Nature - environnement
Au détour d’un tweet, je viens d’apprendre qu’un végan a répondu à un article de mon blog "Stop au bourrage de crâne : Le mode de vie végan n’est ni écologique, ni éthique !" Il s’agit d’un opus de 30 pages bien tassées écrites par Emile Bévillon. Venant d’un végan pur et dur prêt à justifier toutes les errances de la propagande des PETA et autres association véganes, cela me conforte dans l’idée que j’ai dû viser juste. Je ne pouvais donc laisser ce texte sans réponse bien que j’en ai eu une connaissance tardive. Il a été mis en ligne sur Facebook en Février.
Je ne vais pas faire une réponse point par point à ce texte souvent redondant. Je vais d’abord préciser l’un de nos principaux désaccords qui explique nombre de ses objections, objections qui tomberont par voie de conséquence si j’ai raison (§1). Je reviendrai ensuite sur la question des pairies de fauche ou pâturées dont l’existence est dépendante de celle de l’élevage qui un point central de mon texte. Il me sera facile de montrer que les prétendues solutions que mon contradicteur avance pour les maintenir en l’absence d’élevage sont pour le moins irréalistes voire farfelues (§2). J’aborderai alors la question connexe de l’effet de serre (§3) et je reviendrai sur la question de la ressource en eau, ce qui me permettra de montrer comment la propagande végane manipule l’opinion sur cette question (§4). Le peu d’intérêt que manifeste ce végan de choc pour le plan français visant à les réduire les importations de soja est significative du rôle que joue pour les végans les considérations environnementales (§5). Significative aussi la façon dont il rend compte d’article dont les conclusions dérangent ses a priori végans (§6). Enfin je m’attacherai à discuter quelques points qui pour être de détail n’en sont pas moins révélateurs du véganisme.
Pour ne pas lasser le lecteur, je laisserai de côté ses tentatives de justification des outrances de PETA et errances d’autres sites ou pratiques végans que j’épingle dans les annexes. Le lecteur jugera par lui-même.
N. B. : J’emploie volontairement le terme ‘végan’ et non ‘végane’ qui heurte l’intuition linguistique commune lorsqu’il s’agit du masculin; ‘végane’ étant selon moi le féminin de ‘végan’. D’ailleurs en dehors de ceux qui se réclament du véganisme, c’est l’usage repris ici qui est le plus souvent utilisé.
Émile Bévillon (ci-après B.) et moi sommes d’accord pour condamner l’élevage industriel et ses méfaits. Mais nous en tirons des conséquences opposées. C’est pourquoi B. voit des contradictions dans mon propos alors qu’il y a en fait, contradiction entre sa volonté d’abolir l’élevage et ma position qui met en avant la défense de l’agriculture paysanne dont l’élevage est partie intégrante.
1 – Le point le plus fondamental que soulève cette controverse entre B. et moi et celui de savoir comment se situe l’agriculture industrielle par rapport à l’agriculture traditionnelle, paysanne et accessoirement si la promotion de celle-ci est une utopie.
1.1 – B. soutient que l’élevage industriel est l’aboutissement l’élevage traditionnel et lui est consubstantiel : « Si il est normal d'exploiter les animaux, alors on voit assez mal quelle limite arbitraire il y a à cette exploitation. En d'autres termes, l'élevage industriel est consubstantiel à l'élevage traditionnel » et « l'élevage industriel est consubstantiel à l'élevage traditionnel pour la simple et bonne raison que lorsque l'on entérine le fait que l'exploitation animale est quelque chose d'acceptable, on entérine une domination de l'homme sur l'animal qui n'a aucune limite. » En cela il ne fait que justifier la position végane qui est de mettre toutes les formes d’élevage dans le même sac. La thèse que je soutiens, avec d’autres, est que l’élevage industriel est un dévoiement des élevages traditionnels. L’exploitation (au bon sens du terme : tirer profit en vue de produire) du bétail à digérer de la cellulose et son élevage en vue d’obtenir des protéines facilement assimilables n’implique pas une domination sans limite mais peut se concilier, dans le cadre d’une agriculture paysanne, avec le respect des critères du bien-être animal et donc s’imposer des limites, ce qui se fait d’ailleurs naturellement dans un tel cadre.
Par contre l’élevage industriel rendu possible par le développement des sciences et des techniques associées à une rationalisation productiviste a pour conséquence une vision purement instrumentale de l’animal réduit à une machine à produire. Dans le contexte d’une économie mondialisée libérale et concurrentielle, cela signifie la recherche de la rentabilité maximale. Il est évident que dans un tel contexte, le modèle d’élevage industriel tend à se généraliser. Il y a d’autres raisons à cela comme l’occidentalisation du monde avec ses tares dont ses régimes alimentaires trop carnés…
1.2 – Si le compte y est pour les firmes de l’agro-alimentaire et de la grande distribution, il n’y est pas pour bon nombre d’éleveurs condamnés à s’endetter lourdement pour s’agrandir, s’industrialiser et tenter ainsi de survivre, ou bien contraint de jeter l’éponge, vendre à perte et changer de métier tandis que la concentration et le gigantisme des exploitations agricoles s’accentuent permettant ainsi une industrialisation de plus en plus poussée allant de pair avec une chosification de plus en plus poussée elle aussi du bétail. Cependant, de là à soutenir que les modes d’élevage traditionnels sont des survivances, il y a une marge que B. franchit allégrement. Il ignore vraisemblablement ou alors il ne tient pas compte du fait que : «Actuellement 75% de l’alimentation dans le monde est produite par des petits paysans. » (Silvia-Perez Vitoria, l’écologiste n° 49, Vol 18, Mai-Juillet 2017, p. 46).
La généralisation de l’élevage industriel n’est pas non plus une « fatalité » ainsi qu’il le soutient. Comme l’écrit Silvia-Perez Vitoria : « C’est le soutien aux agricultures paysannes qui est prioritaire. C’est là le vrai modèle alternatif qui assurera la préservation des milieux naturels, une nourriture saine et suffisante pour tous, plus de travail et de bonnes conditions de vie pour les travailleurs de la terre. De ce point de vue l’émergence de mouvements paysans à l’échelle mondiale constitue une chance. En s’engageant avec eux dans les luttes qu’ils mènent on pourra véritablement agir au cœur et pas seulement à la périphérie d’un système hautement mortifère. » (Ibid.)
B. ne voit que le côté consommateur. Comme tous les végans, il est obsédé par les questions de régime alimentaire, d’utilisation des produits d’origine animale. Il ignore le paysan éleveur, producteur. Il néglige les luttes contre le modèle industriel et les mouvements internationaux de paysans comme Via Campesina qui défendent une agriculture paysanne avec en France comme adhérents la Confédération Paysanne et le MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux). B. cite « la ferme des mille vaches » sans parler de la lutte contre cette structure qui fédère au-delà des organisations agricoles.
Le modèle industriel d’élevage que B. voit s’imposer comme une fatalité n’est pas viable sur le long terme, trop gourmand en énergie avec trop polluant. Je crois qu’il le pense aussi mais souhaite le voir purement et simplement disparaitre, ce qui est bien plus utopique que la défense d’un élevage traditionnel qui n’a rien d’une utopie.
