à effets forts (Charlesworth & Willis 2009) et donc à des effets instantanés. » (p. 14)
Le risque de consanguinité est certes « pointé par les scientifiques » auteurs de ce rapport, mais il y en d’autres qui considèrent que ce risque est pour le moins surévalué, voire inexistant. Parmi eux le Professeur Alain Dubois, professeur au MNHN. Pour lui, « La crainte de la consanguinité qui motive certaines réintroductions d’individus au sein de populations de taille réduite s’appuie sur des modélisations mathématiques, mais elle est contredite par de nombreuses observations empiriques.» (Dubois, 2008, p.366) Celles-ci montrent au contraire que des populations de taille réduite avec un polymorphisme génétique également réduit peuvent survivre dans des conditions difficiles et se reconstituer ensuite dans des conditions favorables. Alain Dubois cite le cas rapporté par jean Dorst du Bison d’Amérique sauvés à partir de quelques individus qui avaient survécu dans une réserve de Pologne. Plus probants encore sont les cas d’espèces animales ou végétales «invasives» qui font preuve d’une expansion et d’une démographie explosive à partir de quelques individus introduits involontairement ou acclimatés volontairement. La raison en est que la sélection naturelle fait son œuvre en éliminant les porteurs de variations délétères eu égard le milieu et les circonstances car « si la consanguinité peut avoir des conséquences graves lorsqu’un grand nombre d’individus consanguins porteurs d’allèles délétères survivent, ce qui est le cas dans les sociétés humaines ou éventuellement dans des espèces domestiques où ces individus sont « protégés », il n’en va pas de même dans les populations sauvages soumises à la sélection naturelle, où les homozygotes pour de tels allèles sont contre-sélectionnés et pour la plupart éliminés» (Dubois, 2008, p. 367).
Ces données sont tellement contraignantes que l’on est en droit de se demander avec Alain Dubois si cette volonté d’éviter la consanguinité dans les populations animales n’a pas plus à voir avec le tabou de l’inceste, universel dans les sociétés humaines, qu’avec « un réel impact de celle-ci sur la valeur sélective et la survie des populations animales de petite taille. » Dans le cas des ours, c’est d’autant plus vraisemblable que tout est fait par les promoteurs des translocations pour qu’ils soient considérés comme des personnes, que depuis la nuit des temps les mythes qui leur sont associés les humanisent, qu’à l’inverse le mot désigne aussi des humains censés leur ressembler au moins par leur caractère et leur comportement. Alors quelle horreur lorsque ce malheureux Pyros « en arrive à se reproduire avec ses filles, petites filles et arrières-petites filles » !
Les translocations détruisent l’objet d’étude de la biologie de l’évolution
La translocation comporte des risques pour les populations réceptrices. Elle peut leur apporter des maladies par l’introduction de pathogènes ou bien encore introduire dans leurs pools géniques des allèles entraînant une moins bonne adaptation aux conditions régnant sur son territoire. Cependant cette modification du pool génique n’est pas toujours pénalisante. Elle peut aussi induire dans d’autres cas une meilleure adaptation puisqu’en général, contrairement ce que l’on pourrait supposer dans une perspective finaliste, l’adaptation d’une population aux conditions de son territoire n’est pas optimale. Aussi, ce n’est pas d’abord en fonction de ces risques qu’Alain Dubois critique les translocations : « les populations ainsi mélangées restent certes susceptibles d’apporter aux biologistes des informations générales sur « l’espèce », communes à toutes les populations de celles-ci, mais ne peuvent plus nous éclairer sur l’évolution fine au sein de celle-ci. Le risque est alors grand, par ignorance, d’attribuer à « l’espèce » des particularités qui ne valaient que pour certaines de ses populations. Pour le biologiste de l’évolution moderne, qui n’a plus une vision fixiste, essentialiste ou typologique de l’espèce mais qui s’intéresse à la phylogéographie, à l’adaptation locale, à l’évolution fine du comportement, elles ont perdu beaucoup de leur intérêt. » (Dubois, 2008, p. 372)
Ces réintroductions ou translocations sont donc à l’origine d’une perte d’information, voire d’une destruction de l’objet d’étude du biologiste de l’évolution et c’est d’abord à ce titre qu’Alain Dubois les dénonce. Il précise que cela « n’est néfaste que pour les hommes, ou plus exactement pour certains d’entre eux, les scientifiques, qui s’efforcent de répondre à diverses questions concernant l’histoire et le fonctionnement de la nature : comment les écosystèmes se sont-ils mis en place et ont-ils atteint la composition et la dynamique que nous observons aujourd’hui, quelle est la répartition actuelle des espèces qui y vivent, quelle a été leur histoire, celle de leurs caractères et de leurs adaptations ? Les modifications brutales de la composition des écosystèmes et de la répartition naturelle des espèces résultant de la pollution faunistique ou floristique rendent plus difficile, sinon impossible, ces reconstitutions du passé de la biosphère, et la compréhension des mécanismes de son évolution. » Elles ne se justifieraient donc, selon Alain Dubois que lorsque seraient en jeu «d’impérieuses raisons» concernant les populations humaines comme, par exemple, l’alimentation ou la santé publique. Ce qui n’est évidemment pas le cas en ce qui concerne l’ours des Pyrénées.
