Peut-on prédire quel sera le climat dans les décennies futures? Il se pourrait que non, que cette impossibilité soit définitive parce que l'on touche à une limite de la science. Chacun pourra en juger par lui-même en réfléchissant et en combinant les textes ci-dessous. Les titres et les commentaires sont de l'auteur de ce blog.


Chaos déterministe et prévision du climat
Texte n° 1 : Des données élaborées et approchées

Le public sait-il que, jusqu'en l'an 2000, les moyenne annuelles des températures maximales quotidiennes enregistrées en France tout au long du XX° siècle indiquaient un refroidissement général de 1,2°C? Et que c'est à la suite d'un ensemble de rectification que les données indiquent désormais un réchauffement général? Il ne s'agit pas d'un secret : le travail de toilettage des données ( les météorologues utilissent aussi l'expression d'"homogénéisation") a été effectué au grand jour sur des bases statistiques.
Pascal Acot, Histoire du climat, du bing bang aux catastrophes climatiques, Perrin, Paris, 2° éd. 2009

Commentaire:
Contrairement à ce ce que l'on croit (ou que l'on fait croire) les données utilisées par les climatologues ne sont pas des données brutes, des résultats de mesures. Ces mesures sont traitées statistiquement et font l'objet d'une élaboration. Elles peuvent être sujettes à controverse. Ce qui explique qu'il peut exister des "climatosceptiques" qui ne sont ni des illuminés, ni des obscurantistes. Mais le point le plus important est que les valeurs obtenues sont approchées et imprécises. Ce ne peut être autrement : dès qu'il y a mesure, il y a erreur de mesure et donc approximation. Les calculs subséquents ne permettent évidemment pas de s'affranchir de cette approximation de départ.

Texte n° 2 : La sensibilité aux conditions initiales

Si nous connaissions exactement les lois de la nature et la situation de l'Univers à l'instant initial, nous pourrions prédire exactement la situation de ce même Univers à un instant ultérieur. Mais, lors même que les lois naturelles n'auraient plus de secret pour nous, nous ne pourrions connaître la situation initiale qu'approximativement. Si cela nous permet de prévoir la situation ultérieure avec la même approximation, c'est tout ce qu'il nous faut, nous disons que le phénomène a été prévu, qu'il est régi par des lois ; mais il n'en est pas toujours ainsi, il peut arriver que de petites différences dans les conditions initiales engendrent de très grandes différences dans les phénomènes finaux ; une petite erreur sur les premières produirait une erreur énorme sur les derniers. La prédiction devient impossible.
Henri Poincaré, Science et méthode, 1908

Commentaire:
Voici un exemple de cette sensibilité aux conditions initiales qui empêche une prédiction bien que le système de lois soit déterministe :
"un météorologiste Edward Lorenz travaillait en 1961 sur la simulation du climat avec un modèle composé de douze équations linéaires. Il faisait traiter les données par ordinateur. Alors qu'il se proposait d'interpréter les résultats obtenus, il voulut élargir le calcul sur une période plus longue. Mais, au lieu d'introduire les données initiales, il ne retint faute de temps que les trois premiers chiffres après la virgule. Ayant dû s'absenter de son laboratoire en laissant travailler l'ordinateur, il eut la surprise de constater à son retour que les résultats n'avait plus rien à voir avec son premier calcul pour lequel il avait conservé cinq chiffres après la virgule. Certes, les prévisions à court terme coïncidaient approximativement, comme on pouvait s'y attendre, mais, peu à peu, les courbes divergeaient jusqu'à devenir tout à fait indépendantes. Il avait donc suffi d'une minuscule différence dans la description de l'état initial, pour que l'itération d'une douzaine d'équations linéaires conduisent à des prédictions divergentes. Le météorologiste avait produit de l'imprédictible à partir d'un modèle déterministe"
On touche là à une limite de la science. La précision des données initiales ne sera jamais parfaite et pour un système déterministe complexe cela interdit la prédiction. Dans le cas de la machine climatique nous avons un système très complexe. Dès lors, si l'on combine cette complexité au caractère approché des données qui fournissent les conditions initiales pour les modèles des climatologues et contre lesquelles ils les valident (texte n°1) le moins que l'on puisse dire est qu'il faut être prudent dans les prévisions concernant l'évolution du climat.

Texte n° 4 : Hier, on devait geler, aujourd'hui, on doit griller, demain?

En 1975 (...) quoique divisés sur les causes et l'intensité du refroidissement à venir, les scientifiques étaient alors quasiment unanimes comme ils le sont aujourd'hui. Certains préconisaient même de provoquer la fonte de la calotte arctique en modifiant son albédo par des épandanges de suie (...) Il convient d'ajouter que Newsweek évoquait, exactement dans les mêmes termes qu'aujourd'hui, les problèmes alimentaires qui ne manqueraient pas de se poser dans le futur ainsi que l'incapacité des dirigeants politiques à prendre les décisions urgentes qui s'imposaient.
Pascal Acot, Histoire du climat, du bing bang aux catastrophes climatiques, Perrin, Paris, 2° éd. 2009

Commentaire :
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Vendredi 16 Avril 2010 Commentaires (2)
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