Si l’élevage industriel était l’aboutissement de l’élevage paysan et lui était consubstantiel alors globalement, l’élevage serait condamnable d’un point de vue écologique, indépendamment des questions que soulèvent les végans. Mais ce n’est pas vrai. Outre des pratiques et des techniques différentes qui peuvent progresser en mêlant savoir-faire et évolution des connaissances, la meilleure preuve en est que cette agriculture s’oppose concrètement à l’agriculture industrielle et est en lutte contre elle. L’agriculture industrielle ne lui est ni consubstantielle, ni n’en est l’aboutissement ou l’horizon. Le développement de mouvements internationaux et l’écho des luttes paysannes montrent aussi que la défense de l’élevage traditionnel n’est pas sans espoir. Il n’est donc pas nécessaire d’être végan, d’adopter un mode de vie végan pour combattre le fléau de l’élevage industriel dans le cadre d’une agriculture industrielle productiviste. En fait les premières victimes d’un développement éventuel du mode de vie végan seraient les petites exploitations familiales porteuses de l’espoir d’une nature préservée et d’une nourriture saine pour tous.
A plusieurs reprises B. condamne cette défense de l’agriculture et de l’élevage paysan d’idéalisme irréaliste. Mais si comme dit le proverbe, il est aisé de voir la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre qui est dans le sien, l’espoir de voir disparaître l’élevage n’est guère réaliste, du moins à court et moyen terme.
Pour ne pas lasser le lecteur, je laisserai de côté ses tentatives de justification des outrances de PETA et errances d’autres sites ou pratiques végans que j’épingle dans les annexes. Le lecteur jugera par lui-même.
N. B. : J’emploie volontairement le terme ‘végan’ et non ‘végane’ qui heurte l’intuition linguistique commune lorsqu’il s’agit du masculin; ‘végane’ étant selon moi le féminin de ‘végan’. D’ailleurs en dehors de ceux qui se réclament du véganisme, c’est l’usage repris ici qui est le plus souvent utilisé.
Émile Bévillon (ci-après B.) et moi sommes d’accord pour condamner l’élevage industriel et ses méfaits. Mais nous en tirons des conséquences opposées. C’est pourquoi B. voit des contradictions dans mon propos alors qu’il y a en fait, contradiction entre sa volonté d’abolir l’élevage et ma position qui met en avant la défense de l’agriculture paysanne dont l’élevage est partie intégrante.
1 – Le point le plus fondamental que soulève cette controverse entre B. et moi et celui de savoir comment se situe l’agriculture industrielle par rapport à l’agriculture traditionnelle, paysanne et accessoirement si la promotion de celle-ci est une utopie.
1.1 – B. soutient que l’élevage industriel est l’aboutissement l’élevage traditionnel et lui est consubstantiel : « Si il est normal d'exploiter les animaux, alors on voit assez mal quelle limite arbitraire il y a à cette exploitation. En d'autres termes, l'élevage industriel est consubstantiel à l'élevage traditionnel » et « l'élevage industriel est consubstantiel à l'élevage traditionnel pour la simple et bonne raison que lorsque l'on entérine le fait que l'exploitation animale est quelque chose d'acceptable, on entérine une domination de l'homme sur l'animal qui n'a aucune limite. » En cela il ne fait que justifier la position végane qui est de mettre toutes les formes d’élevage dans le même sac. La thèse que je soutiens, avec d’autres, est que l’élevage industriel est un dévoiement des élevages traditionnels. L’exploitation (au bon sens du terme : tirer profit en vue de produire) du bétail à digérer de la cellulose et son élevage en vue d’obtenir des protéines facilement assimilables n’implique pas une domination sans limite mais peut se concilier, dans le cadre d’une agriculture paysanne, avec le respect des critères du bien-être animal et donc s’imposer des limites, ce qui se fait d’ailleurs naturellement dans un tel cadre.
Par contre l’élevage industriel rendu possible par le développement des sciences et des techniques associées à une rationalisation productiviste a pour conséquence une vision purement instrumentale de l’animal réduit à une machine à produire. Dans le contexte d’une économie mondialisée libérale et concurrentielle, cela signifie la recherche de la rentabilité maximale. Il est évident que dans un tel contexte, le modèle d’élevage industriel tend à se généraliser. Il y a d’autres raisons à cela comme l’occidentalisation du monde avec ses tares dont ses régimes alimentaires trop carnés…
1.2 – Si le compte y est pour les firmes de l’agro-alimentaire et de la grande distribution, il n’y est pas pour bon nombre d’éleveurs condamnés à s’endetter lourdement pour s’agrandir, s’industrialiser et tenter ainsi de survivre, ou bien contraint de jeter l’éponge, vendre à perte et changer de métier tandis que la concentration et le gigantisme des exploitations agricoles s’accentuent permettant ainsi une industrialisation de plus en plus poussée allant de pair avec une chosification de plus en plus poussée elle aussi du bétail. Cependant, de là à soutenir que les modes d’élevage traditionnels sont des survivances, il y a une marge que B. franchit allégrement. Il ignore vraisemblablement ou alors il ne tient pas compte du fait que : «Actuellement 75% de l’alimentation dans le monde est produite par des petits paysans. » (Silvia-Perez Vitoria, l’écologiste n° 49, Vol 18, Mai-Juillet 2017, p. 46).
La généralisation de l’élevage industriel n’est pas non plus une « fatalité » ainsi qu’il le soutient. Comme l’écrit Silvia-Perez Vitoria : « C’est le soutien aux agricultures paysannes qui est prioritaire. C’est là le vrai modèle alternatif qui assurera la préservation des milieux naturels, une nourriture saine et suffisante pour tous, plus de travail et de bonnes conditions de vie pour les travailleurs de la terre. De ce point de vue l’émergence de mouvements paysans à l’échelle mondiale constitue une chance. En s’engageant avec eux dans les luttes qu’ils mènent on pourra véritablement agir au cœur et pas seulement à la périphérie d’un système hautement mortifère. » (Ibid.)
B. ne voit que le côté consommateur. Comme tous les végans, il est obsédé par les questions de régime alimentaire, d’utilisation des produits d’origine animale. Il ignore le paysan éleveur, producteur. Il néglige les luttes contre le modèle industriel et les mouvements internationaux de paysans comme Via Campesina qui défendent une agriculture paysanne avec en France comme adhérents la Confédération Paysanne et le MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux). B. cite « la ferme des mille vaches » sans parler de la lutte contre cette structure qui fédère au-delà des organisations agricoles.
Le modèle industriel d’élevage que B. voit s’imposer comme une fatalité n’est pas viable sur le long terme, trop gourmand en énergie avec trop polluant. Je crois qu’il le pense aussi mais souhaite le voir purement et simplement disparaitre, ce qui est bien plus utopique que la défense d’un élevage traditionnel qui n’a rien d’une utopie.
Si l’élevage industriel était l’aboutissement de l’élevage paysan et lui était consubstantiel alors globalement, l’élevage serait condamnable d’un point de vue écologique, indépendamment des questions que soulèvent les végans. Mais ce n’est pas vrai. Outre des pratiques et des techniques différentes qui peuvent progresser en mêlant savoir-faire et évolution des connaissances, la meilleure preuve en est que cette agriculture s’oppose concrètement à l’agriculture industrielle et est en lutte contre elle. L’agriculture industrielle ne lui est ni consubstantielle, ni n’en est l’aboutissement ou l’horizon. Le développement de mouvements internationaux et l’écho des luttes paysannes montrent aussi que la défense de l’élevage traditionnel n’est pas sans espoir. Il n’est donc pas nécessaire d’être végan, d’adopter un mode de vie végan pour combattre le fléau de l’élevage industriel dans le cadre d’une agriculture industrielle productiviste. En fait les premières victimes d’un développement éventuel du mode de vie végan seraient les petites exploitations familiales porteuses de l’espoir d’une nature préservée et d’une nourriture saine pour tous.
A plusieurs reprises B. condamne cette défense de l’agriculture et de l’élevage paysan d’idéalisme irréaliste. Mais si comme dit le proverbe, il est aisé de voir la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre qui est dans le sien, l’espoir de voir disparaître l’élevage n’est guère réaliste, du moins à court et moyen terme.