L’ours est le grand perdant de la translocation
Il est à remarquer que l’on n’a jamais envisagé dans les discussions entre partisans et adversaires des translocations, le point de vue de l’ours. Cela n’a rien d’étonnant en ce qui concerne les scientifiques qu’ils soient écologues, biologistes de la conservation ou de l’évolution, les technocrates des ministères, les ministres de tout bord, les députés, les maires et tous les élus des collectivités locales ou bien encore de la part de ceux que l’on désigne sous le vocable d’agents économiques. Par contre cela est beaucoup plus étrange en ce qui concerne certains parmi ceux qui se disent les protecteurs du plantigrade.
Il n’est bien sûr pas question de se mettre dans la peau de l’ours. Mais cela n’empêche pas de comprendre que l’ours ainsi «transloqué» n’est pas gagnant dans l’affaire. Il vivait tranquille dans sa forêt slovène sur un territoire qu’il connaissait parfaitement et pouvait exploiter sans trop se fatiguer, dans une réserve de chasse à l’abri des balles, des risques de collision avec une voiture… Le voilà capturé, anesthésié, mis en caisse et transporté entre douze et vingt-cinq heures (un de ces ours capturés n’a pas supporté le voyage : il en est mort). A l’arrivée, on insère dans son ventre un émetteur intraabdominal qui risque de le tuer en cas de chute ; on l’affuble d’un collier GPS/GMS et on le relâche dans un territoire inconnu qu’il doit explorer au risque de sa vie pour survivre, ce qui explique l’importance de ses déplacements la première année dans cette nouvelle contrée, un nouveau lieu de vie somme toute hostile, qui ne vaut pas l’ancien. Il va être en butte à l’animosité de bien des bipèdes autochtones : chasseurs, éleveurs, bergers, forestiers, élus démagos. Il risque une chute mortelle en parcourant des falaises inconnues, l’accident en traversant une des routes qui sillonnent son domaine vital et il sera bien seul face à un congénère qui monopolise l’accès aux femelles. Pour l’ours, c’est une déportation, c’est le bagne, et notre douce France, c’est Cayenne !
Comment se fait-il que l’on n’entende pas TOUS les défenseurs des droits des animaux condamner unanimement ce genre de pratique? Pire, comment se fait-il que des protecteurs de la Nature réclament de telles déportations en ne voyant midi qu’à leur porte. Ouvrez les yeux braves gens, laissez de côté le folklore des marchands de peluches et les boniments des offices de tourisme. Les ours dont vous réclamez l’introduction dans les Pyrénées ou ailleurs ne sont ni des peluches, ni des doudous. Laissons les vivre dans leur forêt natale et surtout respectons les !
Un dernier mot
Si fondamentalement, ce n’est pas pour les mêmes raisons que le chercheur et l’écologiste profond condamnent les translocations, il n’en reste pas moins qu’ils partagent bien des arguments. Il y a des pertes irréversibles et dans bien des cas les occidentaux ont commis des atteintes irréparables à la Nature. Or les translocations délivrent à ce sujet deux messages principaux comme le souligne avec lucidité et finesse Alain Dubois. Elles peuvent être porteuses d’un message positif « il affirme que, même si elles peuvent être à certains égards dangereuses, ou du moins non directement utiles à l’homme, toutes les espèces vivantes du globe ont le droit d’exister et de partager cette planète avec nous »
Mais ce n’est pas cela que va retenir le public. Le message qu’il va retenir « c’est que, ce que l’homme a détruit, il peut le réparer, que dans ce domaine rien n’est irréversible, que le deus ex machina peut toujours sortir de sa boîte pour restaurer ce qui a été abîmé par notre civilisation. Or ce message est fallacieux et dangereux. Sa conclusion logique immédiate est que, si nous pouvons réparer ce que nous avons cassé, il n’y a pas de raison de modifier la relation de notre société à la nature. D’un point de vue pédagogique, ce message convient très bien aux forces sociales qui dirigent notre société, et qui, principalement pour des raisons de profit immédiat, ne souhaitent nullement modifier la « gestion » actuelle de la nature, des ressources non renouvelables, de l’énergie, des espèces vivantes, etc. Il s’agit typiquement d’un de ces messages résolument optimistes et constructifs que notre société souhaite, appuie et même exige. Malheur en revanche à celui qui insistera sur le fait que chaque extinction d’espèce (fût-elle de sangsue, de moucheron ou de cloporte) sur notre planète est un fait irréversible et « sans consolation ». Désabusé peut-être, mais lucide, le Professeur Alain Dubois.
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Il est à remarquer que l’on n’a jamais envisagé dans les discussions entre partisans et adversaires des translocations, le point de vue de l’ours. Cela n’a rien d’étonnant en ce qui concerne les scientifiques qu’ils soient écologues, biologistes de la conservation ou de l’évolution, les technocrates des ministères, les ministres de tout bord, les députés, les maires et tous les élus des collectivités locales ou bien encore de la part de ceux que l’on désigne sous le vocable d’agents économiques. Par contre cela est beaucoup plus étrange en ce qui concerne certains parmi ceux qui se disent les protecteurs du plantigrade.
Il n’est bien sûr pas question de se mettre dans la peau de l’ours. Mais cela n’empêche pas de comprendre que l’ours ainsi «transloqué» n’est pas gagnant dans l’affaire. Il vivait tranquille dans sa forêt slovène sur un territoire qu’il connaissait parfaitement et pouvait exploiter sans trop se fatiguer, dans une réserve de chasse à l’abri des balles, des risques de collision avec une voiture… Le voilà capturé, anesthésié, mis en caisse et transporté entre douze et vingt-cinq heures (un de ces ours capturés n’a pas supporté le voyage : il en est mort). A l’arrivée, on insère dans son ventre un émetteur intraabdominal qui risque de le tuer en cas de chute ; on l’affuble d’un collier GPS/GMS et on le relâche dans un territoire inconnu qu’il doit explorer au risque de sa vie pour survivre, ce qui explique l’importance de ses déplacements la première année dans cette nouvelle contrée, un nouveau lieu de vie somme toute hostile, qui ne vaut pas l’ancien. Il va être en butte à l’animosité de bien des bipèdes autochtones : chasseurs, éleveurs, bergers, forestiers, élus démagos. Il risque une chute mortelle en parcourant des falaises inconnues, l’accident en traversant une des routes qui sillonnent son domaine vital et il sera bien seul face à un congénère qui monopolise l’accès aux femelles. Pour l’ours, c’est une déportation, c’est le bagne, et notre douce France, c’est Cayenne !
Comment se fait-il que l’on n’entende pas TOUS les défenseurs des droits des animaux condamner unanimement ce genre de pratique? Pire, comment se fait-il que des protecteurs de la Nature réclament de telles déportations en ne voyant midi qu’à leur porte. Ouvrez les yeux braves gens, laissez de côté le folklore des marchands de peluches et les boniments des offices de tourisme. Les ours dont vous réclamez l’introduction dans les Pyrénées ou ailleurs ne sont ni des peluches, ni des doudous. Laissons les vivre dans leur forêt natale et surtout respectons les !