2.1 – B. veut aussi voir des contradictions dans mon texte là où il n’y en a pas. Par exemple, il ne tient pas compte de la distinction que je fais et que je souligne entre les prairies situées en dessous de la limite altitudinale des arbres et celles situées au-dessus. Rappelons qu’à partir d’une certaine altitude variable selon les versants, la latitude et d’autres paramètres climatiques, les arbres ne peuvent plus se maintenir et laissent place à la pelouse alpine. Cette pelouse se maintient naturellement sans intervention des hommes qu’elle soit pâturée ou non. C’est elle qui est exploitée et trop souvent surexploitée par les troupeaux d’ovins d’estive. C’est ce pâturage là que je condamne. Il tourne souvent au surpâturage et dans l’absolu, cette végétation n’est pas faite pour la dent et le piétinement des moutons.
Lorsque je m’insurge contre la fermeture généralisée des milieux qu’entrainerait la disparition de l’élevage, c’est des prairies situées sous la limite des arbres qu’il s’agit et qui disparaitraient sans la pratique ancestrale de l’élevage. Donc oui, la transhumance a été et peut être un fléau lorsque les prairies alpines au-dessus de la limite des arbres sont en cause et oui le pâturage est nécessaire si l’on veut garder des prairies facteur de biodiversité et piège à CO2 en dessous de la limite des arbres. Ces prairies doivent être entretenues et c’est aussi le travail de l’éleveur. Je n’ai d’ailleurs jamais dit contrairement à ce que B. affirme qu’il suffisait d’y conduire les troupeaux pour que ces prairies se maintiennent. Il faut évidemment prendre en compte les « refus » des moutons et bovins et soit ajouter des animaux moins difficiles, soit faucher mécaniquement ces refus. Cela n’est vraiment pas une découverte ! J’ai dit que l’élevage était nécessaire pour les maintenir et l’élevage, ce sont les troupeaux ET les éleveurs !
2.2 – B. reconnait que les prairies sont des milieux riches d’une biodiversité spécifique et que la fermeture de ces milieux la ferait disparaître. Mais il nie que l’abandon de l’élevage entrainerait cette disparition. Et pour cela il nous plonge en pleine fiction : « Sur la base d'une volonté politique, il est donc possible de reconstituer de larges troupeaux d'animaux sauvages sur les terres libérées de l'élevage. Une telle opération préserverait donc la biodiversité végétale des prairies et des pâturages tout en assurant une biodiversité animale maximale. Par ailleurs, un organisme dédié à la gestion des milieux ouverts pourrait être créé au même titre qu'il existe un organisme dédié à la gestion des forêts, d’ailleurs de telles missions sont déjà attribués à certains organismes » Le cas sur lequel s’appuie cette généralisation osée est celui de vaches retournées à l’état sauvage dans les Pyrénées, la vache betizu. Il est difficile d’évaluer exactement leur effectif mais il ne doit pas dépasser les 300 têtes. Et malgré ce faible effectif, il y a des problèmes de coexistence avec les humains. D’ailleurs même un site végan néowelfariste L214 le reconnait : « Bien sûr, des vaches traversant une route ou une autoroute présentent un réel danger - pour les automobilistes et pour elles-mêmes – et il ne doit pas être bien rassurant de se trouver face à une vache sauvage dans son jardin. » L214 cherchant des alternatives à la régulation de la population de ces vaches par le fusil propose « la stérilisation des animaux serait probablement un moyen efficace d’éviter l’accroissement indésirable des troupeaux », solution sans doute difficile à mettre en œuvre mais en tout cas en contradiction avec l’objectif de «reconstituer de larges troupeaux d'animaux sauvages sur les terres libérées de l'élevage ». Sans même parler de tous les autres difficultés que poseraient cette hypothèse hardie, il est illusoire de croire que ces grands troupeaux de bovins, ovins ou porcins resteraient sagement cantonnés dans sur les terres « libérées » par l’élevage.
D’ailleurs ces terres libérées ne seraient pas pour autant sans propriétaires auxquels il faudrait les louer ou les acheter. B. imagine un organisme qui serait chargé de gérer ces terres et le compare à l’ONF : «Il existe l'ONF qui gère les forêts françaises, on peut très bien imaginer un organisme qui s'occuperait de la gestion des pâturages et des prairies dans l'objectif de maintenir la biodiversité ». L’ONF gère les forêts domaniales et par contrat les forêts appartenant aux communes ou à d’autres collectivités mais pas les forêts privées. Il s’agit d’exploiter une ressource, le bois. Dans le cas imaginé par B. il n’y aurait aucune ressource à exploiter. D’ailleurs en ce qui concerne les pelouses et prairies, les conservatoires d’espaces naturels, les associations telles que Loire Nature passent des contrats de gestion avec des éleveurs.
Je vais citer ici le commentaire d’un des lecteurs de mon article initial qui travaille dans le secteur de la conservation et qui sait de quoi il parle, lui. Le style est un peu rugueux car il interpelle un végan qui a développé une hypothèse semblable à celle de B. en réponse à mon article : « Les prairies (en grande majorité permanentes) représente par exemple 36% de la surface agricole utile de l'EU (à 27 pays), Soit un total de 61,8 millions d'hectares, soit grosso modo la superficie de la France! Crois-tu vraiment que l'on peut sauvegarder les prairies sans l'élevage, par l'action de l'homme? Et même préserver qu'une fraction de ces prairies est mission impossible sans l'élevage... Va demander aux gestionnaires de Parc ou de réserves naturelles en France, ces gens-là travaillent au quotidien sur la problématique de la conservation des prairies et autres milieux ouverts. Ils te diront que l'entretien des prairies manuellement existe mais coute tellement cher, qu'ils ne l'utilisent quasi jamais sauf sur de très petites zones extrêmement sensibles et ce dans le but de préserver des espèces très rares qui ont une niche écologique très restreinte (Par exemple l'Azuré des mouillères). Mais sur des milieux moins sensibles, plus étendus et présentant des espèces moins rares ou ayant une répartition spatiale importante, la seule solution est la pression sur le milieu par l'action du pâturage. Tiens tu peux contacter le Conservatoire d'Espace Naturel de l'Allier, je sais qu'en ce moment ils sont en plein dans la problématique. Ça te permettra de te faire un avis plus construit sur la question de la biodiversité et sa gestion. » Il n’y a rien à rajouter et je pense que cela clôt la discussion sur ce sujet.
3 – En conclusion d’une analyse assez touffue sur la question des gaz à effet de serre, B. conclut : « Ainsi, si il est plausible qu'un tel modèle hypothétique d’agriculture traditionnelle puisse égaliser en termes de GES un scénario d'agriculture végane, un tel modèle agricole a à peu près zéro chance de voir le jour. »
Contrairement à ce qu’affirme B., le modèle d’agriculture (et pas seulement d’élevage) paysanne n’a pas zéro chance de voir le jour puisqu’il existe déjà et non seulement il existe mais il peut résister et concurrencer le modèle industriel qui de toute façon atteindra rapidement ses limites, si ce n’est déjà fait. Par contre, c’est « le scénario d’agriculture végane », essentiellement une agriculture sans élevage qui a peu de chances d’advenir au moins à court et moyen terme.
« Seule une remise en cause de l'exploitation animale en tant que telle » parviendrait selon B. à faire échec à l’élevage industriel. Certes, cette remise en cause comprise comme suppression interdirait tout élevage quel qu’il soit. Sans même s’interroger sur la réduction illégitime de la domestication à une exploitation du type esclavage, si ce que dit l’auteur est vrai, ce n’est pas demain que l’élevage industriel disparaitra car rien n’indique que cette remise en cause soit en vue malgré la propagande végane qui ne s’embarrasse pas trop de scrupules à l’instar d’ailleurs de celle assénée par les lobbies de l’élevage industriel.