Un dernier mot
Si fondamentalement, ce n’est pas pour les mêmes raisons que le chercheur et l’écologiste profond condamnent les translocations, il n’en reste pas moins qu’ils partagent bien des arguments. Il y a des pertes irréversibles et dans bien des cas les occidentaux ont commis des atteintes irréparables à la Nature. Or les translocations délivrent à ce sujet deux messages principaux comme le souligne avec lucidité et finesse Alain Dubois. Elles peuvent être porteuses d’un message positif « il affirme que, même si elles peuvent être à certains égards dangereuses, ou du moins non directement utiles à l’homme, toutes les espèces vivantes du globe ont le droit d’exister et de partager cette planète avec nous »
Mais ce n’est pas cela que va retenir le public. Le message qu’il va retenir « c’est que, ce que l’homme a détruit, il peut le réparer, que dans ce domaine rien n’est irréversible, que le deus ex machina peut toujours sortir de sa boîte pour restaurer ce qui a été abîmé par notre civilisation. Or ce message est fallacieux et dangereux. Sa conclusion logique immédiate est que, si nous pouvons réparer ce que nous avons cassé, il n’y a pas de raison de modifier la relation de notre société à la nature. D’un point de vue pédagogique, ce message convient très bien aux forces sociales qui dirigent notre société, et qui, principalement pour des raisons de profit immédiat, ne souhaitent nullement modifier la « gestion » actuelle de la nature, des ressources non renouvelables, de l’énergie, des espèces vivantes, etc. Il s’agit typiquement d’un de ces messages résolument optimistes et constructifs que notre société souhaite, appuie et même exige. Malheur en revanche à celui qui insistera sur le fait que chaque extinction d’espèce (fût-elle de sangsue, de moucheron ou de cloporte) sur notre planète est un fait irréversible et « sans consolation ». Désabusé peut-être, mais lucide, le Professeur Alain Dubois.
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Références
Dubois Alain (2008). « La notion de pollution biotique : pollutions faunistiques, floristiques, génétiques et culturelles » , Bull. Soc. zool. Fr., 2008, 133(4) : 357-382.
Quenette Pierre-Yves, Rauer Georg, Huber Djuro, Kazensky Petra, Knauer Felix, Mustoni Andrea, Palazon Santiago & Zibordi Frederico (2006). « Comparaison du comportement spatial d’ours bruns réintroduits et non réintroduits en Europe », ONCFS Rapport scientifique 2006 : 21 - 25
BOITANI Luigi, CLOBERT Jean, LE MAHO Yvon, QUENETTE Pierre-Yves, SARRAZIN François, SAVOURÉ-SOUBELET Audrey (2013). Expertise collective scientifique « L’Ours brun dans les Pyrénées, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
Rapports Ours Brun 2011, 2014
Lettre ouverte de la Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours (CAP Ours) à Madame la Ministre de l’Ecologie, mardi 1er septembre 2015.ici
Illustrations
L’ourse Franska encore endormie avant son relâcher en 2006. Photo J.J. Camarra / ONCFS / ETO prise sur le site de Férus. (Cette ourse introduite en 2006 est morte en 2007 !)
Tableau en annexe du Rapport Ours 2011
Dubois Alain (2008). « La notion de pollution biotique : pollutions faunistiques, floristiques, génétiques et culturelles » , Bull. Soc. zool. Fr., 2008, 133(4) : 357-382.
Quenette Pierre-Yves, Rauer Georg, Huber Djuro, Kazensky Petra, Knauer Felix, Mustoni Andrea, Palazon Santiago & Zibordi Frederico (2006). « Comparaison du comportement spatial d’ours bruns réintroduits et non réintroduits en Europe », ONCFS Rapport scientifique 2006 : 21 - 25
BOITANI Luigi, CLOBERT Jean, LE MAHO Yvon, QUENETTE Pierre-Yves, SARRAZIN François, SAVOURÉ-SOUBELET Audrey (2013). Expertise collective scientifique « L’Ours brun dans les Pyrénées, Muséum National d’Histoire Naturelle, Paris.
Rapports Ours Brun 2011, 2014
Lettre ouverte de la Coordination Associative Pyrénéenne pour l’Ours (CAP Ours) à Madame la Ministre de l’Ecologie, mardi 1er septembre 2015.ici
Illustrations
L’ourse Franska encore endormie avant son relâcher en 2006. Photo J.J. Camarra / ONCFS / ETO prise sur le site de Férus. (Cette ourse introduite en 2006 est morte en 2007 !)
Tableau en annexe du Rapport Ours 2011
Dimanche 6 Septembre 2015
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