Bref, B. a capitulé devant l’élevage industriel qu’il considère comme une fatalité. Je ne pense pas d’ailleurs que ce soit le cas d’associations néowelfaristes comme L214. Lorsqu’il reproche à mon texte de s’intéresser en priorité à ce qui se passe en France et en Europe, c’est qu’il n’envisage pas de combat contre l’agro-industrie, ici et maintenant. Faut-il ressortir cette fameuse règle « penser globalement, agir localement » A l’échelon mondial, B. ferait bien de mieux se renseigner : comme je l’ai rapporté plus haut 75% de l’alimentation du monde est produite par de petits paysans et pour agir localement, il faut connaître la situation locale.
4 – Concernant la question de l’eau et de l’élevage, B. commence sa « réfutation » en se méprenant totalement sur l’objectif de ma critique. Elle ne porte pas sur la notion d’eau virtuelle, ni sur sa présentation et utilisation par la FAO. J’explicite et explique cette notion pour dénoncer la propagande végane qui met en avant les fameux 15 000 litres d’eau pour un kg de viande de bœuf sans préciser qu’il s’agit d’eau virtuelle, grandeur calculée et non mesurée de « l’empreinte en eau » et non de l’eau au sens ordinaire du terme.
Pour rappel l’eau virtuelle est la somme de trois sortes d’eau : l’eau bleue, l’eau grise et l’eau verte. L’ « eau bleue », c’est l’eau circulant sous forme liquide et prélevée dans les rivières, les eaux dormantes ou dans les nappes phréatiques pour les besoins des activités humaines ; en gros ce que l’on entend d’ordinaire par eau. L’eau grise, c’est la quantité théorique d’eau qu’il faudrait rajouter à une eau polluée pour qu’elle devienne conforme aux normes environnementales. L’eau verte, c’est l’eau de pluie stockée dans le sol sous forme d’humidité et qui s’évapore des plantes et du sol. Bien entendu, le lecteur non averti comprend 15 000 litres d’eau au sens ordinaire, alors que celle-ci est une composante de l’eau virtuelle qui est très faible dans les modes d’élevage où les bêtes ne font que pâturer toute l’année.
Toute la propagande autour de ces 15 000 litres et d’une viande bovine gourmande en eau ne peut fonctionner qu’en cachant au public une partie de l’information. La figure 7 du texte de B. reprend une infographie due à l’association de propagande végane L214 mais elle est légendée par B. : « Figure 7: Eaux virtuelles nécessaire pour produire 1 kg des aliments présentés » tandis que l’infographie sur le site de L214 indique seulement « Besoin en eau des aliments produits »… Les conclusions qu’il faut tirer des quantités utilisées d’eau virtuelle et l’interprétation qu’il faut en donner ne sont pas celle qu’exploitent les végans : « It is relevant to consider from which type of production system an animal product is obtained: from a grazing, mixed or industrial system. Animal products from industrial production systems generally have a smaller total water footprint per unit of product than products from grazing systems, with an exception for dairy products (where there is little difference). However, products from industrial systems always have a larger blue and grey water footprint per ton of product when compared to grazing systems, this time with an exception for chicken products. It is the lower green water footprint in industrial systems that explain the smaller total footprint. Given the fact that freshwater problems generally relate to blue water scarcity and water pollution and to a lesser extent to competition over green water, this means that grazing systems are preferable over industrial production systems from a water resources point of view. » (M. M. Mekonnen and A.Y. Hoekstra, The water footprint of farm animals and animal products, 2010, p.6). En d’autres termes, du point de vue de la ressource en eau, le pâturage et préférable à l’élevage industriel car demandant moins d’eau bleue et d’eau grise, deux sortes d’eau qui peuvent poser problème la première en termes de pénurie et de rareté, la seconde en terme de pollution. C’est ce que montre la comparaison entre les eaux virtuelles des deux systèmes selon les auteurs dans ce texte labélisé FAO et pas du tout que le système industriel serait plus économe en eau (potable).
S’efforçant de justifier cette utilisation manipulatrice des quantités d’eau que l’on oublie de dire virtuelles, B. écrit « Le site même de la FAO cite en première page sur sa thématique eau qu’il faut 15000 L d’eau pour produire 1 kg de viande, sans même préciser d’ailleurs qu’il s’agit de viande de bœuf et qu’il s’agit d’eau virtuelle [2]. Tout ceci, simplement pour montrer que les chiffres utilisés par les véganes ne sont pas farfelus, mais correspondent à des données scientifiques ou à des positions d’agences officielles » et il donne comme référence le lien : http://www.fao.org/water/fr/ Si l’on suit ce lien, on ne trouve rien de tout cela. Ce qui me laisse perplexe. Mauvaise référence ou…?
5 – Je voudrais revenir sur la question des importations de soja : on pourrait dire que nous préservons nos prairies, nos forêts et la biodiversité qui va avec en en sacrifiant une autre, celle de la forêt amazonienne défrichée pour laisser place à la culture du soja. Il se trouve que pour des raisons qui n’ont rien d’écologique et que j’explique dans mon texte, cette dépendance de l’agriculture aux importations de soja pose de nombreux problèmes et qu’un plan est en cours pour limiter ces importations. Il s’agit de relancer la culture de certaines légumineuses comme la luzerne ou le pois, de trouver les variétés les plus adaptées culturalement et économiquement et de profiter de leur capacité à fixer l’azote pour les utiliser en plantes d’assolement en rotation des cultures.
Si un tel plan était appliqué, il serait bénéfique en évitant l’épandage d’engrais et en favorisant la reconstitution des sols tout en permettant que notre élevage ne contribue pas à la déforestation amazonienne. B. rejette ces solutions d’un revers de plume pour conclure : « en devenant végane vous contribuez encore à préserver la forêt amazonienne. » Certes, mais de façon infinitésimale pour ne pas dire négligeable. Bien plus prometteur seront les actions qui poussent à l’application effective de ce plan et sa généralisation à l’UE. Le végan s’interdit tout dialogue constructif avec une profession dont il souhaite la disparition et finalement c’est moins le sort de la forêt amazonienne qui lui importe que la prétendue « libération animale ».
6 – B. aurait fait un bon jésuite. La façon dont il traite l’article de Christian et al. (2016) est stupéfiante. Le résultat principal de cet article est de montrer qu’un régime de type végétarien (avec lait et œufs) permettrait de nourrir sur le territoire US une population plus nombreuse qu’un régime végétalien (végan) ne comportant aucun produit d’origine animale. Une des raisons à cela est que toutes les surfaces occupées par des prairies ne peuvent être transformées en terres cultivables.
B. ignore ce point pourtant essentiel. Il ne voit dans cet article que la énième démonstration qu’il faut moins de SAU (surface agricole utile) pour un régime végan que pour un régime omnivore à quantités de calories égales. Qu’un régime végétarien puisse nourrir plus de monde pour un territoire donné qu’un régime végan, cela chiffonne sans doute mon contradicteur d’autant que pour le végan le végétarien est quelqu’un qui s’arrête sur le chemin de la vertu, qui est incohérent s’il prétend défendre les animaux, ou pire encore qui est égoïste s’il n’est mû que par des question de santé et de bien être concernant sa personne. Par contre, on notera que la critique que je fais du véganisme ne concerne pas les végétariens. Ces derniers ne condamnent pas l’élevage qui leur fournit œufs, lait, fromage qui constituent des éléments essentiels de leur régime.
7 – Quelques remarques supplémentaires.
● « Elle (La vache) est généralement usée, fatiguée et malade quand entre 5 et 10 ans elle est abattue, alors même qu’une vache peut vivre 25 ans » écrit B. à propos des vaches laitières. Un des arguments des végans consiste à essayer de donner mauvaise conscience aux gens en comparant l’âge d’abattage du bétail à son espérance de vie. Ils oublient de préciser qu’il s’agit d’une espérance de vie théorique. Le retour à la vie sauvage serait synonyme de vie brève et de mort soit sous la dent ou le bec d’un prédateur, soit par maladie parasitaire, soit par manque de nourriture sans parler des collisions avec les véhicules automobiles… Le retour à la vie sauvage, ce n’est pas celle surprotégée d’un refuge. Dans la nature, quelle que soit son espèce, il n’y a pas de vieillesse paisible parce que l’on ne devient pas vieux. Et le plus souvent, la mort n’est pas douce…
● « Certaines races d’animaux d’élevage ont toujours leurs équivalents sauvages: c’est par exemple le cas des sangliers ou des moutons sauvages. » affirme B. qui semble considérer cela comme positif et comme preuve que même si les « cochons » domestiques ou les moutons disparaissaient, cela ne signifierait pas la disparition de l’espèce.
Je m’en tiendrai au porc, laissant de côté le mouton domestique, être fragile s’il en est et qui, mis à part quelques individus particulièrement robustes ne ferait pas long feu « libéré » dans la nature. L’heure de sa libération sonnerait l’heure de son trépas et sa vie serait brève.
Pour le porc, la « libération animale » est une absurdité dangereuse précisément parce qu’il y a deux sous-espèces d’une même espèce, l’une domestique et l’autre sauvage qui peuvent se croiser entre elles.
Remarquons d’abord qu’il ne s’agit pas de races comme l’écrit B. mais de sous-espèces et elles ne sont pas équivalentes par leurs caractères phénotypiques, c’est-à-dire leurs caractères observables : un porc n’a pas du tout l’aspect d’un sanglier sauvage du moins il s’agit d’un individu de pure souche. Elles diffèrent également par leurs caryotypes (nombre de chromosomes par cellules).
La « libération animale », pour peu que cette expression est un sens pour les porcs Sus scrofa domesticus, signifierait leur rendre leur liberté, une liberté dont bénéficient une bonne partie de l’année les porcs des élevages extensifs, en Corse par exemple où il est également pratiqué des lâchers de truies qui sont « libérées » dans un but de « repeuplement cynégétique ». L’hybridation étant possible entre le sanglier sauvage (Sus scorfa scorfa ou Sus scorfa méridionalis en Corse) et le porc (Sus scorfa domesticus), il y a risque de pollution génétique avec disparition de l’espèce sauvage alors que les hybrides sont plus sensibles aux maladies, aux parasites et ont de moins bonnes capacités sensorielles.
En fait donc, parce qu’il existe des espèces sauvages qui ne sont pas équivalentes mais interfécondes, la libération des porcs domestiques n’est pas sans risque pour la préservation de l’espèce sauvage, c’est le moins que l’on puisse dire. En Corse, comme le remarque Pascal Etienne (Le sanglier, Delachaux et Niestlé, 2003), on peut même se demander si le sanglier peut encore être appelé sanglier du fait des hybridations successives des populations qui peuplent l’île. En bref, la « libération » des porcs domestiques, donc leur lâcher dans la nature signifierait selon toute vraisemblance la disparition de cette espèce comme de celle du sanglier et un affaiblissement général des populations sauvages de Sus scorfa, un beau résultat !
En outre « Libérer » les porcs serait d’une inconscience totale. Les sangliers se reproduisent moins et moins vite que les porcs : les truies sont polyœstriennes tandis que les laies n’ont qu’un seul œstrus (période de chaleurs) par an. Les croisements avec les porcs domestiques augmentent leur capacité reproductive et leur vitesse de croissance. Les pratiques cynégétiques de nourrissage et les lâchers mentionnés ci-dessus sont une des causes, sinon la cause des dégâts que causent les populations de sangliers pure souche ou hybrides aux cultures. Libérons donc les cochons et devant l’explosion démographiques des porcs, sangliers et hybides adieu pois, maïs et blé malgré toutes les clôtures et affouragement de diversion. Adieu pois, maïs, blé sauf si … mais quand on est végan, on ne tue pas d’animaux.
● «L’exemple des chevaux de trait n’est pas du tout pertinent, rien qu’en France il existe encore neuf races de chevaux de trait » écrit B. pour tenter de réfuter le fait que si ce que les végans appellent l’exploitation animale disparaissait, les animaux domestiques disparaitraient, sauf peut-être les animaux de compagnie (des carnassiers pour la plupart qu’il faudrait rendre végétaliens – Pauvres bêtes..).
Il est évident que B. ne sait pas pourquoi ces neuf races ont survécu à la motorisation de l’agriculture, des transports et des engins de guerre. Tout simplement parce que s’est développée en France une demande de viande de cheval permettant l’essor de la boucherie chevaline. L’horreur absolue pour les végans et pourtant : « Ardennais, auxois, boulonnais, breton, cob normand, mulassier poitevin, percheron, trait comtois et trait du nord : ce patrimoine unique au monde doit notamment sa survie à l'hippophagie autrement dit la consommation de la viande. » (http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/2013/02/11/viande-de-cheval-elle-fait-vivre-toute-une-filiere-en-franche-comte-198195.html)
Aujourd’hui la demande diminue pour diverses raisons et certaines de ces races sont mal en point. Ce qui permet d’espérer un renouveau, c’est l’attelage loisir ainsi des demandes bien particulières, débardage en forêt ou dans certains cas le cheval se montre irremplaçable, travail de la vigne où il y a une forte demande. Pourtant, sans doute acharnés à voir ces races disparaître au nom de la « libération animale » et du refus « d’exploiter » les animaux, les vins labélisés « végan » doivent provenir de vignes cultivées sans traction animale.
Anissa Putois Chargée de campagne pour PETA (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux) association bien connue pour ses outrances considère que les promenades en calèche font partie des « attractions cruelles pour les animaux », ce que n’a pas manqué de répercuter sur Twitter L 214 l’association végane néowelfariste.
Conclusion
Il est illusoire de croire que « un des leviers les plus puissants pour protéger la planète et la biodiversité consiste à s’opposer à l’exploitation animale et de conférer des droits aux animaux » C’est ce que montre les solutions bidon apportées par B. à la disparition des agrosystèmes de type prairie en Europe. Ailleurs ce serait se priver de la traction animale, d’intrants, de systèmes mixtes qui utilisent de façon très efficace les ressources naturelles, les animaux étant nourri avec les résidus des récoltes et le sol fertilisé avec le fumier de la ferme.
Ce n’est pas l’élevage comme tel qui est responsable des dégradations de la nature, mais les mauvaises pratiques en la matière. De ce point de vue, une agriculture sans élevage et sans utilisation d’animaux mais sans bonne pratique peut être tout aussi catastrophique d’un point de vue écologique si elle recourt à l’utilisation massive de pesticides, engrais chimiques, désherbants, etc. La notion de mauvaise herbe fait écho à celle d’animal nuisible. Enfin la conversion en cultures de prairies qui ne s’y prêtent pas aura un bilan négatif.
Le principal facteur de perte de la biodiversité reste la perte ou la fragmentation des habitats qui isolent les espèces en de petites populations qui sont ainsi fragilisées tandis que leur isolement empêche les flux de gènes de circuler normalement. De cette fragmentation, l’élevage n’est pour rien ou presque. Les causes en sont l’urbanisation, les voies de transports et les cultures intensives sur des grandes surfaces, autant de facteurs qui résultent en dernière instance de la pression démographique. Le temps de doublement de la population est actuellement de 35 ans ! S’il continuait sur le même rythme, la population humaine serait dans 900 ans de 60 000 000 milliards de personnes, soit 100 habitants par mètre carrés. La population mondiale n’atteindra jamais ce chiffre mais il témoigne de l’intensité de cette pression. Ce n’est pas en s’opposant à l’exploitation animale et en conférant des droits aux animaux que l’on fera diminuer cette pression.
Lorsque je m’insurge contre la fermeture généralisée des milieux qu’entrainerait la disparition de l’élevage, c’est des prairies situées sous la limite des arbres qu’il s’agit et qui disparaitraient sans la pratique ancestrale de l’élevage. Donc oui, la transhumance a été et peut être un fléau lorsque les prairies alpines au-dessus de la limite des arbres sont en cause et oui le pâturage est nécessaire si l’on veut garder des prairies facteur de biodiversité et piège à CO2 en dessous de la limite des arbres. Ces prairies doivent être entretenues et c’est aussi le travail de l’éleveur. Je n’ai d’ailleurs jamais dit contrairement à ce que B. affirme qu’il suffisait d’y conduire les troupeaux pour que ces prairies se maintiennent. Il faut évidemment prendre en compte les « refus » des moutons et bovins et soit ajouter des animaux moins difficiles, soit faucher mécaniquement ces refus. Cela n’est vraiment pas une découverte ! J’ai dit que l’élevage était nécessaire pour les maintenir et l’élevage, ce sont les troupeaux ET les éleveurs !
2.2 – B. reconnait que les prairies sont des milieux riches d’une biodiversité spécifique et que la fermeture de ces milieux la ferait disparaître. Mais il nie que l’abandon de l’élevage entrainerait cette disparition. Et pour cela il nous plonge en pleine fiction : « Sur la base d'une volonté politique, il est donc possible de reconstituer de larges troupeaux d'animaux sauvages sur les terres libérées de l'élevage. Une telle opération préserverait donc la biodiversité végétale des prairies et des pâturages tout en assurant une biodiversité animale maximale. Par ailleurs, un organisme dédié à la gestion des milieux ouverts pourrait être créé au même titre qu'il existe un organisme dédié à la gestion des forêts, d’ailleurs de telles missions sont déjà attribués à certains organismes » Le cas sur lequel s’appuie cette généralisation osée est celui de vaches retournées à l’état sauvage dans les Pyrénées, la vache betizu. Il est difficile d’évaluer exactement leur effectif mais il ne doit pas dépasser les 300 têtes. Et malgré ce faible effectif, il y a des problèmes de coexistence avec les humains. D’ailleurs même un site végan néowelfariste L214 le reconnait : « Bien sûr, des vaches traversant une route ou une autoroute présentent un réel danger - pour les automobilistes et pour elles-mêmes – et il ne doit pas être bien rassurant de se trouver face à une vache sauvage dans son jardin. » L214 cherchant des alternatives à la régulation de la population de ces vaches par le fusil propose « la stérilisation des animaux serait probablement un moyen efficace d’éviter l’accroissement indésirable des troupeaux », solution sans doute difficile à mettre en œuvre mais en tout cas en contradiction avec l’objectif de «reconstituer de larges troupeaux d'animaux sauvages sur les terres libérées de l'élevage ». Sans même parler de tous les autres difficultés que poseraient cette hypothèse hardie, il est illusoire de croire que ces grands troupeaux de bovins, ovins ou porcins resteraient sagement cantonnés dans sur les terres « libérées » par l’élevage.
D’ailleurs ces terres libérées ne seraient pas pour autant sans propriétaires auxquels il faudrait les louer ou les acheter. B. imagine un organisme qui serait chargé de gérer ces terres et le compare à l’ONF : «Il existe l'ONF qui gère les forêts françaises, on peut très bien imaginer un organisme qui s'occuperait de la gestion des pâturages et des prairies dans l'objectif de maintenir la biodiversité ». L’ONF gère les forêts domaniales et par contrat les forêts appartenant aux communes ou à d’autres collectivités mais pas les forêts privées. Il s’agit d’exploiter une ressource, le bois. Dans le cas imaginé par B. il n’y aurait aucune ressource à exploiter. D’ailleurs en ce qui concerne les pelouses et prairies, les conservatoires d’espaces naturels, les associations telles que Loire Nature passent des contrats de gestion avec des éleveurs.
Je vais citer ici le commentaire d’un des lecteurs de mon article initial qui travaille dans le secteur de la conservation et qui sait de quoi il parle, lui. Le style est un peu rugueux car il interpelle un végan qui a développé une hypothèse semblable à celle de B. en réponse à mon article : « Les prairies (en grande majorité permanentes) représente par exemple 36% de la surface agricole utile de l'EU (à 27 pays), Soit un total de 61,8 millions d'hectares, soit grosso modo la superficie de la France! Crois-tu vraiment que l'on peut sauvegarder les prairies sans l'élevage, par l'action de l'homme? Et même préserver qu'une fraction de ces prairies est mission impossible sans l'élevage... Va demander aux gestionnaires de Parc ou de réserves naturelles en France, ces gens-là travaillent au quotidien sur la problématique de la conservation des prairies et autres milieux ouverts. Ils te diront que l'entretien des prairies manuellement existe mais coute tellement cher, qu'ils ne l'utilisent quasi jamais sauf sur de très petites zones extrêmement sensibles et ce dans le but de préserver des espèces très rares qui ont une niche écologique très restreinte (Par exemple l'Azuré des mouillères). Mais sur des milieux moins sensibles, plus étendus et présentant des espèces moins rares ou ayant une répartition spatiale importante, la seule solution est la pression sur le milieu par l'action du pâturage. Tiens tu peux contacter le Conservatoire d'Espace Naturel de l'Allier, je sais qu'en ce moment ils sont en plein dans la problématique. Ça te permettra de te faire un avis plus construit sur la question de la biodiversité et sa gestion. » Il n’y a rien à rajouter et je pense que cela clôt la discussion sur ce sujet.
3 – En conclusion d’une analyse assez touffue sur la question des gaz à effet de serre, B. conclut : « Ainsi, si il est plausible qu'un tel modèle hypothétique d’agriculture traditionnelle puisse égaliser en termes de GES un scénario d'agriculture végane, un tel modèle agricole a à peu près zéro chance de voir le jour. »
Contrairement à ce qu’affirme B., le modèle d’agriculture (et pas seulement d’élevage) paysanne n’a pas zéro chance de voir le jour puisqu’il existe déjà et non seulement il existe mais il peut résister et concurrencer le modèle industriel qui de toute façon atteindra rapidement ses limites, si ce n’est déjà fait. Par contre, c’est « le scénario d’agriculture végane », essentiellement une agriculture sans élevage qui a peu de chances d’advenir au moins à court et moyen terme.
« Seule une remise en cause de l'exploitation animale en tant que telle » parviendrait selon B. à faire échec à l’élevage industriel. Certes, cette remise en cause comprise comme suppression interdirait tout élevage quel qu’il soit. Sans même s’interroger sur la réduction illégitime de la domestication à une exploitation du type esclavage, si ce que dit l’auteur est vrai, ce n’est pas demain que l’élevage industriel disparaitra car rien n’indique que cette remise en cause soit en vue malgré la propagande végane qui ne s’embarrasse pas trop de scrupules à l’instar d’ailleurs de celle assénée par les lobbies de l’élevage industriel.
Bref, B. a capitulé devant l’élevage industriel qu’il considère comme une fatalité. Je ne pense pas d’ailleurs que ce soit le cas d’associations néowelfaristes comme L214. Lorsqu’il reproche à mon texte de s’intéresser en priorité à ce qui se passe en France et en Europe, c’est qu’il n’envisage pas de combat contre l’agro-industrie, ici et maintenant. Faut-il ressortir cette fameuse règle « penser globalement, agir localement » A l’échelon mondial, B. ferait bien de mieux se renseigner : comme je l’ai rapporté plus haut 75% de l’alimentation du monde est produite par de petits paysans et pour agir localement, il faut connaître la situation locale.
4 – Concernant la question de l’eau et de l’élevage, B. commence sa « réfutation » en se méprenant totalement sur l’objectif de ma critique. Elle ne porte pas sur la notion d’eau virtuelle, ni sur sa présentation et utilisation par la FAO. J’explicite et explique cette notion pour dénoncer la propagande végane qui met en avant les fameux 15 000 litres d’eau pour un kg de viande de bœuf sans préciser qu’il s’agit d’eau virtuelle, grandeur calculée et non mesurée de « l’empreinte en eau » et non de l’eau au sens ordinaire du terme.
Pour rappel l’eau virtuelle est la somme de trois sortes d’eau : l’eau bleue, l’eau grise et l’eau verte. L’ « eau bleue », c’est l’eau circulant sous forme liquide et prélevée dans les rivières, les eaux dormantes ou dans les nappes phréatiques pour les besoins des activités humaines ; en gros ce que l’on entend d’ordinaire par eau. L’eau grise, c’est la quantité théorique d’eau qu’il faudrait rajouter à une eau polluée pour qu’elle devienne conforme aux normes environnementales. L’eau verte, c’est l’eau de pluie stockée dans le sol sous forme d’humidité et qui s’évapore des plantes et du sol. Bien entendu, le lecteur non averti comprend 15 000 litres d’eau au sens ordinaire, alors que celle-ci est une composante de l’eau virtuelle qui est très faible dans les modes d’élevage où les bêtes ne font que pâturer toute l’année.
Toute la propagande autour de ces 15 000 litres et d’une viande bovine gourmande en eau ne peut fonctionner qu’en cachant au public une partie de l’information. La figure 7 du texte de B. reprend une infographie due à l’association de propagande végane L214 mais elle est légendée par B. : « Figure 7: Eaux virtuelles nécessaire pour produire 1 kg des aliments présentés » tandis que l’infographie sur le site de L214 indique seulement « Besoin en eau des aliments produits »… Les conclusions qu’il faut tirer des quantités utilisées d’eau virtuelle et l’interprétation qu’il faut en donner ne sont pas celle qu’exploitent les végans : « It is relevant to consider from which type of production system an animal product is obtained: from a grazing, mixed or industrial system. Animal products from industrial production systems generally have a smaller total water footprint per unit of product than products from grazing systems, with an exception for dairy products (where there is little difference). However, products from industrial systems always have a larger blue and grey water footprint per ton of product when compared to grazing systems, this time with an exception for chicken products. It is the lower green water footprint in industrial systems that explain the smaller total footprint. Given the fact that freshwater problems generally relate to blue water scarcity and water pollution and to a lesser extent to competition over green water, this means that grazing systems are preferable over industrial production systems from a water resources point of view. » (M. M. Mekonnen and A.Y. Hoekstra, The water footprint of farm animals and animal products, 2010, p.6). En d’autres termes, du point de vue de la ressource en eau, le pâturage et préférable à l’élevage industriel car demandant moins d’eau bleue et d’eau grise, deux sortes d’eau qui peuvent poser problème la première en termes de pénurie et de rareté, la seconde en terme de pollution. C’est ce que montre la comparaison entre les eaux virtuelles des deux systèmes selon les auteurs dans ce texte labélisé FAO et pas du tout que le système industriel serait plus économe en eau (potable).
S’efforçant de justifier cette utilisation manipulatrice des quantités d’eau que l’on oublie de dire virtuelles, B. écrit « Le site même de la FAO cite en première page sur sa thématique eau qu’il faut 15000 L d’eau pour produire 1 kg de viande, sans même préciser d’ailleurs qu’il s’agit de viande de bœuf et qu’il s’agit d’eau virtuelle [2]. Tout ceci, simplement pour montrer que les chiffres utilisés par les véganes ne sont pas farfelus, mais correspondent à des données scientifiques ou à des positions d’agences officielles » et il donne comme référence le lien : http://www.fao.org/water/fr/ Si l’on suit ce lien, on ne trouve rien de tout cela. Ce qui me laisse perplexe. Mauvaise référence ou…?
5 – Je voudrais revenir sur la question des importations de soja : on pourrait dire que nous préservons nos prairies, nos forêts et la biodiversité qui va avec en en sacrifiant une autre, celle de la forêt amazonienne défrichée pour laisser place à la culture du soja. Il se trouve que pour des raisons qui n’ont rien d’écologique et que j’explique dans mon texte, cette dépendance de l’agriculture aux importations de soja pose de nombreux problèmes et qu’un plan est en cours pour limiter ces importations. Il s’agit de relancer la culture de certaines légumineuses comme la luzerne ou le pois, de trouver les variétés les plus adaptées culturalement et économiquement et de profiter de leur capacité à fixer l’azote pour les utiliser en plantes d’assolement en rotation des cultures.
Si un tel plan était appliqué, il serait bénéfique en évitant l’épandage d’engrais et en favorisant la reconstitution des sols tout en permettant que notre élevage ne contribue pas à la déforestation amazonienne. B. rejette ces solutions d’un revers de plume pour conclure : « en devenant végane vous contribuez encore à préserver la forêt amazonienne. » Certes, mais de façon infinitésimale pour ne pas dire négligeable. Bien plus prometteur seront les actions qui poussent à l’application effective de ce plan et sa généralisation à l’UE. Le végan s’interdit tout dialogue constructif avec une profession dont il souhaite la disparition et finalement c’est moins le sort de la forêt amazonienne qui lui importe que la prétendue « libération animale ».
6 – B. aurait fait un bon jésuite. La façon dont il traite l’article de Christian et al. (2016) est stupéfiante. Le résultat principal de cet article est de montrer qu’un régime de type végétarien (avec lait et œufs) permettrait de nourrir sur le territoire US une population plus nombreuse qu’un régime végétalien (végan) ne comportant aucun produit d’origine animale. Une des raisons à cela est que toutes les surfaces occupées par des prairies ne peuvent être transformées en terres cultivables.
B. ignore ce point pourtant essentiel. Il ne voit dans cet article que la énième démonstration qu’il faut moins de SAU (surface agricole utile) pour un régime végan que pour un régime omnivore à quantités de calories égales. Qu’un régime végétarien puisse nourrir plus de monde pour un territoire donné qu’un régime végan, cela chiffonne sans doute mon contradicteur d’autant que pour le végan le végétarien est quelqu’un qui s’arrête sur le chemin de la vertu, qui est incohérent s’il prétend défendre les animaux, ou pire encore qui est égoïste s’il n’est mû que par des question de santé et de bien être concernant sa personne. Par contre, on notera que la critique que je fais du véganisme ne concerne pas les végétariens. Ces derniers ne condamnent pas l’élevage qui leur fournit œufs, lait, fromage qui constituent des éléments essentiels de leur régime.
7 – Quelques remarques supplémentaires.
● « Elle (La vache) est généralement usée, fatiguée et malade quand entre 5 et 10 ans elle est abattue, alors même qu’une vache peut vivre 25 ans » écrit B. à propos des vaches laitières. Un des arguments des végans consiste à essayer de donner mauvaise conscience aux gens en comparant l’âge d’abattage du bétail à son espérance de vie. Ils oublient de préciser qu’il s’agit d’une espérance de vie théorique. Le retour à la vie sauvage serait synonyme de vie brève et de mort soit sous la dent ou le bec d’un prédateur, soit par maladie parasitaire, soit par manque de nourriture sans parler des collisions avec les véhicules automobiles… Le retour à la vie sauvage, ce n’est pas celle surprotégée d’un refuge. Dans la nature, quelle que soit son espèce, il n’y a pas de vieillesse paisible parce que l’on ne devient pas vieux. Et le plus souvent, la mort n’est pas douce…
● « Certaines races d’animaux d’élevage ont toujours leurs équivalents sauvages: c’est par exemple le cas des sangliers ou des moutons sauvages. » affirme B. qui semble considérer cela comme positif et comme preuve que même si les « cochons » domestiques ou les moutons disparaissaient, cela ne signifierait pas la disparition de l’espèce.
Je m’en tiendrai au porc, laissant de côté le mouton domestique, être fragile s’il en est et qui, mis à part quelques individus particulièrement robustes ne ferait pas long feu « libéré » dans la nature. L’heure de sa libération sonnerait l’heure de son trépas et sa vie serait brève.
Pour le porc, la « libération animale » est une absurdité dangereuse précisément parce qu’il y a deux sous-espèces d’une même espèce, l’une domestique et l’autre sauvage qui peuvent se croiser entre elles.
Remarquons d’abord qu’il ne s’agit pas de races comme l’écrit B. mais de sous-espèces et elles ne sont pas équivalentes par leurs caractères phénotypiques, c’est-à-dire leurs caractères observables : un porc n’a pas du tout l’aspect d’un sanglier sauvage du moins il s’agit d’un individu de pure souche. Elles diffèrent également par leurs caryotypes (nombre de chromosomes par cellules).
La « libération animale », pour peu que cette expression est un sens pour les porcs Sus scrofa domesticus, signifierait leur rendre leur liberté, une liberté dont bénéficient une bonne partie de l’année les porcs des élevages extensifs, en Corse par exemple où il est également pratiqué des lâchers de truies qui sont « libérées » dans un but de « repeuplement cynégétique ». L’hybridation étant possible entre le sanglier sauvage (Sus scorfa scorfa ou Sus scorfa méridionalis en Corse) et le porc (Sus scorfa domesticus), il y a risque de pollution génétique avec disparition de l’espèce sauvage alors que les hybrides sont plus sensibles aux maladies, aux parasites et ont de moins bonnes capacités sensorielles.
En fait donc, parce qu’il existe des espèces sauvages qui ne sont pas équivalentes mais interfécondes, la libération des porcs domestiques n’est pas sans risque pour la préservation de l’espèce sauvage, c’est le moins que l’on puisse dire. En Corse, comme le remarque Pascal Etienne (Le sanglier, Delachaux et Niestlé, 2003), on peut même se demander si le sanglier peut encore être appelé sanglier du fait des hybridations successives des populations qui peuplent l’île. En bref, la « libération » des porcs domestiques, donc leur lâcher dans la nature signifierait selon toute vraisemblance la disparition de cette espèce comme de celle du sanglier et un affaiblissement général des populations sauvages de Sus scorfa, un beau résultat !
En outre « Libérer » les porcs serait d’une inconscience totale. Les sangliers se reproduisent moins et moins vite que les porcs : les truies sont polyœstriennes tandis que les laies n’ont qu’un seul œstrus (période de chaleurs) par an. Les croisements avec les porcs domestiques augmentent leur capacité reproductive et leur vitesse de croissance. Les pratiques cynégétiques de nourrissage et les lâchers mentionnés ci-dessus sont une des causes, sinon la cause des dégâts que causent les populations de sangliers pure souche ou hybrides aux cultures. Libérons donc les cochons et devant l’explosion démographiques des porcs, sangliers et hybides adieu pois, maïs et blé malgré toutes les clôtures et affouragement de diversion. Adieu pois, maïs, blé sauf si … mais quand on est végan, on ne tue pas d’animaux.
● «L’exemple des chevaux de trait n’est pas du tout pertinent, rien qu’en France il existe encore neuf races de chevaux de trait » écrit B. pour tenter de réfuter le fait que si ce que les végans appellent l’exploitation animale disparaissait, les animaux domestiques disparaitraient, sauf peut-être les animaux de compagnie (des carnassiers pour la plupart qu’il faudrait rendre végétaliens – Pauvres bêtes..).
Il est évident que B. ne sait pas pourquoi ces neuf races ont survécu à la motorisation de l’agriculture, des transports et des engins de guerre. Tout simplement parce que s’est développée en France une demande de viande de cheval permettant l’essor de la boucherie chevaline. L’horreur absolue pour les végans et pourtant : « Ardennais, auxois, boulonnais, breton, cob normand, mulassier poitevin, percheron, trait comtois et trait du nord : ce patrimoine unique au monde doit notamment sa survie à l'hippophagie autrement dit la consommation de la viande. » (http://france3-regions.francetvinfo.fr/bourgogne-franche-comte/2013/02/11/viande-de-cheval-elle-fait-vivre-toute-une-filiere-en-franche-comte-198195.html)
Aujourd’hui la demande diminue pour diverses raisons et certaines de ces races sont mal en point. Ce qui permet d’espérer un renouveau, c’est l’attelage loisir ainsi des demandes bien particulières, débardage en forêt ou dans certains cas le cheval se montre irremplaçable, travail de la vigne où il y a une forte demande. Pourtant, sans doute acharnés à voir ces races disparaître au nom de la « libération animale » et du refus « d’exploiter » les animaux, les vins labélisés « végan » doivent provenir de vignes cultivées sans traction animale.
Anissa Putois Chargée de campagne pour PETA (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux) association bien connue pour ses outrances considère que les promenades en calèche font partie des « attractions cruelles pour les animaux », ce que n’a pas manqué de répercuter sur Twitter L 214 l’association végane néowelfariste.
Conclusion
Il est illusoire de croire que « un des leviers les plus puissants pour protéger la planète et la biodiversité consiste à s’opposer à l’exploitation animale et de conférer des droits aux animaux » C’est ce que montre les solutions bidon apportées par B. à la disparition des agrosystèmes de type prairie en Europe. Ailleurs ce serait se priver de la traction animale, d’intrants, de systèmes mixtes qui utilisent de façon très efficace les ressources naturelles, les animaux étant nourri avec les résidus des récoltes et le sol fertilisé avec le fumier de la ferme.
Ce n’est pas l’élevage comme tel qui est responsable des dégradations de la nature, mais les mauvaises pratiques en la matière. De ce point de vue, une agriculture sans élevage et sans utilisation d’animaux mais sans bonne pratique peut être tout aussi catastrophique d’un point de vue écologique si elle recourt à l’utilisation massive de pesticides, engrais chimiques, désherbants, etc. La notion de mauvaise herbe fait écho à celle d’animal nuisible. Enfin la conversion en cultures de prairies qui ne s’y prêtent pas aura un bilan négatif.
Le principal facteur de perte de la biodiversité reste la perte ou la fragmentation des habitats qui isolent les espèces en de petites populations qui sont ainsi fragilisées tandis que leur isolement empêche les flux de gènes de circuler normalement. De cette fragmentation, l’élevage n’est pour rien ou presque. Les causes en sont l’urbanisation, les voies de transports et les cultures intensives sur des grandes surfaces, autant de facteurs qui résultent en dernière instance de la pression démographique. Le temps de doublement de la population est actuellement de 35 ans ! S’il continuait sur le même rythme, la population humaine serait dans 900 ans de 60 000 000 milliards de personnes, soit 100 habitants par mètre carrés. La population mondiale n’atteindra jamais ce chiffre mais il témoigne de l’intensité de cette pression. Ce n’est pas en s’opposant à l’exploitation animale et en conférant des droits aux animaux que l’on fera diminuer cette pression.
Mercredi 16 Août 2017
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